La fin du monde a du retard - J.M. Erre
Grâce à Clara, j"ai eu le plaisir de constater que le J.M. Erre nouveau était paru. Lu en un week-end, courant février 2014, La fin du monde a du retard (Editions Buchet-Chastel, 400 pages) est plutôt amusant. On retrouve la verve stylistique de l'écrivain qui fait tout le sel de cette lecture. Je suis peut-être un tout petit moins enthousiaste sur l'histoire elle-même, qui m'a parue encore plus loufoque que celles des romans précédents. Julius et Alice, deux amnésiques de 30 ans et 25 ans, s'enfuient d'un hôpital psychiatrique du nord de Paris où ils étaient pensionnaires depuis quelques mois. Alice est la seule survivante de la cérémonie de son mariage dans laquelle plus de 200 personnes ont trouvé la mort suite à un court-circuit. Quant à Julius, il croit que la fin du monde est proche. Un pigeon à collerette blanche, borgne, laid et à qui il manque une patte et des plumes joue un rôle essentiel dans cette histoire de course-poursuite entre les deux aliénés poursuivis par des paparazzi appelés Albert et Raoul Volfoni (hommage à Georges Lautner et ses Tontons flingueurs? Bernard Blier et Jean Lefèvre incarnent les frères Raoul et Paul Volfoni dans le film), puis par Joseph Gaboriau, un commissaire à 6 jours de la retraite et son adjoint Matozzi. J'avoue que j'ai trouvé que le roman qui dure donc 400 pages s'étire un peu en longueur, mais on ne boude pas son plaisir en lisant certains paragraphes, comme par exemple [Julius et Alice sont dans une librairie]:
"Sur la gauche, une étagère consacrée à la poésie attendait depuis cinq ans, sept mois et quatorze jours qu'un lecteur s'approche.
Le libraire apparut, un casque de chantier sur la tête, une énorme masse à la main et un badge "Espèce en voie de disparition" sur la poitrine.
- Excusez-moi, fit l'homme, j'étais en train de mettre au pilon un carton de liseuses qu'on m'a livrées par erreur. Il n'y a rien de plus revigorant qu'une petite extermination d'ebooks de bon matin. Je peux faire quelque chose pour vous?
- Qu'est ce que c'est que ça? demanda Julius, furibard, en brandissant un exemplaire du Codex de Tiresias.
- Je savais bien qu'on finirait par me poser cette question un jour, fit l'homme en soupirant, mais je ne croyais pas que ce moment arriverait si tôt. Ca s'appelle un livre. L-I-V-R-E. C'est fait avec du papier."
Lire les billets enthousiastes de Sharon, Cuné, Un autre endroit et Cathulu.