Ce n'est pas évident de parler d'un livre aussi foisonnant. Je me contenterai de quelques considérations qui j'espère, vous donneront envie au moins de commencer à lire ce livre. J'ai mis deux semaines pour terminer ce "pavé" de 840 pages imprimé sur papier fin. Le roman de James Ellroy se divise en 5 parties et 131 chapitres. Underworld USA (Editions Rivages) clôt la trilogie commencée avec American Tabloid et American Death Trip (pas lus - AT est planqué, avec une dédicace, derrière mes PAL). L'histoire se passe aux Etats-Unis entre le 14 juin 1968 (peu de temps après la mort de RFK - Robert Fitzgerald Kennedy) et MLK - Martin Luther King) et le 3 mai 1972, en plein règne de Richard Nixon qui à la fin parle déjà de micros cachés au Watergate. Il y a aussi un prologue de 4 pages qui consiste en une description magistrale et très cinématographique du braquage d'un transport de fonds qui a eu lieu le 24 février 1964 à Los Angeles: bilan de 6 morts mais un butin de quelques millions de dollars et plusieurs dizaines d'émeraudes qui disparaissent (c'est le fil rouge de l'histoire: que sont devenues ces émeraudes et à quoi ont-elles servies?). Le reste du roman est un peu de l'histoire de l'Amérique vue par James Ellroy, où Edgar Hoover (homosexuel, raciste et grand patron du FBI pendant 50 ans), Howard Hughes (surnommé Dracula, avionneur milliardaire), Sal Mineo (un des acteurs de La Fureur de vivre de Nicholas Ray), personnages ayant existé, côtoient des personnages a priori fictifs, comme Dwight Holly, agent du FBI, Wayne Trudrow, ancien flic et bon chimiste travaillant pour la pègre, Donald Crutchfield, détective privé, Scotty Bennett, inspecteur de police assassin et violent, Marshall Bowen, un noir qui infiltre des partisans de groupuscule "blacks" qui menacent la tranquillité de l'Amérique "blanche" de Hoover. Il y aussi trois ou quatre très beaux personnages féminins, Joan Rosen Klein, Karen Sefakis, Celia Reyes et Mary Beth Hazzard. C'est un roman où l'on apprend la mainmise des Etats-Unis sur la République Dominicaine (RD dans le texte), et comment HaÏti et les Haïtiens (descendants d'esclaves noirs) sont méprisés par les Dominicains (d'ascendances espagnole et française). Les Haïtiens étant considérés comme de simples tueurs de poules pour les rites vaudous. Puis on apprend aussi comment, en RD, les hôtels et les casinos se sont implantés grâce aux pots-de-vin versé par les Américains au dictateur dominicain de l'époque et à ses sbires. A part ça, je n'ai pas évoqué la narration proprement dite qui est pleine de ramifications compliquées (mais je n'ai pas trop perdu le fil). C'est un roman ample, bien construit, avec un style particulier propre à Ellroy qui utilise beaucoup d'acronymes et des termes peu châtiés. Il y est beaucoup question de drogues de toutes sortes, d'alcool, d'amphétamines, de tortures, de meurtres, de sang versé. Et pourtant, de la tendresse se dégage dans certains passages. Je ne regrette pas ma lecture et puis cela m'a fait plaisir de relire du James Ellroy que j'avais abandonné après Le Dahlia Noir (très bien). Du même auteur, je recommande aussi les trois premiers parus (et qui l'ont fait connaître au public français). Ils sont publiés en Rivages poche: Lune sanglante, A cause de la nuit et La Colline aux suicidés, avec le détective Lloyd Hopkins.
lundi 1 mars 2010
Underworld USA - James Ellroy
Commentaires sur Underworld USA - James Ellroy
- suite à diverses déceptions dues à des pavés de plusieurs auteurs, j'arrête ! plus de gros volume, sauf si j'ai aimé l'auteur par ailleurs (ce qui n'arrivera pas pour les auteurs découverts par un pavé comme Donna Tart et Philip Roth, entre autres)
- Mon dernier billet aussi tellement j'ai été emporté. Dès à présent mon livre de chevet. D'une densité, d'une intensité extrême. Avec de très beaux personnages féminins effectivement. Avec deux très grands personnages masculins : Wayne Tedrow Junior et Crutch "Trouduc". J'ai lu les 700 dernières pages en deux jours. Impossible de décrocher après les 150 premières pages. Personnellement, j'aime énormément ce que dit Ellroy et comment il le dit. Comment un braquage (hallucinant) raconte une Amérique manipulée par son plus grand salaud (Hoover, patron du FBI pendant 48 ans !). J'aime beaucoup comment il tue certains de ses personnages (dans un rayon de lune ou d'émeraude, dans un dernier trip hallucinogène) et comment il fait sur-vivre certains autres.
AT et ADT (ma seule dédicace) sont énooormes aussi. Mais Underworld USA est le meilleur de la trilogie. - Vraiment impatient de lire ce 3ème volet de la trilogie USA d'Ellroy!
En effet je vénère la plume de cet auteur atypique et aux idées politiques contestables...
En tout cas, j'ai adoré American Tabloid et beaucoup apprécié American Death Trip... je trouve d'ailleurs bizarre que tu n'aies pas lu les 2 premiers avant d'attaquer celui-ci
Bref, je me réjouis de m'y plonger!
SysT - Je ne connais James Ellroy que par les adaptations de 2 de ses romans au cinéma, LA Confidential et Le Dahlia Noir, que j'ai beaucoup aimés tous les deux... sans pour autant sauter le pas de lire ses romans, réputés compliqués à suivre! UnderworldUSA a l'air drôlement intéressant avec son témoignage sur les US. Il faudra que je me lance, dès que j'ai un peu de temps pour pouvoir lire beaucoup de pages d'affilée. Merci de cette bonne idée!
- Je vais bien évidemment lire cet opus (j'attends l'été). J'avais lu les deux précédents qui m'avaient enthousiasmé (surtout le premier). On n'a pas encore fait mieux dans le genre de la politique fiction.
Si vous avez aimé le Dahlia noir (son plus grand roman à mon avis), je vous conseille aussi L.A. Confidential, tout aussi âpre et noir (mais bon, pour la santé psychique, il peut-être conseillé d'espacé la lecture de deux livres d'Ellroy). - Toujours eu peur de commencer cet auteur en raison de la violence gratuite que l'on trouve dans ses (excellents) romans ! Mais après ton billet sur "Inderworld USA", je ne peux me dire qu'il faut que je me mette à lire cette trilogie (enfin) terminée par James Ellroy. Le souci, c'est qu'il fait des pavés à chaque sortie ! Donc, ce seront des lectures de vacances ...
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