Ixcanul - Jayro Bustamente / Béliers - Grímur Hákonarson
Comme il n'y a pas que le cinéma américain ou français dans la vie, voici deux films venus "d'ailleurs" que je vous conseille avant qu'il ne soit trop tard. Ces deux films sont sortis malheureusement dans très peu de salles à Paris. Quant à leur sortie en province, je ne sais pas ce qu'il en est.
Je commence par Ixcanul, un film guatémaltèque à l'affiche depuis le 25 novembre. Ixcanul signifie "volcan" dans une des langues Mayas parlée par les protagonistes du film. Au pied de ce volcan. Maria, 17 ans, travaille à la plantation de café, tout comme son père et sa mère. Ils sont pauvres et ne parlent pas espagnol, au contraire du contremaître. Ce jeune veuf d'une trentaine d'années avec trois enfants voudrait bien épouser Maria qui, elle, aime Pepe, du même âge qu'elle. Pepe rêve de partir aux Etats-Unis, là-bas, derrière le volcan. Une nuit, Maria couche avec Pepe et elle tombe enceinte. Le film joué par des acteurs pour la plupart non professionnels s'inspire d'une histoire vraie: les bébés volés à la naissance pour être adoptés par la suite. On y parle aussi de serpents venimeux qui nuisent aux plantations. Certaines scènes entre la mère et la fille sont d'une grande douceur. On touche à l'intime. Il y a des maladresses mais j'ai été touchée par cette histoire. Ce film a reçu de nombreux prix dans différents festival dont un à Berlin.
Après le Guatémala, je suis partie retrouver des Béliers en Islande dans un endroit magnifique et pratiquement désert, battu par les vents et où le ciel est bas. Gummi et Kiddi, deux sexagénaires, sont des bergers qui bichonnent leur cheptel de moutons Bolstad. Il faut voir Gummi caresser son bélier favori et lui parler. On sent qu'il aime ses moutons. On apprend assez vite que Gummi et Kiddi sont frères mais ne se parlent plus depuis 40 ans (on n'en saura pas la raison). Quand ils communiquent, ils le font par l'intermédaire du chien de Kiddi. Il apporte des messages dans sa gueule. Les deux hommes font partie d'une petite communauté qui va vivre une tragédie: un des moutons, une bête primée à un concours, a tous les symptômes de la "tremblante". Le verdict est sans appel, tous les troupeaux de moutons alentour sont abattus. Gimmi choisit de le faire lui-même. Il abat 147 de ses bêtes mais en sauve clandestiment une dizaine dans sa cave (dont un bélier reproducteur). Je vous laisse découvrir la suite de Béliers, premier long-métrage du réalisateur Grímur Hákonarson qui a aussi écrit le scénario. Les deux acteurs principaux, très connus en Islande, sont formidables. Le film a été récompensé à juste titre du prix de la section "Un certain regard" au dernier Festival international du film à Cannes en 2015. Lire les billets enthousiastes de Miriam et Chris.