La maison de la mosquée - Kader Abdolah
Publié chez Gallimard dans la collection "Du monde entier", La maison de la Mosquée a été écrit en néerlandais (sa langue d'adoption) par un Iranien qui a fui le régime des mollah. D'après la 4ème de couverture, Kader Abdolah est physicien de formation, a écrit deux romans en persan et a travaillé dans un journal d'opposition en Iran avant d'obtenir l'asile politique aux Pays-Bas. Pour résumer, l’histoire m’a, en partie, fait penser à Persépolis de Marjane Satrapi [mes billets des 01/07/2007 et 04/09/2007] dans le fait que l’auteur montre que la vie sous le Shah n’était pas facile, mais qu’avec l’arrivée d'un Ayatollah bien connu, ce fut pire. Là s'arrête la comparaison. Le roman se passe dans les années 70 jusqu'à nos jours. Avec La Maison de la Mosquée, on fait la connaissance de plusieurs familles apparentées, qui vivent depuis des siècles dans une maison attenante à la mosquée. Nous avons Aga Djan, fabricant et négociant de tapis qui possède le plus ancien magasin de la ville et chef du bazar de la ville de Sénédjan. C'est un homme sage et bon. Nous apprenons qu'un des cousins d'Aga Djan est l'Imam de la Mosquée, descendant du prophète Mahomet (Il meurt rapidement après le début du roman). Les Imams le sont de père en fils. Enfin, il y a le muezzin dont le fils Shahbal jouera un rôle important dans les événements qui ont bouleversé le pays. Plus tard, en exil (double de l'écrivain?), c'est Shahbal qui raconte l'histoire de la mosquée. Même en retrait, les femmes sont présentes dont deux grands-mères qui feront leur pélerinage à la Mecque mais n'en reviendront pas. Les changements politiques et religieux de l'Iran pendant cette trentaine d'années sont perçus à travers le prisme de la vie quotidienne de cette grande maisonnée (35 pièces). La Mosquée est le lieu de réunion, de ralliement de toute la ville. Un iman venu d'ailleurs va semer le trouble et la violence. Il se marie avec Sediq, une des filles de la maisonnée. Le frère d'Aga Dja, Nosrat, photographe, se retrouve à cotoyer de très près l'ayatollah Khomeiny et son épouse. De par ce côté chronique, on s'attache aux personnages qui ont, pour certains, une destinée tragique mais le roman se termine dans un certain apaisement. Le texte est ponctué de temps en temps par des extraits de sourates du Coran. On sent que l'écrivain est très "de parti pris" contre les mollah et le fondamentalisme religieux qui sévit désormais dans son pays natal. Dans l'épigraphe du livre, l'écrivain dédie le roman à Aga Djan (peut-être est-ce une personne réelle?). Lecture très agréable que je ne peux que conseiller.