Les Brumes du passé de Leonardo Padura est un roman "noir" de 300 pages publié aux éditions Métailié (12 euros). C'est la première fois que je lis un roman de cet écrivain cubain né en 1955. Ses autres romans sont disponibles en poche (aux éditions Points Seuil). L'histoire se passe à Cuba en 2003, mais une enquête sur une chanteuse mystérieusement disparue, menée par un ex-flic, Mario Conde (cela fait 13 ans qu'il a quitté la police), nous fait revenir dans le passé, plus de 40 ans en arrière. C'était à l'époque de la fin de l'ère Batista en 1959, où Cuba vivait ses derniers moments d'opulence et d'insouciance (mais aussi de misère pour certains). Car les Etats-Unis avait fait main basse sur cette île des Caraïbes où l'argent coulait à flots entre les casinos, la prostitution et la drogue. C'est un roman où il est question de bibliophilie, de livres rares et sublimes publiés aux 18ème, 19ème et 20ème siècles, qui ont un rapport avec l'île de Cuba. C'est aussi une histoire avec une face A et une face B, comme les vieux 45 tours où sont gravées deux chansons: Quitte moi (dont un des vers est "Je serai dans ta vie, le meilleur des brumes du passé quand tu parviendras à m'oublier..."), et Tu te souviendras de moi. Ce sont deux "boléros" chantés par une jeune femme, Violeta del Rio (suicidée ou assassinée?) en 1960. C'est l'histoire d'un membre éminent d'une famille cubaine aisée, les Montes de Oca, qui n'aurait pas dû tomber amoureux. C'est enfin un roman qui parle de Cuba d'aujourd'hui où les gens ont tellement faim qu'ils vendent tout ce qu'ils peuvent, même des livres. Ils survivent grâce aux tickets de rationnement (mais pas une fois il n'est fait mention de Fidel Castro). Partout, c'est la débâcle, tout tombe en déliquescence: La Havane se meurt. J'ai été captivée par cette histoire bien écrite et qui m'a donné envie de partir visiter Cuba. A la fin de l'ouvrage sont énumérés les livres de la bibliothèque des Montes de Oca (c'est bien entendu une bibliothèque "idéale"). Je vous le recommande vivement.
jeudi 7 janvier 2010
Les brumes du passé - Leonardo Padura
Commentaires sur Les brumes du passé - Leonardo Padura
- Je l'ai reçu lors du swap "Book inside" de la part de Virgine. Une belle découverte en perspective !
- "C'était à l'époque de la fin de l'ère Batista en 1959, où Cuba vivait ses derniers moments d'opulence et d'insouciance (mais aussi de misère pour certains)"
S'il y a longtemps que le Cuba de Castro ne fait plus rêver personne, "parler de misère pour certains" sous Batista est largement en deçà de la vérité. Sous Batista, dictateur lui aussi, faut-il le rappeler, marionnette des Etats-Unis dont Cuba servait d'arrière-cour de la débauche (casinos, prostitution) à part les occidentaux et quelques privilégiés, l'île entière vivait dans la misère et les Cubains subissaient le joug de l'injustice et de la corruption.
En tout cas, des romans de Padura, les polars avec Mario Conde font pâle figure à côté de ce qui à mon avis est le meilleur roman de Padura : L'Homme qui aimait les chiens, beaucoup plus subtil, je trouve. - Compte tenu de ton article J'imagine que ne devrais pas rater "7 jours à La Havane" qui doit sortir sur les écrans le 30 mai. Padura est le scénariste principal des 7 histoires.De mon côté j'ai enfin lu "Brumes du passé", j'ai été bouleversé. Des images d'un voyage lointain à Cuba revenaient en mémoire. Bonne fin de Dimanche.
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