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Le blog de Dasola
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31 décembre 2014

Bilan lecture 2014

En 2014, j'ai lu 80 romans français et étrangers (et une dizaine de BD). Parmi ces 80, j'en retiens au moins deux qui sortent largement du lot et m'ont vraiment beaucoup plu.

Ce qui reste de nos vies de Zeruya Shalev (qui a reçu le prix fémina étranger en 2014 - et c'est amplement mérité).

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Hérétiques de Leonardo Padura. J'en profite pour conseiller à nouveau le film Retour à Ithaque de Laurent Cantet dont le scénario est de Leonardo Padura.

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Parmi les romans policiers (c'est la majorité de mes lectures), je recommande encore un écrivain français: Jérôme Leroy qui avec L'ange gardien confirme son talent d'écrivain après Le bloc.

Depuis la mi-décembre 2014, j'ai mis les bouchées doubles concernant mes lectures et je conseille tous les livres cités ci-dessous.

Je viens de terminer L'homme provisoire de Sebastian Barry (Editions Joëlle Losfeld, 250 pages), histoire qui se passe en Afrique et en Irlande du côté de Sligo. Jack Mc Nulty, "L'homme provisoire" du titre, revient sur sa vie passée et surtout raconte son histoire avec Mai Kirwan, la plus jolie fille du coin. Alcoolique, Jack Mc Nulty est entré dans l'armée et est devenu démineur pendant la seconde guerre mondiale. Pendant ce temps, Mai s'ennuie, Mai est malheureuse et Mai se met à boire elle aussi. Ce n'est pas un roman très gai mais j'ai aimé le style. L'écrivain a un grand sens de la narration. Lire les billets d'Ingannmic et celui d'Une Ribambelle.

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Debout-payé de Gauz (Le nouvel Attila, 170 pages) est un premier roman très bien écrit, pertinent, éclairant sur la profession de vigile, les "debout-payés", et sur tous les travailleurs venus d'Afrique Noire depuis les années 60. Lire le billet de Violette, celui très mitigé de Malika, et un autre, interrogatif, du Mérydien.

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Les mots qu'on ne me dit pas de Véronique Poulain (Editions Stock, 130 pages), dont s'est librement inspiré Eric Lartigau pour La famille Bélier. Contrairement au film, ce récit autobiographique est vraiment bien, drôle, touchant, et il décrit finement qu'il n'est pas simple d'être un "entendant" dans une famille de sourds. Lire les billets de Clara, manU et Eva, enthousiastes contrairement à Laure.

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Enfin je termine avec Code 93 d'Olivier Norek (Pocket, 330 pages), très bon roman policier, et c'est le premier de l'écrivain qui dans la vie est lieutenant de police au SDPJ (service départemental de la police judiciaire) du 93. Bien construite, l'intrigue tient la route (mini-billet à venir).

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Je ne voudrais pas passer sous silence les trois premiers opus de la série "Roman d'un crime" de Maj Sjöwall et Per Wahlöö : Roseanna, L'homme qui partit en fumée et L'homme au balcon. Je suis les conseils de K, je les lis dans l'ordre de leur parution (de 1965 à 1975).

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Et -c'est pas tout ça- je profite de ce dernier billet de l'année 2014 pour vous souhaiter à toutes et tous une excellente année 2015 (surtout la santé). Comme je ne sais pas écrire de discours, je m'arrête là pour les voeux.

29 décembre 2014

L'embranchement de Mugby - Estelle Meyrand / Rodolphe (d'après Charles Dickens)

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) ne connaissais même pas le nom de L'embranchement de Mugby parmi les oeuvres de Charles Dickens (comme tout le monde, quand j'entends "Conte de Noël" pour cet auteur, je pense à Scrooge, le vieil avare métamorphosé par des apparitions la veille de Noël [lu en bibliothèque verte dans mon jeune temps...]). 

Dans le décor sinistre d'une sorte de gare de banlieue, de nuit, un unique voyageur descend au bout d'un quai désert, chapeau melon, pardessus, cache-nez, sous une lumière blafarde (et des couleurs très froides). Seule petite lueur (timidement chaude): le "lampiste" de la gare, qui le recueille puis lui indique un hôtel. Le lendemain, ce voyageur avec bagages erre dans la (petite) ville, en s'interrogeant sur son passé et son avenir. Lui aussi est comme la ville bien entendu, à une croisée des chemins, entre la vie de patron (de Barbox Frères) sûr de lui qu'il a mis 20 ans à devenir, et ce qu'il va advenir du pauvre cocu ayant perdu femme et raison de vivre qu'il est désormais. Il croise un chien errant, et une jolie maison colorée, en sortie de la ville, où une jeune fille alitée lui fait signe d'entrer. C'est la fille du lampiste. Elle lui suggère d'explorer les 5 destinations possibles à partir de Mugby... Il fera ses choix au terme de ses voyages, plus ou moins remplis d'allégories et de surprises.

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Cette bande dessinée m'a fait penser à l'univers du dessin animé L'illusionniste. J'en ai beaucoup apprécié le dessin et le traitement en couleurs directes (voir quelques planches sur le blog de CapOCapesDoc; Allie en parle aussi très bien). Elle est parue récemment (enfin, je trouve: en 2010, pour l'édition originale chez Delcourt), avec un scénario de Rodolphe (d'après le conte de Noël de Charles Dickens), et des dessins d'Estelle Meyrand. Ces deux auteurs avaient déjà collaboré 2 ans plus tôt sur Un chant de Noël *. Je n'ai jamais croisé leur version, mais je pense que je prendrai la peine de la chercher en 2015.

P1050194 Tout à fait incidemment, le train sur la 4ème de couverture m'a fait penser au Transperceneige. Est-ce un clin d'oeil? C'est Lob qui avait conseillé à Rodolphe d'entrer en BD.
Merci à dasola pour les photos.

* (et  non un "conte" de Noël comme je l'avais précédemment écrit)

28 décembre 2014

Donald Westlake et son (anti)-héros John Dortmunder

Je voulais à nouveau rendre hommage à l'écrivain américain Donald Westlake, disparu le 31 décembre 2008 en nous laissant inconsolables car les (més)aventures de John Dortmunder & co sont terminées. En effet, parmi la trentaine de romans dont il est l'auteur, Westlake en a écrit pas moins de 13 (entre 1970 et 2009) mettant en scène John Dortmunder, un cambrioleur qui a beaucoup d'idées mais pas mal de déveine. Ses coups fumants deviennent rapidement des coups fumeux. Il a comme comparses Stan Murch (voleur de voitures), Andy Kelp, Tiny Bulcher et quelques autres qui apparaissent au gré des romans, dont la copine que se trouve Tiny, ou la maman de Stan Murch (cette dernière est chauffeur de taxi). Suite à mon billet précédent où j'en chroniquais deux, je voudrais évoquer quatre romans dans lesquels j'ai retrouvé pour mon plus grand plaisir Dortmunder. J'ai souvent ri de bon coeur tellement les situations bien décrites sont en général inextricables. 

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Il faut noter que les "victimes" de Dortmunder ne sont pas à plaindre. Ce sont la plupart du temps des personnages peu ou pas recommandables.

Dans Mauvaises nouvelles (Rivages/Seuil, 280 pages), Fitzroy Guilderpost, Irwin Gabel (deux personnages peu recommandables) et Petite Plume (dernière représentante d'une tribu indienne éteinte - paraît-il) engagent Dortmunder et Andy Kelp pour déterrer un corps qui pourrait prouver, grâce à l'ADN, que Petite Plume serait bénéficiaire de parts dans un casino situé sur une réserve indienne dans laquelle trois tribus ont le droit de cohabiter. Parmi les nombreuses péripéties, on apprend comment récupérer une mèche de cheveux pendant une tempête de neige ou comment une interversion de pierres tombales peut s'avérer délicate.

Dans Surveille tes arrières! (Rivages/Seuil, 280 pages), nous faisons la connaissance de Preston Fareweather et de son factotum, Alan Pinkleton. Preston est un milliardaire odieux qui s'est réfugié dans un club Med aux Caraïbes pour fuir quatre ex-femmes très en colère. C'est là qu'il fait la connaissance d'Arnie Allbright, un receleur et surtout un ami de Dortmunder. Bien entendu, Arnie informe John que l'appartement luxueux de Preston pourrait être visité et dévalisé. Justement, Dortmunder et les autres sont inquiets, leur lieu de rendez-vous favori, le OJ Bar & Grill sur Amsterdam Avenue à Manhattan, est menacé de fermeture après être tombé dans les mains de "vrais" méchants. Je vous laisse découvrir comment nos héros vont arriver à sortir de cette situation et comment le cambriolage devient un moment d'anthologie, d'autant plus que Fareweather revenu entretemps n'entend rien (il dort profondément) de ce qui se passe dans les pièces d'à côté.

Dans Pourquoi moi? (Rivages poche/Seuil, 310 pages), Dortmunder vient de vider le coffre d'un bijoutier. Parmi le butin se trouve un rubis tellement gros que Dortmunder pense qu'il s'agit d'une breloque sans valeur. Mais le "Brasier de Byzance" (c'est son nom), qui était dans un musée de Chicago, doit revenir dans son pays d'origine: la Turquie. En attendant, il avait été entreposé dans le coffre du petit bijoutier. Le pauvre Dortmunder qui ne regarde pas les infos et est allergique aux répondeurs téléphoniques comprend un peu tard qu'il a beaucoup d'ennnuis. Comment se débarrasser de ce rubis qu'il a malencontreusement passé à un doigt (il ne peut plus l'enlever)? Le FBI, la police New-Yorkaise, divers services secrets, et même des truands dérangés par l'hyper-activité policière sont lancés à la poursuite du rubis, et donc de Dortmunder. J'ai beaucoup ri.

Je termine avec Bonne conduite (Rivages poche/Seuil, 350 pages), où Dortmunder, qui vient de commettre un cambriolage dans un entrepôt à Manhattan, se retrouve sur le toit d'un couvent pour fuir la police. Le pauvre ne sait pas dans quoi il vient de mettre les pieds car les bonnes soeurs (qui ont fait voeu de silence sauf le jeudi) lui promettent de ne pas le dénoncer aux forces de l'ordre... moyennant quoi, elles lui demandent de libérer une des leurs, une jeune novice de 23 ans qui souhaite prononcer ses voeux définitifs. Le problème est qu'elle a été enlevée par son propre père (milliardaire), qui ne l'entend pas de cette oreille. La jeune femme est séquestrée au dernier étage d'un building appartenant au papa. Bien entendu, rien ne va se passer comme prévu, mais c'est dans ce roman que l'on fait la connaissance de J.-C. (Josephine Carol) Taylor, une femme de caractère, plutôt jolie, qui gère des affaires pas très légales et ne laisse pas Tiny (Bulcher) indifférent. Pour l'anecdote, Tiny (minuscule en anglais) est du genre armoire à glace qui vous étend un homme d'une simple chiquenaude. Une scène hilarante décrit la façon dont Dortmunder (tel un contorsionniste) s'introduit dans un lave-vaisselle pour se cacher.

Quatre romans à lire absolument, pour moi (comme pour mon ami).

Dans quelques semaines, je ne manquerai pas de chroniquer quatre autres romans avec Dortmunder - déjà acquis, pas encore lus.

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25 décembre 2014

Whiplash - Damien Chazelle

Joyeux Noël à tous les blogueurs qui passent par chez moi. J'espère que personne n'est resté isolé ou malade et que les cadeaux du Père Noël furent à la hauteur des attentes.

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Sinon, si vous ne savez pas quoi faire en ce jour du 25 décembre et que vous aimez le cinéma, le jazz et en particulier la batterie, essayez d'aller voir Whiplash de Damien Chazelle qui est sorti hier (24 décembre 2014). Andrew, qui étudie dans une école de musique prestigieuse à New-Yorkk, pratique la batterie depuis son plus jeune âge. Fletcher, un professeur renommé dans l'école, le choisit pour faire partie de son orchestre. Andrew ne se doute pas de ce dans quoi il s'engage. Fletcher, le crâne rasé et maigre de cou (il m'a fait penser à un oiseau déplumé) est un être tyrannique qui humilie verbalement ses élèves. En voulant atteindre la perfection, il fait des dégâts sur des esprits parfois fragiles. Andrew, tel un athlète olympique, s'entraîne encore et toujours pour obtenir le tempo parfait que désire Fletcher. Andrew transpire, pleure, reçoit des gifles. Les baguettes lui entaillent jusqu'au sang l'espace entre le pouce et l'index. Sans parler du fait que Fletcher provoque des rivalités entre batteurs (Andrew n'est pas tout seul). Le film qui dure 1H47 a bien entendu du rythme, mais j'avoue qu'il m'a paru manquer un peu d'émotion et de grâce. Je m'attendais à vibrer davantage. Un batteur comme Buddy Rich (1917-1987) qui est évoqué dans le film avait de la grâce dans sa façon de jouer. Dans le film, Andrew est un bon technicien, il en veut, il sait jouer mais je n'ai pas trouvé qu'il était gracieux. Ce n'est qu'une performance (ce qui n'est déjà pas si mal). La fin très abrupte m'a frustrée. Le réalisateur n'attend pas que les applaudissements résonnent dans la salle de concert. Pendant le film, on a surtout l'occasion d'entendre Whiplash de Hank Levy (1927-2001 - je ne connaissais pas du tout) et Caravan écrit par Duke Ellington et Juan Tizol. Film à voir en cette fin d'année. Lire le billet d'Alex-6.

22 décembre 2014

Bilan cinéma 2014 - Mes fims préférés

Comme les années précédentes, voici mon palmarès des 20 (très bons) films de l'année 2014. J'espère que vous les avez vus ou que vous les verrez un jour. Je les ai choisis parmi les 112 films que j'ai vus à ce jour en 2014. Je constate que dans cette liste, il y a seulement quatre films en langue française (dont un film suisse, un belge et un québecois). Ils ne sont pas classés par ordre de préférence (sauf les deux premiers).

Winter sleep de Nuri Bilge Ceylan pour l'histoire et les paysage de la Cappadoce en hiver (sublime) et puis le film est quand même la Palme d'or de Cannes de 2014.
Leviathan de Andrey Zvyagintsev pour le scénario, l'histoire est terrible. Cela vous marque. Prix du scénario à Cannes amplement mérité.
Les grandes ondes (à l'ouest) de Lionel Baier, une "petite" comédie sympathique et très amusante avec des comédiens épatants.
Only lovers left alive de Jim Jarmusch : pour l'ambiance, pour Tilda Swinton, pour la musique, pour l'image. C'est un tout. C'est "planant".
Nebraska d'Alexander Payne : beau film en noir et blanc qui raconte un rapprochement entre un père et son fils dans un "road movie".
Pas son genre de Lucas Belvaux pour Emilie Dequenne qui crève l'écran (un César?).
My sweet pepper land de Hiner Saleem, ce film kurde laisse une impression durable d'autant plus que les femmes ont le beau rôle.
Les Trois soeurs du Yunnan de Wang Bing : un documentaire qui laisse sans voix devant le dénuement dans lequel vivent trois soeurs à 3000 m d'altitude en Chine.
The Homesman de Tommy Lee Jones pour une autre vision du "Far West" nettement plus tragique, surtout pour les femmes (en compétition à Cannes en 2014).
Les poings contre les murs de David Mackenzie pour le sujet âpre et l'interprétation de Jack O'Connell (que l'on voit dans 71').
Jersey Boys de Clint Eastwood pour la musique, les chansons, l'histoire et Clint a encore fait des merveilles.
Le procès de Viviane Amsallem de Ronit et Schlomi Elkabetz pour la détermination d'une femme, Viviane, qui veut à tout prix divorcer de son mari.
Un homme très recherché d'Anton Corbijn parce qu'il y a Philip Seymour Hoffman dans un de ses derniers rôles et que l'histoire est vraiment bien.
Mommy de Xavier Dolan : pour l'actrice Annie Dorval qui crève l'écran (Prix du jury à Cannes 2014).
Pride de Matthew Warchus : pour la bonne humeur et l'humanité qui se dégage de l'ensemble. Le film vient d'être nommé aux "Golden Globes".
Night Call de Dan Gilroy : pour Jake Gyllenhaal halluciné.
La French de Cédric Jimenez : excellent film policier très bien interprété.
Timbuktu d'Abderrahmane Sissako : une petite déception mais comme certains plans sont magnifiques et qu'il n'est pas courant de voir un film venu d'Afrique, je l'ai quand même mis dans cette liste (en compétition à Cannes, Prix oecuménique).
Retour à Ithaque de Laurent Cantet : parce que Cuba et Padura.
71' de Yann Demange : pour la réalisation nerveuse et Jack O'Connell (que l'on peut voir aussi dans Les poings contre les murs).

Je me rends compte après coup qu'il y a 5 de ces films qui ont été en compétition officielle au dernier festival du film de Cannes. Sinon, je n'ai pas l'intention de lister mes "flops" de l'année. Je n'en vois pas l'intérêt.

20 décembre 2014

La famille Bélier - Eric Lartigau

Je veux absolument évoquer un film sorti cette semaine avec tambours et trompettes. Ce n'est pas pour l'encenser, bien au contraire (je vais m'attirer des foudres).

Il s'agit de la La famille Bélier d'Eric Lartigau qui a été annoncé comme le succès au "box-office" de cette fin d'année avant même qu'il ne sorte. C'est de l'intox, du marketing. Personnellement, j’ai vu ce film il y a quelque temps déjà en avant-première (pour le label des spectateurs UGC). J’avoue que je suis restée perplexe en regardant ce film visuellement assez laid. J'ai surtout été interpellée par l’interprétation outrancière de Karin Viard et Francois Damiens qui jouent des sourds-muets. c’est pathétique. Et le scénario est super faiblard. Pourquoi le fils de la famille est-il atteint aussi de surdité (je ne savais pas que c’était contagieux)? Seule la jeune actrice sauve les meubles et les morceaux chantés sont bien, cela me donnerait envie de réécouter Michel Sardou. On peut tout à fait se dispenser d'aller voir La famille Bélier.

19 décembre 2014

Dora Bruder - Patrick Modiano / Orphelins de Dieu - Marc Biancarelli / Histoire de mes assassins - Tarun J Tejpal

Comme je prends du retard dans la rédaction de mes billets "livres", voici trois romans qui n'ont rien en commun mais que je tenais à chroniquer. Il y en a pour tous les goûts.

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Dora Bruder (150 pages, Gallimard) est le premier livre que j'aie lu de Patrick Modiano (tout arrive). Le fait qu'il ait eu le prix Nobel de littérature cette année y est certainement pour quelque chose. Dora Bruder n'est pas vraiment un roman, mais une enquête que Modiano a menée. Il s'est penché sur des annonces d'anciens journaux parus pendant l'Occupation à Paris. Une de ces annonces, datée de 1941, a attiré son attention: Monsieur et Madame Bruder recherchent leur fille Dora, 15 ans, née en 1926 à Paris. A partir de cette annonce, Patrick Modiano a construit son récit et fait des suppositions sur cette jeune fille juive et ses parents. Cela lui permet d'évoquer l'oppression, les lois anti-juives, les rafles pendant l'Occupation. Il en profite pour faire des allusions à sa propre enfance. L'écriture est fluide. Malgré les digressions, on ne perd pas le fil du récit. Un livre à lire. [Merci à K pour le lien vers le discours in extenso que Modiano a prononcé lors de la remise de son prix à Oslo.]

Je passe maintenant à Orphelins de Dieu de Marc Biancarelli (Actes sud, 240 pages): l'action se passe en Corse pendant la première moitié du 19ème siècle. Vénérande, jeune fille courageuse au caractère bien trempé, demande à Ange Colomba, dit "L'Infernu", de venger son frère Charles-Marie, dit "Petit Charles". Ce dernier, un jeune berger, a été défiguré et a eu la langue coupée par des bandits, les Santa Lucia. L'Infernu lui-même, un homme usé et malade, a commis des horreurs dans sa jeunesse, c'était un homme sans foi ni loi. N'ayant plus rien à perdre (il va bientôt mourir), et peut-être pour se racheter, même si la grosse somme d'argent que lui propose Vénérande le décide tout à fait, L'Infernu part en compagnie de Vénérande à la poursuite des bourreaux de Petit Charles. Pendant leur voyage, L'Infernu raconte à Vénérande sa jeunesse tumultueuse et pas très recommandable. Ce "western" corse semble avoir beaucoup plu sur les blogs, ici et par exemple. Personnellement, je reconnais que c'est bien écrit, c'est une belle langue imagée, mais je ne peux pas dire que j'ai été passionnée par l'histoire. A vous de juger.

Je termine avec Histoire de mes assassins de Tarun J Tejpal (Buchet Chastel, 580 pages), un écrivain indien qui a écrit en anglais ce livre que j'ai emprunté en bibliothèque une première fois, fin juillet 2014. Il est resté six semaines sur une chaise sans que j'y touche. Je l'ai rendu en ayant une impression de frustrution, mais j'avais d'autres lectures en train. Début octobre, je reprends le roman en bibliothèque en me disant: "Je veux le lire". J'en avais entendu parler en bien depuis sa parution en 2009. Et enfin, je l'ai ouvert et je l'ai lu relativement vite. J'ai vraiment beaucoup aimé l'histoire de ces "presque" assassins d'un journaliste indien de New Delhi. Les histoires sont dures et on imagine des scènes insoutenables, mais le romancier a suffisamment de talent pour que je ne soit pas choquée par certaines descriptions. Il nous raconte surtout que ces hommes devenus délinquants, tueurs à gages, "dealers" de drogue ont d'abord été des enfants. L'un est musulman, un autre se défend au couteau, un autre encore a vécu parmi les serpents, un quatrième a été abandonné dans un train et a vécu plus de dix ans aux abords de la gare de New Delhi, sans oublier le cinquième qui pour venger ses soeurs violentées est devenu un tueur redoutable avec un marteau. On sait à la toute fin pourquoi et comment ils ont été réunis pour assassiner le journaliste (un double de l'écrivain?). Je suis contente d'avoir fini par lire ce roman qui m'a plu.

16 décembre 2014

Timbuktu - Abderrahmane Sissako / Nos enfants - Ivano de Matteo

Avant de vous communiquer très prochainement mon palmarès cinéma pour 2014 (mes films préférés), voici deux longs-métrages vus à la suite, un soir, le week-end dernier.

Je commence avec Timbuktu du réalisateur mauritanien Abderrahamane Sissako. Ce film avait été sélectionné en compétition officielle au dernier festival international du film de Cannes. Il en est reparti bredouille. Même si c'est regretttable, je peux le comprendre car malgré le sujet, on n'est pas vraiment ému (enfin, personnellement, je n'ai pas été vraiment bouleversée). Mais Timbuktu vaut la peine d'être vu pour de magnifiques images de dunes de sable (qui ressemblent au corps d'une femme nue) et de grands plans d'eau; ou pour le sourire radieux d'une petite fille qui adore son père (qui le lui rend bien). En revanche, le film montre aussi la poursuite d'une gazelle (qui s'épuise à courir), la mort d'un coup de lance d'une vache appelée GPS (c'est la scène qui m'a le plus touchée). La bêtise et la cruauté humaine sont incarnées si je puis dire par des hommes enturbannés qui arrivent dans des jeeps. Dans cette petite ville de Tombouctou, ces hommes venus d'ailleurs (ils ont besoin de traducteurs pour donner des ordres ou juger), guidés par l'i*lamisme le plus radical, commencent à interdire: la musique, les chansons, les jeux de ballons. Les femmes doivent porter des gants et des chaussettes. Sans parler de la lapidation d'un couple pour une obscure raison et d'une jeune fille mariée de force. Pendant ce temps, la vie tranquille de Kidane, de sa femme Satima et sa fille Toya est fracassée par la mort GPS. Le réalisateur a voulu raconter beaucoup de choses de manière un peu trop mesurée, feutrée, en 1H37. Il m'a un peu laissée sur le bord de la route. Néanmoins, allez le voir. Ce n'est pas si courant de voir des films venus d'Afrique. Lire les billets de Miriam, d'Alex-6 et matchingpoints.

Je voulais évoquer maintenant Nos enfants, un film italien qui est une libre adaptation du roman Le dîner d'Herman Koch. Personnellement, j'avais très moyennement aimé le roman. Je dirais que je préfère nettement le film, qui reprend les grandes lignes de l'histoire. Nous sommes en présence de deux frères, l'un est un avocat retors (Alessandro Gassman), et l'autre, un chirurgien dans un service pédiatrique (Luigi lo Cascio). Mariés chacun de leur côté, le premier a une grande fille de 16 ans d'un premier lit, le deuxième a un fils acnéique qui a aussi 16 ans. Les deux grands adolescents s'entendent relativement bien et se soutiennent surtout quand ils commettent l'irréparable. J'ai apprécié que le film ne se contente pas d'être un dîner prolongé (contrairement au roman). Les quatre adultes ne se réunissent autour d'une table de restaurant qu'au début et à la fin du film. Entretemps, on suit l'évolution du comportement des personnages, leurs pensées. Il y a pas mal de nuances dans la psychologie de chacun. J'ai trouvé le scénario assez subtil. Tous les comédiens sont excellents. Un bon film. Lire le billet d'Alex-6.

13 décembre 2014

La French - Cédric Jimenez / Les héritiers - Marie-Castille Mention-Schaar

Si vous en avez l'occasion, allez voir La French de Cédric Jimenez, un film qui m'a agréablement surprise. Pendant 2H15, on ne s'ennuie pas une minute. Jean Dujardin dans le rôle du juge Pierre Michel et Gilles Lellouche dans celui de Gaëtan Zampa font merveille ainsi que tous les seconds rôles. Seul le personnage féminin, bien interprété (Céline Sallette), est un peu sacrifié. Pour ceux qui l'ignorent encore, Marseille dans les années '60 et '70 fut la plaque tournante du trafic de drogue, de sa fabrication jusqu'à son exportation vers d'autres pays dont principalement les USA. Les "chimistes" français avaient la triste réputation d'être les meilleurs dans leur domaine (fabrication de l'héroïne à partir de la morphine-base). Un juge des mineurs, Pierre Michel, va être chargé des affaires sur le trafic de drogue qui sévit à l'époque dans la ville phocéenne. Il espère faire tomber Gaëtan (Tany) Zampa, le "parrain" marseillais de la drogue, avec l'aide de policiers de la brigade des stupéfiants. Tous les coups sont permis pour trouver les labos clandestins et prendre les trafiquants en flagrant délit: les "planques", les filatures et les ruses, et surtout la patience, arrivent à porter leurs fruits. Pourtant, le juge constate qu'il n'a pas toujours le soutien nécessaire de la part de ses supérieurs, sans parler de personnages politiques de la mairie de Marseille... Je rappelle que le juge Michel fut assassiné le 21 octobre 1981, tué de trois balles (il rentrait chez lui à vélomoteur pour déjeuner). La ville de Marseille est bien filmée. L'affrontement entre Dujardin et Lellouche m'a fait penser à Gabin, Ventura et Delon (c'est dire). Un bon moment de cinéma populaire.

Je passe assez vite sur Les héritiers qui est un film de fiction plein de bons sentiments et bien pensant. On ne peut que souscrire à l'entreprise. Le scénario est inspiré d'une histoire vraie: à Créteil, des lycéens d'un établissement en ZEP (enfin je pense) ont la chance d'avoir eu, pendant leur année de Seconde, un professeur qui va les inciter à participer au concours national de la résistance et de la déportation qui a été créé en 1961. [Pour la petite histoire, j'ai participé deux fois à ce concours en individuel, en 3ème et en Terminale et j'ai reçu un prix à chaque fois]. Le sujet de 2009 (les enfants et adolescents dans l'univers concentrationnaire nazi) pour ces lycéens assez dissipés, de milieux sociaux culturels différents, semble assez loin de leurs préoccupations. Mais le miracle se produit: ils réussissent un travail de groupe qui va leur permettre de gagner un premier prix. Je pense que sur ce sujet, un vrai documentaire aurait été plus pertinent. D'autant plus qu'un survivant de la Shoah, Jean Ziegler, intervient dans le film en tant que Jean Ziegler. On voit aussi des interventions de Simone Veil. C'est ce mélange "fiction et réalité" qui m'a gênée, et je ne me suis pas rendu compte de l'évolution de la pensée de chacun des élèves. Pour Ariane Ascaride qui est très bien comme toujours, allez voir le film. Pour le reste, à vous de juger.

10 décembre 2014

Mr Turner - Mike Leigh

Mr Turner de Mike Leigh, présenté au dernier festival de Cannes (2014), a été récompensé via l'interprétation de l'acteur principal, Timothy Spall, qui incarne le peintre anglais Joseph Mallord William Turner (1775-1851). Le film s'attarde sur les vingt dernières années de la vie de l'artiste, qui a beaucoup influencé les impressionnistes. A plus de 50 ans, "le peintre de la lumière" reconnu par ses pairs vit plutôt confortablement dans une vaste demeure en compagnie de son père (ancien barbier, premier admirateur de son fils, c'est lui qui lui prépare ses couleurs et ses toiles) et d'une servante, toute dévouée (corps et âme). Pendant 2H30, on regarde Turner émettre très souvent des borborygmes. C'est un homme renfrogné, pas très aimable, pas très beau. Il ne vit que pour dessiner et peindre. Il part souvent des journées entières avec un petit carnet et un crayon et il se met à dessiner face au ou contre le soleil qu'il considère être un dieu. Il aime se balader au bord de la mer. Il n'hésite pas à prendre un ferry pendant des tempêtes pour en capter les couleurs. Turner est célèbre pour ses peinture de marines. Il se rend souvent à Margate, dans le Kent, où il rencontre Mme Booth, une charmante veuve de son âge. Elle deviendra sa compagne. Entretemps, son père décède et Turner affronte une ancienne compagne, mère de ses deux filles. Quant à la domestique, elle souffre d'une maladie de peau qui la défigure. Turner fréquente ses contemporains à l'occasion de quelques salons pendant lesquels sont exposées des toiles de différents peintres plus ou moins célèbres, dont lui-même et John Constable. Enfin, le réalisateur montre que Turner a connu le début du chemin de fer et les prémices de la photographie. Il s'amuse à se faire prendre en photo avec le procédé du "daguerréotype". J'ai été admirative des costumes et des décors. Le chef opérateur a fait un très beau travail sur la couleur et la lumière. Il y a de très beaux plans. Mike Leigh a rendu somme toute un bel hommage au peintre, même si j'ai trouvé le film un peu long (2H30, je le répète). Lire les billets d'Alex-6 et de ffred.

8 décembre 2014

La jungle - Upton Sinclair / La jungle - Jérôme Equer

Les deux livres que je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) chronique aujourd'hui ne sont pas des contes pour enfants. Dans les deux cas, la jungle peut plutôt s'entendre dans le sens d'un univers impitoyable qui soumet les malheureux à ses lois.

J'ai hérité du roman La jungle d'Upton Sinclair (Le livre de Poche, trad. Anne Jayez et Gérard Dallez, 2011, 527 pages) qui est tombé des mains de dasola à sa 1ère tentative de lecture. Et je ne le regrette pas. C'est en 1906 qu'Upton Sinclair (1878-1968) a écrit The jungle, qui l'a rendu célèbre et/mais qui a fait scandale. L'ouvrier Jurgis Rudkus, fraîchement immigré de Lituanie (attiré par le mirage américain) avec toute sa parentèle, est embauché dans une usine des abattoirs de Chicago, où règne la main invisible du "trust de la viande". La famille sera broyée par le système du capitalisme sauvage étatsunien.

Extrait du livre (p.57): "Chacun d'entre eux était un être à part entière. Il y en avait des blancs, des noirs, des bruns, des (...), des vieux et des jeunes. Certains étaient efflanqués, d'autres monstrueusement gros. Mais ils jouissaient tous d'une individualité, d'une volonté propre; tous portaient un espoir, un désir dans le coeur. Ils étaient sûrs d'eux-mêmes et de leur importance. Ils étaient pleins de dignité. Ils avaient foi en eux-mêmes, ils s'étaient acquittés de leur devoir toute leur vie, sans se douter qu'une ombre noire planait au-dessus de leur tête et que, sur leur route, les attendait un terrible Destin. Et voilà qu'il s'abattait sur eux et les saisissait par les pattes".
Il s'agit des cochons à l'abattoir bien sûr, comme le seul mot que j'ai enlevé, "tâchetés", vous l'aurait déjà fait comprendre...

Pour ma part, cette oeuvre m'a fait penser à différents titres "sociaux" (pour ne pas dire socialisants) que j'ai pu déjà lire de Jack London, tout à fait contemporain (mort en 1916, son personnage est décrit vers la fin du livre). On pourrait, aussi, penser que "c'est du Zola" (expression devenue locution courante). Mais, là où Zola mettait en cause, sinon l'individu, du moins son "hérédité", La jungle décrit la pression du "système" capitaliste dans toute sa cruauté, conçu pour pressurer n'importe quelle famille innocente (trop!), en exploitant l'ouvrier strictement aussi longtemps qu'il peut être rentable, et pas une seconde de plus, puis en le jetant, une fois écrasé, à la rue (au sens propre!) sans aucun état d'âme. Ah, ces grands capitalistes américains, qui vivent comme des seigneurs, si seulement ils se contentaient d'être exigeants en terme d'horaires et grippe-sous en terme de salaires... Mais non! Ils mentent (pour attirer la malheureuse main-d'oeuvre, en nombre bien supérieur à leurs besoins, et ainsi formatable, taillable et corvéable à merci). Ils ne respectent même pas le semblant de loi dont s'énorgueillissent les Etats-Unis d'Amérique. Ils trichent dans la qualité de leurs produits finis, de manière immonde (au moins, dans Tintin en Amérique, la vache sur son tapis roulant paraît en bonne santé, et on ne voit pas ce que deviennent les déchets)... Dans ce genre d'usine, il y a des bas-fonds (et l'odeur qui va avec). "On utilise tout dans le cochon, sauf son cri" est une citation ironique dont on a oublié l'auteur. Ils corrompent. Ils achètent les élections...

Après s'être fait renvoyer pour la n-ième fois d'une usine (fermetures pour surproduction...), Jurgis abandonne égoïstement ce qui reste de sa famille pour partir vivre une vie de vagabond à la campagne. A son retour en ville pour l'hiver, il retrouve ses compagnons de prison. Il a écarté tout sentiment moral, aussi bien en faisant le "jaune" qu'en fricotant avec des agents électoraux véreux. On peut relever une rencontre digne des Lumières de la ville (film de Charlie Chaplin, où un millionnaire ivre se lie avec Charlot) entre Jurgis et un "fils à papa" saoûl, qui l'invite au Palais familial (au grand dam du majordome chargé de surveiller l'héritier en l'absence de ses parents): cela contribuera à lui ouvrir les yeux. Le relèvement de sa déchéance passera par le socialisme (à ne pas confondre avec le "Syndicat ouvrier" contrôlé en sous-main par le patronat! Mais le socialisme portant une utopie, celui des romans de London, celui encore de En un combat douteux de Steinbeck, qui se déroule durant la grande Dépression, quelques décennies plus tard).

Encore une fois, esprits délicats, s'abstenir de cette lecture: pas grand-chose ne nous est épargné des aspects les plus sordides de la vie des misérables (même si on a bien entendu écrit plus cru depuis 1906). Alors oui, on peut se dire que ça se passait il y a plus d'un siècle, que ça se passait sur un autre continent. Mais...?

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Sans transition, je vous présente l'autre titre de ce billet, La Jungle de Jérôme Equer. Ce second livre se parcourt d'autant plus vite qu'il s'agit, cette fois, d'un ouvrage de photos essentiellement (Jean-Paul Rocher éditeur, 105 pages). Ce que montrent les images en noir et blanc, c'est la vie quotidienne, là encore, de migrants... Mais elles ont été prises de nos jours, en Europe, à nos portes, à Calais pour être précis (le sous-titre du livre est "Calais, un déshonneur européen"). Le mirage qui en attire les sujets, c'est la Grande-Bretagne. Ils risquent leur vie pour l'atteindre (se faire écraser par un camion sur l'autoroute). Ce qui constitue la jungle du titre, ce sont leurs campements sauvages (de transit!) régulièrement démolis, et que ces hommes qui, eux, ne disparaîtront pas d'un simple coup de bulldozer, reconstruisent non moins régulièrement - eux ou leurs successeurs immédiats, s'ils ont enfin réussi à "passer". Les photos montrent leurs conditions d'existence, en attendant. Le livre date de 2011. Il porte en exergue une citation de la chanson African tour de Francis Cabrel (que je ne connaissais pas et que je viens d'écouter ): "Vous vous imaginez peut-être / Que j'ai fait tous ces kilomètres / Tout cet espoir, tout ce courage / Pour m'arrêter contre un grillage."

7 décembre 2014

Les contes géorgiens - Maia Giorkhelidze

En ce dernier mois de l'année 2014, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) m'insinue pour quelques chroniques dans le flux ininterrompu des billets de dasola.

Voici un livre que vous avez peu de chance de pouvoir trouver en librairie. Je ne sais pas à combien d'exemplaires il a été tiré. La seule mention qu'il comporte, à la fin, c'est: Les contes géorgiens, traduit du géorgien: Maia Giorkhelidze, illustration: Jana Zaalishvii, Tbilissi, Géorgie, 2009, 12 euros. Il s'agit donc plutôt d'une traduction compilée de douze contes populaires que d'une oeuvre originale. Je l'ai trouvé en dépôt dans un restaurant géorgien à Paris, et la couverture m'a attiré (outre le fait de trouver un livre en vente dans un restaurant). Cela peut faire un petit cadeau pour un jeune enfant (les 64 pages sont écrit gros).

L'un des contes, "Tikara", m'a donné une impression de déjà-lu (un enfant et son mentor animal, du fantastique, une poursuite par un être transformiste, des objets magiques...). Mais mes dizaines de "Contes et légendes..." (éd. Nathan) à moi sont actuellement dans des cartons, à la suite de la vente de la maison de famille où ils s'étaient entassés un par un au cours des 50 dernières années... Parmi les autres du recueil, celui intitulé "Le plus sage des partages" vaut bien à la fois un épisode du Roman de Renard et du La Fontaine (quand on est invité à partager entre des puissants et des faibles, on a intérêt à bien tailler les parts...). J'ai beaucoup apprécié le conte "Le père et le fils" (gagner son pain à la sueur de son front...). Les quatre pages intitulées "Une poignée et demi" sont plutôt amères. Bref, il y a de la diversité dans ces contes.

A part un billet sur un blog (datant de 2009), je n'ai pu trouver sur internet que quelques informations sur la traductrice (elle vit sans doute de cette activité?), une journaliste vivant en France depuis 2001, sortie de l'ESJ Paris, qui semble avoir vainement essayé, il y a quelques années, de lever des fonds de "financement participatif" pour éditer un livre de photos sur la Georgie. En tant que photographe, elle semble apprécier les baisers décalés... Je n'ai pas non plus cherché à la joindre, puisque j'ai déjà le livre. Mais, si je la croise un jour, je lui demanderai une dédicace!

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6 décembre 2014

Retour à Ithaque - Laurent Cantet

J'ai voulu voir Retour à Ithaque (ce long-métrage est sorti le 3 décembre 2014) pour au moins une raison: Leonardo Padura est co-scénariste du film avec Laurent Cantet. Et je n'ai pas regretté mon choix. De nos jours, sur le toit-terrasse d'un immeuble à la Havane, quatre hommes et une femme sont réunis et parlent de choses et d'autre. Cela se passe pendant une fin d'après-midi, puis la soirée, et se termine à l'aube le lendemain. L'unité de temps, d'action et de lieu est respectée. Ces cinq personnages, la cinquantaine, se connaissent et se fréquentent depuis longtemps, même si Amadeo, tel Ulysse, revient après 16 ans d'absence à Cuba après avoir vécu en Espagne. Ils sont tous amis mais cela ne les empêchent pas de se disputer, de se dire des vérités qui font mal. C'est surtout Amadeo qui est en butte aux questions qui dérangent. Chacun des cinq a mené une existence qui n'était pas celle dont ils avaient rêvé. Rafa fut un peintre de talent, qui après une dépression s'est mis à faire "du barbouillage" qui se vend plutôt bien; Eddy, jadis un écrivain doué, travaille dans une "petite boîte" et il trempe dans quelques malversations; Aldo travaille dans une usine et s'abîme les doigts; quant à Tania, médecin ophtalmo, elle n'a pas vu ses fils depuis des années. Elle n'a plus de nouvelle d'eux depuis que leur père les a emmenés loin de cette île. Le scénario au texte très écrit est magnifiquement bien interprété par des acteurs cubains que je ne connais pas. Le côté théâtral de l'ensemble m'a plu. Dans le dialogue, il ressort qu'à Cuba, les gens sont devenus peureux, ils sont privés de beaucoup de choses. Sans qu'ils éprouvent de l'amertume, on sent que les personnages sont désillusionnés. Il m'est arrivé de penser de temps en temps pendant la projection que Mario Conde (1) et ses amis auraient pu faire leur apparition dans cette réunion. Ils n'auraient pas déparé dans le paysage. Si ce film passe par chez vous, je vous le conseille. Bien entendu, il faut le voir en VO (mais je pense que le film n'existe pas en VF). Lire le billet de Miriam.

(1) Détective privé, personnage principal et récurrent des romans de Padura.

3 décembre 2014

Les opportunistes - Paolo Virzi / Calvary - John Michael McDonagh

Les opportunistes de Paolo Virzi, sorti tout récemment, n'a pas eu beaucoup d'échos dans la presse et c'est bien dommage car ce film italien présenté et récompensé dans plusieurs festivals vaut vraiment la peine d'être vu. Le scénario est l'adaptation d'un roman américain (paru en 2005), Le capital humain (qui est le titre original du film); écrit par Stephen Amidon (je ne connais pas du tout). De nos jours, dans le nord de l'Italie, Dino, Carla et Serena sont trois des personnages principaux d'une tragi-comédie où seul règne l'argent-roi. Dino, un agent immobilier, a confié une très grosse somme d'argent à un homme d'affaires de sa connaissance, Giovanni Bernaschi. Ce dernier, un personnage assez abject, s'en sert pour spéculer. Carla (Valeria Bruni Tedeschi, que pour une fois, j'ai bien apprécié), la femme de Bernaschi, ancienne actrice en mal d'amour et de reconnaissance, ne parvient pas à convaincre son mari de sauvegarder un ancien théâtre. Quant à Serena, la fille de Dino, alors qu'elle est plus ou moins fiancée au fils des Bernaschi, elle tombe follement amoureuse de Luca, un jeune homme assez pertubé. Le film se décompose en 5 parties,dont un prologue dans lequel on voit un cycliste se faire renverser. Puis les trois parties suivantes sont un même récit vécu par Dino, Carla et Serena, avec des points de vue différents et des chevauchements dans l'histoire. La conclusion justifie le titre Le capital humain. Je vous laisse découvrir en quoi cela consiste. Les personnages masculins sont presque tous plus odieux les uns que les autres. Les femmes s'en tirent relativement mieux. Roberta (Valeria Golino), la femme de Dino, a une présence rassurante. Heureusement que Serena et Luca qui font partie de la jeune génération dégagent une certaine pureté dans leur comportement. C'est un film bien fait, bien joué, avec un scénario solide. Une très bonne surprise. Matchingpoints ont aimé ce film et le disent mieux que moi.

Je passe maintenant à Calvary et aux paysages grandioses d'Irlande. C'est bien la seule chose qui m'ait vraiment plu dans le film que j'ai vu en avant-première. Peut-être parce que je m'attendais à de l'humour comme dans L'Irlandais, film précédent du réalisateur avec le même acteur principal, Brendan Gleeson. Ici, Brendan Gleeson joue avec conviction un prêtre, père James. Dans une sorte de prologue très réussi, le père James reçoit en confession un homme en confession. Ce dernier lui apprend qu'il a été violé dans son enfance (pendant plusieurs années) par un prêtre. Et c'est pourquoi il "confesse" qu'il tuera le prêtre dans sept jours. J'ai cru à une plaisanterie. Et bien pas du tout, c'est une histoire sérieuse dont je vous tairai la fin. Pendant les sept jours, le père James renoue avec sa fille (il a prononcé ses voeux suite à son veuvage), son église brûle, son chien se fait tuer et il cotoie peut-être son assassin parmi ceux qui croise son chemin. Je ne sais pas comment prendre le film. Si c'est pour une dénonciation des prêtres pé****philes, à mon avis, c'est raté. Et j'ai trouvé qu'il n'y avait pas une once de comédie dans ce film. Dommage mais les paysages sont beaux. Ffred a beaucoup plus aimé que moi.

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