Indignation - Philip Roth
Le dernier roman de Philip Roth, Indignation (Editions Gallimard, 195 pages), est une grande réussite. Le récit est écrit à la première personne par Marcus Messner (Juif athée), et l'on apprend vers la page 50 qu'il est décédé. Nous sommes en 1951, un an après le début de la guerre de Corée. Marcus, fils d'un boucher casher de Newark, suit sa deuxième année universitaire à 800 km de chez lui, loin de la maison familiale et des relations conflictuelles avec son père. Il se retrouve à l'université traditionaliste de Winesburg où les Juifs (comme lui) sont peu nombreux. Il est de bon ton d'écouter les sermons religieux toutes les semaines et il est conseillé d'appartenir à une fraternité (deux choses que Marcus refuse). Les premières semaines passées, Marcus, qui est un être solitaire, et ne s'entend pas avec ses coturnes (il se retrouve dans une chambre isolée) est convoqué par le doyen de l'université Caudwell. L'entretien que ce dernier fait passer au jeune homme est l'un des deux passages essentiels (pp. 78 à 100) du roman. Il permet à Marcus d'exprimer son indignation en face de questions très personnelles sur sa vie, ses goûts, ses pensées politiques, et autre. L'autre point fort du roman se situe à la fin (pp. 181 à 188) avec une diatribe du président de l'université Albin Lentz qui donne une leçon de morale à tous les étudiants masculins suite des comportements malheureux envers les filles du campus. Lui aussi exprime son indignation. Je ne vous dévoilerai rien d'autre de l'histoire mais je vous le recommande absolument. Je n'avais rien lu de Philip Roth depuis La bête qui meurt. Je suis toujours aussi enthousiaste.