Two Lovers - James Gray

En ce qui concerne Two lovers de James Gray, après avoir lu et entendu de nombreuses critiques et parcouru des blogs, je pense être (pratiquement) la seule à ne pas avoir trouvé ce film génial. Je l'ai trouvé long et lent. Je ne dirai rien de la première séquence pour la bonne raison que je m'attendais à ce que le film se termine comme la scène d'ouverture. L'histoire se passe dans la communauté juive (russe?) à Staten Island, pendant l'hiver. Un homme, Leonard (Joachim Phoenix) qui vit encore chez ses parents, tombe amoureux de deux femmes en même temps, une blonde, Michelle (Gwyneth Paltrow) et une brune Sandra (Vinessa Shaw). Il a le coup de foudre pour Michelle qui est une voisine de palier. Sandra est la fille d'amis des parents de Leonard. On nous parle de passion, je ne l'ai pas ressentie. Gwyneth Paltrow est terne et un peu froide (comme la saison où se déroule l'histoire, en décembre-janvier). Je n'arrive pas à comprendre le coup de foudre de Léonard (Joachim Phoenix) mais tous les goûts sont dans la nature. Joachim Phoenix (trop mûr pour ce rôle) a d'ailleurs l'air de s'ennuyer pendant toute l'histoire, il traîne son "spleen". Pendant tout le film, je me disais "cela ne peut que mal finir", cela aurait été logique à mes yeux. Mais non, la raison l'emporte sur la passion et voilà tout.

Comments

[Oriane]

Ah,c'est vrai que ce film divise beaucoup... Malheureusement, je ne suis pas d'accord avec votre critique car il faut dire que je suis sous le charme de ce film, l'ayant placé à la première place dans mon top 10 de 2008. James Gray est un réalisateur très talentueux et avec une belle sensibilité. A partir d'une histoire banale, il nous dépeint les hésitations de Joachim Phoenix, certes entre la passion et la raison, mais aussi entre l'adolescence et l'âge adulte ; ce balancement perpétuel entre deux femmes. Le film est filmé comme un polar, par exemple lors de cette séquence sur la fin où il revoit Michelle pour la dernière fois et qu'elle lui annonce la terrible décision.
C'est sûr, La nuit nous appartient est beaucoup plus impressionnant que Two Lovers, mais les deux contiennent la même force et une maîtrise efficace des personnages et du scénario.

[D&D]

Bonjour Dasola,
Non, non, vous n'êtes pas la seule car s'il m'en souvient bien, le film avait très fortement divisé à Cannes et j'ai pour ma part lu pas mal de billets s'opposant violemment à "Two Lovers".
Quelque part, depuis "La Nuit nous appartient", l'opposition de deux perceptions s'exacerbe quant à ce cinéaste. Enfin, je crois...
Quoi qu'il en soit, je ne pense pas que la force de ce film soit à chercher du côté de l'histoire qu'il raconte. Je comprends que l'on puisse trouver cela fort ennuyeux ou incompréhensible par moment...
Mais, pas de doute, personnellement : je suis "avec" cette oeuvre.
A nouveau : très bonne année à vous.

[sarah]

voici mon interprétation du film: comme tu dis le coup de foudre pour Gwyneth paltrow est incompréhensible, mais moi j ai interprété cela comme le fait que cet homme est fragile et un peu cinglé, ce qui explique qu'il se vautre dans cet amour sans issu pour une fille qu il connait à peine...

Du coup, je vois la fin un peu plus optimiste, car c est peut etre la raison qui triomphe mais aussi quelque chose de plus "sain". Je pense qu il peut etre heureux avec la brune, non?

Enfin, bref, j ai bien aimé ce film, surtout la fin en fait... (la scène avec la mère dans l escalier est très émouvante: quelle belle preuve d'amour maternel, comme la scène dans la cour qui m'a arraché des larmes, ou même la scène où les gants tombent dans l'eau, qui finalement redonne espoir...)

[Rosa à Nio]

Tu compares à Woody Allen à juste titre : même thème, même milieu familial mais là où Woody Allen est drôle et percutant lui est ...lourd.

[Rosa]

Non ! Tu n'es pas la seule ! Je n'ai pas du tout aimé.Comme toi je n'ai ressenti ni passion ni émotion.
Le personnage est lourd et peu crédible. Le dénouement trop prévisible et les symboles ringards comme l'écrin à bijoux dans le sable...
Je me suis ennuyée.

[anjelica]

En effet, la fin peut paraitre peu crédible...
Pour ma part, j'ai vraiment apprécié l'esthétique du film et les très bonnes interprétations et tout particulièrement celle de Joaquim Phoénix.

[vierasouto]

Moi non plus, je n'ai pas été emballée par ce film car j'ai été imperméable à la passion décrite! Je pense aussi que les personnages sont trop vieux pour l'histoire, il y a quelque chose de fabriqué avec ce "fenêtre sur cour", et G.Paltrow est un marbre (élégant), donc, ça n'aide pas. @+

[ffred]

Tu sais déjà que j'ai beaucoup aimé (il n'y a qu'à voir la nouvelle présentation de mon blog !). Pour moi James Gray nous offre (comme l'an passé) encore l'un des plus beaux films de l'année, dans un genre différent. Le fait que cette passion ne transparaisse pas à l'écran mais qu'elle existe vraiment est peut être là le vrai tour de force. Ce sont des personnages qui ne s'expriment pas facilement dans la vie donc ces sentiments si profonds et personnels ont du mal à sortir. Le metteur en scène nous fait vraiment ressentir ce qui se passe dans leur tête. La fin est, pour moi, bien plus dur et plus triste que celle que tu aurais souhaitée. Certes le retournement est rapide et imprévu mais tellement plus déchirant, il choisis une vie où il va s'enterrer vivant, et ce n'est peut être pas mieux. C'est certes, tellement moins romantique... Dernier point j'ai trouvé Isabella Rossellini vraiment formidable et la scène de l'escalier est une des plus belle du film. Bon j'espère que je n'ai pas trop "spoilé" ! Tu peux me censurer ! :) Bonne journée.

[Cécile]

Je l'ai vu la semaine dernière et contrairement à toi, j'ai bien aimé.
Par contre, je comprends entièrement ce que tu as ressenti. Moi-même j'ai été déstabilisée par Joachim Phoenix (quelle idée de revoir "La nuit nous appartient" une semaine avant !!!) un peu "mou", perdu.
Par contre, je n'analyse pas la fin comme toi. Pour moi, la raison ne l'emporte pas sur la passion car il a cessé de prendre ses médicaments et pour moi, son retour vers la brune n'est qu'un "coup de tête" et les déboires sentimentaux de ce jeune homme ne sont pas près de s'arrêter...

[Wilyrah]

Non ! Moi non plus je n'ai pas vraiment aimé. Une déception. J'ai trouvé ça lent et antipathique.

[La nymphette]

Une fois de plus nous sommes d'accords... Je suis perplexe sur les avis opposés que provoque ce film... Ce doit donc être un bon "objet artistique"!

[Nio]

Juste pour dire ironiquement que si vous trouvez ce film lent, n'allez pas voir "Hunger" sorti récemment et que j'ai vu cet après-midi. Surtout si vous êtes fatigués, deux plans séquences fixes risquent de vous achever par leur formidable inutilité. :D

(et en plus, il y a un clin d'oeil énorme à Tarkovski à la fin du film. Malgré tout, j'ai bien aimé ce "Hunger")

[chiffonnette]

Bonjour Dasola!
Je dois dire que je suis d'accord avec toi! Pas forcément pour les mêmes raisons, mais j'ai trouvé ce film à la fois lent et pénible. Pénible à cause des mouvements de caméra, pénible à cause des personnages, pénible à vause des décors. Pour moi, cette histoire d'amour est tellement banale que rien ne vient relever le sentiment de se voir raconter pour la millième fois la même chose.

[anjelica]

Je pense y aller ce week-end, verdict la semaine prochaine !

[Oriane]

Bon, hé bien je ne suis pas du tout d'accord avec ta critique, pour une fois !

Déjà, j'aime beaucoup James Gray. C'est un cinéaste qui a une grande sensibilité et une profonde tendresse envers ses personnages, et les acteurs qui les jouent.
Je m'interrogeais bcp sur le fait qu'il s'intéressait à une histoire d'amour, sortant de son style habituel. Mais en fait, cette histoire est filmée comme un film noir. Je ne me suis pas du tout ennuyée et je trouve que Gray a fait beaucoup de progrès dans son scénario, sur le rythme, sur le balancement perpétuel de Léonard entre ces deux femmes.
Je comprends cependant ta frustration face à l'interprétation de Joachim Phoenix car son personnage n'est pas facile, très complexe et un peu dérangé. D'où ce coup de foudre qui peut sembler étrange. Paltrow se débrouille plutôt bien mais Vinessa Shaw est beaucoup impressionnante, très juste dans son rôle assez discret. En fait, le film est centré sur Léonard et Michelle, tous deux pas assez mûrs pour affronter la vie réelle et croyant éperdument à la passion.

Et puis, la façon de filmer de Gray est tout de même très belle, fluide, amoureuse de ses personnages. C'est dommage que tu n'aies pas accroché...

[Nio]

Et bien j'ai pour ma part beaucoup aimé malgré quelques petits défauts mineurs.

Commençons donc par les défauts : Joaquin Phenix parfois impassible. Du moins je l'ai ressenti comme ça et j'ai eu du mal à m'habituer à son personnage. L'histoire aussi qui pourrait sembler assez banale (en même temps, je trouve celà nettement supérieur au Woody Allen qui m'a vraiment déçu, c'est dire...).

Maintenant, pourquoi j'ai vraiment bien apprécié le film. Eh bien déjà du point de vue de sa mise en scène et parce que c'était mon premier James Gray et qu'on m'en avait tellement dit sur le réalisateur ("oui, bla bla, tu verras, il a un style assez épuré..."), j'avais peur que ce soit sur-stylisé. Et en fait non pas du tout. Il y a bien une sobriété à l'oeuvre qui parcourt tout le film du début (le générique : plan noir avec juste le titre. Encore plus rapide que chez Woody et ses éternelles polices de typographie) à la fin (les cadrages sont parfois magnifiques, on ne le souligne pas assez. Par exemple, ce plan où Phenix est en ombre chinoise quand il entend l'appel d'une Paltrow qui est malade, il faut noter la composition furtive du plan où Phenix est placé à gauche mais où toute la composition comme en peinture en fait le point de charge où le regard s'amène. Je n'ai ressenti ça que chez un autre cinéaste --un peu peintre aussi, je pense à ses "montagnes magiques" que l'on peut apercevoir en photo dans le livre chez Taschen--, le regretté Antonioni) mais elle à la modestie de ne pas trop se faire remarquer.

Et celà se sent aussi dans la musique : on appuie pas sur "les boutons à pleurs" avec envoi de violons comme dans certains drames, non. Ici, la musique est comme le vent, à peine est-elle entendue dans une déambulation nocture de rues (magique New-York. Ce court instant me renvoie presque aux films contemplatifs de Mamoru Oshii, quand la musique accompagne rêveusement le regard d'un paysage qui se déploie devant nos yeux dans "Ghost in the shell" ou "Patlabor 2". Où bien "Blade Runner" autre film qui me fait rêver pour son ambiance qui allie son/musique aux images surréelles d'une métropole où j'ai toujours voulu vivre depuis mon enfance mais que je ne peux que silloner du regard à travers l'écran du cinéma/télévision).

Et puis l'histoire. Elle est banale certes, mais de par la sobriété de la mise en scène, j'ai été étrangement captivé dès le début pour ne plus lâcher le film. Et curieusement il a déjoué ce à quoi je m'attendais (je ne m'attendais pas à ce qu'Elias Koteas quitte sa femme pour Paltrow d'ailleurs ! En général, c'est la maîtresse qu'on laisse sur le carreau) en plus de me faire ressentir ce que ressentais le personnage de Phenix. Comme Leonard, j'ai erré et marché bien souvent à cause d'une fille et j'ai pleuré, non pas en balançant un cadeau offert à quelqu'un sur une plage mais en le gardant au fond d'un placard jusqu'a ce que je le retrouve et que la douleur d'une connaissance tendrement chérie me reviennent. Comme lui et même si je n'avais pas une autre fille qui m'aimait en retour (il a la brunette qui l'aime et dont il se fout éperduement le léonard quand même), j'ai eu envie de faire n'importe quoi pour une fille : Sortie tout à fait improvisée en boîte de nuit pour le timide dépressif qu'est Leonard qui se lâche littéralement pour épater et séduire Paltrow, une situation similaire pour moi(alors que je déteste un peu les boîtes de nuit).

Mais bon, je me rends bien compte que c'est plus sur un plan personnel que le film m'a touché et je comprends qu'on puisse s'ennuyer un peu. J'avoue avoir aussi commencé à trouver le film non pas lent mais long comme toi vers la fin. :)

[alamissamoun]

Merci pour cette critique Dasola, je ne savais pas trop quoi penser de ce film, étant un grand fan de "La nuit nous appartient" et du travail de James Gray, j'étais très tenté mais un peu rebuté par le synopsis, ta critique m'a convaincu, j'attendrais...

[jade]

Non ,Dasola, vous n'êtes pas la seule !J'ai été assez déçue par Two lovers, d'autant plus que j'avais aimé les précédents films de James Gray, autrement plus consistants et que les critiques étaient toutes plus élogieuses les unes que les autres.L'histoire est fade, longue, sans passion palpable, Joachim Phoenix assez caricatural, Michelle exaspérante.Certainement pas l'histoire d'amour du siècle !

[valclair]

En effet je ne suis pas trop d'accord car j'ai beaucoup aimé pour ma part.
Je ne dis pas pour autant que c'est un film "génial". Mais j'ai eu le sentiment qu'il y avait là un style, une patte, bref la marque d'un créateur fort et original. C'est ça qui me semblait le mettre au-dessus d'autres films que j'ai vu au même moment, auxquels j'ai pris autant de plaisir immédiat, voire plus, mais ce n'était pas des plaisirs tout à fait du même ordre. C'est ce paradoxe que j'ai essayé d'expliquer dans mon billet.
L'histoire est en effet peut être un peu tirée par les cheveux, mais ce n'est pas l'important. Par contre je trouve le personnage de Léonard extrêmement fort, c'est un atout majeur du film et Joachim Phoenix est excellent là dedans, il ne traîne pas son spleen, il bascule sans cesse d'un état à un autre, de l'exaltation à l'anxiété, de la joie enfantine à la déprime, je pense que c'est très difficile de faire ressentir tout ça presque au même moment et à mon point de vue il y parvient magnifiquement.

[eelsoliver]

Bonjour Dasola!
Personnellement, j'ai bcp aimé ce film et même cette tarte de Gwyneth Paltrow s'en sort plutôt bien malgré sa beauté glaçante.
En même tps, c'est son rôlequi veut ça!

[Aifelle]

J'ai aimé ce film, bien joué et bien filmé, mais comme toi j'ai été surprise par la fin et la rapidité du "retournement".