Avant d'entamer
mon rythme saisonnier d'un billet tous les 4 jours comme l'année
dernière, je voudrais évoquer quelques films que j'ai vus plus ou moins
récemment, dont je n'ai pas parlé et qui me tiennent vraiment à coeur.
Les
secrets est un beau film même s'il est dur et austère (l'image froide accentue cette impression). Il évoque trois femmes qui
"squattent" une belle demeure à l'abandon et délabrée. Nous sommes en
Afrique du Nord, en Tunisie ou en Algérie à la campagne. Raja Amari, la
réalisatrice, ne dévoile rien sur ces femmes qui vivent cloîtrées dans la
partie où logeaient les domestiques (je ne fais qu'imaginer). On
apprend qu'il s'agit d'une mère et de ses deux filles, Aïcha (la plus
jeune, âgée d'à peine 20 ans) et Radia. La mère et Radia surveillent Aïcha
qui semble presque prisonnière, surtout quand les deux s'absentent comme par exemple lorsque Radia vend ses ouvrages de couture dans la ville voisine. Elles
empêchent Aïcha de s'épanouir. Elles la protègent surtout des hommes.
Une intruse devenue leur prisonnière va faire tout basculer. La fin
inattendue est terrible. Le film est sorti en salle à Paris le 19 mai
dernier. Je suis allée le voir parce qu'une collègue m'en avait dit du
bien. Je n'ai pas regretté. La jeune Hafsia Herzi (vue dans La graine et le mulet où elle jouait Rym) qui interprète Aïcha est très bien.
L'illusionniste
de Sylvain Chomet sur une histoire originale de Jacques Tati. Le film
vaut surtout (à mon avis) pour la technique, et visuellement c'est une
splendeur: un vrai travail d'art. Quant à l'histoire, j'ai été un peu
décontenancée par les pérégrinations de ce magicien qui quitte Paris pour
partir en Ecosse dans les Highlands, puis s'installe un temps à
Edimbourg avant de partir pour ailleurs? En Ecosse, il va faire la
connaissance d'une jeune fille. La nature de leurs rapports reste vague.
Les rares paroles prononcées sont plus des borborygmes qu'autre chose.
La dernière phrase du film (des mots écrits sur un papier) est:
Les magiciens n'existent pas. Mon ami qui a vu le film avec moi a
trouvé l'histoire poignante. Personnellement, je n'ai pas été touchée
par ce film un peu froid. Pour les admirateurs de Tati, je pense qu'ils
trouveront leur bonheur; pour les autres (dont je fais malheureusement
partie): bof. Lire la critique élogieuse de Thomas Grascoeur.
La bocca del lupo de Pietro Marcello est un documentaire étonnant d'1H15 qui suit un homme, Vincenzo Motta, dans les rues pouilleuses de Gênes, ville natale de Christophe Colomb. Le film alterne des documents du temps jadis, à l'époque où Gênes prospérait, et des images des ruelles de Gênes d'aujourd'hui où l'on croise des travestis et des prostituées. Vincenzo (dont le visage m'a fait penser à celui de Gian Maria Volonte) a purgé une peine de 27 ans de prison. Il est maintenant libre et vit avec Mary Monaco, une transsexuelle qu'il a connue et protégée en prison. Leur amour dure depuis 20 ans. Le moment fort du film consiste dans la confession de Mary avec Vincenzo assis à côté d'elle. C'est beau et émouvant. Du grand cinéma.
Puzzle de la réalisatrice Natalia Smirnoff m'a beaucoup fait penser à Joueuse avec Sandrine Bonnaire. Maria del Carmen, qui fête ses 50 ans, est mère de famille (de deux grands garçons). Elle a un mari qui l'aime profondément. Maria se découvre une passion pour les puzzles (Rompecabezas en espagnol) qu'elle arrive à reconstituer très vite d'une manière personnelle en ne commençant pas par les bords. Cela se passe en Argentine. Voir l'article d'Alex qui donne des raisons à la genèse du film que j'ignorais complètement. L'actrice qui interprète Maria n'est pas très belle mais son visage rayonne de l'intérieur. Pour moi, c'est l'histoire d'une femme qui veut s'émanciper après s'être occupée de son mari et de ses enfants. Elle gagne un tournoi avec un partenaire. Est-ce qu'elle saura aller plus loin? La fin est très ouverte. Personnellement, j'ai voulu voir ce "Puzzle" car cette activité ludique a beaucoup occupé de mon temps pendant ma jeunesse. Je compte bien m'y remettre.
Bon courage, pour les vacances quand il pleut!