Welcome - Philippe Lioret
Les critiques pour Welcome de Philippe Lioret sont élogieuses et c'est assez mérité. Nous sommes à Calais, pas loin du tunnel sous la Manche. Chaque jour, des centaines d'immigrants essayent par tous les moyens d'entrer en Angleterre. Ils viennent de pays en guerre comme l'Irak, l'Iran, etc. Je commencerai par dire que Welcome (bienvenue) est le mot tissé sur le paillasson d'un habitant raciste et intolérant (humour noir) qui ne se gêne pas pour dénoncer son voisin de palier car ce dernier abrite des clandestins. Un jeune Kurde, Bilal, 17 ans, vient de faire 4000 km à pied ou par d'autres moyens pour rejoindre la jeune fille qu'il aime à Londres. Il touche presque au but. Mais là, à Calais, il ne peut pas aller plus loin. Les camionneurs (passeurs pour l'occasion) demandent de grosses sommes d'argent. Et c'est, de toute façon, souvent peine perdue, car la police et les chiens font des contrôles permanents et arrêtent ces clandestins dont Bilal. Menotté, il passe devant un juge peu amène qui le fait relâcher car Bilal est mineur et vient d'un pays en guerre. Qu'à cela ne tienne, il décide de prendre des cours de crawl pour traverser la Manche. C'est à cette occasion qu'il rencontre Simon (Vincent Lindon), maître-nageur dans une piscine et en instance de divorce. Sa future ex-femme fait partie des bénévoles qui aident les clandestins en leur apportant à manger. Simon, lui, est dans le cas de ces gens qui prennent conscience du problème et veulent aider les clandestins qui errent sans but. Quand ils sont pris ou dénoncés, les Calaisiens sont punis de fortes amendes ou passibles de prison. Depuis la sortie du film, c'est le sujet de polémique dont on parle dans les journaux: les lois répressives contre ceux qui aident les clandestins. Il est certain que depuis la fermeture du centre de Sangatte, on ne parle pas (ou peu) de ces migrants sans papiers. Le problème reste insoluble. Concernant le film, Vincent Lindon est vraiment bien. Après Pour elle (mon billet du 15/01/09), il continue à bien choisir ses rôles. Il donne beaucoup d'humanité à son personnage. Les deux jeunes qui jouent Bilal et Mina sont des non-professionnels remarquablement dirigés. Je ne raconterai pas la fin mais quand le générique de fin a démarré, un spectateur a dit tout haut: "ce n'est vraiment pas gai". C'est une oeuvre à voir qui ne peut qu'amener des débats. L'Administration française et la France, "terre de liberté et de fraternité", ne sont pas décrites sous leur meilleur jour.