De l'espace et du temps - Alastair Reynolds
J'ai (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) trouvé à emprunter (il était classé en "nouveauté" dans une des bibliothèques que je fréquente) un court ouvrage que j'avais déjà croisé à plusieurs reprises dans la blogoboule (1).
Alastair Reynolds, De l'espace et du temps, Le Bélial, mars 2024, 108 pages. 10,90 euros
(titre original: Understanding Space and Time, copyright 2005)
Je vous mets aussi l'extrait de signalétique "nouveauté" sur l'exemplaire emprunté...
Le "De" initial en français peut rappeler les titres savants jusqu'au XIXe siècle (pouvant se traduire par "Au sujet de..."). Je ne sais pas si le "Understanding" anglais est connoté du même sens? Il s'agirait plutôt de "compréhension...", et non de rédaction d'une thèse savante...?
En tout cas, le texte proprement dit se termine p.103. Dans les quatre pages de son "mot final" (pp.105-108), j'ai apprécié que l'auteur raconte l'histoire... d'une longue gestation pour ce qui est en fait une "nouvelle", entre 2001 et 2005. Elle est formée de quatre parties (non titrées), dont chacune aurait sans doute pu constituer un (court) texte indépendant.
Dans la première partie (18 pages), nous sommes presque à la fin de l'humanité, puisqu'il ne reste plus sur Mars qu'un couple (dont la femme est gravement malade) dans une base, alors qu'un "virus militarisé" a exterminé les humains, sur terre d'abord, sur Mars ensuite.
Désormais seul dans la deuxième partie, John Renfrew s'occupe comme il peut (durant 27 pages). Apprendre à jouer du piano? Pas une bonne idée. J'ai été intéressé par l'idée qu'un millier de livres avaient été, non pas transportés depuis la terre, mais imprimés sur place. Intéressante répartition des seuls qui avaient été imprimés tant que le système d'impression à la demande fonctionnait... (p.37-38). Que lire? Philosophie, religion, sciences dures (le pourquoi et le comment de l'existence!). Mais l'articulation entre le macro et le micro, entre l'infiniment grand et l'infiniment petit, entre la relativité générale et la physique (mécanique?) quantique, semble toujours impossible. Un jour, un signal radio est reçu...
Dans la troisième partie (14 pages), John a été ressuscité par les "Bienveillants", accourus de là où ils se trouvaient (à 200 années-lumière) dès qu'ils avaient capté les premiers signaux radio émis par l'Humanité. Mais ils ne pouvaient voyager plus vite que la lumière. Ils lui proposent de recréer d'autres humains ou de l'aider à comprendre l'univers... à son choix.
La quatrième partie est la plus longue, pas tant en pagination (21 pages) qu'en terme de "durée". Durant des milliers puis des millions d'années, avec le soutien des Bienveillants, John s'efforce d'atteindre le Savoir ultime. J'ai apprécié la description de celui-ci, un peu à la manière d'un oignon (cette comparaison excessivement grossière est de moi!).
Ma culture SF contemporaine étant maigre, c'est surtout à l'Asimov de Rama ou des cycles de Fondation et des Robots, et particulièrement au roman "clé de voûte" des deux cycles (Terre et Fondation) avec son personnage "deus ex machina" R. Daneel Olivaw, que j'ai pu songer. J'évoquerai aussi un des prolongateurs d'H.G. Wells, c'est-à-dire Stephen Baxter et son roman Les vaisseaux du temps. John acquiert-il la sagesse ultime? Cela m'a rappelé le mot de l'empereur romain Vespasien alors qu'il passait "de l'autre côté": "Malheur! Je sens que je deviens dieu"... Enfin, j'ai eu une vague réminiscence, mais que je suis infichu d'imputer correctement, un compte-rendu par quelqu'un de culture "classique" de sa conversation avec un "grand homme", quelque chose comme "il me parla de lui, de Dieu, de l'Univers et encore de lui" (à moins que ce soit "nous parlâmes de nous, de Dieu, de l'univers, et encore de nous"?)... S'agirait-il de Chateaubriand et Napoléon, ou bien de deux autres personnes?
Je ne sais pas si la conduite des Bienveillants suffit pour tirer cette nouvelle vers du "space opera" et la rendre admissible au XVe challenge Summer Star Wars Ahsoka de Lhisbei. En tout cas, elle peut participer au challenge marsien, mais aussi au 12e challenge de l'Imaginaire organisé par Tornade.
Après avoir rédigé mon billet, je mets les liens vers ceux d'Elwyn et de Gromovar. Anudar, Célinedanaé, Le Maki, FeydRautha, Weirdaholic [possibilité d'y commenter réservée à qui possède un compte "Blogger"?] ou Soleil Vert ont aussi rédigé une chronique. Si j'en trouve d'autres, je ne m'interdis pas de les chroniquer... ou de leur proposer le référencement pour mon challenge marsien! Il me semble que ce petit bouquin tente d'ores et déjà l'un ou l'autre des blogs qui y sont dûment inscrits...
(1) Note du 03/09/2024: en réponse au commentaire de ClaudiaLucia ci-dessous, je précise ne pas être l'inventeur du terme blogoboule, mais l'avoir déjà croisé sur la "blogosphère". Une recherche m'a ramené des occurrences dès 2008. Ce qui n'exclut d'ailleurs pas que le jeu de mots ait été utilisé antérieurement.