Je rédige ce billet immédiatement après avoir vu There will be blood de Paul Thomas Anderson. Je suis encore sous le choc. C'est un chef-d'oeuvre à ne manquer sous aucun prétexte, adapté (d'après ce que j'ai lu) des 150 premières pages du roman Le sang de la terre d'Upton Sinclair (1927), premier volet d'une trilogie qui vient de reparaître aux Editions Gutenberg. Tout d'abord, j'évoquerai l'interprétation de Daniel Day Lewis digne d'éloges, il est à l'écran de la première à la dernière image de ce long film de 2h40 qui passe très vite et qui est très riche sur le plan visuel. DDL ne surjoue jamais, il a plus que mérité son Oscar, il a pris l'intonation de voix (paraît-il) de John Huston. Il est habité par le personnage de Daniel Plainview. Tout commence en 1898, Plainview est en train de creuser tout seul un trou pour trouver du pétrole. Il prospecte sur des terrains désertiques en Californie et au Nouveau-Mexique. La seconde séquence se déroule en 1902, Plainview a maintenant de l'aide et ses recherches prennent tournure. Un de ses compagnons, qui a un bébé sur les bras, meurt à la suite d'un accident de forage. Ces deux séquences sont sans parole mais avec une musique crissante que l'on n'oublie pas. Toute la bande-son est un mélange de musique classique (3ème mouvement du concerto pour violon de J. Brahms ) et de musique contemporaine de Radiohead. Plainview recueille l'enfant qu'il élèvera comme son fils. C'est le seul moment de tendresse du film qui est aussi dur que le personnage principal dans un monde sans femme. Lors d'une scène, il déclare qu'il déteste le genre humain et que c'est pour cela qu'il veut devenir riche pour s'éloigner de ses semblables. En 1911, Plainview a gagné sa réputation de pétrolier mais il cherche toujours et encore. Il achète à bas prix des terrains à forer, dont un qui appartient à un membre très pieux d'une congrégation religieuse fondamentaliste. Pour conclure l'affaire, il accepte de faire partie de la dite congrégation et de se faire baptiser. Nous assistons à la confrontation entre Plainview et le jeune prêtre évangéliste (l'argent et la religion), Eli Sunday qui se trouve être aussi le fils du propriétaire du terrain convoité. Plainview, qui a des péchés à se faire pardonner (le meurtre d'un homme qui s'est fait passer pour son frère), est sauvé, alléluia. C'est une des nombreuses scènes d'anthologie du film. En revanche, le fils adoptif de Plainview devient sourd suite à une explosion de gaz. Toute la dernière partie du film se passe en 1927. Plainview, fortune faite, vit retiré, tel Citizen Kane ou Howard Hughes. Il s'entraîne à la carabine sur des objets de son salon. Son fils adoptif, qui a appris la langue des signes, s'est marié avec la soeur d'Eli. Il décide de s'affranchir de la tutelle de son père. Connaissant le métier de pétrolier, il annonce à son père qu'il part au Mexique. Plainview le prend très mal. Ce fils devient un concurrent dans le business et il lui dit qu'il n'était qu'un bâtard dans un panier, "a bastard from a basket", phrase répétée de façon lancinante. Eli vient aussi lui réclamer de l'argent, ne sachant pas que Plainview n'a plus besoin de lui. Plainview lui fait dire qu'il est un faux prophète: dernière scène magistrale. La dernière réplique du film: "J'ai fini", après qu'il a tué à nouveau un homme, termine de façon abrupte There will be blood, film sans concession, dur comme du roc et qui n'a pas un plan inutile. A peine sorti, déjà un classique, à mon humble avis.
Commentaires sur There will be blood - Paul Thomas Anderson
- Tellement de critiques aussi élogieuses, chef d'oeuvre annoncé. Je reste quand même méfiant. Paul Thomas Anderson qui m'a déjà fortement ennuyé (voire agacé) avec ses films précédents, serait-il capable de faire dans le moins complaisant ?
Je crains un nouveau syndrome Gus Van Sant où tout le monde s'espante devant le grand maître. Je le crains, fortement. J'irais le voir, sûrement. Je ne demande qu'à être rassuré et conquis. - Vu aussiJ'en sors...
C'est un pavé assez lourd a diriger mais en gros j'ai bien aimé. Faudrait que je le revois mais d'ici là je ne parlerai pas de chef-d'oeuvre... le film est tellement riche qu'il mérite un second visionnage. DDL magistrale prestation en effet... surtout avec le final ou il explose litteralement à l'écran.
J'ai vraiment envie de voir les autres films de Anderson.
PS : bonne comparaison avec Kane - There will be bloodBonjour,
Pour ma part, je suis plus partagé concernant ce film. Une chronique plus complète sera visible dès demain sur mon blog. En attendant, voilà comment je compte la conclure.
J'avoue que j'ai du mal à recommander ou non ce film. Expressément à fuir pour celui qui recherche le divertissement, le film possède quelques atouts qui plairont à celui qui sait apprécier les films contemplatifs. Pas franchement agréable à suivre, le film laisse toutefois une impression assez bonne. On regrette toutefois, non pas la longueur mais les longueurs du film, qui desservent incontestablement le film. On regrette aussi que le traitement réservé à l'exploitation du pétrole soit si peu intéressante, le film se focalisant surtout sur le long chemin d’un misanthope vers la folie (incarné par un Daniel Day-Lewis impérial qui eclipse par son talent la majeure partie des autres acteurs, plutôt convaincants pourtant). Et justement, en matière de parcours hors du commun d'hommes sombrant dans la démence, des films comme "Aviator" et "Scarface" (similaires pour la progression vers la folie qu'ils narrent, leur mise en scène inspirée, leur longueur, leur performance d'acteurs et leur conclusion onirique) auront ma préférence s'il doit y avoir revisionnage. Car si j'ai globalement apprécié le film la première fois, sans vraiment l'aimé pour autant, il ne m'a pas complètement convaincu non plus. Je préfère donc m'en tenir à cette première impression.
Amicalement,
Shin. - Ne pas oublier Paul Dano, tout de même surprenant face à DDL !!! Paul Dano, en rôle de prêtre, semble paisible et austère au début du film. Quel surprise, autant par la force de l'interprétation que par la révélation du vrai caractère du prêtre, lorsque Paul Dano prononce son premier sermon, complètement illuminé (au mauvais sens du terme...)!!
Il est clair que le film s'annonce dès le début comme un chef d'oeuvre crispant, noir, cynique et impressionnant. - There Will Be BloodSalut Dasola,
"There Will Be Blood" est un film très réussi. Malgré sa durée, on ne voit pas le temps passé étant donné la qualité du scénario et l'interprètation incroyable de Daniel Day Lewi tout come celle de Paul Dano.
Juste un bémol selo moi, c'est la bande son qui n'est pas selon moi toujours en accord avec l'ambiance du film.
Par moment, celle-ci est assez énervante, elle n'apporte pas forcément un intérêt. Le silence est beaucoup plus parlant. - ClassiquePour moi, classique instantané, je n'ai pas peur de le dire. C'est amusant de voir comment, dans la presse, ce film fait l'unanimité (à part chez les Inrocks qui cassent tous les Anderson depuis Boogie Nights) mais que sur les blogs, les avis sont très divergents... Comme si, par nécessité, les bloggueurs refusaient d'être en accord avec la presse...
En tout cas, très heureux que tu aies appréciéPaul Thomas Anderson est vraiment LE cinéaste qui me branche le plus pour le moment, et Day-Lewis est assurément le plus grand acteur de sa génération.
Film superbe !
PS : alors que tu m'as laissé tant de commentaires je viens à peine ici pour la première fois... Shame on me... Mais je me ferai pardonner ! Promis ! Je t'ai d'ailleurs d'ores et déjà mis dans mes favoris pour venir plus souvent dans le coin
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Vlad