Le mec de la tombe d'à côté - La pièce
Ca commence fort. Je crois me souvenir que le livre, Le mec de la tombe d'à côté (de Katarina Mazetti), a la même construction, c'est-à-dire que tout commence par la fin, avant de repasser par du flash-back, au motif - intelligent - de la lecture de son journal intime - à elle (excellente Anne Loiret). Pour lui, (Vincent Winterhalter), il fait plus grand dadais que nature, avec un accent qui fait plutôt penser à du bûcheron québécois qu'à du croquant bien de chez nous (l'histoire a été transposée de Suède en Normandie). Mais je n'ai pas encore évoqué le sujet, pour ceux et celles qui n'auraient pas lu mon billet sur le livre dont la pièce est tirée. Elle, Daphné (Désirée dans le roman), 39 ans, et lui, Jean (Benny dans le roman), 45 ans, se croisent au cimetière, sur les tombes respectives de celui et celle qui les ont laissés seul(e) dans la vie. Ils parlent à tour de rôle comme dans un monologue en regardant la plupart du temps le public. Et à un moment donné, les monologues se rejoignent même s'il n'y a presque jamais un vrai dialogue entre les deux. Le peu de personnages secondaires du roman ne sont qu'évoqués mais n'apparaissent jamais. Avec un décor minimaliste mais intelligent (ah, le lit multifonction: banc, auto, ... et lit!), et quelques mots de description lancés comme au hasard, on arrive à restituer leurs deux univers aux antipodes l'un de l'autre. Elle, bibliothécaire bac + 5, et lui (l'autre) qui doit s'occuper de ses vaches après avoir renoncé à faire des études pour aider sa mère à la ferme. Daphné est attendrissante tout au long. Peut-être parce que, tout de même, c'est elle l'héroïne (et le point de vue principal?), qu'il appelle (affectueusement?!) "la crevette". Peut-être aussi parce que le "bougon", le coléreux, c'est lui, le "forestier", "le mec" qu'annonce le titre.
Il serait intéressant de savoir si les spectateurs ont lu le livre avant de venir au théâtre du Petit Saint-Martin à Paris (je le pense d'autant plus que personne, semble-t-il, n'a acheté le roman en poche vendu à la sortie). En tout cas, cette pièce adaptée par Alain Ganas (une personne dont je n'avais jamais entendu parler) rencontre un joli succès. C'est la pièce "qu'il-faut-aller-voir". D'ailleurs, les représentations sont prolongées jusqu'en mars, ai-je cru entendre à la caisse. La salle de 180 places à placement libre était comble. Le public est multiple: d'un certain âge d'un côté, bobo de l'autre (capable de rire aux quelques allusions bio, culturelles, altermondialistes etc.). Si vous passez par Paris, allez assister une représentation de cette pièce très bien jouée et mise en scène. Elle dure 1H40.