Le jour des corneilles - Jean-Christophe Dessaint / Une famille respectable - Massoud Bakhshi / Augustine - Alice Winocour
Chaudement recommandé par Alex, Le jour des corneilles de Jean-Christophe Dessaint est un film d'animation français visuellement très beau qui parle d'amour, d'une histoire en particulier, celle de Courge qui a perdu sa bien-aimée (morte en couches). Vivant comme un ermite dans la forêt, cet homme fort comme un bûcheron élève son fils à la dure. Le fils de Courge vit presque comme un enfant sauvage. Avec trois poils sur le caillou, il découvre néanmoins un jour, avec l'aide des esprits de la forêt, que la vie existe ailleurs. Il va se frotter à la civilisation en la personne de la jeune Manon, la fille d'un docteur, et aussi à des gens hostiles. La période où se passe l'histoire est assez indéfinie. Dans le village pas loin de la forêt, on voit des soldats blessés, et des poteaux électriques font partie du paysage. Les corneilles du titre sont capables de prononcer deux mots et jouent un rôle important vers la fin de l'histoire. Je ne suis pas sûre que le film soit compris par les tout-petits mais je le conseille à tous les autres.
Une famille respectable de Massoud Bakhshi est un film iranien très noir que l'on pourrait sous-titrer "Laisse l'oseille et tire-toi". C'est une histoire de captation d'héritage (une grosse somme est en jeu) au sein d'une famille iranienne plutôt ordinaire. Un professeur d'université (c'est lui qui doit hériter), parti depuis plus de 20 ans à l'étranger (conséquence de la révolution islamique de Khomeyni ) et revenu à Chiraz afin de donner des cours, attend qu'on lui délivre son passeport pour qu'il puisse repartir. Il retrouve sa mère qui reste inconsolable de la mort de son autre fils mort adolescent et martyr de la révolution. Le réalisateur brosse un portrait peu reluisant de cette famille où les femmes portent le foulard et les gants même chez elles. Cela n'empêche pas la jeune génération de vivre avec son temps: le portable et internet. Le neveu du professeur, personnage avide, cache bien son jeu. Ce cinéma ne ressemble pas du tout à celui d'Asghar Farhadi. On ne ressent aucune sympathie pour aucun des personnages.
Augustine d'Alice Winocour commence bien, car j'ai été tout de suite prise par cette histoire qui se déroule pour une grande part à l'hôpital de La Salpétrière à Paris dans le service du docteur Jean-Martin Charcot dans les années 1880. Une jeune femme de 19 ans, employée de maison, souffre de crises nerveuses (elle souffre d'hystérie) qui la laissent paralysée de l'oeil droit (sa paupière ne s'ouvre plus) et plus tard de la main gauche qui se rétracte. Le docteur pratique l'hypnose et elle fait partie des malades auscultées lors de séances presque publiques. J'ai été interloquée que le docteur fasse un diagnostic sans jamais ni regarder ni s'adresser à ses patientes (comme si elles n'étaient pas douées de raison). Il ne considère que le cas clinique. Vincent Lindon dans le rôle du docteur et Soko dans le rôle d'Augustine sont très bien ainsi que Chiara Mastroianni qui joue la femme du docteur (que l'on voit assez peu). J'ai été un peu déçue par la fin. Le docteur n'aurait pas dû agir comme il le fait. Sinon, il faut quand même dire que ce n'est pas du grand cinéma du point de vue de la réalisation. Un film que je conseille pour ce qu'il raconte et pour la prestation de la jeune Soko.
La réalisatrice a dû s'inspirer d'un tableau, semble-t-il assez célèbre, qui montre Charcot et une de ses patientes hystériques. Cette scène ressemble assez à une de celles du film.
PS : Sinon, n'allez pas voir Paperboy de Lee Daniels, un film épouvantable à tout point de vue (et je n'ai rien d'autre à dire). J'ai souffert pendant la projection.