Le guerrier silencieux
(Valhalla Rising) du Danois Nicolas Winding Refn est surtout une
expérience visuelle, auditive et sensorielle. Le personnage principal
joué par Mads Mikkelsen ne prononce pas une parole pendant tout le
film. En revanche, il agit: il se bat et éviscère à mains nues. Nous
sommes
en 1000 après J.-C. Le film se décompose en 6 parties aux titres
évocateurs, dont "Wrath" (la colère), "Hell" (l'enfer), "Sacrifice". Le héros du film est donc un guerrier
prisonnier (depuis quelque temps). Borgne et mutique, il se débarrasse de
ses geôliers. Il épargne un garçon blond, Are, qui se met à le suivre et
à être son porte-parole comme s'il lisait dans ses pensées. Ils sont embarqués dans un vaisseau viking en route pour la Terre Sainte afin de
délivrer Jérusalem. Mais finalement, ils se retrouvent au Nouveau monde avec
des indiens hostiles. C'est l'enfer plutôt que le paradis. En admirant
les paysages grandioses (le tournage s'est déroulé en Ecosse), même sans
verser dans la philosophie, c'est la première fois de ma vie qu'en
voyant un film, je me suis posée des questions existentielles comme "D'où
venons-nous? Qui sommes-nous? Où allons-nous?". Troublant. Le film m'a
un peu fait penser au 13ème guerrier de John McTiernan, tant par
l'éclairage, les décors, que la musique. Nicolas Winding Refn (co-scénariste du film) continue d'être un cinéaste à suivre (cf. mes billets sur Bronson
et la
trilogie Pusher).
jeudi 25 mars 2010
Le guerrier silencieux - Nicolas Winding Refn
Commentaires sur Le guerrier silencieux - Nicolas Winding Refn
- Avec le "printemps du cinéma", je me suis regardé de nombreux films (dont l'excellent Polanski). J'ai failli voir celui-ci mais j'ai regardé "Sans laisser de traces" à la place. Je l'ai regretté amèrement au vu de l'ennui que j'ai ressenti. J'essaierais de me rattraper pour voir le film de Winding Refn une autre fois.
- En 1000 après JC dis-tu? Je croyais que c'était un film préhistorique!
Je l'ai vu pour faire plaisir à mes proches, car ce n'est pas mon genre de film. Les effets sont un peu trop appuyés pour que l'on y croie. Mais une certaine puissance est déployée. Et quelque fois on détourne le regard.
Le moment que j'ai préféré c'est cette longue dérive dans le drakkar lorsque une brume grise enveloppe tout le monde comme une chape de plomb.
Et le pauvre jeune garçon, resté seul à la fin, au milieu des Indiens, que va-t-il devenir? - Bonsoir Dasola : Content de voir que toi aussi, tu apprécies un réal hors-norme. Winding Refn continue, après sa trilogie "Pusher" et son "Bronson" ( mon coup de coeur de l'année 2009 ) sa plongée dans la violence. On peut, certes, penser que son nouveau long-métrage fait référence au ciné de Malick et Herzog et, bien que contemplative, son oeuvre se démarque ( il amène sa propre "patte" ) sans oublier l'interprétation unique d'un comédien, lui aussi hors-norme, énigmatique et talentueux Mads Mikkelsen : dans tout ce silence, son jeu crève l'écran; dommage, en effet, que le film soit distribué, seulement, dans quelques salles !!!
- Le film partage, c'est évident, mais comment peut-il en être autrement au vu d'un tel refus du consensus ? Ce genre d'expérience cinématographique, au-delà de ses divisions, de son "extrémisme" formel et scénaristique, a avant tout, pour lui, le fait d'exister en ces temps de presque uniformisation. Et c'est déjà magnifique.
- Une "expérience" cinématographique, dont on peut louer le courage, le mérite d'exister, etc. Certes, mais après un début superbe qui promet beaucoup, "Valhalla Rising" s'embourbe et finit par renvoyer un son bien creux. On en sort partagé, entre agacement et fascination ; dans le genre, j'avais préféré "Bronson", moins radical mais plus puissant.
- Pour comprendre parfaitement The Valhalla Rising, il faut voir le cinéma de Tarkovski auquel le cinéaste danois se rapproche le plus. On est dans une expérience sensorielle et un voyage initiatique vers la foi. L'explication de la foi vu par Refn. Tarkovski était un homme très croyant qui avait fait de la spiritualité un des thèmes principaux de son cinéma. Il y a beaucoup de liens entre le film de Refn et ceux de Tarkovski (surtout Stalker, film très silencieux comme The Valhalla Rising).
Le dernier chapitre du film de Refn s'intitule Le sacrifice. C'était aussi le nom du dernier film de Tarkovski par exemple.
Bref, pour moi l'oeuvre de Refn est la plus grande réussite de cette année à l'heure actuelle.
Gros gros film comme on en voit trop rarement!
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