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Le blog de Dasola
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31 août 2024

Bateaux et navigation maritime chez Jules Verne

Je (ta loi du cine, "squatter" chez dasola) poursuis mon "survol" de la vaste oeuvre de Jules Verne, sous l'angle "livres ou nouvelles où il est question de bateaux naviguant en mer". Cette fois-ci, après mes deux premiers billets des 18 et 29 juillet 2024, je suis sorti de ma "zone de confort" puisque ce troisième billet (qui ne sera pas le dernier comme je le présumais) aborde des romans que je n'avais, pour certain, lus (?) qu'une seule fois, il y a des décennies, ou bien des oeuvres qui n'étaient tout simplement pas accessibles dans ma jeunesse. Je rappelle que je présente dans cette série des "textes intégraux" et non des versions adaptées ou abrégées pour la jeunesse. 

 

Je commence par présenter trois "10/18" que je possède depuis l'époque où j'acquérais mes derniers Jules Verne en "Livre de Poche". C'est Francis Lacassin qui avait lancé cette édition (à couvertures bleues là où Jack London avait des couvertures oranges), et qui les préface ou postface. L'une des raisons qui a fait que je n'ai pas été au bout de cette collection-là est sans doute l'absence des gravures présentes dans "Le Livre de Poche", peut-être le moindre intérêt des histoires par rapport aux romans "les plus connus", et sans doute enfin l'impression de "m'être fait avoir" avec des doublons. 

 

Le titre L'île à hélice est signifiant: Standard Island, à la surface de laquelle est construite Milliard City, est en soi une structure artificielle naviguante, propulsée par deux hélices, l'une à bâbord et l'autre à tribord. Ses "passagers", qui louent à la société commerciale propriétaire (au capital de 500 millions de dollars) le droit de résider sur ce "paradis flottant" pour milliardaires (américains), sont dix mille (petit personnel compris), inégalement répartis sur ses quelque 27 kilomètres carrés (un ovale de 7 km de long et 5 km de large...). L'île possède aussi deux ports, d'où partent et où accostent les navires de service qui amènent ce qui est nécessaire ou remportent, par exemple, les décédés. Quand l'histoire commence (elle n'est pas précisément datée), l'île navigue depuis deux ans dans le Pacifique, pour que ses milliardaires bénéficient en toute saison d'un climat agréable.

J'ai trouvé que, dans cet ouvrage publié en 1895, Jules Verne se fait plus caustique et moins "romanesque". Les "héros" (presque des anti-héros), ce sont quatre musiciens "du conservatoire" (de Paris), âgés de 27 à 55 ans, qui forment un quatuor à cordes ("Le quatuor concertant", en toute simplicité) et sont partis en tournée aux Etats-Unis pour faire découvrir la musique de chambre aux Américains. Ils se font enlever pour apporter une distraction culturelle aux passagers (on leur signe cependant un beau contrat: un million de dollars chacun pour un an à bord, ça ne se refuse pas!). C'est donc à travers ces témoins assez peu signifiants que nous seront décrits divers incidents ou péripéties durant plus de trois trimestres de croisière dans les îles du Pacifique. L'auteur se positionne comme un observateur extérieur, qui narre avec distance et ironie la vie quotidienne comme les mésaventures de notre quatuor et de leur "société" (collision avec un navire anglais et indemnité extorquée sous la menace des canons d'une escadre anglaise, débarquement intempestif de fauves, cannibalisme évité de justesse, attaque de "sauvages" aux Nouvelles-Hébrides...). Mais finalement, ce qui unit un tel groupement de milliardaires - l'argent - est moins fort que ce qui les sépare et même divise (la religion, et le choix de la destination...). Une lutte de pouvoir digne des Montaigu et des Capulet aboutira à la dislocation de cet univers de privilégiés, tirée à hue et à dia par ses deux moteurs opposés. Malgré ce naufrage, l'amour triomphera... 

Je crois que, lorsque j'avais acquis ce titre, j'avais dû le parcourir mais sauter bien des pages de description sans action. Même si j'avais de meilleurs yeux qu'aujourd'hui, la toute petite taille des caractères de mon édition et le manque de gravures faisaient trop de différences en terme de pages indigestes par rapport à mes chers "livres de poche". L'ouvrage comporte une postface de trois pages (en caractères encore plus petits!) par Francis Lacassin, "l'homme aux mille préfaces". 

J'ai en tout cas noté avec intérêt que, il y a 130 ans, Jules Verne prévoyait que la population terrestre atteindrait six milliards en 2072 (p.50): il sous-estimait notre prolifération... De la même manière, je ne suis pas sûr que supportent la comparaison avec son île à hélice "nos" plus gros paquebots géants (record en 2024: plus de 360 m de long, jusqu'à 20 ponts superposés, près de 3000 cabines...): nous sommes étriqués dans notre logique "intensive" (entasser le plus grand nombre possible de passagers payants) là où elle s'étendait extensivement... au profit, il est vrai, de "super-privilégiés".  

 

J'expédie rapidement ces Histoires inattendues. Je pense que l'acquisition de ce recueil de nouvelles avait dû encore contribuer à mon abandon de la découverte de "Jules Verne inattendu" dans ces titres "10/18". En effet, j'y avais retrouvé celles déjà découvertes dans Le docteur Ox ou Hier et demain (dont L'Eternel Adam et sa Virginia). 

Voyons plutôt (ci-dessous) un troisième livre, plus intéressant même si la mer qui y est mise en avant (et sur laquelle va naviguer un des navires qui y sont cités)... est restée imaginaire jusqu'à nos jours!

 

Publié en 1905, L'invasion de la mer est le dernier roman vernien dont l'auteur a pu corriger les épreuves imprimées (son manuscrit prévoyait comme titre La mer saharienne). Le roman retrace une expédition géographique d'étude ayant pour objet de préparer la "mise en eau" des chott d'Afrique du Nord (Tunisie et Algérie), un projet réellement étudié (avant d'être abandonné) dans le dernier quart du XIXe s. Lorsqu'il écrit, Jules Verne est bien toujours dans l'anticipation contemporaine puisqu'il imagine que des travaux de génie civil ont effectivement été lancés avant d'être suspendus par la faillite de la "Compagnie franco étrangère" qui menait les projet. Quand le roman commence, un chef rebelle touareg, capturé par les spahis français, s'évade de Gabès alors que le croiseur Chanzy vient d'y arriver pour le déporter. À partir de là, il fera planer une menace sur l'expédition scientifique... jusqu'au cataclysme naturel final.

Réfugiés sur une hauteur sans pratiquement d'eau ni de nourriture, nos héros (Européens) sont secourus par... un aviso de la Marine française (le Benassir, de Tunis), premier à s'aventurer dans la nouvelle mer saharienne. 

Si je devais hasarder une hypothèse à laquelle Jules Verne était bien incapable de songer faute d'éléments concrets à l'époque où il rédigeait son oeuvre, je dirais que les infiltrations d'eau résultant des travaux de génie civil qu'il décrit ont pu provoquer une "fracturation hydraulique" de roches chaudes, et par contrecoup une activité sismique cataclysmique... Un peu comme ce qui commence à se produire avec nos interventions "énergiques" en sous-sol (huile ou gaz de schiste, géothermie...) !

Dans ce même volume, ce dernier roman (qui s'y achève p.224) est suivi d'un court texte bien plus ancien, Martin Paz (p.233-309).

Petite parenthèse pour rappeler que Jules Verne avait "les idées de son temps", désormais totalement anachronique (n'est-il pas vrai?), en terme de "racisme" (sinon de chauvinisme) en général et de "judéophobie caricaturale" en particulier. Dans Martin Paz (écrit en 1851, publié en feuilleton en 1851-52, puis en volume en 1875, quelque peu remaniée), qui se déroule au Pérou et plus particulièrement à Lima, Samuel, armateur juif, a sauvé la fillette d'un marquis chilien d'origine espagnole lors d'un naufrage (le San Jose a coulé en vue de Lima), et vend sa main 100 000 piastres (dollars), lorsqu'elle est bonne à marier, à un métis (lui-même riche armateur "parvenu"), rêvant de briser la morgue espagnole. Cependant, un beau et jeune indien (Martin Paz) est amoureux d'elle, tandis que son père (Samba) rêve d'en faire le libérateur des Indiens. Samuel a vendu d'un côté aux révoltés les armes transportées par sa goélette Annonciation, et de l'autre le secret de la révolte aux autorités péruviennes. La révolte échouera et les amoureux (amour impossible!) mourront dans une pirogue précipitée dans une cataracte... 

Cette édition "10/18" est précédée d'une préface rédigée par Léon Blum en 1905 (après la mort de Jules Verne) pour L'invasion de la mer, et d'une introduction de Francis Lacassin justifiant l'association des deux oeuvres séparées par une carrière de plus d'un demi-siècle.

 

Curieusement, je n'avais pas noté dans ces trois volumes leurs dates d'acquisition. Il faudrait que je retrouve mes vieux catalogues à grands feuillets simples à petits carreaux, tapés à la machine à une époque où j'ignorais tout de l'informatique et des bases de données. Je me rappelle qu'un de mes jeunes cousins m'avait épaté en me montrant dans les années 1980 son catalogue d'ouvrages de SF (dont je connaissais moi-même plusieurs), géré par ordinateur. Mais son père était informaticien, et le mien prof de Sciences Humaines...

 

Je sais en tout cas que c'est un thème estival sur les "robinsonnades" dans le système de prêt de livres de l'AMAP dont je fais partie qui, il y a quelques années (2019!) m'avait donné l'occasion d'acheter (oui, d'occasion!) et d'y mettre à disposition L'Oncle Robinson... mais je l'avais seulement parcouru en diagonale avant sa mise en circulation. L'ayant récupéré récemment, j'ai enfin pris le temps de le lire. Il s'agit d'une sorte de "brouillon" de L'île mystérieuse. Le thème du récit (aventures d'une famille, et d'abord d'une mère et de ses trois jeunes enfants, soutenus par un matelot dévoué - c'est lui, "l'oncle Robinson" -, échoués sur une île après une mutinerie à bord du Vankouver, trois-mâts canadien de 500 tonneaux parti d'Asie vers San Francisco) n'a pas été accepté "tel quel" par Hetzel en 1870. Jules Verne a donc changé son fusil d'épaule et réemployé une bonne partie des péripéties, laissant ce manuscrit-là inachevé. C'est seulement en 1991 qu'il a été publié (il n'était donc pas disponible dans ma jeunesse!). 

J'ai découvert à cette occasion l'existence de "continuations" de Jules Verne par David Petit-Quénivet (en 2021 et 2023), un auteur contemporain breton, dans ce qu'on appellerait des "fan fictions" si elles concernaient des "oeuvres pour la jeunesse" de type Harry Potter ou... des manga! 

 

J'avais repéré Les forceurs de blocus grâce à plusieurs blogs. C'est plutôt une nouvelle qu'un roman, rédigée et publiée en feuilleton en 1865, reprise avec quelques variantes en volumes en 1871. Dans mon édition "texte intégral" (Librio 2 euros, 120 pages), le texte de Jules Verne s'arrête p.89, et il s'agit clairement d'une édition destinée aux "scolaires" avec son "dossier Librio+" (Guerre de Sécession et esclavage...). Le Delphin est mis à flot le 3 décembre 1862. Ce navire de quinze cents tonneaux à coque d'acier, muni de deux hélices, est conçu comme une spéculation par ses armateurs de Glasgow (Ecosse): il s'agit d'aller livrer à bon prix munitions de guerre, vivres et habillement au Sud, et de revenir du voyage avec le chargement de coton brut dont les manufacturiers de Grande-Bretagne ont désespérément besoin. Mais parmi l'équipage embarquera un couple improbable d'aventuriers, avec un hercule qui est tout sauf marin et le travestissement d'un jeune mousse qui ne résistera pas longtemps à la perspicacité du jeune et hardi capitaine... Enfin, l'amour sera au rendez-vous dès le retour à bon port, "mission accomplie". 

 

Moi qui fais partie des lecteurs capables d'avaler sans sourciller des "pavés" de 650 pages et plus, j'avoue avoir un peu tendance à considérer de haut les petits "livrets" d'une centaine de pages commercialisés avec un "prix d'appel" attractif, en neuf, sur leur couverture (ici "Folio 2 euros"). Mais bon, je ne vais pas me révolter pour autant (d'autant moins si je les achète d'occasion), laissons cela à d'autres. Justement, Les révoltés de la Bounty raconte sous la plume de Jules Verne (?) la mutinerie aujourd'hui bien connue par de nombreux autres récits. Cette nouvelle se termine p.45, tandis que Maître Zacharius (non annoncé en couverture ni sur la tranche du livre!) va de la page 49 à la page 111. Jules Verne a acheté 300 francs-or le manuscrit d'un autre auteur avec qui il avait collaboré sur un ouvrage de vulgarisation, et l'a "relu et corrigé" (?) avant de le publier sous son propre nom, en 1879, pour compléter un volume d'Hetzel. Mon édition n'a pas pris la peine de signaler les différences avec le texte original de Gabriel Marcel. Je n'ai rien appris là-dedans que je ne sache déjà sur l'histoire de la/du Bounty et des différentes composantes de son équipage (je venais de lire Les révoltés de la Bounty: l'Odyssée de la Bounty de C. Nordhoff et J.N. Hall [non chroniqué], après d'autres livres ou d'autres films lus ou vus de longue date). Bon, malgré tout, c'est tout de même une nouvelle signée Jules Verne...  

 

Un drame au Mexique: je rajoute pour mémoire les quelques dizaines de pages de cette nouvelle de jeunesse, publiée en 1850 sous le titre Les débuts de la marine mexicaine dans le Musée des familles (qui, vérification faite et contrairement à ce que je pensais, n'a jamais appartenu à Hetzel), retravaillée par Jules Verne en 1876 en vue de sa publication en volume pour compléter (p.341-368) celui titré Michel Strogoff (oeuvre où il n'est de navigation que fluviale ou sur le lac Baïkal). Dans Un drame au Mexique, que je n'avais jamais lu jusqu'à aujourd'hui (je dis bien: aujourd'hui!), nous sommes en octobre 1825. L'Asia, vaisseau de haut bord, et La Constanzia, brick de huit canons, ont quitté l'Espagne depuis plus de six mois à destination des Iles de la Sonde. Les équipages se mutinent avec l'idée de "revendre" les navires dont ils viennent de s'emparer à la récente Confédération du Mexique, tout juste indépendante mais dépourvue de marine pour se défendre contre les Espagnols, et rejoignent le port d'Acapulco pour cela. De là, les deux principaux mutins, dont l'assassin d'un des capitaines, entament par voie terrestre un périple vers Mexico (siège du gouvernement mexicain, qui doit finaliser le marché). Des vengeurs leur barreront la route. 

 

Comme les billets précédents, celui-ci peut s'inscrire dans le challenge Book trip en mer de Fanja [7 points... peut-être?], tout en participant au challenge 2024 sera classique aussi organisé par Nathalie.

Finalement, j'ai encore à ma disposition un ensemble hétéroclite de livres (achetés très récemment voire empruntés en bibliothèque sans que j'aie eu le temps de les lire...), qui devra donner lieu à un ultime billet "Jules Verne maritime" en septembre!

PS du 04/09/2024: je viens de retrouver et valider le commentaire d'Aifelle du 15 août. Mes excuses aux abonné(e)s du "blog de dasola" qui, comme elle, avaient reçu une notification largement prématurée de parution du présent billet par suite d'une mauvaise manip' de ma part!

29 août 2024

Les ombres de Bombay - Abir Mukherjee

Pour la 5ème fois (et j'espère que ce ne sera pas la dernière), je suis partie en Inde entre Calcutta et Bombay. Dans Les ombres de Bombay (Liana Levi, 366 pages prenantes), Abir Mukherjee nous ramène à nouveau dans le passé en 1923 en compagnie du Capitaine Sam Wyndham et Satyendra Banerjee. Banerjee se retrouve en mauvaise posture car il s'est trouvé au mauvais endroit au moment. Il est accusé d'avoir tué un homme de lettre hindou dans un quartier musulman de Calcutta. Mais Satyendra Banerjee pense avoir trouvé le suspect en la personne d'un musulman érudit. Mais peut-être y a t-il une troisième solution. J'ai été contente de constater de Wyndham n'a pas retouché à l'opium depuis un an. Le récit alterne celui de Banerjee et celui de Wyndham. Comme dans les quatre autres romans de Mukherjee, il y a quelques descriptions très vivantes des us et coutumes indiennes et de la situation en Inde à l'époque. J'ai lu ce roman en deux jours et je le conseille absolument. Il n'est pas forcément nécessaire d'avoir lu les quatre premiers tomes. Lire le billet de Keisha. Et aussi Actudunoir, Yan.

28 août 2024

Running girl, ma course vers les paralympiques - Shigematsu Narumi

Encore un manga (le 3e du mois, et le 6e depuis janvier)! Décidément, cette année 2024 est bien celle de tous les records pour moi (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola). En tout cas, c'est volontairement en ce jour de début des XVIIe Jeux paralympiques d’été à Paris que je publie mon billet sur une mini-série découverte chez DocBird

Shigematsu Narumi, Running girl, ma course vers les paralympiques (3 tomes), Akata, 2020.

 

Ce manga où l'héroïne, Rin, gamine amputée d'une jambe et ayant bien du mal à s'habituer à sa prothèse, découvre le sport de haut niveau (course à pied équipée de prothèses de compét'!) m'a un peu laissé sur ma faim ou ma curiosité. J'ai été un peu déçu (frustré), parce que seule une facette des diverses problématiques possibles a ici été explorée en cette courte série de trois tomes (en gros, ce qui l'amène à cette participation aux jeux paralympiques). Un joli thème, mais un goût d'inachevé: pratiquement rien sur sa vie quotidienne, durant toutes ces années, en-dehors du sport? Notre héroïne n'a-t-elle donc absolument rien vécu d'autre?

 

Je pense qu'il y a incohérence fondamentale entre l'âge de la jeune fille et les besoins du scénario. Sur la première page du 1er tome, elle court. La 3e page énonce "Des années plus tôt...". Et dans le même chapitre, il est dit "Rin vient d'avoir seize ans" (au moment où elle découvre le handisport). Erreur de traduction pour "13 ans"? Elle a, à mon avis, une mentalité de collégienne plutôt que de lycéenne (mais il n'aurait sans doute pas été crédible qu'une fillette trop jeune participe aux Jeux Paralympiques?). 

 

Notons que le Comité international olympique (CIO) ne fixe pas d’âge limite pour participer aux JO, parce que, selon l’article 42 de sa charte, le choix de cet âge minimal revient aux fédérations internationales de chaque sport. Pour ma part, je suis assez vieux pour me rappeler que la Roumaine Nadia Comăneci a remporté trois médailles d'or en gymnastique à l'âge de 14 ans (et 8 mois) aux JO de Montréal en 1976, avant d'être, heu, remarquée par le rejeton des époux Ceaucescu, Nicu (de 10 ans son aîné). Elle était classée "senior" à l'âge de 13 ans (?!). Bref. Aujourd'hui, dans sa discipline, il est obligatoire d'avoir 16 ans dans l'année. 

 

Soyons plus explicite: ce qui m'a dérangé, c'est que les détails "techniques" sur les prothèses elles-mêmes sont sérieusement abordés, ainsi que les enjeux du sponsoring et du financement du "bureau d'études" pour cet outillage de haute technologie, mais c'est au détriment de la "vie personnelle" de la gamine à côté du sport: on ne la voit quasiment pas étudier, fréquenter ses condisciples (ni fricoter avec!). Ses grands yeux écarquillés se remplissent un peu trop souvent de larmes à mon goût. Elle paraît asexuée et immature, alors même qu'elle témoigne d'une grande force de volonté dans la compétition ou à l'entraînement et face aux obstacles techniques. Le "beau gosse", lui, paraît ne rêver qu'à fabriquer des "lames" de carbone permettant aux athlètes handicapés de se mesurer pleinement avec les valides. Un sentiment d'incomplétude donc.

 

Ci-dessous quelques extraits (trois pages de chacun des trois tomes [non paginés!], sur fonds rouge, jaune et bleu...) où l'on voit Rin confrontée successivement à diverses situations: la découverte du handisport, la course dans un club d'athlétisme dans son établissement scolaire, les nécessité de l'entraînèrent et de "l'apprivoisement" de sa prothèse, la compétition de haut niveau, la collaboration avec différents équipiers, les exigences sportives de son équipementier, la pression des financiers (qui préfèreraient qu'il consacre son génie à des prothèses médicales et non sportives) sur celui-ci...

 

Ce "josei manga" a d'abord été publié en épisode en 2018-2019 dans un journal à lectorat féminin au Japon (les titres y sont très "segmentés" selon le lectorat visé!), puis en 3 tomes en 2019, et en France en 2020, où le lancement avait été programmé pour être achevé au démarrage des Jeux d'août 2020... (hé oui, ceux qui ont été reportés à l'année suivante pour cause de Covid-19...).

 

J'ai cru comprendre que les éditions Akata, en France, ont reversé à la fédération française de Handisport 5% des recettes (chiffre d'affaires, marge, bénéfices?) permises par les ventes du tome 1 de Running Girl jusqu'au 30 septembre 2020 (montant en valeur absolue?).

 

J'ai trouvé quelques liens: outre DocBird déjà citée, il a plu à Capocapesdoc, Petite noisette (T.1 seulement) et Ladythat, tandis que Sweetmadonna avait quelques réserves. Voir aussi Ly (ainsi que ses avis sur les tomes 2 et 3). Tampopo24 avait apprécié la série. Ma Lecturothèque aussi.

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Bonus: dasola m'a fait une photo des 3 (trois!) Phryges (dont une avec une prothèse) qu'elle n'a pas résisté à s'acheter (ce n'est certes pas moi qui les lui ai offertes!): dirait-on pas qu'elles sont à Paris Plage?

 

26 août 2024

Le Silence et la Colère - Pierre Lemaitre

Dans le cadre des deux challenges "Pavés de l'été 2024" et "Les épais de l'été 2024", j'ai terminé il y a une semaine Le Silence et la Colère de Pierre Lemaitre (Livre de poche, 768 pages). C'est le deuxième tome d'une tétralogie commencée avec Le Grand Monde (qu'il faut avoir lu avant). J'ai retrouvé la famille Pelletier en février-mars 1952 à Paris, à Beyrouth et dans le village de Chevrigny situé dans l'Yonne. Ce village doit disparaitre sous les eaux à cause de la construction d'un barrage. Hélène Pelletier est une journaliste free lance qui va couvrir l'événement. Son frère François écrit aussi des articles dans le même journal, mais il est surtout préoccupé par sa liaison avec Nine, une jeune femme sourde et kleptomane. Il est très amoureux d'elle. Quant à Jean Pelletier, le pauvre, il est bien mal marié avec Geneviève, enceinte pour la deuxième fois et qui maltraite sa première petite fille, Colette, âgée de trois ans. Jean va-t-il réussir à ce que son entreprise de dessous féminins (dans le genre "Tati") soit un succès, place de la République à Paris ? Pierre Lemaitre est un conteur hors pair en nous tenant en haleine. Ce roman qui se dévore d'une traite, aborde aussi le sujet de l'avortement (puni par la loi à cette époque), ou l'hygiène des femmes (eh oui). Il est aussi question d'amour, de meurtre et de match de boxe. J'attends avec impatience la suite de la vie de cette famille. Je ne sais pas quand paraît le troisième tome. Lire les billets d'Yvan, Enna, Eva, Richard, Violette, Audebouquine, Bigmammy, Matatoune, Shangols

 

25 août 2024

Planetes - Yukimura Makoto

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola), partage avec vous aujourd'hui un manga, car il me plait. Ça me suffit. Je me fiche de savoir qu'il date de 1999-2004 au Japon (2002-2005 en France), et que des milliers ou des millions de lecteurs avant moi l'ont déjà lu, adoré, détesté ou ni l'un ni l'autre. Merci à Kiriitiblog chez qui je l'ai découvert il y a quelques jours. La bibliothèque où je me suis déplacé entre la fin de mes horaires de boulot et la fermeture disposait seulement du tome un, j'ai donc emprunté l'intégrale dès le lendemain dans une autre bibliothèque. 

Yukimura Makoto, Planetes, Panini, édition Intégrale, 2015, 1040 pages
Le 1er tome... des quatre (ou plutôt des trois en édition "Deluxe")

 

Extrait de l'introduction: "Makoto Yukimura débute l'écriture de Planetes alors qu'il n'a que 23 ans. Loin des batailles intergalactiques ou des histoires d'extraterrestres, le jeune mangaka se penche, avec talent et réalisme, sur la conquête spatiale à échelle humaine. En 2075, Hachimaki, Yuri et Fi sont des astronautes dont le travail consiste à ramasser les déchets dispersés dans l'espace.

 

Quel est le thème de ce magnifique "seinen manga"? Le prétexte, c'est le "syndrome de Kessler": le risque que l'humanité pollue tellement l'orbite de notre planète par des "débris spatiaux" qu'il devienne impossible (trop dangereux) désormais d'envoyer des fusées, des vaisseaux (habités) dans l'espace... Mais on assiste aussi et même surtout à divers parcours "initiatiques" pour que chacun des héros ou des héroïnes découvre son propre "sens de la vie". 

La "rougeole des astronautes", phase maladive où l'on est obsédé par la question "qu'est-ce que je suis venu faire dans l'espace?", que chacun est censé affronter à son tour, revient plusieurs fois... [Trouver] l'amour semble une des réponses possibles! Mais surtout, les meilleurs des astronautes, ce sont ceux qui rentrent toujours sains et saufs à la maison.

Dans le premier tome (le seul pour lequel je peux "repérer" où il finit exactement dans l'Intégrale!), une organisation terroriste essaye de mettre fin à l'exploitation de l'espace par l'humanité (pour des raisons plus ou moins louables). Pour ce qui concerne "nos héros", je mettrai en avant une petite séquence où, pour sortir la pilote Fi de son obsession de fumer une cigarette, Hachi (Hachirôta dit Hachimaki ["bandeau"], astronaute junior - seulement 3 ans d'expérience) essaie de lui dire tout et n'importe quoi, entre autres "la terre a été envahie par une colonie de martiens", à quoi elle répond "oui" tout aussi mécaniquement qu'au reste... Mais il ne faut pas l'énerver, Fi! Elle est vraiment prête à tout contre qui l'empêche de fumer tranquillement sa clope...

De son côté, Kyûtarô, le jeune frère (13 ans) d'Hachi, a pour hobby la construction de fusées artisanales et rêve de devenir ingénieur pour faire l'aller et retour vers Mars sur sa propre navette quand il sera adulte. L'attrait de l'espace, c'est manifestement héréditaire sinon génétique chez les Hoshino: leur père, Gorô, est un astronaute senior (50 ans!) qui a déjà fait cinq  fois le voyage entre la Terre et Mars en tant que chef mécanicien... Il est surtout question d'un futur voyage spatial vers Jupiter (absence devant durer 7 ans!), ce qui donne à Hachi l'occasion d'un tête-à-tête particulier avec la jeune Tanabé (prénom: Aï - et même pas 20 ans!) qui doit le remplacer dans l'équipage de collecte des débris. 

Dans la partie correspondant au tome 2 (sur 3, ou sur 4?), on commence à voir comment l'esprit vient aux garçons: Hachi s'ouvre et, d'enragé contre tout ce qui fait obstacle à son rêve égoïste (s'acheter sa propre navette spatiale), devient altruiste. On a aussi une longue partie sur l'enfance d'Aï... 

Le tome trois (?) débute (je crois!) avec de magnifiques images en couleur de la planète Mars, pour un "retour en arrière" situé en 2050 (Gorô tue le temps en organisant le premier tournoi de base ball sur Mars - où vivent une centaine d'humains dans différentes bases), et y apprend sa paternité... 

Tournoi sportif sur Mars

Dans le quatrième tome (enfin, dans le dernier tome...), le "syndrome de Kessler" refait son apparition. Mais cette fois-ci, ce qui menace, c'est la guerre entre nations, à coup de "mines spatiales" dont chacune ne ferait qu'augmenter indéfiniment le nombre de ces débris... que Fi et son équipe s'échinent à récolter. Au final, en cette année 2078, le vaisseau futuriste (moteur à fusion nucléaire) arrive en vue de Jupiter au terme de son long voyage aller...

 

Bien entendu, je ne vous ai pas raconté tout ce qui se passe dans ce magnifique millier de pages. Un fier morceau de bande dessinée, mais pas excessivement bavard. Je pense que si on s'amusait à retaper la totalité des textes (ce que je n'ai pas fait!), on n'en tirerait que quelques dizaines de pages... Alors je n'ai aucune difficulté à respecter la règle qui exclue expressément les bandes dessinées ("ouvrages graphiques") des challenges estivaux sur de gros bouquins.

Comme dit plus haut, c'est grâce à Kiriitiblog que je l'ai découvert très récemment, et je l'en remercie, même si elle a un avis beaucoup plus mitigé que le mien. Tampopo (blog Les blablas de Tachan), qui l'avait lu lors de la parution initiale, l'a davantage apprécié lors de sa relecture quelques années après (bonne idée, cette rubrique de re-présentation). Noctenbule a fait quatre articles sur les quatre tomes (j'ai hésité à faire pointer mon lien vers le 1er ou le 4e...). Le blog d'Angelakoala (dernier billet en 2023) en avait parlé aussi (en 2015, lors de la sortie de l'Intégrale, avec quelques pages d'extraits), ainsi que La barmaid du bar aux lettres (en 2021). Je rajouterai d'autres liens si j'en trouve "au fil de l'eau". Comme le billet de Sorbetkiwi en 2014 sur son ancien blog (merci!).

Ce manga peut participer au challenge marsien, mais aussi au 12e challenge de l'Imaginaire organisé par Tornade, et au XVe challenge Summer Star Wars Ahsoka de Lhisbei (space opera peut-être plus si éloigné?). 

 

PS: YUKIMURA Makoto est aussi l'auteur de Vinland Saga dont il a commencé la publication en 2005. Depuis 2009, 27 tomes sont parus en France pour cette série toujours en cours (je ne les ai pas encore tous lus). Le tome 28, sorti en juin au Japon, devrait paraître en décembre en France (la publication française avait déjà rattrapé la publication japonaise en 2017). 

23 août 2024

Le roman de Jim - Arnaud et Jean-Marie Larrieu

Le roman de Jim des frères Larrieu est un film qui se déroule dans le Jura (région de l'écrivain Pierric Bailly qui a écrit le roman dont le film est adapté). L'histoire se passe sur plus de 20 ans à partir de l'an 2000. Le film aurait pu s'appeler Le roman d'Aymeric (Karim Leklou, formidable). Aymeric est un garçon gentil qui rend service: résultat, il fait même de la prison pour un cambriolage. N'ayant dénoncé personne, il a payé pour les autres. Aymeric se met à faire des missions en CDD ou en intérim. Il rencontre une ancienne collègue, Florence, très enceinte, et très vite il emménage avec elle et il assiste à l'accouchement. Jim naît, Aymeric s'attache tout de suite à lui et devient son père de substitution. Et cela dure plusieurs années, jusqu'au jour où Christophe, le père biologique, reparait. C'est un bouleversement dans la vie d'Aymeric, surtout que Florence et Christophe décident de partir refaire leur vie au Canada avec Jim. Et c'est à partir de là que j'ai trouvé le personnage de Florence détestable. Elle ment à son fils, elle coupe les ponts avec Aymeric. Quinze plus tard, on assiste aux retrouvailles de Jim et Aymeric. Que va-t-il se passer? Une histoire qui ne peut qu'émouvoir. Et le film permet d'admirer Coyron dans le Jura. Lire le billet de Pascale

20 août 2024

Gena Rowlands (1930-2024) - Alain Delon (1935-2024)

Gena Rowlands et Alain Delon qui n'ont rien à voir l'un avec l'autre viennent de disparaitre à quatre jours d'intervalle: la première le 14 août 2024 et le second le 18 août 2024. Je voulais leur rendre un petit hommage.

L'Américaine Gena Rowlands est surtout connue pour avoir été la femme de l'acteur et réalisateur John Cassavetes (1929-1989). Cette actrice de grand talent a joué dans sept films de son mari dont Faces (1968), Minnie et Moskowitz (1971), Une femme sous influence (1974), Opening Night (1977) , Gloria (1980 - que je viens de revoir récemment et que je vous conseille) et Love Streams (1984). Par la suite, elle a tourné d'autres films comme Une autre femme de Woody Allen que Princecranoir vient de chroniquer ou N'oublie jamais (The Notebook) et elle a aussi participé à des séries télé. 

Maintenant, le Français Alain Delon dont on attendait la disparition depuis quelque temps. Quelle carrière! et puis Delon, c'était des yeux bleus, des cheveux bruns, une allure féline et des films inoubliables comme Rocco et ses frères (1960), Plein Soleil (1959), Le Guépard (1963), Le Samouraï (1967 - chroniqué par Princecranoir), La piscine (1969), La veuve Couderc (1971),  Le professeur (1972 - mais que j'ai découvert récemment),  Monsieur Klein (1976) que je vous recommande. Un acteur qui fut plus connu en Europe (Russie comprise) et en Asie qu'aux Etats-Unis. Il fut aussi producteur de nombreux films et il est même monté sur les planches. On a du mal à le dissocier de Romy Schneider, Nathalie Delon et Mireille Darc (quelques femmes de sa vie). Je n'en dirai pas plus. La télévision depuis dimanche soir nous a gâtés pour les hommages, films et documentaires. Lire l'hommage de Pascale.

19 août 2024

Les oubliés de Vulcain - Danielle Martinigol / Flora, l'inconnue de l'espace - Pierre-Marie Beaude

Décidément, en cette période estivale, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) retombe en enfance... Un effet (déjà?) de mes 6 (six!) décennies? Voici une micro-chronique sur 2 (deux!) petits "poches" jeunesse que je n'avais jamais lus, achetés chinés dans les bacs avant-hier, à 50 centimes pièce (et j'ai manqué de réflexe: j'avais droit à un troisième gratuit - "3 pour 1 euro" - ...si j'avais fait l'effort d'en sortir un 3e du même bac)! Mais j'avais choisi ces deux-là à cause de la possibilité qu'ils puissent contribuer au 12e challenge de l'Imaginaire organisé par Tornade, au XVe challenge Summer Star Wars Ahsoka de Lhisbei (et peut-être à mon propre challenge marsien) et, lecture faite, c'est bien le cas (en ce qui concerne le challenge marsien, pour un des deux seulement)... Autre facteur commun: deux auteurs français, ayant tous deux fait carrière dans l'enseignement.

Danielle Martinigol, Les oubliés de Vulcain, Le livre de Poche jeunesse N°541,
1996 (copyright Hachette 1995), 189 pages
Pierre-Marie Beaude, Flora, l'inconnue de l'espace, Castor Poche Flammarion N°184,
1987, 148 pages

 

La "présentation de l'auteur" en début de livre m'a appris que Mme Martinigol "s'efforce, sur fond de réflexions écologiques, de respecter la règle des trois A: Aventures, Amour, Ailleurs...". Dans Les oubliés de Vulcain, dans un univers, jamais daté, où l'humanité a conquis trente monde (les 30 premières planètes d'Asimov?), Vulcain et ses volcans sont la "solution" au problème des déchets: ceux-ci sont précipités dans ceux-là... par des "boueux", qui vivent sans espoir de jamais la quitter sur cette planète en orbite autour de l'étoile double Albiréo. Le héros, Charley (C.H.A.R.L.E y) apprend fortuitement, le jour de son 15e anniversaire, dans "l'usine" qu'il n'a jamais quittée de sa vie, qu'il en est un produit, un "prototype génétique"... D'où choc psychologique, révolte et fugue... dans un conteneur de déchets quittant la terre, emmené par un vaisseau spatial. Sur Vulcain où (évidemment) il se retrouve, il découvrira un continent unique, un système de deux castes parmi la population, l'amour... Il s'apercevra aussi que sa constitution unique lui permet de résister aux conditions terrible d'existence: récupérer et trier les déchets avant que les conteneurs qui tombent du ciel sur les flancs des volcans ou à leur pied y soient précipités dans la lave entre deux éruptions, maladie chronique ou mortelle que tous attrapent à plus ou moins long terme. Y a donc plus qu'à... Par bonheur, la Confédération des Trente Mondes est gérée, tout ce qu'il y a de plus démocratiquement, par une Assemblée de 5000 membres dont chacun a le droit (jamais utilisé...) de donner une fois par an la parole à un [simple] citoyen de sa planète. C'est gentil et ça se lit très vite. Comme je l'ai dit, pas de dates, d'explications techniques sur les voyages spatiaux... ni de mention expresse de la planète Mars.
En "bonus", je me suis senti doucement voyeur en découvrant qu'il s'agissait manifestement d'un cadeau de fin d'année offert par la Caisse des écoles de la mairie de M. et dédicacé par 10 condisciples à la jeune F.L. en fin de 5e... certaines des copines espérant qu'elle passera à la rentrée suivante une bonne "prochaine année", et en particulier "que ton aventure avec G. aura avancé et peut-être que tu..." [sic!]. Je me suis demandé comment un livre pareil a pu se retrouver sur le marché de l'occasion (bon, il est vrai, au bout de près de 30 ans). Pauvre G...
Wikip' (consulté ce 18 août 2024) m'a appris que le nom d'Albiréo a été officialisé en 2016 pour désigner Beta Cygni (à 400 années-lumière de la terre), mais qu'aucun système planétaire ne semble y avoir (encore) été détecté... L'auteure a publié, en 2010, un C.HA.R.L.Ex que je lirai à l'occasion. 
Voir aussi La bibliothèque de Glow

 

Dans mon second livre du jour, Flora, l'inconnue de l'espace, il est question de tourisme spatial, et presque de "tourisme équitable" (si je puis me permettre de faire un rapprochement avec ce qui se passe sur terre). Ici, en 2100, Mars est nommé... parmi les destinations des "vaisseaux de croisière" permettant aux riches oisifs (comme la tante du héros) de "voyager" de planète en planète (Vénus, Jupiter ou... "Mars, la Venise de l'espace"), en y séjournant seulement dans des stations spatiales (équivalent à des "hôtels de luxe") en toute indifférence par rapport aux lieux ainsi "vus". Notre jeune touriste, Jonathan Silenius, 17 ans, préfère, lui, "partir sac au dos"... Enfin, avec les moyens du temps: un véhicule interplanétaire de location qui, à partir d'Uma, la station orbitale de la lune, lui permet de visiter tranquillement un astéroïde après l'autre... sans prétendre aller jusqu'à Mars, tout de même hors de portée de son petit "Trap" (?). Rien à signaler, à part une rencontre sur "Aster 5030" avec une dangereuse "vispa de l'espace", qu'il a bien entendu les moyens de tuer (ce qu'il fait sans hésitation) avant de se faire agresser. Ensuite, par l'intermédiaire de son ordinateur de bord (Double Zéro"), c'est la fameuse Flora qui va prendre l'initiative de le contacter (contrevenant aux règles de sa propre civilisation d'éviter tout contact avec ces terriens belliqueux et bien moins avancés technologiquement comme psychologiquement...). Toujours les trois A... Et toujours de l'optimisme sur la bonté finale de l'humanité. 

Ce que ne révèle pas la "présentation de l'auteur" dans le livre mais que l'on trouve grâce à wikip', c'est que M. Beaude a été ordonné prêtre en 1966 (ce livre de 1987 semble avoir été sa première oeuvre de fiction), a quitté l'église catholique et pris sa retraite universitaire en 2007 et désormais "consacre entièrement [s]on temps à l'écriture, en totale liberté, dans les domaines de la recherche et de la fiction.

... Et, pour ma part,  je suis content parce que, pour une fois, j'ai mis encore moins de temps à rédiger mon billet (en deux petites heures nocturnes) qu'à lire ces livres pleins de bienveillance et, heu, d'espérance (pourtant nettement plus vite que les 60 pages à l'heure qui sont ma cadence habituelle)!

17 août 2024

City of Darkness - Soi Cheang

Après Limbo du même réalisateur Soi Cheang, un film dans un beau noir et blanc qui m'avait plu, je viens de voir City of Darkness, qui est un inspiré d'un manhua (manga chinois). L'histoire se passe dans les années 80 à Hong-Kong (encore sous domination britannique) et plus exactement dans la citadelle de Kowloon, une enclave chinoise toute verticale où l'on voit à peine le ciel. La hauteur est impressionnante surtout quand on voit les avions qui la survole. Depuis des années, elle est devenue une zone de non-droit où règne un certain Cyclone. C'est là que se réfugie Chan Lok-Kwan, un sans-papier. Il fuit la bande de Mr Big, chef d'une triade. Ce Mr Big lance plusieurs acolytes à ses trousses, d'autres chefs de gang s'en mêlent. Je vous laisse découvrir pourquoi Chan Lok-Kwan est poursuivi. Pourquoi voir ce film? Pour le décor, la citadelle qui a été reconstituée, c'est elle, l'héroïne du film. Elle a abritée pendant des années la pègre hongkongaise et les laissés-pour-compte. On ne peut pas oublier "Boulette", la petite fille de quatre ou cinq ans d'une prostituée qui vient d'être tuée par un client. Et puis, même si vous ne connaissez rien au kung-fu, il y a des combats de toute beauté dans ce décor hallucinant. Les jeunes et aussi les vieux s'affrontent. Quel souplesse dans les mouvements! Je suis admirative car certains acteurs ont dépassé la cinquantaine. Pour information, la citadelle a été rasée par les Britanniques en 1993. Je vous conseille de voir ce film, tout comme Pascale et Selenie.

15 août 2024

Dead Stars - Benjamin Whitmer

Que dire de ce roman, Dead Stars de Benjamin Whitmer (Edition Gallmeister, 590 pages)? Que c'est le premier que je lis de cet écrivain et je pense qu'il sera le dernier. Quelle noirceur et que c'est long. L'histoire se déroule de nos jours dans le Colorado, dans la ville de Plainview où est implantée une usine de plutonium dirigée par l'entreprise Stonewall, l'unique employeur de la ville ouvrière. Hack (Howard) Turner, employé de l'usine vit seul avec sa fille Nath (17 ans) et son fils Randy (14 ans). Il a un frère cadet, Whitey et il a encore son père Robin. L'intrigue se passe sur trois jours, entre le 7 septembre au soir et le 10 septembre 1986 au soir. Ronald Reagan est président des Etats-Unis. En fin d'après-midi du 7 septembre, Randy, parti en vélo avec des copains ne revient pas et Nath commence à s'inquiéter. Elle prévient son père. A partir de là et pendant trois jours, presque heure par heure, on suit les pérégrinations de Hack, de Nath, de Whitey et même de Robin pour retrouver Hack. On ne sait pas ce qui est arrivé à ce dernier et même la police qui a été prévenue ne semble pas très efficaces. Nath n'arrête pas de fumer des joints et de boire de la vodka, Hack est désemparé de son côté. Petit à petit, on se rend compte que cette famille Turner n'est pas bien vue par le reste de la ville car Hack a parlé à un journaliste à propos d'un accident survenu dans l'usine de la ville. On suit les déambulations et les pensées des protagonistes mais rien n'avance vraiment. L'écrivain décrit une Amérique des laissés-pour-compte et où la vie humaine ne vaut pas grand-chose. Même si je conçoit que cette Amérique existe, tout cela n'est pas très gai. À vous de voir. Lire les deux billets de Shangols et d'Actu du noir nettement plus positifs. 

Ce roman peut faire partie du challenge "Pavés de l'été 2024" de Sibylline.

 

12 août 2024

Full River Red - Zhang Yimou

Full River Red de Zhang Yimou est un film singulier qui dure plus de deux heures trente et qui est une sorte de huis-clos se déroulant dans l'Empire Song, en 1146 en Chine, à l'intérieur de l'immense résidence de Qin Hui, chancelier de l'Empereur. Un ambassadeur de l'empire Jin est assassiné avant qu'il ait pu remettre une lettre à Qin Hui. Et cette lettre a disparu. Des gardes sont considérés comme responsables de ce crime et on commence à les exécuter sauf un, Zhang Da, qui est chargé de retrouver l'assassin et la lettre qui pourrait contenir un message compromettant pour Qin Hui. Il a deux heures pour la retrouver sinon il mourra comme les autres. Il faut saluer le travail formidable du réalisateur qui rend le récit haletant sans temps mort malgré la longueur du film. Il y a plein de péripéties, pas mal de morts, des retournements de situation, des vrais méchants, un sosie, des jeunes femmes très douées dans la manipulation de poignards, un peu de torture. Il y a un magnifique travail sur la photo et la lumière. Tout filmé comme si on était entre chien et loup, c'est ni la nuit ni vraiment le jour. J'ai aimé ce film car il est vraiment bien fait et très bien interprété. Après, on pourra dire que Full River Red qui est le titre d'un poème arrivé jusqu'à notre époque est très patriotique. C'est presque de la propagande pour l'unité et l'expansion de la Chine. 

11 août 2024

Carnets de voyages, notes de lectures, toiles nomades - Présentation de Miriam à l'occasion de son 500e commentaire chez dasola

Miriam est aujourd'hui la onzième blogueuse (enfin, 12 pour 11 blogs - dont 1 élément masculin...) à se présenter sur ce blog dont elle est une "fidèle commentatrice", avec ci-dessous ses réponses (en rouge pour que ce soit plus facile à lire) au questionnaire que je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) lui avais adressé avant-hier, date de son 500e commentaire chez dasola. Elle m'a répondu en deux fois, puisqu'elle avait zappé la première question!

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Bonjour Miriam, pour que les lecteurs comprennent qui vous êtes, pouvez-vous vous présenter? Derrière ce pseudonyme, pouvez-vous nous livrer quelques éléments biographiques? Dans quelle tranche d’âge vous situez-vous (car un lecteur de 20 ans n’ayant pas le même ressenti qu’un de 60, ou bien les disponibilités en temps [de rédaction de billets comme de parcours de la blogosphère] pouvant varier avec l’âge, cette information a son importance)? Avez-vous fait des études ou exercé une profession ayant un rapport avec l’enseignement, l’histoire-géographie, la littérature ou l'art?

J'ai 73 ans. Je suis retraitée de l'enseignement, prof de SVT dans un collège de Créteil très multiculturel. J'ai fait des études de géologie. Je bloguais déjà avant ma retraite. 

Parlons un peu de vous et de votre principal blog: Carnets de voyage et notes de lectures de Miriam. Dans quelles circonstances avez-vous souhaité le créer?

J’ai toujours écrit mes carnets de voyage, manuellement avec un stylobille. À la maison, je saisis et j’illustre. En rentrant de 5 semaines au Cap Vert, j’ai voulu l’imprimer. C’était si monstrueux que j’ai cherché à l’héberger sur une plateforme. Ce fut Voix Nomades, une merveilleuse aventure qui a pris fin. Puis un blog LeMonde.fr, puis WordPress. 

* Vous êtes un des rares cas de blogueuse utilisant plusieurs blogs, vous continuez à alimenter en parallèle Toiles nomades désormais dédié au cinéma : pourquoi deux blogs différents ?

C’est d’abord une question de mémoire dans la galerie, j’ai « sécurisé » mon blog chez blogspot. Puis c’était plus cohérent d’avoir Toiles Nomades séparément

* Les films que vous y chroniquez sont plutôt des films «arts et essais» ou «cinéma du monde». C’est un choix ?

Ce sont les films qui me plaisent et me font m’évader. Les films « cinéma du monde » correspondent aussi à mes lectures et mes goûts musicaux. 
Je vais voir des films français ou américains. Je ne suis pas une critique de cinéma professionnelle. Je laisse les pros pour les aspects techniques et je n’ai rien à ajouter. En revanche, le petit film kazakh, palestinien ou macédonien que personne n’ira voir parce qu’il sort discrètement pour quelques séances dans un seul cinéma, j’ai envie de le faire connaitre à mon petit niveau. Pareil pour les documentaires.

* Autres points à rajouter sur votre rapport au cinéma : salles fréquentées de préférence ? DVD, blue-ray (en visionner, en offrir…)?

Je suis une fan des Cinémas du Palais qui projettent des films "Art et Essai". C’est à côté de chez moi. Il y a un tarif sénior. J’y vais plusieurs fois par semaine. Si le film est décevant ce n’est pas grave, je ne le chronique pas. J’ai aussi un abonnement Cine+ qui permet de voir les films que j’ai ratés ou de revoir ceux que j’ai aimés. 

* Les catégories de classement des billets « voyages et notes de lectures » sont nombreuses : «Monde en exposition», pays ou régions de destination pour les voyages ou balades (dont Paris/banlieue), théâtre, littératures… Les articles sont très variés. Etait-ce prévu dès le départ, ou vos centres d’intérêt bloguesques ont-ils évolué au fil du temps?

Le thème voyage était au départ du blog. Le classement par pays ou région. Les lectures autour des voyages. J’ai découvert un peu plus tard qu’il n’est pas nécessaire de prendre l’avion ni la voiture pour « voyager », des balades dans le Grand Paris peuvent être des voyages très exotiques. Sans parler des expositions. Avec le Pass Navigo, je pars en Asie au Musée Guimet, en Amérique latine, je vois les Expositions avec le même regard touriste. 
Pour la lecture, c’est venu après avec les challenges et les échanges avec les blogueuses et blogueurs. Depuis le confinement je voyage moins et lis beaucoup plus. 

* Quel est votre but avec cet éclectisme? Souhaitez-vous détailler, préciser? Les lecteurs de votre blog semblent-ils réagir davantage à certains thèmes qu’à d’autres?

Les lecteurs sont plus assidus pour les critiques de livres contemporains et les challenges. Pour les articles « touristiques » cela dépend des saisons…

* Les voyages et déplacement semblent occuper une bonne part de votre temps. Pouvez-vous en dire davantage? Circonstance? Choix de vie? Loisir de retraite? Choix des destinations?

Je me sens à l’étroit en Région Parisienne. Les voyages balaient la routine et apportent tout leur lot de nouveauté : paysages, cuisine, langues que j’essaie d’apprendre (sauf le hongrois et l’islandais, impossible). J’ai besoin de comparer ce qui se passe chez nous et ailleurs dans le monde, relativiser, accéder à d’autres points de vue. Le chauvinisme me fait horreur avec les opinions étroites franco-françaises. 

* En ce qui concerne vos lectures (billets sur les différentes littératures…), votre blog ne comporte pas d’index par nom d’auteur? Pourquoi ce choix?

Je n’y ai jamais pensé, déjà classer par pays, par époque et par sujet ….

* En moyenne et à titre indicatif, combien lisez-vous de bouquins par mois? 

4 à 13 :) 4 quand je voyage, 13 quand je suis coincée. 

* En tant que lectrice, comment vous définiriez-vous? La lecture tient-elle un rôle important dans votre vie? Débroussailler le champ immense des lectures possibles, faire partager vos émotions de lectures…?

Je n’imagine pas la vie sans la lecture. 

* Combien de temps consacrez-vous à la lecture chaque jour? 

Le Monde, Télérama et Courrier International chaque matin et pour le reste cela dépend, peut-être deux heures. 

* Salons du livre, rencontres avec les auteurs et séances de dédicaces … Les recherchez-vous?

Je déteste les salons, je me sens idiote devant un auteur qui signe un livre, en revanche j’ai vécu de très belles rencontres organisées par Babélio pour la sortie d’un livre lu avant la rencontre. 

* Quelle blogueuse êtes-vous ? Challenges, Défi, tag, swap… Il y en a sans doute trop pour participer à tous, et vous économisez la place sans pouvoir afficher de nouveaux logos (galerie presque pleine)… Mais est-ce que cela, à votre avis, peut inciter à lire un livre plutôt qu’un autre?

Les Challenges me motivent à sortir de ma zone de confort et m’obligent à plus de sérieux. La Galerie pleine va me coûter très cher.

* Votre endroit favori pour lire? 

L’été sur mon balcon dans la chaise longue avec mes plantes, dans le métro, le bus. 

* Etes-vous plutôt livre papier ou liseuse électronique? Vous avez un certain nombre de billets sur des livres lus en e-book, ou (beaucoup plus rarement) en audiolivres : que diriez-vous sur ces « modes » de lectures-là? 

Liseuse chaque fois que c’est possible. Je peux emporter le livre partout, lire dans le noir, sans parler des voyages. 
Les audios ne me tentent pas, je veux pouvoir revenir en arrière, prendre des notes.

* Comment choisissez-vous vos lectures? (bouche-à-oreille, cadeau, article de presse, hasard…)? Avez-vous un genre favori? Un auteur – vraiment – préféré?

La destination du prochain voyage me fait choisir des livres autour du voyage. Les challenges aussi. Ensuite cela s’enchaîne, je découvre un livre dans un livre… Longtemps, les écrivains-voyageurs ont été mes favoris, Fermor, Dalrymple, Lacarrière, Dominique Fernandez. Maintenant je lis plus des classiques : Balzac, Victor Hugo, Zola, Proust. 

* À quoi êtes-vous sensible lorsque vous avez un livre en main?

Pas vraiment puisque je lis beaucoup sur liseuse. 

* Offrez-vous des livres? Si oui comment les choisissez-vous? 

Je n’offre que cela et je n’offre que des livres que j’ai lus et aimés.

* S’il ne fallait en retenir qu’un? Quel livre vous a le plus profondément marquée, parmi tous ceux que vous avez pu lire? 

Impossible. 

* Avez-vous un souvenir (bon ou mauvais) marquant d’une lecture enfantine ou adolescente? 

Pas de mauvais souvenir. En revanche j’ai lu trop tôt des livres que je n’ai pas forcément appréciés (Proust à 14 ans, c’était plus par défi que par amour de la littérature). 

* Comme d’autres «dévoreuses de bouquins», êtes-vous vous aussi tentée par l’écriture? 

Je n’ai aucune imagination, aucune compétence littéraire. En revanche décrire une ville, analyser un tableau ou un bâtiment aiguise mon regard. Le résultat écrit importe peu. C’est la même démarche pour le dessin scientifique : nécessité d’observation rigoureuse.

* Suivez-vous les statistiques de votre blog? Avez-vous une idée du nombre de vos visiteurs?

Je suis accro aux Stats, j’essaie de deviner quel article a motivé un lecteur de Corée ou du Burkina Faso.

Et pour rester dans les chiffres, quelle est la moyenne de fréquentation de votre blog par jour?

Environ 180 visites/jour.

* Vous rappelez-vous comment vous aviez découvert le blog de Dasola (juin 2010 pour votre premier commentaire, puis régulièrement à partir de 2012)? (réponse facultative!)

La Blog roll de Claudialucia.

* La question suggérée par Dominique: êtes-vous parfois tentée d’arrêter le blog?

Non, j’ai trop de plaisir à fixer mes souvenirs de voyages ou de lecture, les films que j’ai aimés.

* Un dernier mot pour conclure cet échange? Quelle autre question auriez-vous voulu que l'on vous pose?

Oh non, j’en ai déjà trop dit !

 

Merci Miriam!

 

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Voici les liens vers les précédentes présentations (avec le nombre de commentaires lorsqu'elles-ils avaient témoigné, et aujourd'hui): 7 blogs sont toujours en activité, 3 ont arrêté leurs activités ou ne sont plus en ligne en 2024.

Dominique (de A sauts et gambades) le 28 avril 2017 (500 => 676)
Aifelle (le goût des livres) le 25 octobre 2017 (750 => 1218) 
Keisha (en lisant en voyageant) le 26 avril 2019 (500 => 767)
Alex-mot-à-mots (Mot-à-mots) le 23 novembre 2020 (500 => 656)
Manou (dans la bulle de - ) le 14 septembre 2023 (500 => 648)
Pascale (sur la route du cinéma) le 27 septembre 2023 (500 => 574)
Luocine (au fil de ses lectures et impressions au cinéma) le 21 octobre 2023 (500 => 596)

En pause ou arrêtés:
Maggie (Mille et un classiques) le 12 août 2018 (600 => 924 / en pause depuis novembre 2023) 
Ffred (le ciné de Fred) le 23 octobre 2018 (500 => 540 / en pause depuis septembre 2021).
Matching points "pour les femmes mais pas seulement" le 12 mai 2020 (500 => 616 / ont "arrêté leur aventure du blog" en 2023)

10 août 2024

Trois livres sur des bateaux

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) continue mes "mises à flot" dans le cadre du challenge Book trip en mer de Fanja. Cette fois-ci, j'attaque la catégorie "livres de jeunesse", avec des romans d'aventures (tous trois anglo-saxons) plutôt orientés "jeunesse" (éditions illustrées) qui rentrent aussi dans le cadre du challenge 2024 sera classique aussi de Nathalie (ces oeuvres étaient déjà bien vieilles quand j'étais moi-même jeune...). Pour la petite histoire, j'ai déjà raconté que je passe régulièrement devant la "bibliothèque partagée" du hall de dasola qu'elle vous avait présentée naguère. Il m'arrive d'y "injecter" des livres que je connais comme m'ayant plu quand je les avais lus autrefois, il y a en général plusieurs décennies (et aujourd'hui livres le plus souvent spécialement chinés à prix ultra doux quand je suis tombé dessus par hasard). Ayant remarqué que deux de ceux que j'avais déposés y étaient revenus (après s'en être absentés), je me suis dit que, finalement, j'en ferais bien un billet. Quant au troisième, je l'ai acheté chez un bouquiniste. J'ai tâché d'organiser leurs tranches en un "podium" qui reflète mes préférences. 

1/ Daniel Defoe, Les pirateries du capitaine Singleton, 1720 (1ère édition en anglais),
trad. Maurice Dekobra, Société nouvelle des éditions G.P., 1964, 251 pages
2/ Fenimore Cooper, Le corsaire rouge, 1827 (1ère édition en anglais),
adapt. Gisèle Vallery, ancienne librairie Fernand Nathan, 1942, 189 pages
3/ Jerome K. Jerome, Trois hommes dans un bateau, 1889 (1ère édition en anglais), "spécialement adapté" pour la Bibliothèque Rouge & Or, Editions GP, 1953, 191 pages

 

Je propulse en première place Les pirateries du capitaine Singleton, une oeuvre de Daniel Defoe beaucoup moins connue ou attendue qu'une autre... (meuh non, je ne songeais pas au Journal de l'année de la peste ni à Moll Flanders!). N'en ayant même jamais entendu parler jusqu'à maintenant, je remercie d'autant plus Fanja de m'avoir fourni le prétexte de la découverte (acheté à 2,50 euros lundi dernier)! Présenté comme des souvenirs (une autobiographie), ces pages narrent "en toute candeur" les aventures d'un Anglais "enfant volé" (à deux ans!) devenu gamin ballotté ici ou là, puis mousse, capturé brièvement par des Barbaresques, puis formé comme jeune marin portugais sans foi ni loi dans l'Océan Indien avant de tourner mutin et abandonné avec une vingtaine d'autres (matelots, charpentier, forgeron...) sur une côte de Madagascar (p.18). S'ensuivent, après avoir pu construire une embarcation grâce à une épave hollandaise et pu toucher la côte Est de l'Afrique, une traversée fort aventurée, à pied et en troupe, de tout le continent jusqu'à la côte Ouest, confrontés aux indigènes mais accumulant un fabuleux butin en cours de route (orpaillage...). Retour en Angleterre, fortune largement faite... mais il la mange en deux ans et n'a plus rien en l'an 1696 (p.147 - moins de 25 ans avant la parution du livre...). Il s'embarque alors pour Cadix à bord du Croiseur. p.148, avec quelques "camarades", il rejoint un autre navire (non nommé), dont l'équipage s'est mutiné, dans le but avoué de devenir pirate (sous les ordres d'un matelot, devenu le Capitaine Wilmot), vers les Indes occidentales (le continent américain...). "Quinze mois" puis "deux" ans passent en quelques lignes... D'autres navires sont capturés, "Bob" monte en grade et en commande un... puis, p.152, il rencontre un ex-médecin avec lequel il restera indéfectiblement lié jusqu'à la fin de ses aventures. Des Antilles à l'Océan indien, s'ensuivent des années de vie maritime entre capture de navire, traite des nègres (trouvés par hasard dans un navire à la dérive... dit-il), et opérations commerciales plus ou moins louches. Les équipages des navires attaqués ne sont pas tués systématiquement mais seulement si indispensables (éviter de trop provoquer l'Angleterre, fort capable d'armer un navire en guerre pour aller chercher, traquer, capturer et pendre de trop célèbres pirates). Le butin consiste parfois en or et argent monnayé ou "au poids", mais souvent en marchandises de plus ou moins de valeur (jusqu'à des perles, soiries, épices, ...) qu'il faut vendre (dont il faut "trafiquer") en s'adressant à des marchands parfaitement informés de l'origine "pas très catholique" des marchandises. Tout le monde y trouve son compte, à condition de ne pas se tromper de ports ni de nationalité des acheteurs. Defoe semble s'être bien documenté. Il n'a sans doute pas lui-même vécu certaines de ces aventures, peut-être a-t-il "confessé" quelques véritables aventuriers (comme l'a fait London au Klondike)? Même si ce roman a été écrit en 1720, lorsqu'il y était question de recherche d'or (en Afrique), j'ai cru y retrouver les techniques d'orpaillage alluvionnaire si bien décrites par London quelque 180 ans plus tard pour le Klondike (neige et glace en moins chez Defoe). Bref, fortune (de pirate) faite, il ne reste plus qu'à fausser compagnie au navire pirate (à Bassora, dans le Golfe!) sans éveiller les soupçons, puis, après quelques détours par Alexandrie puis Venise, à réussir à se faire oublier en Angleterre, en y épousant une charmante veuve déjà pourvue de 4 enfants (et soeur de William) dans les 10 dernières lignes du livre.

Les femmes sont fort peu présentes dans cet ouvrage, à part au début (celles qui se passent de main en main l'enfant), ou quand sont évoquées les femmes indigènes" avec qui, régulièrement, fricotent un peu trop les matelots, ce qui a le don d'énerver les "sauvages" (je ne suis pas certain qu'il soit question de consentement...). Les illustrations sont de Jacques Pecnard. 
Menon l'a plus survolé que lu (en version intégrale).

 

De Fenimore Cooper, on connaît surtout Le dernier des Mohicans, et éventuellement les autres titres de l'histoire de Bas-de-cuir (l'un des surnoms du héros, Nathanaël Bumppo, qui apparaît dans au total cinq livres publiés entre 1823 et 1841). On ne sait pas forcément que l'auteur, né en 1789, avait été marin dans sa jeunesse (de 1806 à 1811).

Le livre débute en octobre 1759 à Newport (Rhode-Island, Nouvelle-Angleterre). Le héros principal est le jeune Wilder, officier de marine compétent, cependant que "Le corsaire rouge" ne se dévoile pas tout de suite. Dans ce roman sans temps mort, on navigue beaucoup (la jeune passagère Gertrude n'est pas indifférente à Wilder), à bord de différents navires qui se fuient, affrontent une tempête, s'y perdent, coulent... Il y est question de corsaires sinon de pirates (il n'est pas dit que le fameux "corsaire" soit nanti d'une "lettre de course"), d'infiltration chez l'adversaire sous fausse identité, de faux pavillon et même de travestissement. Mais on y trouve aussi en trame de fond des histoires de famille quelque peu embrouillées (je n'ai pas trop réussi à dresser un arbre généalogique, et je ne jurerais pas que le dénouement final n'implique pas une certaine part de consanguinité!). Le livre s'achève dans les années 1780, au seuil de l'indépendance américaine, pour laquelle Le corsaire rouge s'est racheté en luttant contre les Anglais... 

Ce livre a été édité en 1942, à un moment où les Nathan père et fils avaient dû renoncer à la direction de leur Maison sous la pression de Vichy puis des Allemands (les éditeurs français qui avaient accepté d'assurer la direction de l'entreprise la rendent aux Nathan le jour de la libération de Paris). Je ne sais pas quel est l'illustrateur anonyme dans cette édition de 1942 (peut-être Joseph Kuhn-Régnier, mort en 1940, qui a illustré plusieurs dizaines de titres des Contes et légendes chez Nathan?). En page 2 figurent 35 autres titres de cette collection "oeuvres célèbres pour la jeunesse", notamment Le dernier des Mohicans, mais aussi (par exemple...) L'île au trésor (Stevenson), Voyages de Gulliver (Swift), Robinson Crusoé (Defoe) et Robinson suisse (Wyss). 

C'est le seul de mes trois livres du jour dans lequel il est un peu plus question de la seconde moitié de l'humanité (ou de la première, voire de la meilleure - je ne veux vexer personne!).
Isabelle (Ribambelle d'histoires) l'avait chroniqué l'an dernier.

 

 

Un livre des années 1950 sans sa jaquette, c'est tout de suite moins "sexy" (c'est elle qui portait titre et illustration). J'ai donc photographié aussi les pages intérieures correspondantes. Maintenant, comme chacun sait (comme savent tous ceux qui ont lu Trois hommes dans un bateau de Jerome K. Jerome), cet ouvrage ne porte pas sur la navigation en mer. Entre trois amis, il n'est question de voyage en mer (p.10) que pour s'y opposer: remontons plutôt la Tamise (fleuve), et à nous le canotage, ses plaisirs et ses joies. Jerome K. Jerome enfile (comme des perles) déroulement de l'épopée fluviale (avec diverses étapes, campements, pluie...), anecdotes et digression (accrochage d'un tableau, transport d'un fromage de Liverpool à Londres, [més]aventures anciennes et diverses remémorées au fil de l'eau...). Il y avait un certain temps que je n'avais plus lu Trois hommes dans un bateau (et jamais dans cette édition), et j'ai eu une impression de traduction (non signée, mais "spécialement adaptée...") un peu fade par rapport à celle que j'imagine avoir lue antérieurement dans les tréfonds de ma mémoire. Voici celle d'un des morceaux de bravoure: la lutte désespérée, en pique-nique, pour ouvrir une boite d'ananas au sirop en conserve sans ouvre-boite: 
"(...) Alors nous perdîmes la tête. Nous portâmes cette boite sur la berge. Harris alla chercher une grosse pierre, je retournai au canot dont je rapportai le mât, et George tint la boite et Harris posa sur le couvercle l'extrémité aiguë de sa pierre, et je pris le mât que je levai et, rassemblant toutes mes forces, je l'abattis.
Ce fut le chapeau de paille de George qui lui sauva la vie, ce jour-là.
"

J'avais en tête quelque chose d'un peu plus vif comme: "(...) quant à moi je brandis le mât, je visai, et pan!, je frappai. Ce fut le chapeau de George qui, ce jour-là, lui sauva la vie." 
Mais peut-être s'agit-il d'un "faux souvenir"?

Quoi qu'il en soit, on comprend avec l'humour pince-sans-rire de l'auteur que l'aventure a été moins reposante que prévu, et le retour au foyer est quelque peu honteux. Après un bon repas, le mot de la fin est: "Je bois à la santé des trois copains délivrés du canot" (sans compter le chien).

Je n'ai lu, à ce jour, aucune des autres aventures des "Trois hommes" disponibles en français (... en Allemagne / en balade / sur un vélo), il est vrai beaucoup moins connues (si j'ai bien compris, il s'agirait de différentes traductions d'un seul et même ouvrage, Three Men on the Bummel?). Un prochain objectif?

 

Dasola m'a en tout cas bien expliqué qu'elle ne connaissait pas cette littérature et qu'il s'agissait de livres "pour les garçons". 

 

Je savais que différentes éditions "poche" de Trois hommes dans un bateau existaient, mais je pensais les deux autres titres peu accessibles. J'ai eu le plaisir de découvrir que l'on trouve désormais Le corsaire rouge en Folio classique et Daniel Defoe dans la Pléiade (le tome 2 contient notamment Vie du capitaine Singleton). 

9 août 2024

Tigresse - Andrei Tanase

Hier, mercredi 7 août 2024, est sorti Tigresse, un premier film roumain (qui  a reçu avec raison de bonnes critiques) d'Andrei Tanase. L'histoire se passe en Transylvanie à Targu Mures. Suite à un signalement, Vera, une vétérinaire dévouée, est appelée avec des policiers auprès d'une famille mafieuse qui possède une tigresse prénommée Rihanna, encagée dans une piscine sans eau avec un grillage par-dessus. La bête n'est pas en bonne santé et est sous-alimentée. Vera la fait transporter dans le zoo de la ville dont elle est une des vétérinaires. Le soir, quand elle revient chez elle, elle surprend son mari Toma dans une position suggestive avec une jeune fille. Vera, de rage, part se réfugier au zoo. Plus tard, après avoir nourri la tigresse, elle s'endort sur place. La tigresse, elle, s'enfuit à cause de sa cage restée ouverte (est-ce un acte volontaire de la part de Vera?). La traque commence pour retrouver l'animal et Vera et son mari, qui font partie du groupe de recherche, commencent une scène de ménage assez crue que tout le monde peut entendre. Et si Vera est si perturbée, c'est qu'elle vient de vivre un drame personnel. Pendant ce temps, la bête sème la terreur. Je ne vous dévoilerai pas la fin qui se passe aussi dans une piscine. C'est bien joué par les acteurs, surtout l'actrice principale (Catalina Moga), et il y a une vraie tigresse dressée sans effet spécial. Le film dure à peine 1H20. Je vous le conseille. Lire le billet de Selenie.

7 août 2024

Cabu, premier écolo de France! - HS Charlie Hebdo

Cette fois-ci, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vais parler, dans le cadre de mes "billets-hommages du 7" Charlie Hebdo, d'un "hors-série" trimestriel de l'hebdomadaire que j'ai récemment acheté en kiosque (et a priori toujours en vente). Il s'agit d'une "compilation thématique" de dessins de Cabu, que j'étais loin de connaître tous. 

Cabu, Premier écolo de France, Hors-série N°31H, juin-août 2024. 9,50 euros, 80 pages

 

J'y ai compté 180 dessins (couv' et 4e de couv' compris). L'année de parution est indiquée pour chacun. À côté du sommaire figure la mention: "La  majorité des dessins présentés dans ce hors série ont été publiés dans Charlie Hebdo". Mais le seul "rédactionnel" consiste en l'édito de Riss, expliquant par exemple qu'au début des années 1990, les climato-sceptiques constituaient un motif des rares colères de Cabu. J'aime bien ce dessin de couverture, où le "cri" utilise les mains en porte-voix et non pour se boucher les oreilles, et où le "danger" dans le dos ne vient pas d'un coucher de soleil aux couleurs volcaniques mais d'une bagnole noirâtre!

Parmi ces dessins dont le plus ancien remonte à 1971 et les plus récents à 2014 sauf erreur de ma part, figurent donc aussi bien des dessins de presse des années 1970 (dans Charlie première série) que des caricatures plus politiques, des reportages ou des couvertures, des coups de gueule comme des "coups de patte" plus ou moins tendres, et parfois plus récents. Quelques dessins valant mieux qu'un long discours, en voici quelques citations pour vous donner envie de vous fendre d'investir dans ce Hors-série!

p.69, j'avoue que le dessin ci-dessus et sa date sont une énigme pour moi: en 1981, l'hebdo Hara Kiri existait-il donc encore? A-t-il été relancé à un moment ou un autre? Quand s'est passé le combat contre les centrales nucléaires? Quelle était la position de François Mitterrand?

p.7. Excellent! Le grand remplacement... du transat en double, à l'époque?

p.21: c'était avant que Zizou pique son coup de tête, avant que l'Abbé Pierre... mais j'y reviendrai un jour. Était-ce avant que les Français préfèrent - pour un temps - le diesel?

 Qui, en 2024, se rappelle encore le Grenelle de l'environnement (p.41)?
C'était avant le retour attendu de la "guerre de haute intensité" et le "réarmement du moral de la nation" qui semblent aujourd'hui davantage motiver les "responsables politiques"...
C'était en 2007, il y a désormais 17 ans!

Un dessin qui m'a fait rire (je sais, c'est pas gentil...), p.46

Dessin de l'an 2000... À 95 ans désormais, catégorie "super-vétéran", ça aurait de la gueule, non? (p.75)

On peut y suivre l'évolution de son personnage emblématique "Mon beauf" au fil des décennies (1979 en haut à droite, 1998 en bas à gauche, pp.46-47). Les années passent, les actualités télévisuelles et les thématiques restent (de tels dessins seraient tout aussi parlants aujourd'hui).

 

Comme souvent avec les "compil" de Charlie Hebdo, je reste sur ma soif inétanchée d'informations sur le contexte historique de chaque dessin... qui sont tous copyright Véronique Cabut, bien entendu.

*** Je suis Charlie ***

5 août 2024

L'hypothèse de Copenhague - Oscar Caplan

Si vous trouvez que ce roman policier de 862 pages est un peu long, lisez les cent dernières pages et vous aurez en gros compris l'intrigue de l'histoire. L'hypothèse de Copenhague de l'italien Oscar Caplan (Rivages / Noir, 862 pages) se passe de nos jours entre le Vatican, Paris et le Louvre, Londres, la Grèce et vers la fin en Arabie Saoudite avec une incursion dans le passé pendant la période pharaonique en Egypte, au temps d'Amenothep IV, devenu Akhenaton, adorateur du disque solaire. Ce pharaon faisait partie d'un courant à l'origine des religions monothéistes. Et c'est justement l'un des sujets du roman, car l'histoire commence avec l'"accident" de voiture du cardinal Vanko Saint-PIerre, qui avait un rendez-vous avec le pape. Dans sa serviette, son frère Théo Saint-Pierre retrouve des parchemins et des notes qui n'ont pas grand sens. Théo travaille au Louvre en tant qu'égyptologue. Et de fait, il se met à enquêter sur la mort suspecte de son frère Vanko, qui aurait pu faire des révélations qui auraient remis en cause des religions  comme le catholicisme. Parmi les adversaires de Théo, on trouve entre autre un prélat espagnol Mgr Guzman, une des têtes de l'Opus Dei et une société secrète, le groupe Bilderberg. Le roman traite aussi de l'Exode dans la Bible et de Moïse, et pas mal de physique quantique. Même si le roman se lit bien, il est un peu long mais je ne regrette pas ma lecture qui m'a appris des choses, dont le fait qu'il y a des volcans en Arabie Saoudite, et qui expose des théories pas totalement farfelues. Jean-Marc Laherrère en a dit du bien. 

 

Ma lecture rentre dans les challenges "les pavés de l'été 2024" de la petite liste et "les épais de l'été 2024" de Ta de loi du cine. 

 

3 août 2024

Terra formars - Tachibana Kenichi & Sasuga Yû

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vais (comme souvent) enfoncer une porte ouverte en remarquant que "la presse" nous abreuve, en ces temps de performances, des récits de l'étude menée sous l'égide de la NASA ayant consisté à faire vivre quatre personnes durant 378 jours, dans un environnement et des conditions de vie similaires à celui d'une expédition martienne (espace restreint, caractères devant s'accommoder d'une durable promiscuité, communications avec les proches soumise à délai...). D'autre part, IRL ("dans la vraie vie", et non dans la fiction), nous ne sommes peut-être plus qu'à quelques années d'un retour humain sur la lune, présenté comme un préalable indispensable à la fameuse expédition martienne pour laquelle on ne nous donne pas vraiment de date. Je n'ai pas réussi à retrouver l'information de ce qui nous était "communiqué" début 2007, il y a 17 ans et demi, au moment de la création du présent blog... mais en tout cas, en 2004-2005 (Georges W. Bush étant Président des E-U), un retour sur la lune était prévu pour 2019-2020, prélude (déjà) à un futur voyage humain vers Mars. Aujourd'hui (2024), la mission Artemis III vers la lune est prévue pour 2026.

Après cette longue introduction, place à l'oeuvre "de fiction" que je chronique aujourd'hui, inscrite à mon challenge marsien, au 12e Challenge de l'imaginaire proposé cette année par Tornade, et au XVe Summer Star Wars du RSF blog (Lhisbei).

L’argument initial du manga Terra Formars (Tachibana Kenichi [dessin] & Sasuga Yû [scénario], 22 tomes parus en France chez Cryunchyroll) a tout pour prendre place dans mon « challenge marsien » : à la toute fin du XXVIe siècle [en 2599…], les humains de la terre s’apprêtent à explorer Mars, dont la « terraformation » a été entamée cinq siècles plus tôt, par l’envoi d’un lichen et d’un insecte. Leur vie en symbiose était censée engendrer suffisamment de rétroactions positives pour changer, à long terme, le biotope de la planète rouge, effectivement devenue verte. Mais l’accueil de ces premiers (?) « marsonautes » humains est plutôt réfrigérant!

 

Ayant trouvé (d'occasion) à acheter les deux premiers de la série (T.1 sorti au Japon en 2011 et en France en 2013), avec ce "Pitch" qui n'était pas inintéressant, j'ai emprunté les 20 suivants en bibliothèque (le T.23 vient tout juste de paraître au Japon). Je viens de finir de les lire. Alors... comment dire? Ce n'était pas une série pour moi (telle que je les aime). Qui sont donc les fameux "terraformars"? Aucune des couvertures ci-dessus n'en montre un. En voici un échantillon ci-dessous (T.1, p.28-29)!

En voilà des cafards! À peine un demi-millénaire sur Mars, et les voilà devenus humanoïdes d'apparence. La massue que l'un d'eux porte donne une indication du "climat général". Le mot "climax" (permanent) est tout autant approprié. Le tome 1 voyait le retour piteux sur terre de deux survivants terriens sur 15 (oui, je spoile... mais si peu!). Le T. 17 voit la fin de la seconde partie... avant de rebooter. 

 

Je dois me rendre à l'évidence: ici, l'existence de la planète Mars n'est guère que l'argument de départ, un prétexte pourrait-on dire. L'histoire pourrait se dérouler sur n'importe quelle planète, réelle ou imaginaire. C'est l'affrontement "à mort" de deux civilisations (?) que tout oppose, les Terriens versus... (on a lu cela cent fois en SF). Mais tout au long de ces dizaines de tomes, c'est la "baston" qui prime. Des images de "bagarres" somptueuses, qui raviront les amateurs du genre. 

 

Les techniques de "terraformation" ayant donné le "la", tout l'argument du manga repose sur les biotechnologies, les possibilités de greffes, sur des humains déjà pré-sélectionnés, de caractères animaux (insectes essentiellement mais non exclusivement) voire végétaux (dans une moindre mesure). Ces caractéristiques leur servent dans un seul but: en faire de meilleurs combattants, plus forts, plus efficaces, plus résilients (capables de régénérer tout ou partie de leurs membres ou organes, voire même de ...survivre à leur mort), les transformant (temporairement, après piqure) en des sortes de "super-héros". Il y a de temps en temps des pages très érudites qui vont insister sur le caractère animal et l'aptitude acquise (vitesse, filature de soie, force en proportion de la taille, etc.) à partir d'animaux dont, je crois, fort peu seraient imaginaires (est-ce même le cas?). Cela, c'est pour les terriens. Et les antagonistes?

 

Quid de l'apparition et du développement des fameux "terraformars"? Ils apparaissent de plus en plus forts au fil de leurs contacts successifs avec des terriens. Quelqu'un les a-t-il créés ou les manipule-t-il? Distillées au fil des tomes, on a droit à quelques explications "comment?" souvent très pointues, mais les explications "pourquoi?" de leurs actions sont elliptiques, voire cryptiques. Des hypothèses sont émises, mais les terraformars eux-mêmes ne les ont (encore) aucunement validées. Il faut préciser que tout ce qu'ils disent, c'est "sgouich, sgouich"! 

 

Le scénario du manga est un joyeux (?) patchwork de baston (mais je préfère les bagarreurs de rue de Holyland), de géopolitique (ma préférence va aux politiciens et décideurs de différentes nations de Sanctuary), de stratégie (alliance et contre-alliances [les ennemis d'hier sont les alliés de demain - ou le contraire - ou inversement - c'est ça!]), mais j'aime mieux ce que je connais de Heat et de ses clans mafieux... Les "grandes puissances" du XXVIIe siècle (le Japon, les États-Unis d'Amérique, la Chine, l'Allemagne dans une moindre mesure...) coopèrent par-devant et se font des entourloupes par-derrière, pour chacune tirer la couverture à elle (trahisons, mensonges... et anticipation). Les intrigues deviennent de plus en plus complexes et tordues au fur et à mesure que la saga avance, avec en permanence des "bagarres" qui vont crescendo, des trahisons, retournements, surenchères continuelles, en une trajectoire partant du réalisme pour aller vers l'incroyable... voire le tout et n'importe quoi. À partir d'un certain moment, à chaque fois que deux super-combattants s'affrontent, leur combat est porteur d'enjeux planétaires... (ah oui, je vous l'avais pas dit? Dans la troisième partie, ils ont débarqué sur terre, les "terraformars..."). Bon, je reconnais qu'à la douzième fois, sans que rien n'avance, ça commence à devenir lassant (pour moi), la baston pour la baston... On ne sait toujours pas comment cela va finir (si cela va finir?). J'avoue que, pour ma part, j'aime bien la SF ayant un commencement, un milieu et une fin (pas forcément heureuse, hein). 

 

Je me demande en tout cas si le scénariste a lu les Chroniques martiennes pour s'inspirer de leur "crescendo" initial? D'autre part, si l'on regarde les choses avec superficialité, les "100" membres" de la 3ème expédition (le gros du manga actuellement paru, jusqu'au tome 17) peuvent faire songer aux "Cent premiers" de la Trilogie martienne de Kim Robinson (eux aussi hors du commun, sélectionnés pour leurs compétences et aptitudes...). 

Tome 21 p.: Mars attaque... sur terre! En pleine poignée de mains, que l'on pourrait espérer enfin "pacifique", entre "dirigeants"... 

 

J'ai trouvé quelques avis dans des blogs (liste non exhaustive, je ne m'interdis pas d'en rajouter d'autres par la suite). Glob (blog Le critique, dernier billet en 2020) avait chroniqué le T.1 en 2016. Broyax est quelque peu déçu par la série. Constantin avait présenté les six premiers tomes en 2016. Anvil (du Gaffoblog) a rédigé un bel article sur les 20 premiers fin 2017. Java (blog Une poule sur un mur) a chroniqué le tome 1 d'un "spin of". 

 

En ce qui concerne les fictions spatiales, je préfère de beaucoup Space Brothers, sans rapport (à ce jour) avec Mars, mais sur lequel j’aurai certainement l’occasion de rédiger un billet, une année ou l’autre, lorsque la publication de la série sera achevée en France… 

 

Et pour finir avec un peu plus d'humour: je n'ai pu m'empêcher de sourire lorsque j'ai découvert dans le dernier Charlie Hebdo le dessin ci-dessous, à cause de la coïncidence avec ma lecture du moment... 

Dessin de Foolz paru dans Charlie Hebdo N°1671 du 31 juillet 2024 (p.6).
Je me suis demandé si c'était une allusion au manga?

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