J'avais acheté ce DVD depuis au moins un an si ce n'est davantage. C'est mon ami qui l'a déniché dans une de mes "piles à voir" et nous l'avons regardé. L'Ile nue, Grand Prix du Festival de Moscou en 1960, n'est pas un film muet mais un film sans paroles avec de la musique et quelques bruits par-ci par-là. Aucune parole n'est échangée entre les protagonistes. C'est un parti pris du cinéaste qui n'est pas si gênant à la longue. On se concentre sur l'image, sur ce qu'on voit. Depuis l'île aride qu'ils habitent, un couple de paysans pauvres effectue encore et encore, à longueur d'année, les mêmes très longs trajets en barque pour conduire (vers le continent ou une plus grande île) un de leurs garçons à l'école, mais surtout pour aller chercher de l'eau douce qu'ils recueillent dans deux tonnelets très lourds placés à chaque bout d'une grosse perche pour former un balancier sur les épaules. Chaque pas est un effort, il ne faut pas tomber malgré la lourdeur de la charge. Cela leur permet, quand ils sont de retour sur l'île, d'arroser leurs cultures en terrasse sur cette île pentue. Ils s'échinent à faire pousser des grains et autres productions, qu'il pourront vendre pour se procurer un peu d'argent.
Sur l'eau, c'est soit le mari qui manie la godille, soit la femme. On note le contraste qui apparaît avec d'autres barques à moteur, qui vont bien évidemment plus vite et sans fatigue. Le rapport au temps est intéressant: d'un côté, la répétition immuable des mêmes gestes (puiser l'eau, la transporter en barque, l'amener aux plantations, arroser...), jour après jour. De l'autre, le passage accéléré des trois saisons (annoncées à l'écran) que dure cette action immobile. Lors de la saison des pluies, le contraste est saisissant entre la violence de la pluie, qui inonde presque ces plantations, et leurs efforts dérisoires pour les arroser avec parcimonie le reste du temps. Une scène donne à penser que la famille sait se distraire: lors de la prise d'un poisson par les enfants qui pêchent à la ligne, l'occasion leur est offerte d'une sortie "à la ville". En revanche, j'ai été frappée par la violence qui apparaît à deux reprises: lorsque le mari gifle sa femme parce qu'elle a fait tomber un des deux tonnelets d'eau qu'elle transportait; et lors de la crise de désespoir de cette femme, folle de douleur après l'enterrement d'un de ses deux fils: elle arrache une partie de ces plantations pour lesquelles ils se donnent tant de mal, puis elle s'effondre à terre, sous le regard impuissant du mari, avant de se relever et de se remettre au travail. Pour ceux qui ne connaissent pas ce film et veulent tenter une expérience, essayez de le voir.
samedi 3 mai 2008
L'Ile nue - Kaneto Shindô
Commentaires sur L'Ile nue - Kaneto Shindô
- Eloge du mutismeCe film est unique.Et donne à voir un cinéma n'usant d'aucun artifice,et par là même,comme vous l'avez souligné,d'une âpreté et d'une violence totales.
- Oui mais la véritable question est "as tu aimé ?"
Pour ma part, j'avais déjà parlé de ce film que j'ai beaucoup aimé ( http://dvdtator.canalblog.com/archives/2007/03/26/4437152.html ). En cherchant bien sur internet, on peut récupérer quelques pistes de la sublime bande originale d'ailleurs...
Sinon pour la réaction du mari, démesurée, non je ne l'ai pas ressenti comme celà personnellement. M'enfin pour moi, quand on voit le prix de leurs efforts, on comprend qu'ils n'ont pas le temps de s'apitoyer sur eux-mêmes malgré la cruauté de la vie. M'enfin c'est ce que j'en avais plus ou moins compris, il faudra que je le revois, avec plaisir.
Une très bonne chronique par ici tiens : http://www.dvdclassik.com/Critiques/dvd_ilenue.htm
Bonne continuation. - Réponse du film 2 jours à tuerMoi j'ai trouvé son attitude vis à vis de ses enfants ignoble (au moment des dessins) la fin ne justifie pas toujours les moyens. Avec ses amis, sur le coup, j'ai trouvé comique et après le dénouement pourquoi réagir comme cela.
Le film dont tu parles je ne le connais pas du tout mais il a l'air pas mal mais je ne suis pas trop film et DVD. bon dimanche - Merveilleux!!!Je me repasse souvent cette oeuvre dure, belle et émouvante. La communion est parfaite avec ces personnages authentiques attachés à leur lopin de terre. Malgré la dureté de leur tâche, aucune plainte n'est émise et le pire devient fatalité. Ce moment de vie est bercé par une musique envoûtante qui à elle seule nous déchire le coeur. Allez, je vais bientôt le regarder à nouveau! A bientôt, Gérard
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