La comtesse - Julie Delpy
Ce film est une évocation de la vie de la comtesse Elisabeth Bathory (1560-1614), dame de la noblesse hongroise qui vécut donc de la fin du 16ème au début du 17ème siècle. J'ai trouvé la démarche de la réalisatrice Julie Delpy plutôt réussie même si le film est trop concentré sur le personnage de la comtesse et pas assez sur les autres. Le jeune amant de la comtesse (de 19 ans plus jeune qu'elle), Istvan Thurzo, et son père, ainsi que l'âme damnée d'Elisabeth, Dominic Visakna, et la servante amoureuse de sa maîtresse, Anna Darvulia, manquent malheureusement de substance. En revanche, l'ensemble est de bonne tenue avec un décor gothique et une atmosphère pesante. Le propos montre qu'à toutes les époques, il n'est pas bon d'être une femme ET puissante grâce à l'argent. Veuve de bonne heure, la comtesse (mère de 3 enfants) a géré seule la fortune de son mari. Même le roi de Pologne était son débiteur. Toutes cette partie n'est que survolée car Julie Delpy s'est concentrée sur les forfaits commis par la comtesse depuis son enfance. Par exemple, il y a une scène terrible d'un oiseau qu'Elisabeth (âgée d'une dizaine d'années) enterre vivant dans un pot. Elle se rend compte que les êtres vivants sont mortels. Les années passant, elle ne supporte pas de vieillir. Par un coup du hasard, elle découvre que le sang de jeunes vierges lui fait du bien à la peau (surtout de son visage). A partir de ce moment-là, des dizaines de jeunes filles de la région pas loin des Carpathes subissent les pires sévices que l'on voit ou que l'on devine (je dirais aux âmes sensibles de s'abstenir). Du fait de son rang, elle n'a pas été inquiétée pendant plusieurs années jusqu'à ce que l'on ait considéré qu'elle devenait gênante. Ce n'est pas une fresque historique mais le portrait d'une femme qui a assouvi ses bas instincts en toute impunité. Julie Delpy lui donne quand même un peu d'humanité vers la fin quand elle est condamnée à être emmurée. Les crimes (l'estimation est de 300) de la comtesse m'ont fait penser à ceux de Gilles de Rais, perpétrés 180 ans plus tôt même si les raisons n'étaient pas les mêmes.