Alain Brisant: SOS Bagarreur - René Follet & Maurice Tillieux
Lire des billets de Christie ou de ClaudiaLucia, qui figurent comme moi (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) parmi la vingtaine (à ce jour) de participant(e)s au challenge Book trip en mer organisé par Fanja et qui mentionnent le nom de René Follet (1931-2020), m'a fait resonger à une "vieille" BD que j'ai acquise il y a quelques décennies. Bonne occasion de la relire, et même plusieurs fois, jusqu'à quasiment en apprendre les dialogues par coeur! Un beau récit de mer, à la fois plein de péripéties et de suspense (merci Tillieux pour le scénario!), et empreint de crédibilité (merci Follet pour les dessins!). Publié à l'origine dans le journal de Spirou (N° 1552 à 1577) en 1968, cette BD devrait également pouvoir compter pour le challenge 2024 sera classique aussi de Nathalie.
Alain Brisant: S.O.S. Bagarreur, Dupuis (coll. Dupuis Aventures N°7),
René Follet & Maurice Tillieux, 1985 (paru dans Spirou en 1968)
L'aventure contée est celle d'une sortie en pleine tempête d'un remorqueur basé à Boulogne[-sur-Mer] pour aller secourir un cargo panaméen en difficulté après une collision, du côté du promontoire anglais de Beachy Head. Le Bagarreur, puissant remorqueur, est commandé par un capitaine (Raymond Fernay) qui a 40 ans de métier derrière lui, alors que l'armateur vient de lui imposer un jeune "Second" (Alain Brisant) qui arrive tout droit de Brest avec deux ans d'expérience là-bas. Il devra faire reconnaître sa compétence face à un équipage de professionnels soudé par l'habitude de travailler ensemble de longue date.
Les planches, au gaufrier à la fois très classique et très varié, dépeignent les "divergences de vue" durant la mission, cependant que l'équipage du cargo est affolé par la tempête, et qu'arrive "au secours de la victoire" un remorqueur anglais fort intéressé par la prime de sauvetage... La mer est traitée avec différentes nuances de vert, de bleu ou de brun, de jour comme de nuit, avec les vagues qui déferlent, les navires ballotés par les flots... et les hommes qui interagissent. Le tangage ou le roulis, l'énormité des vagues et de leurs creux, sont rendus très fortement. Que les marins soient en gros plan ou les navires en plan éloigné, c'est très clair et toujours lisible. Parfois, un "récitatif" de quelques lignes résume ce qui s'est passé durant quelques heures. Il s'agit d'un univers très "viril": pas une femme à bord ni dans tout l'album (juste une allusion après le retour au port d'attache: "- je me demande ce que je vais faire avec ma part de prise... - T'inquiète pas! Ta femme s'en occupera"). Mais pour le gagner, cet argent, durant ce qui semble constituer le quotidien du remorqueur, il aura fallu en mettre un coup voire plusieurs: coups de gueule, coup du sort, sale coup, et même quelques coups de poing par-dessus le marché, durant les quatre jours qui se sont écoulés.
Je vous propose cinq planches à titre de citation.
p.12-13. On notera que le cargo suédois qui avait abordé le cargo panaméen était resté à ses côtés en attendant le remorqueur. Même si ce n'est pas dit, parce qu'évident, ses marins auraient fait tout leur possible pour sauver l'équipage panaméen si nécessaire.
p.26 à 28. Une partie de l'équipage panaméen, affolé par la tempête, a exigé de quitter leur cargo désemparé afin de rejoindre, en canot, le remorqueur (interrompant de ce fait le remorquage)... pour leur malheur.
Vous trouverez d'autres extraits sur le blog de Raymond (via deux billets rédigés en 2008 sur ce blog dont la dernière parution remonte à 2009).
Une réédition de 2018 (aux éditions de l'élan), que je n'ai pas eue entre les mains, semble compter quatre planches voire six planches de plus? J'ai relevé que mon album commence abruptement à la planche numérotée "3". J'ai pu en savoir davantage, grâce à Raymond encore.