Pour Hunger de Steve McQueen (plasticien de formation, et qui n'a rien à voir avec l'acteur de Bullitt), j'ai été tout d'abord sensible à la beauté plastique du film. L'histoire se passe en 1981 dans la prison de Maze en Irlande du Nord. Des hommes sont emprisonnés car accusés de comploter contre le gouvernement britannique alors dirigé par Margaret Thatcher (la Dame de fer). D'ailleurs, on entend la voix de cette dernière marteler qu'il n'y a pas de violence politique mais de la violence criminelle. Bobby Sands (puisque c'est de lui dont il s'agit), et quelques autres condamnés pour crimes de droit commun, se considèrent comme des prisonniers politiques: ils ne veulent pas porter la tenue pénitentiaire réglementaire. Leur révolte pour qu'on reconnaissent leur statut consiste à faire "grève" de la propreté. Ils ne se lavent pas, laissent de côté la nourriture envahie par les asticots et badigeonnent les murs de leur cellule d'excréments. Le film est divisé en deux parties (selon moi): après le début dont j'ai parlé plus haut, le dialogue entre Bobby Sands et le prêtre, suivi par la grève de la faim proprement dite (qui entraînera plusieurs prisonniers, dont Bobby Sands, dans la mort, au bout de 66 jours), forment un tout. C'est un film très fort. Le chef op' a fait un travail sensationnel et les quelques plans fixes sont des leçons de cinéma. La presque absence de dialogues tout au long du film ne m'a pas du tout gênée, bien au contraire, car c'est compensé par une photo et des plans qui se suffisent à eux-mêmes. Le premier plan du film montre un homme (gardien de prison) qui se trempe les poings dans l'eau. Il a mal. Dans le courant du film, on saura pourquoi. Personnellement, je n'ai jamais trouvé le film insoutenable mais il faut être prévenu qu'il y a des scènes qui dérangent. Les spectateurs qui assistaient à la même séance que moi ont eu quelques réactions mais personne n'est parti avant la fin. Le film a reçu entre autre la Caméra d'Or à Cannes en 2008.