Je vous conseille de voir Dans ses yeux, le film argentin d'un réalisateur venu de la télévision, qui a reçu l'Oscar du meilleur film étranger cette année. Cette récompense est largement méritée (et pourtant la concurrence était rude avec Le Ruban blanc et Un prophète). Je ne savais pas du tout ce que j'allais voir et j'ai été "cueillie" par l'histoire qui se déroule sur deux périodes: 1975, et 25 ans après. Benjamin Esposito (le talentueux Ricardo Darin) vient de prendre sa retraite d'employé enquêteur au palais de justice de Buenos Aires. Pour s'occuper, il décide d'écrire un livre sur un fait divers (pas vraiment résolu) qui l'avait beaucoup marqué, lui et sa supérieure hiérarchique, Irène Menendez Hastings (sublime Soledad Villamil). Cela s'était passé en 1975. Une institutrice de 23 ans, jeune mariée, fut trouvée violée et tuée chez elle. Son mari, inconsolable, n'avais cependant pas souhaité la mort du meurtrier (un proche, amoureux éconduit) qui fut emprisonné puis relâché avant de s'évanouir dans la nature car en 1975, en pleine période de dictature, des gens pouvaient disparaître sans laisser de traces. C'est Benjamin qui avait permis l'arrestation. Il avait été aidé dans sa tâche par son collègue Sandoval, alcoolique mais efficace. Ce personnage donne une touche tragi-comique au film. Le passé et le présent n'arrêtent de se confondre avec beaucoup d'habileté, car le film est aussi une histoire d'amour entre Benjamin et Irène qui ne s'est jamais concrétisée. Cette dernière n'est pas issue du même milieu social que Benjamin. Il y a une scène sur un quai de gare digne des meilleurs mélos des années 50. Je ne vous dirai rien de la fin inattendue, mais courez voir ce film qui ne peut que vous bouleverser. Il dure 2H10, je n'ai pas vu le temps passer. Voir les critiques élogieuses de Pascale et Rob. Et celle, nettement plus négative (il en faut) de ffred.