Sieranevada - Cristi Puiu
Dans ce billet et le prochain, je vais évoquer deux films sortis ce mois d'août 2016. Ils ont plusieurs points communs dont celui d'être long, d'avoir été en compétition dans la sélection officielle au dernier Festival de Cannes en 2016 (ils n'ont été récompensés ni l'un ni l'autre) et qu'ils se passent dans la ville de Bucarest. Le film roumain Sieranevada de Cristi Puiu dure 2H53 et le film allemand Toni Erdmann de Maren Ade, 2H42. Les comparaisons s'arrêtent là.
Sieranevada se passe donc à Bucarest en Roumanie. C'est l'hiver, il y a des congères de neige sur les trottoirs. Plusieurs membres d'une même famille se sont donné rendez-vous dans l'appartement de Nusa, la grand-mère. Le repas familial est prévu mais il n'aura lieu qu'après le départ du Pope que l'on attend (il est en retard). En effet, selon le rite orthodoxe, le Pope rend hommage et donne sa bénédiction au mari de Nusa, décédé 40 jours plus tôt. Sur les 2H53, au moins 2H30 du film se passent dans un lieu unique: l'appartement de Nusa. Situé dans un genre d'HLM lugubre (bâti au temps de la dictature de Ceaucescu), l'appartement se compose d'environ trois pièces plus la cuisine. Dans ce périmètre relativement exigu, on entend et voit une quinzaine de personnages parler et fumer beaucoup. La caméra à l'épaule suit les personnages dans ces pièces dont les portes s'ouvrent ou se ferment. Au bout d'un moment, en tant que spectatrice, j'ai ressenti un sentiment de manque d'air par écran interposé. J'en avais assez de me trouver dans l'intimité de cette famille un peu geignarde, débattant de tout sur la politique, la religion, l'état du monde, mais aussi sur des secrets de famille enfouis. Quand le film se termine, la nuit sera presque tombée et le repas n'aura pas vraiment eu lieu. Moi, je ne me suis pas vraiment ennuyée, mais je m'attendais à autre chose.