vendredi 21 novembre 2008

Sondages alimentaires rue de Rivoli à Paris

Je travaille dans le 1er arrondissement à Paris. Tant mon ami que moi voyons, régulièrement, des sondeurs qui "racolent" les passants pour leur faire déguster des produits alimentaires à la demande de telle ou telle marque qui souhaite recueillir l'avis des consommateurs. Ces derniers mois, c'était une fois pour du saucisson, trois jours plus tard, pour de la féta. Et, sur un autre trottoir 500 m plus loin encore une autre fois, pour de la bière (là, ils ciblaient exclusivement les messieurs semble-t-il!). Ou bien enfin, du jus d'orange. Les sondeurs ou sondeuses, souvent par mini-groupes de 2 ou 3, accostent chacun tel ou tel passant, selon, sans doute, des "quotas" précis (il leur faut tant de femmes, tant d'hommes, de tel ou tel âge et CSP [catégorie socio-professionnelle]...). D'abord, ils vérifient tous que ni nous ni un membre de notre famille ne travaillons pour un institut de sondage. Ensuite, ils nous évaluent en 2 ou 3 questions sur nos rapports avec le produit sur lequel porte l'enquête: consommons-nous tel produit? Quelles marques en notoriété spontanée? Et, plus particulièrement, est-ce qu'on achète [telle ou telle marque]? Si non, en général, ça avorte. Si oui, on est parti pour "ça prendra seulement quelques minutes!" vers un local spécialement aménagé (tables et chaises) dans tel ou tel immeuble tout près. En chemin (faut pas perdre de temps!), on nous demande en général âge, des fois profession, et la composition du foyer. A un moment ou un autre, il faudra fournir nom et coordonnées (téléphone), "en cas de vérification par l'institut de sondage". Et, non, nos coordonnées ne seront pas exploitées commercialement! Une fois arrivés, il y a en général un ordinateur. On apporte les échantillons à déguster (un par un). Chacun doit être analysé (apparence, consistance, goût, ...). Qu'en pense-t-on? Est-il assez, suffisamment, trop, pas assez... ceci? Puis cela? Et par rapport à l'échantillon suivant? Et au suivant encore (jusqu'à 4 parfois)? Bien entendu, le test se fait "à l'aveugle", le sondé ne peut savoir si 2 échantillons ne seraient pas en fait identiques. Des fois, c'est le sondeur qui saisit les résultats sur l'ordinateur, mais il est arrivé à mon ami de déguster ET de devoir remplir lui-même les quelques dizaines de questions sur l'ordinateur (une fois, il a reçu à la fin un petit cadeau imprévu: une place UGC!). La règle du jeu à respecter, c'est bien sûr de répondre avec sérieux, mais c'est souvent difficile, les différences sont infinitésimales... ou, ma foi, ne permettent pas de dire qu'on "préfère" tel produit à tel autre! Alors, si ce sont ces données collectées (à quelques centaines ou même quelques milliers d'exemplaires) qui déterminent ce qui nous sera proposé par nos industriels (la quantité de sucre, de sel, de gras, d'additif de synthèse... en fonction, certainement, du coût du produit fini), pauvres de nous! En fait, il y aurait je pense une véritable étude de sociologie à faire par un laboratoire universitaire, qui financerait une équipe de faux sondeurs, faisant tester strictement le même produit, mais étudiant les éventuelles différences de réactions selon ce qui est "suggéré" aux sondés (est-ce que le 2ème est plus ceci ou moins cela? Lequel des deux (ou 3, ou 4!) est le plus ou le moins ceci ou cela?). Par contre, évidemment, ça risquerait de mettre au chômage un certain nombre de boites spécialisées... et de pauvres enquêteurs de rue! Pour finir, mon ami m'a raconté comment un des sondeurs n'arrêtait pas de le remercier d'avoir accepté de le suivre: "c'est sympa!", au point qu'il s'est posé, et lui a posé, la question de savoir s'il se fichait de lui? Mais l'autre, et ses collègues, se sont récriés (avec sincérité semble-t-il) qu'ils galéraient tellement, qu'on leur rendait un vrai service en participant sans façons à leur enquête. Alors, si par hasard vous passez rue de Rivoli à Paris, soyez donc attentifs...

Posté par dasola à 01:00 - - Commentaires [8] - Permalien [#]
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