Femmes du Caire - Yousry Nasrallah
Encore un film que je vous conseille d'aller voir - malgré quelques longueurs et quoique pas passionnant au même degré en permanence (mon attention s'est parfois relâchée pendant les 2H15 du film). D'ailleurs, j'ai eu un peu peur dès la première séquence. Femmes du Caire de Yousry Nasrallah a été écrit par le scénariste de l'adaptation de L'immeuble Yacoubian, Wahid Hamed. Hebba, journaliste à succès, anime à la télé un talk-show politique assez anti-gouvernemental qui met en danger la promotion qu'attend son mari, Karim (journaliste lui aussi), avec lequel elle forme un couple idéal: beau, riche et célèbre. Karim met la pression sur Hebba qui se détourne alors de la politique pour interroger des femmes ordinaires aux destins pas toujours ordinaires. La première a été internée dans une clinique psychiatrique suite à un mariage raté qui l'a menée jusque-là; une ancienne détenue qui vit avec celle qui fut sa gardienne raconte la genèse du crime qui l'a conduite en prison; une manifestante solitaire dit l'injustice monstrueuse que lui fit un homme. A la fin, Hebba (avec un oeil au beurre noir) va devenir à son tour une de ces femmes qui témoignent devant une caméra, victime de la violence faite aux femmes, prisonnière des traditions où l'argent et le sexe sont rois comme partout dans le monde. Les hommes que l'on nous montre sont aussi victimes d'une certaine façon, ils sont des objets de désir comme par exemple dans l'épisode avec l'ancienne détenue. Saïd, un jeune homme employé dans une épicerie familiale, séduit tour à tour les trois filles du propriétaire décédé (un drame s'ensuit). Comme ffred, je trouve le troisième épisode (avec la dentiste devenue manifestante) le plus réussi. Elle tombe amoureuse d'un homme bien de sa personne. Il se joue d'elle avec goujaterie. Grâce à du chantage, il la dépouille d'une partie de son argent. Quant à Hebba, elle est semblable à Shéhérazade et à ses contes. D'ailleurs, le titre original du film est Ehky ya Scheherazade (Shéhérazade, raconte-moi une histoire). J'ai été marquée par une scène où Hebba se trouve dans le métro (un wagon réservée aux femmes). Elle est la seule à ne pas porter le foulard traditionnel (voire plus). Au bout d'un moment, sous la pression des regards des autres femmes, elle sort un foulard de sa poche et le met sur sa tête. Tout est dit. Je témoigne qu'au Caire (en 2003), les femmes étaient toutes voilées. Concernant le film, j'ai trouvé les acteurs tous très bien. Le réalisateur a été l'assistant de Youssef Chahine.