Si les Jeux Olympiques 2024 commencent déjà à vous ennuyer, je vous propose de vous procurer une série française en DVD totalement addictive, D'argent et de sang de Xavier Giannoli, qui date de 2023. Il y a douze épisodes pendant lesquels vous suivez l'histoire de quelques personnages dont certains sont des escrocs qui ont arnaqué l'Etat français en 2008-2009, au moment de la création du marché financier des "Quotas Carbone". La fraude à la TVA s'est montée à plus d'un milliard pour la France et pour près de six milliards pour l'Europe. Cet argent a disparu en fumée sans être perdu pour tout le monde. Les personnages qu'on nous présente sont, d'un côté, deux petits escrocs de Belleville à Paris acoquinés avec un trader des beaux quartiers aimant l'argent facile (Niels Schneider), et de l'autre, un magistrat des douanes, Simon Weynachter (Vincent Lindon, impérial) qui, malgré ses soucis familiaux (sa fille se drogue), n'a de cesse d'arrêter les malfrats. Pendant les douze épisodes de 50 minutes de 50 minutes, on est happé par l'histoire très bien écrite avec du suspense et sans temps mort. Une très bonne série française qui apprend des choses. Et les acteurs sont tous excellents.
Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) continue ma série de présentation ciblée de l'oeuvre de Jules Verne. Voici donc la suite de mon article du 18 juillet 2024, avec cette fois dix ouvrages où le bateau est utilisé pour un trajet maritime accessoire (qui n'est plus vraiment le principal élément du roman, mais juste "nécessité" par le déroulement de son action).
En tout cas, cette fois, je crois que, parmi les 41 volumes pour 38 titres, soit la totalité de ceux parus dans cette édition "Le livre de Poche" que je possède tous dans ma pochothèque personnelle, j'ai fait le tour, sinon du monde, du moins des navires et de leurs trajets en mer. Je me demande sur quels fondements s'étaient faits les choix de ces 38 titres à rééditer parmi tous ceux écrits par Jules Verne, si l'aventure de cette édition en Livre de Poche s'est achevée comme prévu, si elle a répondu aux attentes (financières) de l'éditeur ou bien s'est achevée prématurément... Après, il est possible que ma subdivision des 20 titres en deux articles soit quelque peu artificielle: je suis tout prêt à en discuter. Je précise enfin que l'ordre de citation des 10 titres ci-après est aléatoire (davantage que réfléchi): c'est celui dans lequel j'avais photographié les couvertures de mes bouquins, il y a déjà plusieurs semaines, avant de commencer à rédiger.
Le premier chapitre de Mistress Branican est titré Le Franklin, du nom du navire qui appareille de San Diego (Californie) le 15 mars 1875 avec 14 hommes à bord. Il est commandé par John Branican (30 ans), qui laisse à terre sa jeune épouse Dolly (abréviation de Dorothée) et son nourrisson. Quelque temps plus tard, la jeune femme perd son bébé dans un malheureux accident et en devient folle. Quand elle revient à la raison, quatre ans s'étant écoulés à son insu, elle apprend brutalement que le navire de son mari n'est jamais arrivé à Singapore ni à Calcutta, pourtant ses destinations prévues. Ayant hérité d'une fortune, elle l'emploie à l'achat d'un navire à vapeur, renommé Dolly-Hope, armé par un équipage de 30 marins, qu'elle envoie à la recherche de son mari le 27 juillet (nous sommes alors p.132)... Une première campagne de 19 mois s'avère infructueuse. En 1882, départ pour une seconde campagne, qui ramène en 1883 la preuve du naufrage et de la mort de cinq hommes du Franklin. Mais en juillet 1890 arrive de Sydney l'information qu'y agonise le second du Franklin. Mistress Branican se précipite en Australie (sur le steamer Oregon, qui file 17 noeuds en moyenne durant la traversée). Le mourant lui révèle que John Branican, comme lui-même, avait été fait prisonnier par une tribu aborigène, et restera l'unique survivant de l'équipage du Franklin. Fin de la première partie (p.240). Dans la seconde, Dolly s'embarque à bord du paquebot Brisbane à destination d'Adélaïde... Je vous passe toutes les péripéties terrestres en Australie avant que la famille Branican soit reconstituée, p.484 dans mon exemplaire qui en compte 489 et se finit sur le retour à San Diego à bord de l'Abraham-Lincoln. Le roman est paru en 1891, tant en feuilleton qu'en volume.
Le sphinx des glaces propose la suite des Aventures d'Arthur Gordon Pym publiées en 1838 par Edgar Poe (avec une préface datée de juin 1838), dont Verne était un fervent admirateur (la première traduction française date de 1858). Il a tout de même attendu 1897 pour faire paraître (feuilleton puis volume) son propre roman [pourquoi pas 1899? Je suppose que la mode des "commémorations" culturelles, du "battage médiatique" et de la curiosité qu'elles peuvent engendrer n'était alors pas vraiment installée comme de nos jours...]. Le héros de Poe avait mystérieusement disparu après avoir navigué sur le Grampus puis la Jane-Guy. Le "récit à la première personne" de Verne reprend le 2 août 1839. Le narrateur, M. Jeorling (américain), attend à Christmas-Harbour la goëlette l'Halbrane afin de quitter à son bord les Kerguelen où il a mené à bien quelques études géologiques et minéralogiques. Une fois embarqué, une discussion avec le capitaine Len Guy est l'occasion de reprendre le cours de l'histoire de la navigation d'Arthur Gordon Pym et de son fidèle compagnon Dick Peter à bord du navire (rebaptisé Jane, capitaine William Guy, par Jules Verne). Le 3 septembre 1839, un cadavre est repêché par l'Halbrane: c'est celui d'un compagnon de Pym disparu 11 ans plus tôt (un courrier l'accompagne, faisant état d'autres survivants)! Aux îles Falkland, l'équipage est complété (passant de 12 hommes à plus d'une trentaine), avant de partir le 27 octobre (pourvu de deux ans de vivres) à la rescousse vers l'île Tsalal... (on est alors p.149). J'ajouterai juste que les deux frères Guy se retrouveront et qu'après la perte de l'Halbrane les survivants de l'expédition utilisent une embarcation indigène (baptisée Paracuta, et construite sans métal) pour regagner des parages fréquentés par des navires baleiniers. Le Tasman, trois-mats américain, recueille nos héros p.495 et les ramène à Melbourne (fin du livre p.496). Je relève encore qu'une note p.404 fait allusion au Nautilus du capitaine Nemo.
PS: je trouve la composition "photo / gravure" de cette couverture particulièrement réussie.
Dans Les tribulations d'un Chinois en Chine, le héros est un jeune... Chinois, Kin-Fo, orphelin en 1866 (à 19 ans). Lorsque commence l'action, il a environ 31 ans (nous sommes donc en 1878... ou à peu près). Ruiné, il envisage le suicide, mais préfère en "déléguer" le soin à son maître de philosophie (et lui remet une lettre l'en dédouanant), non sans avoir pris une "assurance-vie" auprès d'une Compagnie d'assurance occidentale (La Centenaire, américaine), valable deux mois, payée avec ses derniers dollars. Quelques jours plus tard arrive une nouvelle: l'opération qu'il croyait lui avoir fait perdre sa fortune n'était qu'un hardi coup de bourse, qui l'a augmentée! Mais le prof de philo a entretemps disparu dans la nature... nanti de la précieuse lettre! Il n'y a plus qu'à chercher à le rattraper (à travers la vaste Chine) pour tout lui expliquer... Après diverses péripéties dont une navigation fluviale (hors sujet), Kin-Fo, son domestique Soun et deux "gardes du corps" de La Centenaire embarquent (p.229) à Takou (Taku) sur la jonque San-Yep à destination de Fou-Ning (?), mais la quittent en cours de route (p.262), pour un "mode de navigation" en mer... particulier, avant d'être recueillis par une barque de pêche. Et je m'arrêterai là. Mon volume compte 335 pages, l'ouvrage avait été publié en feuilleton puis en volume en 1879.
L'école des Robinsons est encore une histoire de jeune héritier trop blasé, à 22 ans, pour bien savourer la richesse de son existence... A San-Francisco, Godfrey ne rêve que d'une vie aventureuse faite de voyages et de naufrages sur une côte déserte! Heureusement, tonton est là... riche de ses millions de dollars d'ancien associé de Sutter, avec lesquels il ne sait trop quel achat inutile effectuer. Il est donc prêt à offrir à son neveu orphelin, avant le mariage prévu avec sa propre pupille Phina, un tour du monde à bord du yacht à vapeur Dream (600 tonneaux, armé par un équipage de 18 hommes sous le commandement du Capitaine Turcotte), avec comme première destination Auckland (Nouvelle-Zélande). Dans la nuit du 25 au 26 juin (année non précisée), un sauve-qui peut alors que le navire s'enfonce précipite Godfroy et son "professeur de maintien" à la mer, fort heureusement à proximité d'une île...
Durant les près de six mois qu'ils passeront sur cette île, rien ne leur manquera: basse-cour à domestiquer, épave bienvenue contenant tous matériels utiles, et même un "Vendredi" à sauver de sauvages qui s'apprêtaient à le dévorer! Dans ce roman d'apprentissage plein d'humour publié en feuilleton puis en volume en 1882, Godfrey aura au moins compris qu'il peut être sage d'en passer par ce que propose l'oncle qui vous a élevé, fût-ce le mariage avec "la plus dévouée des Robinsonnes" (dernière page, p.260).
Dans L'archipel en feu, l'action commence le 18 octobre 1827. N'est-il pas intéressant de relever que, si le roman a été publié en 1884, Jules Verne lui-même est né le 8 février 1828? Bref, en 1827, la Karysta entre hardiment dans le port péloponésien de Vitolo, un antre de pirates. L'archipel en question, c'est la Grèce, alors en train de lutter pour se libérer des Ottomans (des Turcs): cette "guerre d'indépendance" (1821-1829) forme la trame de fond du livre. Il sera même fait allusion aux massacres de "Scio" (Chios) de 1822. Enfin, l'un des héros apparaît p.48: le Français Henry d'Albaret, lieutenant de vaisseau de 29 ans en congé illimité. À Corfou, il tombe amoureux de la jeune Hadjine, fille d'un banquier aux affaires mystérieuses. Et après cette analepse contextuelle, nous revoilà le 20 octobre 1827: à la bataille de Navarin, vingt-sept navires français, anglais et russes écrasent une flotte de 60 à 90 navires ottomans (turcs et égyptiens). Quelque temps plus tard, Hadjine disparue, Henry se voit proposer le commandement de la corvette Syphanta, affrétée sur fonds privés pour lutter contre les pirates d'un certain Sacratif (qui pille les navires de commerce en Méditerranée, et revend les survivants des équipages comme esclaves)... et ce sera une lutte à mort, lorsque la corvette sera encerclée, attaquée et prise à l'abordage par toute la flottille pirate!
Il semble que cette histoire de pirates ait fait polémique en Grèce lors de sa publication au XIXe siècle. Pour ma part, il y a plus de 45 ans que je possède mon exemplaire (269 pages), et j'y ai même retrouvé un ticket de métro âgé de plusieurs décennies (je les utilisais comme marque-page à l'époque...).
La jeune Ecossaise Miss Helena Campbell veut voir, non pas spécialement un loup de mer, mais bien Le rayon vert avant de se marier! Cette charmante orpheline de 18 ans affirme aux vieux oncles qui l'ont élevée qu'elle ne se résignera au mariage qui lui est proposé qu'après avoir, du moins, vu ce phénomène optique, qui se produit quand le soleil se couche sur un horizon de mer, "à l'instant précis où l'astre radieux lance son dernier rayon" (etc.). Vers fin mai (année non précisée sauf erreur de ma part), le steamer Columbia les amène de Glasgow jusqu'à l'entrée du canal de Crinan, où ils se transbordent sur le Linnet (le temps de traverser la péninsule de Kintyre) avant un nouveau transbordement à bord du Glengarry. En passant, celui-ci, sous l'impulsion de sa passagère Miss Campbell, secourt la chaloupe d'un jeune homme entraînée dans un tourbillon. Peintre, celui-ci décide d'accompagner nièce, oncles et fâcheux fiancé dans leur quête colorée. Les Pioneer puis Clorinda les emmènent encore d'une île des Hébrides à l'autre, jusqu'au terme attendu du voyage. Roman publié en 1882 (228 pages en Livre de Poche).
Mathias Sandorf est pour Jules Verne ce qu'est Le comte de Monte Cristo pour Alexandre Dumas: une grande histoire avec un personnage injustement emprisonné qui s'évade puis, devenu riche et puissant, revient se venger de ses ennemis. Publié (en feuilleton puis en volumes) en 1885, après la mort de Dumas intervenue en 1870, ce vaste roman est d'ailleurs dédié à "Alexandre Dumas" (père et fils - ce dernier a répondu le 23 juin 1885 qu'il lui allait très bien d'être le "frère" de Jules Verne). Je ne l'ai pas placé parmi ceux de ma première série parce qu'il m'a semblé qu'ici, les navires étaient moins un "choix" que le seul moyen de "joindre" les différents lieux où se déroulait l'action, alors même que voyager n'est pas le but en soi. Pourtant, bien des navires apparaissent dans cette histoire qui se déroule en Méditerranée et commence en mai 1867 à Trieste (ville dépendant alors de l'Empire austro-hongrois). Le comte (hongrois) Mathias Sandorf et deux de ses amis sont dénoncés et arrêtés le 8 juin pour conspiration indépendantiste contre l'Empire. Si le héros éponyme réussit finalement son évasion (fin de la 2e partie, p.182), ses infortunés amis périront fusillés. p.185, l'histoire reprend (commence?) quinze ans plus tard. Je ne ferai pas le détail de sa vengeance (lisez le livre), mais je mentionnerai juste une goélette anonyme à bord de laquelle le docteur Antékirtt arrive au port de Gravosa, proche de Raguse (aujourd'hui Dubrovnik). On apprend p.220 qu'elle se nomme Savarèna. Le mystérieux docteur dispose de prodigieux engins pour sillonner à vive allure (50km/h!) la Méditerranée: les trois Electric, conçus sur un modèle similaire à celui des "torpilleurs" rapides construits par la firme Tornycroft, mais fonctionnant à l'électricité (comme le Nautilus, tiens, tiens...). L'Electric 2, tel un corbillard flottant, emmène un corps arraché à la tombe depuis Cattarfo (aujourd'hui Kotor au Montenegro) jusqu'à une ile méditerranéenne inconnue (Antékirtta!), où il dirige toute une communauté industrieuse. Enfin, vaisseau amiral de la flottille du docteur, le Ferrato, yacht à vapeur filant plus de 18 noeuds (et armé de canons!), peut vous amener de la Grande Syrte (côte libyenne) jusqu'en Sicile (950 milles) en 36 heures. Je dirai encore (pour éviter de narrer toutes les péripéties) que le 1er volume compte 338 pages et le second 367 (pas de numérotation continue ici). Les derniers méchants sont punis p.354.
Le Docteur Ox est un recueil de nouvelles (329 pages dans mon édition "Le livre de Poche") que j'avais évoqué lorsque j'ai dit deux mots de la nouvelle Une fantaisie du docteur Ox. Deux autres ne nous intéressent pas ici (Maître Zacharias et Un voyage en ballon). Par contre Un hivernage dans les glaces (pp.215-339) rentre bien dans le champ de notre challenge. Le 12 mai 18..., le brick La Jeune-Hardie regagne Dunkerque. Mais son capitaine n'est plus à bord. Selon le récit du second, André Vasling, à l'armateur Jean Cornbutte, son fils Louis Cornbutte a disparu, avec un matelot et le timonier alors qu'ils avaient mis la chaloupe à la mer afin de rallier une goélette menacée d'être engloutie par le Maëlstrom [je suppose qu'il s'agit de celui des Îles Lofoten] et qui faisait des signaux de détresse. Le vieux Jean Cornbutte rembarque alors six membres d'équipage et le second (qui s'est fait prier) pour visiter tous les ports de Norvège afin d'acquérir la certitude de sa disparition. À son insu, sa nièce Marie, la fiancée de Louis, a également embarqué... Le 30 juin, dans le port de Bodoë, une bouteille trouvée à la côte et le message qu'elle contient leur apprennent le nom de la goëlette norvégienne secourue, le Froöern : les courants l'ont emportée vers les glaces! S'ensuivra un hivernage, des retrouvailles, mais tous ne seront pas à bord, lors du retour à Dunkerque le 16 août de l'année suivante...
Les textes publiés en feuilleton en 1855 et en volume en 1874 diffèrent, je suppose que celui-ci est le plus tardif.
Hier et demain est également un recueil de six nouvelles (263 pages), hétéroclites puisque seules deux, à mon avis, s'inscrivant vraiment dans le thème rendu par le titre du volume publié en 1910 (après la mort de Jules Verne intervenue en 1905). L'une (ma préférée), L'éternel Adam (pp.213-263), n'est pas sans rappeler La mort de la terre, de J. H. Rosny aîné, Waterworld (film avec Kevin Costner) ou même une péripétie de L'Île mystérieuse... Bref, dans L'éternel Adam, une catastrophe met fin à notre monde terrestre (paradisiaque?). La nouvelle est construite avec deux récits imbriqués. Les 17 premières pages introduisent une civilisation dont l'histoire remonte à 8000 ans au moins, qui vit sur une terre unique, sur une planète majoritairement maritime. La majorité de la flore et de la faune dérive d'espèces maritimes. Pour trouver l'origine de leur civilisation, un savant effectue des fouilles (oui, comme dans La planète des singes de Pierre Boulle!). Après avoir traversé différentes couches (humus, limon d'origine marine...), une couche datable de 40 000 ans livre des vestiges humains... Par ailleurs, le savant trouve, dans un trou dans son propre jardin, un étui fait d'un métal inconnu, qui contient des feuillets couverts d'une écriture inconnue... Après des années de décryptage, il peut enfin les lire. Ce second récit raconte la fin d'une civilisation - la nôtre. Il est daté du 24 mai 2... (c'était remarquablement bien "anticipé": il aurait pu le dater 19.., mais nous savons aujourd'hui que le "cataclysme final" n'est pas [encore] advenu... même si le monde qui en est victime fait davantage songer à celui du tout début du XXe siècle plutôt qu'au nôtre!). Les résidents d'une villa de Rosario (Mexique) sont surpris par une inondation et contraints de fuir, en voiture, vers les hauteurs, aussi haut qu'il est possible. Les neuf survivants (dont quatre femmes) sont sauvés par la Virginia, un bâtiment de 2000 tonneaux environ, dédié au transport de marchandises, et son équipage de 20 personnes. Le navire sillonne désespérément la mer sans rencontrer les continents et îles que nous connaissons. A court de vivres, il arrive enfin sur cette nouvelle terre. J'avais été frappé, jeune, par l'image (signée Léon Bennett, 1839-1916) de l'automobile, tout ce qu'il y a de plus XXe siècle, poursuivie par la mer écumante (troisième à partir de la gauche ici - image singulière par rapport aux gravures qu'il avait pu faire pour d'autres oeuvres de Jules Verne). Des décennies plus tard, les derniers survivants du groupe cherchent enfin à écrire la somme des connaissances humaines (une démarche faisant songer à l'Encyclopédie, prétexte initial de la Fondation d'Isaac Asimov). Mais le coffret les contenant, lui, s'est perdu à jamais... Cette nouvelle L'éternel Adam, selon les "verniens", serait en fait entièrement due à Michel Verne (son fils unique)? C'est cependant l'une de mes préférées!
Les autres nouvelles, écrites à différentes époques, d'inégal intérêt et de genres différents, sont La famille Raton, M. Ré-Dièze et Mlle Mi-Bémol, La destinée de Jean Morénas, Le Humbug et Au XXIXe siècle (sous-titrée La journée d'un journaliste américain en 2889).
En ce qui concerne Le phare du bout du monde, je me cantonnerai pour le moment à signaler qu'il y est question de l'aviso argentin Santa-Fe, de la goélette Maule et du trois-mât américain Century. Il existe réellement un phare sur l'île des Etats mais son inauguration, placée par Jules Verne le 9 décembre 1859 "après un an de travaux", est intervenue, en réalité, en 1884. L'oeuvre a été écrite par Jules Verne en 1901, mais publiée seulement (en feuilleton puis en volume) dans la seconde moitié de l'année 1905 (l'auteur est mort le 24 mars). "Le livre de poche Jules Verne" ci-contre comporte 206 pages. Je pense que j'aurai l'occasion de reparler de ce titre, puisque j'en possède deux exemplaires (deux éditions, toutes deux en "texte intégral", mais avec deux versions différentes).
Avec ces 10 titres feuilletés et ces milliers de pages non-lues intégralement, je vais encore progresser (mais avec l'hélice qui tourne à bas régime, hein Fanja!) dans le challenge Book trip en mer, tout en participant également au challenge 2024 sera classique aussi organisé par Nathalie.
Il me restera sans doute un autre article "groupé" à rédiger, sur un ensemble hétéroclite de livres de Jules Verne en "textes intégraux" (donc pas en éditions jeunesse!) dans différentes collections contemporaines... Jules Verne a publié chez Hetzel quelque 70 titres au total, et rédigé environ 80 oeuvres dont certaines longtemps inédites! Pour ma part, je n'avais jamais pris soin de compléter exhaustivement mon "début de collection" de parutions en "10/18" des titres de Jules Verne autres que ces "38" du Livre de Poche dans les années 1970 ou 1980, mais j'en possède tout de même quelques-uns. En outre, depuis, bien d'autres collections de poche en ont publié ou republié, y compris des textes non disponibles à l'époque voire des versions alternatives ou originales de manuscrits retouchés par Michel Verne mais signés Jules Verne pour une parution posthume. Ces différents paramètres me donneront donc bien matière pour un troisième et dernier volet de mon étude "maritime". Il me faut le temps de m'en procurer certains (achat ou bibliothèque), de les assimiler et de les chroniquer... [billet suivant paru le 31/08/2024]
Je viens de voir le film américain Twisters de Lee Isaac Chung qui est une sorte de suite de Twister de Jan de Bont (1996) que j'avais vu lors de sa sortie. Twisters a été produit par Steven Spielberg et les personnages sont inspirés par ceux créés par Michael Crichton. Twisters raconte l'histoire de Katie Carter, une chasseuse de tornades (dans l'Oklahoma) qui se sent coupable de la mort de trois amis à cause d'une tornade plus puissante que prévue. Grâce à W***pedia j'ai appris ce qu'était l'échelle EF (1, 2, 3, 4 ou 5). Cinq ans plus tard, elle retourne en Oklahoma à la demande d'une de ses connaissances pour tester un système de balayage radar. Katie épate tout le monde car elle est capable rien qu'en regardant les nuages de savoir où une tornade va se former. En particulier, elle ne laisse pas indifférent un certain Tyler Owens, un chasseur de tornade populaire grâce à you tube. J'ai trouvé ce film assez plaisant à voir. Il n'y a pas vraiment de surenchère. Les effets spéciaux sont presque discrets. Il n'y a rien de trop. Un bon film à voir un samedi soir en famille.
A moins que vous viviez sur une île déserte, vous n'êtes pas sans savoir que les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont débuté. Je n'ai vu que la moitié de la cérémonie d'ouverture car la musique commençait à me casser les oreilles. Personnellement, je n'ai trouvé pas certains tableaux du meilleur goût. Je m'attendais à quelque chose de plus classique, moins rose ou tape-à-l'oeil. Je serais curieuse de savoir ce que vous en avez pensé. Sinon, j'aime regarder les retransmissions d'épreuves en direct à la télé, à la différence de mon ami Ta d loi du cine qui se contente de jeter un oeil chaque soir sur internet pour suivre le palmarès quotidien des médailles. Et vous, est-ce que vous regardez les JO à la télé?
Ces livres qu'on oublie...! Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) me rappelle avoir, ces derniers temps, semé ici ou là des commentaires où j'évoquais, à côté de "fortunes de mer" célèbres du temps de la marine à voile d'avant l'ère industrielle comme celles ayant frappé Le Bounty, La Méduse, L'Utile, La Boussole et L'Astrolabe ou le Wager, mon envie de lire quelque ouvrage narrant les mésaventures des naufragés du Batavia. Hé bien, j'ai remis par hasard la main, dans un recoin de pochothèque chez moi, sur le petit volume que je chronique ici.
Simon Leys, Les naufragés du Batavia, suivi de Prosper, Arléa,
coll. Points N°P1333, 2003, 126 pages
Le Batavia était un navire de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC) du XVIIe siècle. En juin 1629, il a fait naufrage sur des récifs de corail au large de la côte ouest de l'Australie, bien loin de sa route prévue puisqu'il ralliait "précisément" Batavia (île de Java), conquête récente des Indes néerlandaises (aujourd'hui Jakarta, en Indonésie). À cette époque, la navigation de pleine mer était aventureuse faute de pouvoir mesurer avec précision la longitude sur leur route, autrement qu'à l'estime. Un navire sur 50 de la VOC n'arrivait pas à destination, et un sur 20 ne revenait pas à bon port en Europe. C'est ce que Simon Leys commence par nous apprendre. Sur cette "affaire" du Batavia, il explique s'être documenté pendant 18 ans avec l'idée d'en faire un livre, et avoir procrastiné de se lancer dans sa rédaction jusqu'au moment - trop tard - où est paru "le" livre définitif sur le sujet (L'archipel des Hérétiques, Mike Dash). Du coup, Simon Leys a "tout de même" rédigé la soixantaine de pages qui racontent et résument cette histoire, pour "inspirer le désir de lire [le livre de Dash]". Histoire capable d'inspirer aussi un film hollywoodien: 250 naufragés sur quelques îlots aussi inhospitaliers que Tromelin, les officiers et marins professionnels les plus capables qui partent à bord de l'unique chaloupe chercher un hypothétique secours, et les survivants qui tombent sous la coupe d'un psychopathe ne rêvant que capture d'un navire, piraterie, pillage, meurtres et accessoirement stupre (oui, il y avait quelques femmes à bord)... L'aventure s'est mal finie pour la plupart des "naufragés du Batavia" et semble avoir eu un énorme retentissement à l'époque, avant d'être oubliée.
Le second texte, Prosper (pp.75-126), a été rédigé en 1958. "Quand j'étais étudiant, durant le dernier été que je passais en Europe avant de partir pour l'Extrême-Orient, j'eus l'occasion de naviguer à bord d'un thonier breton - un des rares bateaux qui travaillaient encore à la voile. Le hasard d'un rangement vient de me faire retrouver le récit - vieux de quarante-cinq ans - que j'avais fait de cette "marée"", dit Leys. Le Prosper est le nom dudit navire, sur lequel il nous raconte son embarquement au port d'Etel (Morbihan). À l'époque, ce port ne comptait plus que deux thonier (contre 200 au temps de sa splendeur), remplacés par des "pinasses" à moteur. Sur toute la côte atlantique jusqu'à Saint-Jean de Luz, les thoniers à voile n'étaient plus qu'une demi-douzaine. J'ai été frappé par la grande place que semblait tenir dans la vie quotidienne de l'équipage, à bord comme à terre, la consommation d'alcool. La ration de vin à bord est de deux litres quotidiens par homme. Pour le reste, leur vie quotidienne lors d'une "marée" (campagne de pêche de plusieurs semaines loin du port) m'a rappelé celle de Capitaines courageux: repas à base de pommes de terre et de ...thon frais, longues journées de mauvais temps cloîtrés dans le "poste" (lieu de vie et de repos), pêche lorsqu'il fait beau temps, manoeuvre du bateau intégralement à la voile, équipage soudé (différents matelots ayant une "part" de la pêche: Robert, Louis, Etienne, le vieux Félix, Gabi, mais aussi le mousse, un autre passager que Pierre) mais soumis à l'autorité incontestable du "patron". Ce dernier, Maurice, "pensionné" après une carrière complète dans la Marine nationale qu'il a finie avec le grade de Premier-maître, a repris la mer en armant comme "patron" à la pêche au thon après la fin de sa carrière militaire, plutôt par goût que par obligation ou esprit de lucre. Elle se pratique à l'aide de deux longues perches perpendiculaires au navire, les "tangons", armées chacune de sept lignes aux hameçons desquels on attend que le thon morde, en espérant remplir la cale le plus rapidement possible et que le poisson n'aura pas le temps de s'abîmer avant le retour au port. J'ai aussi retrouvé dans cet ouvrage la méfiance par rapport aux gros navires qui "trient leur route" sans se préoccuper des petits. Mais il est aussi question des savants qui expédient des fusées vers la lune et détraquent ainsi le temps, ou d'Alain Bombard qui visait (à l'époque) à obliger tous les bateaux à s'équiper de matériel de sauvetage (envisagé sous l'aspect "coût à payer"!). La marée s'interrompt prématurément pour un retour au port: le vieux Félix tombe malade (un saignement de nez qui, apprendra-t-on au retour à terre, lui aura probablement évité une attaque qui aurait pu être fatale). Et "Pierre", pressé par le temps, n'a pas le loisir de repartir avec l'équipage du Prosper, et n'apprendra la fin de la campagne que par le courrier de l'autre "passager" du bord.
Simon Leys (1935-2014), c'est en fait le pseudonyme d'un sinologue prénommé Pierre, comme me l'a appris Wikipedia consulté ce 26 juillet 2024. Je ne m'intéresse ici qu'à l'aspect "maritime" de son oeuvre. En préparant le présent billet, j'ai découvert plein de sujets intéressants dont j'espère bien avoir l'occasion de reparler avant le mois de novembre! Cet écrivain de nationalité belge et de langue française met donc en avant L'Archipel des hérétiques évoqué plus haut, il a préfacé le livre de François-Edouard Raynal (qui avait en son temps inspiré Jules Verne) lors de sa réédition en 2011 sous le titre Les Naufragés, ou Vingt mois sur un récif des Auckland, il a lu dans sa jeunesse et traduit plus tard (de l'américain) Deux années sur le gaillard d'avant de Richard Henry Dana Jr., il a été membre de l'association des Ecrivains de marine... et il a écrit un essai (en deux tomes!) sur La Mer dans la littérature française.
Ah, la mémoire... Il a fallu que je relise les dates d'achat et de fin de lecture (02/08/2012 et 03/08/2012) que j'avais marquées en début et en fin de mon exemplaire, pour avoir la certitude qu'effectivement... je l'avais déjà lu! Sa relecture m'a pris moins de temps que la rédaction du présent billet.
Cette fois, ça y est, j'ai terminé pour le moment mes lectures des romans de Bernard Minier. Avec Lucia (Edition XO, 467 pages) et après Les effacées, j'ai refait connaissance avec l'enquêtrice de la Guardia Civil Lucia Guerrero. De Salamanque à Ségovie et Madrid, elle va enquêter sur un étrange homicide dont la victime est un de ses collègues. Tel le Christ en croix, on trouve ce dernier les bras en croix en état de lévitation. Il se trouve que son assassin l'a collé en position verticale avec de la colle forte. Lucia est bien entendu effondrée. Elle n'a de cesse d'arrêter ce tueur "à la colle". En parallèle, Salomon Borges, un professeur de criminologie et de criminalistique de la faculté de droit de Salamanque et quelques-uns de ses étudiants ont mis au point un logiciel appelé DIMAS qui permettrait de résoudre des affaires criminelles. Et il se trouve que, comme par hasard, DIMAS identifie trois occurrences. Ces crimes ont un modus operandi ressemblant à celui dont a été victime le collègue de Lucia. Les victimes (souvent des couples) sont collées l'une à l'autre. Le ou les tueurs ont choisi de copier des tableaux de la Renaissance en disposant les corps d'une certaine façon. Toujours est-il que le tandem formé par Lucia et Salomon fonctionne bien et l'enquête avance jusqu'à ce que... Une fois de plus, je n'en dirai pas plus. C'est nettement mieux que Les effacées mais cela ne vaut toujours pas les enquêtes de Martin Servaz qui se passent de l'autre côté des Pyrénées. A vous de voir. Lire les billets de loeilnoir,océane, mhf le blog.
Comme Ta d loi du cine rédige des billets "livres", je continue avec un billet "cinéma". J'ai voulu voir le film danois Sons (Fils en français) de Gustav Möller pour Sidse Babett Knudsen qui est une actrice danoise, qui parle très bien le français et que l'on peut admirer dans la série Borgen. Dans Sons, elle interprète Eva, une gardienne dans une grande prison danoise. Elle est à l'aise et plutôt souriante avec les détenus. Jusqu'au jour où elle voit arriver Mikkel, un détenu qui doit purger une peine de 16 ans, il a tué un autre détenu à la suite d'une bagarre au sein d'une autre prison. Mikkel est désormais considéré comme dangereux et irrécupérable. Il est mis directement en QHS (Quartier de Haute Sécurité). Du jour au lendemain, le visage d'Eva se ferme, on la sent préoccupée. Elle se fait muter dans le QHS pour se rapprocher de Mikkel. Petit à petit, on apprend pourquoi Eva a une attitude violente envers Mikkel qu'elle cherche à humilier en s'efforçant de lui faire le plus de mal possible. J'ai été impressionnée par le jeu de Sidse Babett Knudsen (elle est dans tous les plans du film) qui joue sans fard, elle est implacable. De victime, elle devient bourreau si je puis dire mais je ne veux pas vous en dire plus. Après Borgo dans un autre registre qui se passe aussi dans une prison, Sons est un film qui vous tient en haleine et je vous le conseille.
La parution de mon (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) récent billet sur Jules Verne a été l’occasion pour dasola de ressortir d’un rayonnage d’une des bibliothèques chez elle (à côté de gros dictionnaires), pour me les montrer…
...deux exemplaires en édition Hetzel de romans de Jules Verne, Michel Strogoff et L’île mystérieuse.
Morceaux choisis. « Ça se garde, ça ! ». Ils étaient à l’un de ses grands-pères, qui a d’ailleurs inscrit une date dans l’un des deux volumes : « 1937 ». Pas de date d’impression, en revanche : ce genre de livres « de prix » (pour les écoliers !) a été tiré et retiré en de multiples éditions au cours des décennies de la IIIe République. Bien évidemment, j’ai cherché à en apprendre davantage sur ces deux éditions-là.
J’ai remarqué une fois de plus qu’internet est de moins en moins l’endroit où l’on trouve facilement n’importe quelle information souhaitée, comme ce pouvait peut-être être le cas il y a 10 ou 20 ans. Aujourd’hui, les moteurs de recherche et leurs algorithmes affichent en priorité des éléments qui, dans l’économie de marché, présentent un intérêt certain pour ceux qui souhaitent les mettre en avant : dans mon cas, en cherchant « édition Hetzel Jules Verne », on trouve d’abord des sites marchands où il est possible d’acheter des exemplaires (à des prix variés), mais non des sites où l’on peut en apprendre davantage à ce sujet (l'histoire de la collection Hetzel des Voyages extraordinaires de Jules Verne). Il m’a fallu m’y reprendre à plusieurs fois et trouver les bons mots-clés pour finir par dénicher un (bon vieux) site (en html, de 2003) avec des informations que je trouve claires et précises (merci). Cela m’a permis de constater que L’ile mystérieuse est édité en « type à l’ancre (1894-1913) », cependant que Michel Strogoff (celui où a été écrite la date de 1937) est du « type à un éléphant (1905-1913) ».
Grâce au site en question, j'ai aussi trouvé un lien vers un site (en anglais) qui permet de voir toutes les illustrations et gravures d'origine (celles qui figurent aussi dans mes éditions en livre de poche), pour tous les titres de Jules Verne, et en particulier pour L'île mystérieuse et pour Michel Strogoff (dans ce dernier cas, y compris avec les quelques planches en couleur qui figurent dans l'édition Hetzel mais qui sont en "noir et blanc" dans mes éditions poche...
Concernant enfin ces deux titres, j’ai du coup demandé à dasola : « - tu les as lus ? - Non. - Tu vas les lire maintenant ? - Ce ne sont pas des formats qu’on peut emmener dans le métro. » Je n’ai effectivement rien à redire face à ce type d’argument...
Je pense que des collectionneurs, des bibliophiles, peuvent encore se procurer aujourd'hui les éditions Hetzel des Voyages extraordinaires pour quelques dizaines ou quelques centaines d’euros, selon leur degré d’exigence en ce qui concerne le bon état et l’absence de « restauration » effectuée (utiliser des éléments provenant de plusieurs exemplaires pour en reconstituer un en meilleur état apparent… s’apparente à une escroquerie, pour les puristes…). Mais est-ce qu'ils ont vraiment envie de les lire, ou se placent-ils d'abord dans une démarche "d'investisseurs"?
Personnellement, je n’ai pas cette démarche de « bibliophilie ». Je suis plutôt un « lecteur-collectionneur » : certes, je préfère avoir tout un auteur dans la même collection de « poches », et autant que possible en bon état… Mais ce qui prime est pour moi les circonstances où j’ai acquis l’exemplaire. Et si l’exemplaire d’origine tombe en ruine, je chercherai juste à m’en procurer un en meilleur état (indépendamment de sa « valeur financière »)... afin de le conserver à ma disposition pour pouvoir le relire quand bon me chante!
Je me rappelle avoir bien apprécié un Pennac (La petite marchande de prose, il me semble) où il était question d’une « double salle de bibliothèque » (à un étage de distance) : dans l’une, les ouvrages avec de belles éditions, pour le plaisir des yeux. Dans l’autre, exactement au même emplacement mais à un étage au-dessus (ou au-dessous, je ne sais plus), les livres « en édition courante », pour les sortir du rayonnage et les lire. Une jolie utopie… Qu'en pensez-vous?
Pour une fois, je vais évoquer un film indien réalisé par une femme, Sandhya Suri (c'est son premier long-métrage), sorti le 17 juillet 2024. L'histoire se passe de nos jours dans une petite ville d'Inde du nord. Santosh est le prénom du personnage principal, une jeune femme qui vient de perdre son mari. Le couple était marié depuis deux ans mais n'avait pas d'enfant. Le mari défunt, un gardien de la paix, a été tué par un jet de pierre lors d'une manifestation. La belle-famille de Santosh ne veut plus entendre parler d'elle et cette dernière est désormais obligée de se débrouiller seule et de trouver un travail car passer du statut de femme mariée à veuve est une vraie déchéance en Inde. Il se trouve qu'on lui propose un emploi compassionnel: remplacer son mari comme gardien de la paix. Tout de suite, elle est mise dans le bain. Elle doit côtoyer des hommes misogynes qui ne l'épargnent pas. Il y a peu ou pas de femme dans cette profession. Un jour, un homme (un intouchable) appartenant à une caste inférieure arrive dans le poste de police où elle exerce. Il vient alerter que sa fille de 15 ans n'est pas rentrée chez elle depuis deux jours. Les policiers l'humilient et se moquent de lui. Seule Santosh accepte de prendre sa plainte. Peu de temps après, le corps d'une jeune fille est retrouvée au fond d'un puits. Elle a été violée et tuée. Il s'agit bien entendu de la fille disparue. Santosh et sa supérieure hiérarchique Sharma sont chargées de trouver le coupable. Sharma est une inspectrice d'un certain âge qui est désabusée. On a du mal à la cerner. Elle tisse des liens avec Santosh. Toutes les deux, elles trouvent rapidement le présumé coupable, le petit ami de la fille (qui appartient, lui, à la communauté musulmane, également mal vue en Inde). On assiste à de terribles violences policières. Santosh s'endurcit. Le film fait une description sans concession de la société indienne, de la corruption (les policiers reçoivent des bakchichs), de violence, de la violence faite aux femmes. Le film est illuminé par la présence de l'actrice principale Shahana Goswami. Un film que je conseille.
La découverte d’un vieux "Bibliothèque verte" il y a quelque temps m’avait (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) donné l’idée d’une nouvelle contribution au challenge Book trip en mer chez Fanja, basée sur Jules Verne. J’ai donc pioché dans ma pochothèque les titres qui me paraissaient adéquats. Alors bien sûr, je ne vais pas prétendre avoir relu ces plus de huit mille cinq cents pages (œuvre de trop longue haleine). Par contre, j'ai parcourus tous ces volumes, pour me remettre en mémoire les « morceaux de bravoure », mais aussi et surtout (re)trouver les noms des navires dont il y est question. Et comme ils sont nombreux, j’annonce dès à présent qu’un seul billet n’y suffira pas : j’amorce aujourd’hui une série !
Comme l'énonce une réédition "Le livre de poche" plus récente (couverture de couleur rouge), ces éditions étaient publiés "avec les illustrations originales de la collection Hetzel". J'ajoute que j'ai eu l'occasion de feuilleter, en librairie, d'autres éditions en format de poche (Folio classique et Pocket classique). Vu que celles-ci sont plus hautes d'un bon centimètre, elles ont le plus souvent fait le choix de publier les illustrations en format légèrement plus petit, de manière à pouvoir mettre plusieurs lignes de texte (tandis que les illustrations de "mon" édition ou du Livre de poche "rouge" sont "pleine page"). Bien évidemment, tous ces titres rentrent dans le challenge 2024 sera classique aussi de Nathalie.
Face au drapeau (264 pages). J’ai déjà dit quelques mots ailleurs concernant ce premier titre. L’action commence en juin 189…, et le premier navire concerné y apparaît à la septième ligne: la goélette Ebba, propriété du comte d’Artigas – pour ce qui est de ce que l'on voit à la surface. Quand le croiseur Falcon envoie une embarcation inspecter l’Ebba, elle n’y trouve pas l’ingénieur Roch ni son gardien Grayson, dont nous savons pourtant qu’ils ont été enlevés sur l’ordre du comte. Mais sous la surface, se dissimule le « tug », un sous-marin qui remorque la goélette et permet d’accéder à la base secrète des pirates commandés par Ker Karraje (située dans les Bermudes), via un tunnel sous-marin. James Bond n’a rien inventé… ! Un sous-marin anglais, le Sword, plus petit et moins puissant que le « tug », sera coulé par celui-ci au cours d’une tentative de délivrer les prisonniers. Un premier navire de guerre, détruit par l’inventeur du fulgurateur, reste anonyme. Le navire suivant qui part à l’attaque, le Tonnant français, ne subira pas le même sort. Mon exemplaire imprimé en 1976 m’a été offert en 1978.
20 000 lieues sous les mers (616 pages [publié en feuilleton en 1869-70, en grande édition illustrée fin 1871]) est le plus connu des romans de Jules Verne mettant en scène des sous-marins (le Nautilus est aussi le plus célèbre), mais ce n'est pas le seul. Outre ceux cités ci-dessus, il y a aussi l'engin qui apparaît dans Maître du monde (mais on ne le voit naviguer que sur le lac Erié). Et dans le présent titre, outre le Nautilus, il est aussi question de navires de surface: en 1866, plusieurs bateaux font une rencontre "avec "une chose énorme", un objet long, fusiforme, parfois phosphorescent, infiniment plus vaste et plus rapide qu'une baleine" (p.2): le Governor Higginson, le Cristobal Colon, le Shannon, l'Helvetia, le Pereire, l'Etna, la Normandie, le Lord Clyde, le Moravia, qui érafle sa quille sur un obstacle inconnu, le Scotia, dont la coque est perforée... A bord de l'Abraham Lincoln, le professeur Aronnax (du Museum de Paris), son domestique Conseil et le harponneur Ned Land partent à la "chasse au narval géant". Et ils abordent le monstre...
Le "journal du passager.-R. Kazallon" qui forme le texte du roman d'aventures maritimes Le Chancellor commence par ces mots: "Charleston - 27 septembre 1869. Nous quittons le quai...". Le Chancellor, beau trois-mâts carré de 900 tonneaux, a alors deux ans, et retourne en Angleterre. Le 27 janvier 1870, des 32 personnes embarquées à Charleston, il n'en reste plus que 11 (cinq passagers et six marins) à toucher, en radeau, la terre d'Amérique vers l'embouchure de l'Amazone: incendie à bord, étape sur un îlot en pleine mer, naufrage, famine, peu de calamités leur auront été épargnées... Le livre (237 pages dans mon édition) est paru en 1874.
Une ville flottante, c'est ainsi que peut être qualifié le Great Eastern, un navire ayant réellement existé, à son époque le plus grand paquebot du monde (jusqu'en 1899, aucun bateau n'a été plus long, voir wikipedia consulté le 14/07/2024), qui pouvait embarquer 4000 personnes et faire d'une traite (sans ravitaillement en charbon) la traversée transatlantique. Jules Verne a lui-même effectué une traversée en avril 1867, accompagné de son frère Paul, à bord de ce "monstre" de 211 m de long, 25 m de large et 18 m de haut. L'intrigue sentimentale qui court à travers le roman est narrée à la première personne par un "témoin anonyme", dont le récit débute le 18 mars 1867. Le roman est paru en feuilleton en 1870, et en volume en 1871. Mon édition compte 171 pages.
Les enfants du capitaine Grant est sous-titré "Voyage autour du monde". Le 26 juillet 1864, le yacht Duncan appartenant à Lord Glenarvan, pair écossais (et possesseur d'une fortune immense), pêche un requin-marteau au large de Glasgow. Dans son estomac, une bouteille. Dans la bouteille, trois documents peu lisibles, en anglais, allemand et français: l'appel à l'aide de naufragés, quelque part sur le 37e parallèle (la longitude manque dans le message). Après la visite des "enfants du capitaine Grant" qui commandait le navire perdu (le Britannia), Lord Glenarvan, sa femme Lady Helena, son cousin MacNab, le géographe Paganel et tout un vaillant équipage s'embarquent donc à bord du Duncan pour chercher les naufragés quelque part le long de la latitude indiquée! Mon édition comporte deux tomes (dont la numérotation se suit! Le premier se termine p.441, le second commence p.449 et se termine p.871). Après bien des péripéties y compris terrestres (en ligne droite à travers la Patagonie, l'Australie ou la Nouvelle-Zélande...), le capitaine sera sauvé, de manière inattendue, le 8 mars 1865. Le feuilleton, lui, a été publié de décembre 1865 à décembre 1867, et l'édition en volumes est parue en 1868.
Dans Le tour du monde en 80 jours (331 pages), bien des moyens de transport sont utilisés, du traineau à l'éléphant en passant par le chemin de fer. Mais plusieurs navires aussi. Si l'itinéraire initial prévoit des "paquebots", ce ne sera pas toujours le cas. Phileas Fogg, qui a parié pouvoir revenir à son Club, tour du monde effectué, le samedi 21 décembre 1872, quitte l'Angleterre par le Mongolia, mercredi 2 octobre 1872 (le feuilleton de Jules Verne a été publié en partie "en temps réel", du 6 novembre au 22 décembre de cette même année 1872!). Puis l'Inde par le Rangoon jusqu'à Hong-Kong, où il devrait "sauter mathématiquement" dans le Carnatic, direction Yokohama. Mais, suite à quelques imprévus, il ralliera Shangaï à bord de la Tankadère, pour prendre le Général-Grant jusqu'à San Francisco. Je relève avec intérêt que le trajet de San Francisco à New-York est donné pour 7 jours (Phileas Fogg n'est pas un magnat des chemins de fer). Arrivé à New-York, il a raté le China (paquebot de la "Cunard"), mais monte à bord de l'Henrietta, "steamer à coque de fer, dont tous les hauts étaient en bois" (p.291), destination Bordeaux. L'Henrietta devient sujet et objet d'une des plus magnifiques "course contre la montre" que mène (davantage qu'il y est mené) Philéas Fogg. En fin de compte, c'est à Liverpool que ce dernier navire le conduira...
L'île mystérieuse: encore une histoire en deux volumes pour ce qui concerne mon édition (elle se termine p.865 pour le second après y avoir repris p.449, le premier tome s'achevant, lui, p.442). Dans ce célèbre roman paru en 1875 et dont l'action débute durant la guerre de Sécession (en mars 1865), c'est en ballon que six "naufragés des airs" abordent leur île. Chef-d'oeuvre de la robinsonnade et l'un de mes Jules Verne préférés, ce titre qui me fascinait dans ma jeunesse montre des personnages industrieux capables de recréer la plupart de ce dont ils ont besoin à partir des matières premières à leur disposition: poterie, travail des métaux, verrerie, moulin à eau pour divers usages, charpente... (et même de la nitroglycérine). Lorsque le roman s'achève, trois navires en parfait état de navigation y ont pourtant coulé (notamment les Bonaventure et Speedy), et c'est en cours d'achèvement que le second construit par les colons est détruit (Bonaventure II), sans avoir jamais navigué... mais ils sont sauvés par un cinquième et dernier bateau. Alors, bien sûr, ce grand ouvrage comprend des coups de théâtre et des incohérences. S'il écrivait aujourd'hui, Jules Verne aurait certainement su résoudre quelques paradoxes temporels trop évidents autrement que par une ou deux simples pirouettes.
Comme je les ai lus et relus, l'un des tomes figure parmi mes exemplaires les plus mal en point (reliure décollée, pages qui se détachent...), cependant que j'ai déjà carrément remplacé l'autre, tout en conservant "l'historique" de ma première acquisition.
C'est seulement à l'occasion de cette (re)lecture 2024 que j'ai pris conscience de la source qui avait pu inspirer Jules Verne: un récit, Les naufragés des Auckland, de François-Edouard Raynal, qu'il cite d'ailleurs (cf. chap.VI, p.62). Je tâcherai de le lire avant le mois de novembre.
Un capitaine de quinze ans m'avait été offert pour mon seizième anniversaire... largement plus d'un siècle après les aventures relatées dans ce volume de 526 pages, qui commencent le 2 février 1873. Le brick-goélette Pilgrim (400 tonneaux), armé pour la grande pêche (à la baleine), avait quitté San Francisco avec un équipage réduit, en attendant de le compléter en Nouvelle-Zélande pour la campagne baleinière proprement dite, la saison précédente. Quand l'histoire commence, il a entamé la traversée de retour (prévue pour 40 à 50 jours de navigation), avec la femme de l'armateur, son enfant, son cousin et sa servante. Le navire commence par recueillir cinq passagers sur l'épave du Waldeck, un voilier victime d'une collision avec un "steamer". Puis le capitaine et les quatre matelots succombent à l'envie de chasser une baleine à bosse, malheureusement accompagnée de son baleineau. Leur baleinière n'en revient pas. D'où l'avancement-éclair de Dick Sand, qui passe de "novice" (apprenti marin) à capitaine, puisqu'il reste le seul marin "professionnel" à bord du Pilgrim. Le 6 avril, le navire s'échoue sur une côte inconnue (p.174)... Le reste des aventures se déroulera essentiellement à terre. Ce titre a été publié (en feuilleton puis en volume) en 1878.
Ce qui amène un jeune équipage à passer Deux ans de vacances, c'est une tempête, dans la nuit du 9 mars 1860, qui emporte dans le Pacifique, depuis Auckland (Nouvelle-Zélande), le yacht Sloughi et ses jeunes passagers. Encore une robinsonnade: pas d'adultes pour aider nos collégiens à se tirer d'affaire sur l'île où le navire s'est échoué. En l'explorant, ils trouvent seulement le squelette d'un naufragé d'un navire nommé Duguay-Trouin, arrivé, lui, sur l'île en 1807... La petite colonie (tous des garçons, de 8 à 14 ans!) s'organise. Lorsque des adultes, eux-mêmes naufragés du Severn, abordent à leur tour l'île, la majorité sont des canailles qui en ont massacré le capitaine et son second. Alors qu'après quelques péripéties le couple survivant et nos 15 adolescents ont quitté leur île à bord de la chaloupe du Severn, ils sont recueillis par le steamer Grafton le 13 février 1862 pour un retour à Auckland le 25 février. Ce roman de 520 pages (dans mon édition) a été publié en 1888 (feuilleton puis volume).
Les aventures du capitaine Hatteras emmènent ce dernier jusqu'au pôle Nord. Le 5 avril 1860 (décidément!), le brick le Forward (170 tonneaux, muni d'une hélice et d'une machine à vapeur) appareille de Liverpool pour une destination inconnue, avec des vivres pour 5 ou 6 ans et du charbon pour sa machine. Il a été construit en huit mois sous la supervision du second, chargé par un mystérieux capitaine de recruter un équipage de 18 hommes. Personne ne sait qu'il est à bord avant la page 115. Naviguant vers le Nord, le navire est définitivement immobilisé par la glace le 15 septembre. Puis le scorbut s'en mêle, et le manque de charbon amène à brûler les éléments en bois... Un récit d'explorateur amène Hatteras à quitter son navire avec une petite équipe (ils sont quatre en tout) en traîneau à la recherche d'un gisement de charbon. Sur son chemin, il rencontrera le navire américain Purpoise (après avoir sauvé son capitaine, seul survivant), qui a réussi à aller plus loin vers le Nord. Revenant sur leurs pas sans charbon, ils apprennent que l'équipage du Forward l'a abandonné après l'avoir incendié... les ressources du Purpoise permettent à nos héros de survivre à leur hivernage. Le 15 juillet 1861, revenus sur le rivage de la Mer de Baffin après avoir atteint le pôle, les survivants de l'expédition sont recueillis à bord du Hans Christien, baleinier danois, qui les ramène dix jours plus tard au Danemark. L'ouvrage a été publié en feuilleton en 1864-65 (deux parties), et en volumes en 1866. Mon édition comporte 624 pages. Je pense qu'il s'agit d'un volume de la bibliothèque familiale que je m'étais approprié sans plus de façons lorsque j'étais gamin.
Je vais arrêter là cet article avec les dix premiers titres sur la photo pour aujourd'hui (Fanja, as-tu reçu mon mail?). J'ai tâché de les choisir en fonction de la place importante qu'y tiennent les navires (navigation formant le sujet ou tenant une place importante dans l'intrigue, bateau comme seul moyen d'atteindre un lieu important...). Mais il y aura donc bien au moins un autre article sur les oeuvres de Jules Verne, avec les dix derniers titres extraits de ma "pochothèque personnelle" photographiés ci-dessus. [cf. Utilisation de navires au cours d'aventures chez Jules Verne, publié le 29/07/2024]
Voici un film américain comme on n'en voit plus. Horizon : Une saga américaine, chapitre 1 réalisé par Kevin Costner est un film ample de trois heures où l'on peut admirer les paysages sublimes du Wyoming, du Montana et de l'Arizona. On suit le destin de plusieurs personnages. L'une des histoires (car il y a plusieurs intrigues) qui débute en 1859 se passe en Arizona. Un pionnier géomètre prend des mesures pour délimiter une future propriété. Il est accompagné de son fils. Au loin, des Apaches les surveillent. Le plan d'après nous montre des corps. Le géomètre et son fils ont été tués par les Indiens. Quelques années plus tard, de nouveaux pionniers arriveront et se feront aussi massacrer car les Apaches refusent qu'on occupe leur terrain de chasse. Cette séquence du massacre est impressionnante. Les quelques femmes rescapées seront recueillies par un régiment de l'armée américaine devant partir à la guerre de sécession. En parallèle, dans le Montana, une certaine Lucy tire sur son père et s'enfuit avec son petit garçon. Les frères de cette femme se mettent à sa recherche. Lucy change de nom et cohabite avec une jeune prostituée nommée Marigold. Cette dernière fait la connaissance d'un certain Hayes Ellison (Kevin Costner). Et enfin, un convoi de plusieurs pionniers se dirigent vers Horizon qui devrait être la ville idéale pour s'établir. Certaines de ces histoires vont certainement se rejoindre dans le deuxième chapitre (dont la sortie est prévue en septembre 2024). J'ai vraiment trouvé ce film réussi (même si c'est un échec au box-office américain). Je ne compare pas à Danse avec les loups du même réalisateur sorti il y a 33 ans. Kevin Costner qui a co-écrit le scénario et produit Horizon sait raconter des histoires. Les trois heures passent vite. Et il faut absolument voir le film sur grand écran. Je dirais "Vivement la suite". Lire les billets de Pascale, Princecranoir et Selenie.
Allez hop, un petit roman méconnu d'Arthur C. Clarke pour rêver un peu et faire nombre... J'avais (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) acheté ce vieux bouquin en 2023, bien après la clôture de mon premier "challenge de la planète Mars".
Arthur C. Clarke, Le marteau de Dieu, J'ai lu S-F N°3973,
1995 (EO en anglais en 1993), 254 pages
Ce court roman mêle agréablement des extrapolations scientifiques pour montrer un cadre plausible de vie future, et l'Aventure humaine avec un grand "A" (l'action de quelques hommes, dont le principal héros (Robert Singh), s'avérant encore nécessaire pour "sauver l'humanité" quels que soient les progrès scientifiques et technologiques accomplis dans le siècle à venir).
Lors du gros de l'action, nous sommes en 2109 (XXIIe s.), mais il est souvent fait référence à des événements du passé (1908, 1972...) qui peuvent permettre d'éclairer l'avenir (passage d'astéroïdes trop proches de notre Terre...). L'énergie semble procurée par des ressources sans limites (fusion nucléaire?), cependant que l'homme est (devenu?) suffisamment raisonnable pour avoir renoncé aux engins de mort (notamment les bombes nucléaires, qu'elles soient à fission ou à fusion). La longévité humaine a été allongée, il est possible de faire repousser un pied en cas d'accident... Clarke nous "vante" discrètement une humanité qui, plutôt que de s'entre-déchirer en guerres stériles, a su s'unir (enfin, globalement...), voire dont des membres sont prêts à se sacrifier pour sauver notre terre d'une menace venue de l'espace. J'ai eu l'impression en lisant certains courts chapitres "intermédiaires" et "explicatifs" qu'ils auraient pu donner lieu au développement d'une nouvelle indépendante. Je ne connais pas suffisamment l'oeuvre d'A. C. Clarke pour savoir si cela a été le cas, mais j'ai cru détecter quelques clins d'yeux à sa propre oeuvre (lorsqu'il est question des "points de Lagrange", du robot-équipier infaillible du vaisseau spatial, etc.). J'ai pris en tout cas plaisir à voir que ce qui pouvait passer pour une digression gratuite révèle, quelques chapitres plus tard, son utilité (l'histoire de l'apparition d'une nouvelle religion - ou secte - pouvant expliquer pourquoi un de leurs adeptes - qui restera inconnu - a effectué une certaine action). J'ai particulièrement apprécié que la planète Terre soit qualifiée de "surpeuplée" avec trois milliards d'êtres humains dessus... et seule une infime part de l'humanité est partie vers d'autres planètes (Mars) ou sur la Lune, qui ne pourraient guère en absorber davantage que quelques autres centaines de milliers.
D'où l'inquiétude lorsque notre planète natale est menacée de collision avec Kali, un astéroïde repéré par hasard par un astronome amateur alors qu'il a échappé au "système de veille" mis en place depuis des décennies. Mais il se trouve que le "héros principal" du livre (oui, celui qui a quand même fini par aller vivre sur Mars avec sa seconde famille) est le commandant d'un des vaisseaux spatiaux/spéciaux préparés "en cas de besoin" depuis, là encore, des décennies...
Bon, pour revenir à/sur Mars, j'ai goûté l'humour de la visite familiale à Disney-Mars, où les bambins martiens peuvent savourer le Londres inconnu de l'époque victorienne ravagé par les méchants Martiens de Wells, ou adorer l'interaction avec Dejah Thoris, princesse de Mars. Bravo à Clarke pour l'anticipation d'un genre de wokisme (ou de "politiquement correct"): "Par contre, on avait quasiment fait disparaître l'affreux John Carter du scénario d'Edgar Rice Burroughs; la Chambre de Commerce ne souhaitait manifestement pas être associée à ce genre de héros sanguinaire. Quant aux épées! Quels cerveaux criminels et irresponsables il avait fallu pour concevoir des assemblages métalliques aussi dangereux!" (p.153).
Comme il ne s'agit pas d'un ouvrage récent, ce sont surtout des blogs spécialisés SF qui peuvent en avoir parlé: Vil faquin sur le blog collectif La Faquinade (dernier billet en 2019), Blop (dernier billet en 2023). Apophis n'a pas apprécié. J'espère vous avoir donné envie de vous faire votre propre opinion...
Le film français Elyas, du nom du personnage principal de l'histoire, m'a fait penser à Leon de Luc Besson, à la série des Equalizer et un petit peu à la série des John Wick. Elyas (Roschdy Zem, excellent) est un ancien soldat qui a fait plusieurs guerres dont il est revenu traumatisé. Devenu paranoïaque, il oublie de prendre parfois son traitement. Il a des TOC, il entend des voix et a des visions. Plus qu'un soldat, c'est un "guerrier" hors pair. Un ami, pour le remettre en selle, lui propose de devenir garde du corps d'une mère et de sa fille qui passent un séjour dans une belle résidence en France. Elyas sent très vite que quelque chose d'inquiétant se prépare. Mais il a le temps de s'attacher à Nour, la fille de 13 ans, capricieuse et tête à claques mais qui est passionnée par l'astronomie. Elyas va tout faire pour que Nour échappe au destin qu'on lui réserve. Les choses se précipitent qui vont entraîner notre héros et les deux femmes du Maroc au Nord-Pas de Calais jusqu'à un gratte-ciel à Dubaï. J'ai trouvé les scènes d'action très réussies et Roschdy Zem m'a impressionnée. Un bon film sans temps mort. Je vous le conseille. Henri Golant est assez de mon avis. Selenie en a parlé aussi.
Bernard Clavel (1923-2010)? Je (ta d loi du cine, squatter » chez dasola) pensais connaître son genre de livres, parce que j’ai lu (et relu) L’Hercule sur la place et Le tonnerre de Dieu : du social, des héros bourrus, pour tout dire de l’amour dans un monde de brutes, avec un couple et un bébé en fin de compte… Alors quand j’ai vu chez Gibert, dans le bac à 50 centimes, un volume avec sa signature sur Cargo pour l’enfer, je me suis dit « je prends, ça doit se lire vite, et je verrai si c’est bien un bouquin « tripes de mer » (si ça peut aller chez Fanja) ». Et ben merde. Une vraie claque. Un bad trip.
Bernard Clavel, Cargo pour l'enfer, Pocket N°11591, 2002 (1ère éd. 1993), 300 pages
Le livre compte 60 chapitres regroupés en 5 parties. Après un premier chapitre qui forme une courte introduction du type (rétrospectivement) de celles dont était capable Michael Crichton, on voit (au chapitre 2) arriver le cargo Gabbiano et son équipage à Puerto Cabello (Venezuela), pour récupérer leur cargaison : 12 880 fûts… théoriquement plombés. Le pilote qui les fait entrer au port leur apprend que certains ont éclaté, que des enfants sont à l’hôpital, et que l’un est même mort. Tout cela ne sent pas très bon. D’ailleurs, lors du travail de chargement, il faut porter des masques chirurgicaux, et les yeux larmoyent. Direction l’Afrique. Mais dans la cale, les fûts fuient… et les informations sur leur cargaison les précèdent. Leurs destinations successives seront les côtes d'Afrique, la Méditerranée, le grand large, et pour finir l'Irlande (Connemara), du nom de chacune des parties de cette sorte de "livre de bord". Au fil des chapitres, nous voyons agir jour après jour le capitaine, son "bosco" (ils naviguent ensemble depuis des décennies), l'équipage spécialement recruté pour ce voyage. Second, Radio, Mécanicien, matelots (de diverses nationalités européennes), mousse... Ils savaient qu’ils s’engageaient dans quelque chose d’un peu illégal (moins d’hommes, double salaire), mais pas aussi dégueulasse que cela s'avère. Pourtant, au fil de leurs conversations ou de leurs rencontres dans les ports, diverses combines sont évoquées (baraterie, pots-de-vins, faux certificats de débarquement suivi de passage de la cargaison par-dessus bord, autorités parfois peu regardantes...). Mais le capitaine reste fidèle à son éthique de marin: on ne salope pas la mer avec une cargaison qui s'avère de plus en plus dangereuse (dioxines? déchets hospitaliers contagieux? produits corrosifs, stockés par des irresponsables mis uniquement par l'appât d'un gain financier facile), et s'accroche aux promesses des armateurs successifs (les déchets seront traités...). Alors, le navire errant devient un mistigri que se renvoient les ports et les pays (autorités, presse et activistes écolo unis dans le "NIMBY"), la cargaison se dégrade dans les cales, la santé de l’équipage (touché par les émanations de ce cocktail infernal) aussi, les morts s'accumulent et le cargo se déglingue... Jusqu'au terme, j'ai espéré un dénouement positif. Mais la fin du voyage n'est pas celle de la pollution pour autant.
Un livre très fort. Il semble avoir été rédigé entre 1987 et 1992. En guise de postface inédite à cette édition, nous avons un texte que Clavel a écrit en 1997 pour L’Humanité Dimanche après le naufrage du Torrey Canyon.
Il m'a rappelé - ou donné envie de parler de - plusieurs bandes dessinées: une histoire titrée Le Daphnis a sombré parue dans Pif Gadget il y a quelques décennies (un des scénarii originaux de Victor Mora dessinés par Marcello d’après les personnages Lord Brett Sinclair et Danny Wilde d’Amicalement vôtre, ouf!). La série (en trois tomes) Mérite maritime (scénario Riondet, dessin Stéphane Dubois). La série Tramp (créée en 1993 par Jusseaume et Kraehn, 13 albums à ce jour, dont je dois avoir un ou deux dans ma BDthèque).
J'ai réussi à dénicher quelques traces sur internet concernant Cargo pour l'enfer: chez CJB du site Bernard Clavel en 2014, cependant qu'il n’avait pas fait grande impression sur Isabelle (dernier billet en 2018).
Je pense que ce livre peut aussi compter pour le challenge Monde ouvrier & mondes du travail chez Ingannmic: l'équipage assume son métier jusqu'au bout. Mesdames les lectrices potentielles, ne venez pas me casser les pieds parce que je dis, en parlant des personnages composant l’équipage de ce cargo maudit qui se battent jusqu'à la limite du possible: «c’étaient des hommes!».
Et j'ai encore quelques idées pour des billets "Book trip en mer". Il ne me reste plus qu'à lire ou relire les bouquins correspondants... (dont un certain nombre d'un même auteur), puis à rédiger... Patience!
Après avoir entendu une critique dithyrambique sur France Inter, j'ai eu envie de voir Les fantômes de Jonathan Millet dont c'est le premier film. Les fantômes raconte l'obsession d'Hamid, ancien professeur de littérature, qui, appartenant à un groupe secret à la poursuite d'anciens criminels de guerre syriens, cherche dans Strasbourg son bourreau, celui qui l'a torturé dans la prison syrienne de Saidnaya près de Damas. Il n'a jamais vu son visage car lui-même portait une cagoule, mais il a gardé le souvenir de son odeur, de son parfum. Hamid est un homme brisé qui a perdu sa femme et sa fille dans un bombardement. La caméra suit Hamid (Adam Bassa) du début à la fin, il est de tous les plans. C'est surtout son visage qui est filmé au plus près. Il est obsédé par sa recherche, il ne fait plus rien d'autre. Quand il croit avoir retrouvé l'homme qu'il recherche, il n'est pas vraiment soulagé, mais une page se tourne pour lui et peut-être va-t-il commencer une nouvelle vie. Je ne suis pas aussi enthousiaste que France Inter mais le film est intéressant et puis Adam Bessa, un acteur franco-tunisien que je ne connaissais pas, joue son personnage de manière crédible. Je lui trouve une ressemblance avec Tahar Rahim. Le bleu du miroir en parle (dommage qu'on ne puisse plus faire de commentaires), Mymp aussi.
En cette fin d'hiver où je découvrais ce livre et commençais à rédiger le présent billet, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) me disais que je pourrais vous présenter un livre qui se présente comme "pour les enfants", susceptible peut-être d'apporter une touche de douceur dans notre monde de brutes... Hé bien, ce ne sera pas forcément le cas!
L'herbier impitoyable, Charlie HebdoJunior, Ed. les échappés, Jul, novembre 2008, 48 pages
Au dos du livre, figure la mention "à partir de 3 ans". Mais qu'est-ce donc que le fameux herbier? On peut supposer que le jeune héros (en haut à droite sur la couverture) est un peu plus âgé (primaire?). Au départ souffre-douleur, quand sonne l'heure d'une revanche, Simon n'est pas gentil. La preuve par l'image (qui représentent à peu près la moitié des pages de l'album - j'espère que mes citations ne seront pas trop nombreuses).
La brute la plus "méchante".
Et voici la clé de l'ouvrage... Que les oiseaux du ciel répandent leur bénédiction sur votre tête! (utinam aves super caput tuum cacent, comme le clame l'un des joyeux drilles dans Les copains de Jules ... Romains, p.70 de mon édition de 1971 en Livre de poche - copyright 1922 mais première édition semble-t-il [je n'y étais pas!] en 1913 - il y a largement plus d'un siècle en tout cas). Et tout ce qui s'ensuit.
... et clac!
les débuts prometteurs d'une collection...
C'est trash. Il manque la morale que n'oubliaient jamais les oeuvres classiques "pour adultes" telles que Faust (mythe dont se sont emparé différents auteurs), avec les héros mis en scène dans La peau de chagrin de Balzac, Le portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde, ou le "privilégié" cher à Stendhal.
Plus de 15 ans après sa parution, ce livre n'est plus disponible aux éditions Les échappés. Aucune bibliothèque municipale parisienne ne semble aujourd'hui le posséder. La collection Charlie Hebdo Junior semble avoir comporté seulement deux titres, le second étant un album de Maurice et Patapon signé Charb de 2010, qui figure toujours sur le site de la Maison d'édition (?). En creusant un peu plus profond, j'ai vu qu'une recherche sur l'auteur Jul y ramène aujourd'hui six ouvrages, tous "collectifs", auxquels il a contribué. Par contre, il ne figure pas dans la liste des auteurs.
Mais bon, à une époque, Jul a bien fait partie (comme beaucoup d'autres dont je n'ai encore jamais eu l'occasion de parler) de l'équipe de Charlie...
PS: lorsque j'avais donc "rédigé d'avance", il y a quelques mois (avant fin février 2024!), cette chronique, je n'imaginais nullement que la France serait aujourd'hui (7 juillet 2024) en train de se dire un "je t'aime, moi non plus!" éphémère ou définitif (deuxième tour des Législatives pour la XVIIe Législature de la Ve République)!
Je n'ai pas encore lu La leçon du mal du même écrivain dont j'avais lu des avis mitigés. En particulier du fait que l'histoire était très violente voire gore. Je confirme que La maison noire de Yûsuke Kishi (Edition Belfond, 302 pages, publié en 2024 en français mais paru en 1997 au Japon) raconte aussi une histoire très noire. Shingi Wakatsuki est un employé d'une compagnie d'assurances spécialisées dans les dédommagements suite à des décès. Entre avril et fin août 199..., l'employé va se retrouver au coeur d'une intrigue qui commence avec un garçonnet retrouvé pendu chez lui. Il est appelé sur place, une maison noire dans un très mauvais état qui exhale de très mauvaises odeurs de décomposition. À partir de là, le cauchemar commence. Wakatsuki est convaincu que ce n'est pas un suicide mais un meurtre. Toujours est-il que le père du garçon commence à harceler l'assureur afin d'obtenir le montant de la police d'assurances qui avait été souscrite sur la tête du garçon. Puis la mère s'y met aussi. Que s'est-il passé? Qui est coupable? Au fur et à mesure du déroulement du récit, le lecteur comprend l'horreur de la situation. Dans les cinquante dernières pages, il y a une montée dans l'horreur et personnellement, je trouve que l'écrivain renchérit un peu trop. Dommage. Lire les billets de l'oeil noir, les lectures de Marinette, Alex-mot-à-mot (plus enthousiaste que moi), Eve-Yeshé.
J’ai (ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) encore extrait quelques pépites de mes « sources » habituelles (bouquinistes, bibliothèques partagées, boites à livres) !
Les deux que je chronique aujourd’hui me permettent quelques participations à différents challenges. Il y en a qui vont croire que j’achète uniquement des bouquins susceptibles de challenger? C’est faux, je m’en procure aussi que je puisse mettre en circulation dans différents réseaux de «prêt de livres» auxquels je participe… Mais c’est sûr que l’offre 2024 de nouvelles parutions des éditeurs n’y est pas majoritaire !
Je présente donc aujourd’hui deux livres « pour la jeunesse » (bibliothèque rose & bibliothèque verte) achetés il y a trois jours.
Si j’avais un château par Jeanne de Recqueville,
Nouvelle bibliothèque rose (Hachette) N°40, 191 pages
Deux pièces sous-louées à Paris, où s’entassent quatre jeunes enfants (7 à 10 ans), forcément bruyants, et leur grand-mère… Quand arrive une lettre informant qu’une grand-tante de la grand-mère (lui) lègue un château, pas d’hésitation, on donne congé (ça tombe bien, c’est les vacances et l’été !). Mais ce n’est pas si simple qu’il n’y paraît.
En dévorant en deux heures à peine Si j’avais un château écrit par Jeanne de Recqueville, je me suis fait la réflexion qu’après tout, cette littérature « jeunesse » n’était peut-être pas si différente des livres de « fantasy » qui ont un tel succès aujourd’hui. Déjà, il y est question de château, de princesse, de pays lointains (l’Indochine !), de croisière (où sont partis la fille et le gendre du notaire), de merveilleux « métiers » que sont journalistes, photographes, mannequins, enfants-acteurs, moyens de gagner de l’argent rapidement, tout comme le serait un jeu télévisé…
Ce livre « copyright 1959 » (mais dont mon exemplaire est marqué « dépôt légal 2e trim. 1960 ») est situé en 1957. Il est amusant de constater qu’il y est mention d’une somme de 8 millions de francs (la « clé » de la survie du fameux château)… qui correspondront donc à 80 000 nouveaux francs après la réforme du plan Piney-Rueff impulsée par de Gaulle, à compter du 1er janvier 1960. Quant à la chanson de Claude François Si j'avais un marteau, elle ne date que de 1963...
Peut-être l’ouvrage contient-il quelques sous-entendus qui passaient au-dessus de la tête des jeunes lecteurs/trices de 1959 ? Les deux jeunes et jolies journalistes « de mode » (mais aussi bien « envoyée spéciale ») semblent être des amies proches. Le vieux notaire veuf est bien sympathique, et peut-être pas indifférent à une jeune grand-mère désargentée de 52 ans, elle-même veuve de longue date semble-t-il… mais sans aller jusque-là, tout est bien qui finit bien !
Les renseignements disponibles sur l’auteure (1910-2000) sont succincts (sur wikipedia consulté ce 5 juillet 2024). Elle semble avoir écrit seulement quatre romans pour enfants, entre 1953 et 1959, dont celui-ci est le dernier, puis avoir mené une carrière de traductrice jusqu’en 1989 (une dizaine d’ouvrages sont listés).
Les illustrations (dont 5 en couleurs) sont dues à Paul Durand (1925-1977). Je me permets de vous mettre ma préférée (p.160) dans ce livre.
En regardant la page wikipedia qui lui est consacrée, je me rends compte que je dois connaître pas mal des couvertures de livres qu’il a pu réaliser (pour J’ai Lu, diverses collections pour la jeunesse…).
4 romans de Jules Verne en 1 volume : ce « bibliothèque verte » au format « pavé » (oui : 511 pages !), volume double imprimé en 1964, annonce la couleur. Une courte préface signée Marc Soriano donne des précisions intéressantes (et peut-être désuètes aujourd’hui, même partant d’une bonne intention ?) : « on accorde aux conservateurs de musées l’autorisation de soigner les bois sculptés et de rafraîchir les couleurs des tableaux. En partant d’un raisonnement du même genre, je me suis efforcé, à la faveur de cette édition conçue pour réunir quatre œuvres condensées, d’éliminer les « longueurs » qui pourraient rebuter les jeunes lecteurs de notre époque. (…) J’ai donc pratiqué d’importantes coupures qui ont entraîné des regroupements de chapitres. À noter toutefois que je me suis interdit toute intervention rédactionnelle et que le texte présenté est tout entier de Verne.
Je n’ignore pas que la version intégrale intéresse l’historien et mérite toujours de garder des lecteurs. Notre but, dans cette édition « allégée », c’est de rendre aux jeunes quatre beaux livres qu’ils n’avaient plus l’occasion de lire ».
Je vais commencer par dire quelques mots des deux titres que je connaissais déjà, puis je présenterai ceux que je viens de lire pour la première fois de ma vie. Deux se déroulent essentiellement sur la terre ferme, les deux autres pourraient compter comme des aventures maritimes en tout ou en partie.
Le Docteur Ox clôt le volume [p.450-511]. Vérification faite, dans mon édition «Livre de Poche» du même titre, la nouvelle titrée Une fantaisie du Docteur Ox (écrite en 1871) n’est qu’une des cinq que compte le recueil portant le même nom, publié en 1874. C’est de la nouvelle dont il s’agit ici.
Dans un paisible village (fictif) de Belgique du nom de Quinquendone, un généreux mécène, arrivé cinq mois plus tôt, s’est proposé d’éclairer les rues avec un éclairage au gaz oxy-hydrique, en prenant tous les frais à sa charge. Comment les braves et placides notables du conseil municipal, capables de laisser brûler un incendie ici, s’aggraver une fuite d’eau là, et ne pas faire de travaux dans une tour menaçant de s’effondrer, auraient-ils pu résister à une telle proposition ? Mais peu à peu, les esprits de nos Belges si tranquilles d’ordinaire s’échauffent… jusqu’à l’explosion finale.
Face au drapeau : rédigé en 1894, publié en 1896, ce titre occupe les pages 319 à 447. Je le possède dans ma pochothèque (en édition intégrale) depuis plusieurs décennies. Ici, il est bien question de navigation, que ce soit sous la mer ou au-dessus de la surface. En 1894, les tout premiers sous-marins militaires français étaient déjà construits sinon pleinement opérationnels (le livre cite d'ailleurs les historiques Goubet, Gymnote et Gustave Zédé). Mais ils n'auraient sans doute pas été capables des exploits que leur prête Jules Verne: remorquer une goélette (navire naviguant à la voile... en principe). L'argument du roman? Un (savant) fou, Français mais enfermé à l'asile aux Etats-Unis, est enlevé par ce qu'on appellerait aujourd'hui un groupe terroriste (des pirates, en fait) intéressé par son invention: le "fulgurateur", une sorte de missile explosif surpuissant (imparable à l'époque, bien entendu), qu'il a essayé en vain de vendre à différents gouvernements (il exigeait des millions avant toute démonstration). C'est à bord d'un sous-marin que lui et son gardien (le narrateur, à partir de ce moment-là) gagnent la base secrète (située dans un îlot des Bermudes) où l'inventeur aura tout loisir de mettre son engin au point... Une "bouteille à la mer" alerte l'Angleterre, et une flotte européenne vient chercher à déloger les pirates, peu inquiets puisque le terrible engin leur permet de les couler à distance. Je pense que le titre aurait été plus approprié s'il avait été "face au pavillon"... mais il aurait été moins compréhensible pour le grand public je suppose. Un ingénieur d'origine française, un navire de guerre français à portée d'être détruit, mais... le titre permet d'imaginer la suite (et fin)!
Je n'avais encore jamais lu César Cascabel (pourtant réédité en 10/18 dans les années 1970) qui ouvre le volume (p.8 à p.164). Pour dire deux mots de ce voyage par terre, il s'agit du "retour en France" d'un couple de saltimbanques français partis faire fortune (et fonder famille) aux Etats-Unis. Se faisant voler leurs économies au moment de s'embarquer à New York pour le bateau qui devait les ramener en France, ils ne trouvent d'autre choix que de reprendre la route à bord de leur roulote pour remonter vers l'Alaska (en reprenant leurs représentations pour gagnant leur pain quotidien lors de ce trajet), traverser le Détroit de Behring sur la glace, et poursuivre ensuite leur voyage depuis la Sibérie jusqu'en France... Non sans quelques aventures et rencontres sur le chemin! Mais pas le moindre navire ici (le court épisode de navigation maritime a lieu sur un mini-iceberg!).
Je n'avais jamais lu non plus Bourses de voyage (p.165-318). Dans ce roman tardif et méconnu (rédigé en 1899 et publié en 1903), les fameuses bourses ont été offertes par une généreuse mécène (décidément!) à dix pensionnaires d'un collège londonien (accompagnés d'un adulte), afin de leur payer durant les trois mois d'été un voyage vers les diverses îles des Antilles dont ils sont originaires. Je précise pour les jeunes lecteurs du XXIe siècle que 1903 est précisément l'année où les frères Wright ont effectué le premier vol contrôlé et motorisé de l'aviation motorisée (même si Verne avait anticipé des engins aérien bien des années auparavant) - ceci pour dire que le voyage des "collégiens" n'a pas lieu en avion mais bien en bateau. Bateau qui se fait "pirater" par des forbans, qui n'épargnent leurs jeunes passagers qu'en vue de capter les 700 livres par personne que vaudront leurs 11 passagers au départ de La Barbade. Le voilier Alert sombrera au cours de la croisière avec son équipage malfaisant, mais - que l'on se rassure! - les sympathiques passagers seront sauvés.
L'illustration ci-dessus (p.300-301, pour Bourses de voyage) montre bien en tout cas que l"'encombrement du texte" (densité et nombre de caractères par page) est tout de même nettement plus important que pour le "bibliothèque rose" ci-dessus (au moins le double). Les dessins de ce volume sont dus à François Batet (pseudonyme de l'Espagnol Francisco Batet Pellejero, 1921-2015), dont j'ai déjà vu des illustrations dans bien d'autres "bibliothèques vertes" ou collections jeunesse.
Ces deux volumes seraient-ils appréciés de jeunes lecteur en 2024, lors d'un voyage par exemple? Je les ai inscrits pour "2024 sera classique aussi" organisé par Nathalie. En tout cas, le second volume, en particulier, m'a donné une idée pour une "étude thématique"... (à suivre chez Fanja!)
Que vous ayez lu (comme Ta d loi du cine) ou pas (comme moi) Le comte de Monte Cristo, le roman fleuve d'Alexandre Dumas paru en 1844, allez voir Le comte de Monte Cristo de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, un film haletant, très bien joué avec une direction artistique assez exceptionnelle tant pour les costumes que pour les décors et les maquillages. Le scénario a pris quelques libertés par rapport au roman : une intrigue resserrée, quelques nouveaux personnages comme Angèle (je vous laisse découvrir qui elle est), des personnages comme Morrel ou Caderousse qui sont peu présents, des destins de personnages différents de ce que l'on peut lire dans le roman. J'ai vu quelques adaptations cinéma comme celles avec Jean Marais, Louis Jourdan ou même Jacques Weber qui m'avaient plus ou moins emballée. Dans cette nouvelle adaptation, j'ai trouvé que le personnage d'Edmond Dantès était plus antipathique que dans d'autres films. C'est une des premières choses qui m'a frappée. Les personnages féminins ne sont pas trop sacrifiées, Anaïs Desmoutiers et Anamaria Vartolomei sont éblouissantes. Quant aux "méchants" de l'histoire, Laurent Lafitte, Bastien Bouillon et Patrick Mille dans les rôles respectifs de Villefort, Morcerf et Danglars, ils ont l'air d'apprécier d'interpréter des fripouilles. Je n'oublie pas l'acteur italien Pierfrancesco Favino qui interprète l'abbé Faria avec talent. Dommage qu'il disparaisse si vite. Et bien entendu, Pierre Niney dans le rôle de Dantès est vraiment très bien. Le film dure trois heures, il n'y aura pas de suite (pour l'instant) et c'est très bien comme cela. Le film de l'été. Lire les billets de Pascale, Selenie et Rock07.
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