2084 - Boualem Sansal
Après Le village de l'Allemand, 2084 (Editions Gallimard, 270 pages intenses) est le deuxième roman que je lis de cet écrivain. Boualem Sansal est né en 1947 en Algérie où il demeure. Par ses prises de position tant politique que religieuse, son oeuvre y est censurée. Je pense que 2084 ne va pas améliorer sa situation. 2084 peut s'apparenter à un roman qui se déroule dans le futur. Tout a commencé en 2084, où le "pays des croyants" est devenu l'Abistan, du nom d'Abi car désormais Yölah est grand et Abi est son fidèle délégué (suivez mon regard). L'Abistan est un immense territoire où la mécréance est bannie. L'économie n'est que religieuse. Les seuls voyageurs sont des pélerins qui suivent des routes balisées. Pendant des décennies, il y a eu une Grande Guerre Sainte, "La Char" aux millions de morts, qui a fait disparaître l'Ennemi. Maintenant, tout est calme sous l'oeil vigilant "big eye" d'Abi. Dans les soixante provinces d'Abistan, il n'y a que des interdits, de la soummission, des obligations cultuelles. Les gens sont en liberté surveillée. C'est le constat que fait Ati, le héros de cette histoire. Après deux ans d'absence, un en sanatorium pour soigner sa tuberculose et un an sur la route du retour, Ati revient dans sa ville de Qodsabad. Il se pose des questions sur tout ce qu'il voit, entend. Il commence à douter. Il est difficile de parler de ce roman tellement riche où chaque mot, chaque phrase a son importance. La lecture n'est pas forcément facile par moment mais comme Yölah, ce livre est grand. J'ai appris que ce roman était dans la première sélection de tous les prix littéraires de cette année. J'espère qu'il en aura un.