A l'occasion cette année du centenaire de la naissance de John Wayne, je voudrais évoquer un de ses meilleurs films, L'homme qui tua Liberty Valance de John Ford, qui date de 1962. Il partageait l'affiche avec James Stewart et le rôle de Liberty Valance est tenu par Lee Marvin. L'histoire est un long flash-back raconté par Ransom Stoddard (James Stewart) devenu Sénateur de l'Etat. Il vient assister à l'enterrement de Tom Doniphon (John Wayne), accompagné par sa femme Hallie (Vera Miles). Il se remémore les événements qui lui ont fait rencontrer Tom. Attaqué au cours d'un voyage en diligence par la bande à Liberty Valance, Stoddard est laissé pour mort. Il sera recueilli et soigné dans une ville voisine. Parmi ses sauveteurs figure Tom Doniphon. On ne saura qu'à la toute fin qui a tué Liberty Valance. Ce n'est pas très important. En revanche, Tom Doniphon aime Hallie mais il la laisse partir car elle est tombée amoureuse d'un autre, Ransom Stoddard qui lui apprend à lire. Beau film classique qui mérite d'être acheté en DVD. D'ailleurs, un grand nombre de films de John Wayne viennent de paraître en DVD. Même si je ne suis pas une immense fan de cet acteur, il faut reconnaître qu'il a tourné dans des films qui appartiennent à la légende du 7ème Art, comme la Chevauchée Fantastique de John Ford (1939).
Commentaires sur L'homme qui tua Liberty Valance - John Ford
- UNE GUEULEUne gueule inoubliable du 7e Art. On peut dire que le western a rendu l'âme avec lui. A l'exception de Clint Eastwood qui l'a revisité à sa façon et avec un éclairage nouveau, plus juste et surtout plus humain. Mais il n'empêche que ce sacré John Wayne était unique et faisait preuve d'une présence à l'écran impressionante. C'est bien de lui rendre hommage. ARMELLE
- L’homme qui tua Liberty Valance, ce n’est rien moins qu’un de mes films de chevet. Je peux le regarder en VO, en VF (enfin l’ancienne) ou même dans une version mixte, je trouve ce film toujours autant abouti, et qui peut s’apprécier à plusieurs niveaux de lecture.
Sans trop rentrer dans le détail (ce qui est rare pour moi), bien plus qu’un simple western, même crépusculaire, c’est la lutte entre deux mondes dans l’Ouest Américain qui s’opère ici : d’un côté il y a la loi du colt, incarnée pour son côté éclairé par Doniphon/Wayne et pour son côté sombre par Valance/Marvin, et de l’autre il y a la loi au sens strict incarnée par Stoddard/Stewart.
Je ne suis pas d’accord avec le fait de penser qu’il n’est pas important de savoir qui a tué LV : c’est même le sujet essentiel quand on analyse le film. La construction de cette nouvelle Amérique ne doit pas se faire sur le sang et c’est bien tout le dilemme qui torture l’un de nos héros.
En allant encore plus loin, ce film peut s’entendre comme une ode globale à la démocratie, contre toute forme de totalitarisme brutal. Les enfants et les femmes apprennent à lire et à écrire, les hommes vont voter (la scène du restaurateur suédois Ericson/John Qualen est significative à cet égard), la constitution va s’établir et le progrès va arriver, pour tout le monde.
Près de 60 ans après sa sortie, il reste d’une actualité brûlante. Mais pour que cela fonctionne, il faut que les plus rétifs le comprennent et s’effacent. A l’image du couple Gary Cooper-Richard Widmark dans Le jardin du diable d’Henry Hathaway, il faut qu’il y ait quelqu’un qui reste pour faire le boulot.
Et ce boulot, ce n’est rien d’autre que l’émancipation de la femme. Là c’est Susan Hayward, ici c’est Hallie/Vera Miles. Elle ne tourne pas le dos à l’ancien monde, elle ne fait qu’avancer et il sera grand temps de revenir à ses racines quand les choses auront bougé. Ah les yeux de Vera Miles dans le train du retour lorsqu’il est question une dernière fois de l’homme qui tua Liberty Valance…
Et je laisserai le mot de la fin à l’acteur méconnu Carleton Young qui dit que, phrase reprise par Massimo Troisi dans Splendor d’Ettore Scola, quand la légende dépasse la réalité, alors on publie la légende (when legend becomes fact, print the legend). Je l'emploie aussi beaucoup.
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