Livres lus en septembre et octobre 2015
J'avoue avoir toujours un peu de mal à écrire des billets sur les livres que je lis: je n'ai pas toujours grand-chose à en dire, même de ceux qui m'ont plu. C'est plus facile avec les films. Toujours est-il que voici un billet qui regroupe six romans.
Je commence par La Maladroite d'Alexandre Seurat (Edition La brune au Rouergue, 120 pages éprouvantes). Un texte poignant sur une enfant maltraitée dès son plus jeune âge par son beau-père et sa mère. Tout le récit (inspiré d'un fait divers) est écrit au présent de narration. Différents témoins de ce drame prennent la parole: l'institutrice, la pédiatre, la tante, la grand-mère, l'instituteur, la directrice, le policier, la médecin scolaire, le frère (pas très souvent). Diana, la petite fille martyrisée, est la seule que l'écrivain appelle par son prénom. On sait dès le début que cela se termine mal. L'écrivain ne porte aucun jugement. Il décrit l'impuissance des protagonistes cités qui n'ont rien pu faire ou qui n'ont pas compris ce qui se passait. Un roman qui m'a plu. Lire les billets de Noukette, Cathulu, Eimelle, Stephie et Leiloona.
Autant j'avais trouvé que Home était un roman éblouissant, autant Délivrances de Toni Morrison (Editions Christian Bourgois, 200 pages) ne m'a pas convaincue plus que cela. L'histoire ne m'a pas du tout passionnée. Cele se passe de nos jours. Le personnage central du roman s'appelle Lula Ann, surnommée Bride. Elle a une peau noire comme l'ébène alors que sa maman Sweetness passe pour une femme blanche. Bride est une femme ravissante qui sait se mettre en valeur. Elle travaille dans une entreprise de cosmétiques. Elle vient de se faire "plaquer" par Booker qui est parti en disant: "t'es pas la femme que je veux". Bride n'aura de cesse de reconquérir Booker. Son chemin va être semé d'embûches. C'est à vous de vous faire une opinion. Lire les billets d'Hélène, Noukette, Cathulu.
Pour Evariste (Editions Gallimard, 165 pages), je remercie François-Henri Désérable qui, pour son premier roman, m'a fait découvrir (un peu) Evariste Galois (1811-1832), mathématicien français de génie qui est mort en duel à l'âge de 20 ans. Il semble qu'on ne sache rien sur la vie de ce jeune homme qui a découvert les mathématiques à 16 ans en lisant, en très peu de temps, Euclide, Gauss, Cauchy et Euler. Il a donné son nom à une branche des mathématiques, la théorie de Galois. Son génie en mathématique ne fut découvert que 15 ans après sa mort (il fut enterré à la fosse commune) quand Joseph Liouville, professeur de Polytechnique publia "Les papiers d'Evariste Galois". C'est un livre à découvrir mais dont le style peut hérisser le poil à certains (comme Eva). Je vous livre un ou deux phrases: "Le 27 juillet 1830 tombait un mardi, le 28 un mercredi. Le 29 un roi" ou "... avant février 1830, date à laquelle il dépose son grand oeuvre à l'Académie, ce mémoire sur Les conditions de résolubilité des équations par radicaux qui est à l'Algèbre ce que le Requiem est à la musique, la Saison du gamin des Ardennes à la poésie". Tout le roman est écrit de cette manière et l'écrivain s'adresse directement au lecteur. Lire les billets de Laure, Zazimut et Pierre D.
J'ai lu La fractale des raviolis de Pierre Raufast (Edition Folio, 234 pages) pendant ma croisière norvégienne. Peut-être avais-je d'autres préoccupations en tête mais je ne me souviens pratiquement plus des intrigues de ce roman gigogne très agréable à lire. Tout commence par un plat de raviolis bourré de digitaline. Une femme veut assassiner son mari qui la trompe depuis toujours. Mais un grain de sable menace son plan. Que faire, se dit-elle alors que son propre père aurait pris une décision très rapide comme dans l'épisode Pussemange. De Pussemange, on passe aux sorcières de Barofk, puis c'est un certain Paul Sheridan qui entre en scène, etc., etc., etc., jusqu'à l'épilogue "Le destin" où on retrouve la narratrice du début qui se demande comment sortir du pétrin dans lequel elle s'est mise. Je répète, un livre vite lu et assez vite oublié (en ce qui me concerne). Lire les billets de Philisine Cave, Keisha, Jérôme, Piplo.
Je continue avec le nouveau Yves Ravey, Sans état d'âme (Edition de Minuit, 120 pages), dont j'avais apprécié Un notaire peu ordinaire. Gustave Leroy dit Gu est le narrateur de cette histoire assez noire. Gustave est chauffeur poids lourd. Il est amoureux depuis son enfance de Stéphanie, sa voisine. Ils ont le même âge. Blanche, la mère de Stéphanie, était la patronne du père de Gustave. La vie de Gustave bascule quand il apprend que Stéphanie en aime un autre, un certain John Lloyd, qu'elle a rencontré on ne sait comment. C'est un simple touriste. Du jour au lendemain John Loyd disparaît sans laisser de traces. Gu y est pour quelque chose. C'est un roman court, très concis. La résolution de l'histoire m'a paru expédiée un peu rapidement. Lire les billets de Laure, Cannibalelecteurs, Shangols
Je termine avec Neverhome de Laird Hunt (Editions Actes sud, 258 pages) qui se passe pendant la guerre de Sécession. Un couple, Bartholomew et Constance (la narratrice), mène une vie calme dans une ferme de l'Indiana jusqu'à ce que la guerre de Sécession éclate. C'est Constance qui en habit d'homme s'enrôle, sous le nom d'Ash Thompson, dans l'armée des confédérés, à la place de son mari Bartholomew qui est moins résistant qu'elle. On suit Constance dans ses marches forcées. Elle est au plus près des combats. Tireuse d'élite, elle n'hésite pas à tuer hommes ou écureuils. Quand elle sauve une femme menacée de viol, ses camarades lui donne le surnom de "Gallant Ash". Elle souffre du froid, du manque de nourriture, du manque d'hygiène. Ayant été séparée de son régiment, elle décide de revenir vers sa ferme pour revoir son Bartholomew. Sur ce chemin du retour, elle a repris des habits féminins. Elle croise des personnages souvent excentriques. A un moment donné, croyant qu'elle est une espionne de l'armée de l'Union, des soldats sudistes la font prisonnière. Enfermée dans un asile de fous, elle arrive à s'échapper. C'est un roman ample, imagé, descriptif où le rêve et la réalité se mélangent. Un très beau portrait de femme. Lire les billets d'Efelle, Charibde27 et Winniethepooh