Très très beau roman qui ressemble à un poème et que je verrais bien adapté au théâtre. Synghé sabour - pierre de patience est un livre brûlant de la rage d'une femme (dont on ne connaîtra jamais le nom) qui veille son mari. Celui-ci a été atteint d'une balle dans le bas de la nuque. Il n'est pas mort mais dans une sorte de coma. Dans leur maison, la femme le soigne comme elle le peut avec des perfusions d'eau sucrée. Le temps ne se compte pas en minutes ou en heures, mais avec les souffles de l'homme inconscient ou les grains de chapelet qui passent entre les doigts de la femme à mesure qu'elle prie, le Coran à ses pieds. Dehors, il y a des combats, il y a la guerre civile. Une des exergues du récit est une dédicace à une jeune poétesse afghane sauvagement assassinée par son mari. Pendant ce court roman ou récit (selon l'auteur), la femme est vindicative, elle dit ses frustrations. Elle dévoile quelques secrets bien gardés tous plus terribles les uns que les autres car ils pourraient mettre sa vie en danger (étant une femme dans un monde musulman). Elle se sert de ce gisant comme de "synghé sabour" (pierre de patience) c'est-à-dire une pierre magique dans la mythologie perse. On pose la pierre devant soi pour déverser ses malheurs, ses souffrances, ses douleurs, ses misères... La pierre écoute, absorbe comme une éponge tous les mots, tous les secrets jusqu'à ce qu'un beau jour elle éclate... Et ce jour-là, on est délivré. Je recommande vraiment ce magnifique texte qui se lit assez vite, il n'y a que 150 pages. Pour une fois, le prix Goncourt n'est pas usurpé. J'ai choisi de lire ce roman parce que justement il est court; que je suis admirative qu'un auteur d'origine afghane ait choisi d'écrire en français alors que ce n'est pas sa langue maternelle; et qu'Atiq Rahimi a réalisé un film que j'ai vu (et que je recommande), Terre et Cendres (2004). Chiffonnette dit du bien de ce roman.
mercredi 3 décembre 2008
Synghé sabour - Atiq Rahimi
Commentaires sur Synghé sabour - Atiq Rahimi
- Je l'ai rencontré au salon du livre de Montréal. Il a des yeux... ouf! Pas encore lu son oeuvre, je fais durer le plaisir?!?!
- Alors dés que l'on parle poésie c'est fini je décroche oui je sais mais c'est comme ça j'aime pas! mais là tu as réussi à titiller ma curiosité. Je m'en vais de ce pas reservé ce livre à la bibliothèque.
merci pour ces resumés très interessants puisque ce sont souvent des livres que je ne lirais pas ou du moins je passerais à côté en plus un goncourt.. le seul goncourt que j'ai lu et qui m'a vraiment marqué c'est le Gaudé, le soleil des scorta ça oui j'ai adoré celui ci sera-t-il le deuxième???? - Je viens de le terminer ce livre, pour une fois que je lis un Goncourt!
L'auteur pratique le français depuis l'adolescence, et il a paraît-il, pris Marguerite Duras comme modèle pour le style. En effet, ça y ressemble un peu. Mais ce livre est surtout très éprouvant: la vie de cette femme, quel enfer, quel cauchemar.
En outre, elle s'occupe de "son homme"(un odieux tyran domestique) comme une véritable infirmière. Et pour toute récompense de ses soins... - merci !Merci de ton message sur mon "allocinéblog" à propos de hunger... du coup, je me prends à lire ce que tu écris par ici et je partage avec toi le plaisir que j'ai eu à lire syngué sabour !
je ne sais pas qui tu es mais j'ai l'impression qu'on a pas mal de goûts en commun.
au plaisir de te lire,
bonnes fêtes !
christine.
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