Je viens de lire avec passion Train de nuit pour Lisbonne de Pascal Mercier, paru en 2006 aux Editions Maren Sell, dont le héros est professeur de latin et grec et enseigne aussi l'hébreu. Raimund Gregorius donne ses cours dans un lycée de Berne, ville de la Suisse alémanique. Quand le roman commence, Gregorius se prépare à partir au lycée à pied comme d'habitude. En traversant un pont, sa rencontre avec une femme qui se dit être "portuguès" puis l'achat d'un livre "Um ourives das palavras" (Un orfèvre des mots) d'un dénommé Amadeu de Prado qu'il trouve dans une librairie va lui faire tout quitter, sa ville de Berne, le lycée, ses élèves et sa petite vie tranquille. Il se retrouve au Portugal, à Lisbonne. Là, il mène une enquête pour savoir qui était ce Amadeu de Prado. Au début, il se fait traduire le roman oralement puis au fur et à mesure, il se met à apprendre le portugais pour bien s'en imprégner. Il rencontre des personnes qui ont cotoyé Amadeu décédé 30 ans auparavant, dont ses soeurs Adriana et Mélodie et un ancien ami de lycée. Amadeu, devenu médecin, culpabilisera d'avoir sauvé un des sbires du terrible général Salazar. Comme Gregorius, il joue aux échecs. Homme brillant et d'une intelligence supérieure, Amadeu souffre de fêlures intérieures que l'on découvre peu à peu grâce à des lettres qu'il a écrites et à ce livre qui est une suite de pensées personnelles à tendance philosophique. J'ai été sensible à l'atmosphère de ce livre qui se passe hors du temps. Tout est figé. L'histoire se passe vers 2004 et pourtant, il n'y a pas de portable, pas d'internet. Il n'y a que le téléphone fixe. Le roman est très agréable sans être toujours très facile d'accès, mais on se sent intelligent quand on lit ce genre d'ouvrage. Le romancier, Pascal Mercier, que je ne connaissais pas, est lui-même professeur de philo et cela se sent. Un roman à lire si vous pouvez.