Le bureau des légendes (série - trois saisons)
Avec mon ami, Ta d loi du cine, nous venons de visionner la troisième saison du Bureau des légendes, série produite et diffusée par Canal+ depuis 2015.
L'année dernière, nous avions vu les deux premières saisons à la suite (en DVD). Nous avons été tout de suite captivés par les différentes histoires de ces agents de la DGSE (la Direction Générale des Services Extérieurs français).
Eric Rochant qui est à l'origine du projet prouve que les Français n'ont pas à rougir des séries américaines, britanniques ou scandinaves. A noter que le "making-off" de la 2ème saison (en DVD) montre "la journée d'un showrunner" (auteur-producteur selon la traduction québéquoise).
Chaque saison se compose de 10 épisodes et à la fin de chacune, on laisse le téléspectateur dans l'attente impatiente de la saison suivante.
On se familiarise vite avec les personnages récurrents de la série dont quelques clandestins (clandés) qui vivent sous légende (avec une identité fabriquée de toute pièce), parfois pendant des années. Chargés de récupérer des renseignements ou de recruter des personnes susceptibles d'en donner, ces clandestins, comme les membres du bureau situé à Paris, s'appellent par leur surnom: Malotru, Moule à gaufre, Phénomène, ou même la Mule. Au sein même du bureau, les renseignements sont compartimentés, chacun a le droit ou non "d'en connaître".
Dans la première saison, Guillaume Debailly dit Malotru (Matthieu Kassovitz) revient d'une mission de six ans en Syrie. A Paris, la jeune Marina Loiseau dite Phénomène (Sara Giraudeau) débute dans le métier si je puis dire. Elle surmonte un bizutage assez violent. Sa légende va faire d'elle une sismologue et elle part en Iran. En Algérie, un des clandestins a disparu en mission.
Dans la deuxième saison, Phénomène infiltre la jeunesse dorée iranienne (ça existe) pour se rapprocher d'un jeune homme qui va la mettre en péril. On apprend que Malotru est aussi un agent de la CIA; Cyclone est revenu en France et essaye de trouver la famille d'un Français, bourreau de Daech.
Cela nous permet de suivre comment travaillent les membres du bureau dont Henri Duflot (Jean-Pierre Darroussin) et Marie-Jeanne Duthilleul (Florence Loiret-Caille).
Dans la troisième saison, Malotru est prisonnier d'hommes de Daech. La DGSE fait (presque) tout pour le faire libérer. Il faudra attendre le 10ème épisode pour y arriver. Quant à Marina, qui a vécu une aventure traumatisante dans la deuxième saison, elle a du mal à s'en remettre. Mais sa légende de sismologue tient toujours et elle est recrutée par un agent du Mossad qui se fait passer pour un agent de la DGSE (vous me suivez?). Il veut qu'elle parte à Bakou. Cette troisième saison est haletante, peut-être plus que les deux premières.
Si vous voulez voir cette série, il faut commencer par le début. J'attends la quatrième saison (en cours d'écriture) avec impatience, même s'il manquera un personnage essentiel. Je ne vous en dis pas plus.
Grand Froid - Gérard Pautonnier / Edmond Ganglion & Fils - Joël Egloff
Le mercredi 28 juin prochain sort le premier long-métrage de Gérard Pautonnier (qui est aussi le co-scénariste du film avec Joël Egloff), Grand Froid, avec Jean-Pierre Bacri (épatant), Olivier Gourmet et Arthur Dupont. J'ai trouvé ce film très amusant et distrayant avec un côté absurde. Une entreprise de pompes funèbres située dans une petite ville neigeuse peine à trouver de la clientèle. L'entreprise Zwek est au bord de la faillite. Zwek (Olivier Gourmet) ne pourra pas payer les salaires du mois en cours à ses deux employés, Georges Bron (Jean-Pierre Bacri), à quelques mois de sa retraite, et Eddy (Arthur Dupont), un jeune homme plein de bonne volonté. De temps en temps, Georges va chez le docteur de la ville. Il s'installe dans la salle d'attente pour constater que les futurs clients ne sont pas pour tout de suite. Car comme il le dit à Mme Cisca qui n'arrête pas de demander conseil sur ses malaises et vertiges, "la mort, ce n'est pas contagieux, c'est héréditaire". Enfin un jour, l'espoir renaît pour Zwek, un couple passe la porte de la boutique. Une femme et son beau-frère veulent que l'entreprise Zwek organise les obsèques du mari de la première et frère du second. Le décédé doit être inhumé dans un cimetière loin de tout. Georges et Eddy mènent le corbillard. Derrière eux dans une deuxième voiture, sont entassés la veuve, le beau-frère, le curé et deux enfants de choeur. Après quelques kilomètres, tout va de travers et je vous laisse découvir les divers incidents qui aboutit à un coup de théâtre inattendu. Le film que j'ai vu en avant-première dure 1h26. Un film sympa et bien interprété. Allez le voir quand il sortira.
J'en ai profité pour lire le roman Edmond Ganglion & Fils de Joël Egloff paru en 1999 et qui vient d'être réédité (Collection Folio/Gallimard, 162 pages). Il a servi de base au film. Les scénaristes ont gardé la trame narrative. En revanche, je n'ai pas ri car j'ai trouvé l'histoire plus tragique. Il manque la manière de dire le texte (comme le fait Bacri par exemple, il est irrésistible).
Article 353 du code pénal - Tanguy Viel
C'est en fréquentant les blogs que j'ai repéré ce roman que j'ai eu envie de lire, Article 353 du code pénal de Tanguy Viel (Editions de minuit, 173 pages). A la dernière page du livre, le lecteur prend connaissance de cet article du code de procédure pénale où il est question de l'intime conviction tout comme dans les articles 427 et 304 qui sont évoqués dans les procès de droit pénal. Toute l'histoire ou presque est racontée en 4ème de couverture: Martial Kermeur a jeté Antoine Lazenec à la mer en le passant par dessus bord d'un bateau. Kermeur est arrêté peu après. Il ne nie rien devant le juge, bien au contraire. Il explique les événements qui l'ont amené à commettre l'irréparable. Le roman est écrit à la première personne par Kermeur qui distille son histoire sans s'énerver. Il prend son temps. Le lecteur est acquis à sa cause assez vite. Kermeur, licencié depuis peu avec quelques autres, a récupéré une indemnité conséquente. Lazenec, avec son air banal et ses chaussures à bouts pointus (comme les chaussures italiennes), était un escroc. Promoteur immobilier, il a réussi à convaincre Kermeur et quelques autres de lui confier leurs économies qui seraient investies dans un complexe immobilier en lieu et place d'un parc et d'une vieille maison en bord de mer. Le temps passe, les travaux commencent mais s'arrêtent aux fondations. Kermeur se rend compte qu'il s'est fait avoir comme le maire de la petite ville voisine. J'ai eu du mal à me procurer ce roman dans une des biblothèques de la ville de Paris: il est toujours sorti (quel succès!). Ma patience a été récompensée et ma lecture agréable. Je conseille, tout comme Krol, Baz'art, Laure et Eva. Valérie est plus mitigée.
Billet d'humeur: la grande distribution discount par abonnement
Une fois n'est pas coutume, je voudrais évoquer la grande distribution avec abonnement. Cela fait suite à la lecture aujourd'hui d'un article dans un journal et et au fait que j'en ai entendu parler à la radio ce matin.
Costco arrive! Vous ne connaissez certainement pas encore cette enseigne qui existe depuis longtemps aux Etats-Unis. Il s'agit de l'antithèse de La Louve ouverte récemment dans le 18ème arrondissement de Paris.
Costco vient d'ouvrir un immense magasin dans un entrepôt dans l'Essonne. Comme c'est loin de tout, il faut y aller en voiture ou prendre un car! Pour acheter, il faut payer un abonnement de 36 euros par an pour avoir droit d'acheter des produits à des prix défiant toute concurrence. Il y a énormément de catégories de produits mais pas de beaucoup de références. Cela va de la nourriture et aux boissons jusqu'aux vêtements et aux ordinateurs. Et donc, les clients (particuliers et professionnels) n'auront souvent le choix (ou pas) qu'entre une marque ou deux [pas forcément connue(s) ou la(es) meilleure(s)] par produit. Bien évidemment, Costco affirme que tout est de bonne qualité. Je ne suis pas sûre qu'ils vendent du bio. Il semble qu'il y ait pour l'instant que 7000 abonnés (252 000 euros). Cela n'empêche pas Costco d'ouvrir bientôt d'autres magasins.
J'en ai assez de cette uniformisation à tous les étages: on trouve les mêmes enseignes partout en France et ailleurs. L'uniformisation se retrouve dans notre assiette, dans ce que l'on porte (vêtements et chaussures). C'est d'un triste! Et payer pour avoir le droit d'acheter du pas très haut de gamme, c'est fort!
Creepy - Kiyoshi Kurosawa / La momie - Alex Kurtzman
Samedi soir le 17 juin, dans ma province limogeaude, je suis allée voir Creepy du réalisateur japonais Kiyoshi Kurosawa dans l'une des trois salles "art et essais" de la ville. C'était à la séance de 22H15 et nous étions 3 (trois) spectatrices, moi comprise. J'avoue que c'est dommage qu'il n'y ait pas eu plus de monde car ce film très réussi est "creepy" (qui fait frissonner) à souhait. Takakura, la trentaine, un ancien policier devenu professeur en criminologie, s'installe avec sa femme Yasuko et leur chien Max (une grosse bête poilue) dans un petit pavillon dans la banlieue de Tokyo. Yasuko, très bonne cuisinière, fait la connaissance de ses voisins et en particulier de Nishino et sa fille Mio. Nishino avec son visage de clown grimaçant ou souriant, c'est selon, paraît assez vite étrange et inquiétant tant par ses remarques que par son comportement. Les jours passent, Nishino apprivoise Max, pendant que Yasuko, souvent seule semble perturbée par des coups de fil mystérieux. Elle devient apathique. Pendant ce temps, Takakura, consulté par d'anciens collègues, enquête sur la disparition survenue six ans auparavant d'un couple et d'une famille de trois personnes (un père, une mère et leur fils). Takakura interroge la fille de cette famille. Elle est encore traumatisée si longtemps après. Les choses s'accélèrent, et on découvre un psychopathe sans pitié qui sort de l'ombre, une incarnation du mal qui manipule ses victimes (et les autres) par la pensée et en fait des tueurs. Je ne peux rien révéler de plus. On a de plus en plus peur. Le film dure 1H51. J'ai été captivée de bout en bout. J'espère que les deux autres spectatrices ont autant que moi apprécié le film. Lire le billet de l'Arroseurarrose.
Je passe maintenant à un film qui m'a déçue: le nouveau Tom Cruise, qui doit affronter la Momie: une jeune princesse, Ahmaneth, qui, il y a plus de 2000 ans, apprenant qu'elle ne pourra pas régner sur l'Egypte, s'est s'adonnée au culte de Seth, incarnation du mal. Momifiée vivante, Amaneth fut mise dans un sarcophage enterré en Mésopotamie (Irak) à plus de 2000 km des terres égyptiennes. De nos jours, Tom Cruise et un acolyte sont des pilleurs de tombes. Ils dérobent des reliques et les revendent. Bien entendu, Amaneth va renaître par-delà le temps, et jeter son dévolu sur Tom pour en faire son alter ego et lui donner la vie éternelle. C'est compter sans Dr Jekill (Russell Crowe, impayable), qui fait la chasse aux forces du mal. Ce film est bourré d'effets spéciaux (certains spectaculaires), mais j'ai trouvé que l'histoire était "du grand n'importe quoi" avec des zombies et quelques templiers plus très frais. Vraiment pas terrible. Lire le billet de Pascale.
Marie-Francine - Valérie Lemercier / The Jane Doe Identity - André Øvredal
La bande-annonce de Marie-Francine m'a donné envie de voir le nouveau film de Valérie Lemercier qui est aussi la co-scénariste avec Sabine Haudepin et l'actrice principale. Elle joue même un double rôle car Marie-Francine a une soeur jumelle Marie-Noëlle. Quand l'histoire commence, Marie-Francine, 50 ans, apprend que son mari la quitte pour une plus jeune qu'elle. En même temps, elle est licenciée économique du laboratoire de recherche où elle travaille. Marie-Francine repart vivre chez ses parents. C'est eux qui ont l'idée de lui donner la gestion d'une petite boutique de cigarettes électroniques dans un quartier huppé de Paris où se trouve l'appartement familial. Il faut dire que les parents sont bourgeois catholiques et golfeurs. Philippe Laudenbach et Hélène Vincent sont assez irrésistibles dans les rôles des parents de Marie-Francine, tout comme Danièle Lebrun, Patrick Préjean et Pierre Vernier qui font une courte apparition. Merci à Valérie Lermercier d'avoir pensé à eux. Sans oublier Patrick Timsit dans le rôle d'un cuisinier portugais qui tombe amoureux de Marie-Francine. Lui, c'est sa femme qui l'a quitté pour une autre femme! C'est un film sympa même si je n'ai pas eu le coup de foudre (quelques passages scatologiques pas nécessaires à mon goût) qui permet d'entendre de la musique de Moustaki et "Quand on s'aime" par Michel Legrand et Nana Mouskouri ainsi que "L'amour, c'est comme une cigarette" de Sylvie Vartan et même du Fado par Amalia Rodriguez. Lire les billets de ffred, géraldine, tinalakiller.
Je passe maintenant à un "petit" film de série B, The Jane Doe Identity d'André Øvredal, un réalisateur norvégien dont c'est le premier film américain. Ce film d'horreur se passe dans un petit institut médico-légal quelque part aux Etats-Unis, où exercent Tommy, un médecin légiste, et Austin, son fils qui lui sert d'apprenti. C'est d'ailleurs là qu'ils vivent. On leur apporte le corps d'une jeune femme trouvé à demi-enterré dans une maison où plusieurs crimes sanglants viennent d'être commis. "Jane Doe", nom que l'on donne lorsque l'on ne connait pas le nom de la personne, semble n'avoir aucune blessure apparente, ses yeux sont moins vitreux qu'ils devraient être, le corps n'est pas rigide. Au fur et à mesure que les deux hommes avancent dans l'autopsie, des phénomènes étranges inquiétants surviennent autour d'eux. Je m'arrête là. Moi qui ne vais jamais voir ce genre de film, j'y suis allée car ffred en a dit du bien. Et puis Brian Cox et Emile Hirsch (Into the Wild) jouent les deux rôles principaux. Ce huis-clos horrifique à la réalisation très serrée et sans effet grandiloquent est très réussi. J'ai en particulier aimé la fin.
Domaine de Chantilly
Faisant suite à la disparition récente de Roger Moore, mon ami et moi avons revu tous les James Bond avec lui dans le rôle. En particulier, Dangereusement vôtre, le dernier James Bond qu'il ait tourné. Une grande partie de la première heure se passe dans le domaine de Chantilly. Dans le film, le château appartient à Zorin, le "méchant". Cela nous a donné envie de connaître le domaine en "vrai". Nous n'y avions jamais été.
Ce domaine, à 44 km au nord de Paris, est un ensemble constitué du Château (presque entièrement reconstruit au XIXème siècle), du petit château d'Enghien (que l'on ne visite pas), d'un beau parc de 115 hectares et du musée du cheval qui est une dépendance du château. Le tout a été légué en 1886 par le Duc d'Aumale (1822-1897), l'un des fils du roi Louis-Philippe. Pour voir l'ensemble, il faut sans doute y consacrer presque deux jours (ce que nous n'avons pas fait).
Différentes vues du château qui a appartenu à la famille de Montmorency entre le XVème et le XVIIème siècle. Le connétable Anne de Montmorency (1492-1567), le plus illustre de cette famille a fait rénover la forteresse au XVIème siècle. Plus tard, le château passera à la famille des Bourbon-Condé dont le Grand Condé (1621-1686) est le membre le plus connu.
Les écuries et le musée du cheval
Des moutons servent à la "tonte naturelle" (sic!) de l'herbe pour certaines parties du parc.
D'autres animaux croisés dans le parc.
Il y a même une vingtaine de Walabis dans deux enclos depuis plusieurs années.
Une vue du parc côté jardin anglais.
Henri d'Orléans, duc d'Aumale, avait une immense fortune familiale qu'il a dépensée en acquérant livres de bibliophilie, peinture et divers objets. Parmi les ouvrages, il y a la plus belle collection de livres enluminés (1500) après celle de la Bibliothèque Nationale dont Les Riches heures du Duc de Berry.
Concernant les peintures, je n'ai pas pris de photos, la collection est la deuxième après celle du Musée du Louvre pour les peintures d'avant 1850.
Dans un des coins dans le jardin anglo-chinois, il y a un hameau composé de cinq maisonnettes contruites en 1773. Marie-Antoinette s'en est inspiré pour faire contruire son hameau à Versailles. Juste à côté, on s'est installé pour déguster une glace pour mon ami et des fraises/framboises à la chantilly (maison) pour moi.
Faute de temps, on a eu à peine une demi-heure pour visiter le Musée du cheval. On n'a même pas pu assister à une démonstration de dressage.
Juste avant que cela ferme, j'ai pu entrer dans le lieu où se déroule le spectacle: très bel endroit.
Je ne peux que vous conseiller de vous rendre à Chantilly. Le dimanche 4 juin, jour où nous y sommes allés, il y avait des courses hippiques à l'hippodrome juste à côté du musée.
Ragdoll - Daniel Cole / La Daronne - Hannelore Cayre
Chez Pierre D. j'ai lu un billet sur ce roman qui attiré mon attention. Peu après, je l'ai vu qui était recommandé par une librairie que je fréquente. Voici donc Ragdoll (Poupée de chiffon en VF), le premier roman de Daniel Cole (Collection La bête noire, Edition Robert Laffont, 454 pages). L'histoire se passe en Angleterre de nos jours (à Londres ), avec quelques retours en arrière qui ont leur importance. L'Inspecteur "Wolf" Fawkes, divorcé d'une journaliste, est appelé sur une scène de crime pas banale: un cadavre façon puzzle est retrouvé dans un appartement en face de chez lui. La tête, les deux bras, les deux jambes et le buste sont cousus grossièrement pour former un tout. Chaque morceau appartient à une personne différente. Wolf reconnait tout de suite à qui appartient la tête. Il s'agit d'un homme qui avait été arrêté par ses soins et qui avait été condamné à une lourde peine. L'index d'une des deux bras en extension pointe vers la fenêtre de l'appartement de Wolf. Peu après, une liste parvient à l'ex-femme de Wolf sur laquelle un tueur mystérieux annonce les dates de six futures victimes, dont Wolf lui-même. Je vous laisse découvrir qui sont les victimes, les liens qui les relient, même si elles ne se connaissait pas forcément. L'intrigue est très bien menée même si j'ai été très légèrement déçue par la conclusion. Un bon "page-turner" d'avant l'été.
Je passe maintenant à La Daronne d'Hannelore Cayre (Editions Métailié noir, 171 pages très bien écrites et souvent drôles), dont je n'ai lu que des éloges de la part d'Aifelle et Keisha. Patience Portefeux, 53 ans, veuve à 27 et mère de deux filles, a débuté comme interprète-traductrice judiciaire (français-arabe) dans des tribunaux. Depuis un certain temps, elle traduit les écoutes pour la brigade des stups. Il faut noter que c'est un travail "au noir" pas très bien payé. Patience a une vieille mère qu'elle visite régulièrement dans un "mouroir" à 3000 euros par mois. Tout cela fait que Patience a du mal à joindre les deux bouts. De fil en aiguille et grâce à un chien nomné ADN, Patience, à la barbe de la police avec qui elle travaille, va récupérer une tonne de cannabis et devenir une Daronne sachant mener ses affaires pour mettre ses filles et elle-même à l'abri du besoin. Ce roman n'est pas qu'un roman policier, il traite de la vieillesse et expose comment on traite les personnes âgées, les aberrations de la justice en France. Un très bon moment de lecture. J'ai découvert Hannelore Cayre avec ce roman: un très grand écrivain.
Le vénérable W. - Barbet Schroeder
L'initiale W du titre correspond à Ashin Wirathu, un moine bouddhiste briman qui prône la haine envers les Musulmans, lesquels représentent 4% de la population en Birmanie. Le vénérable W. de Barbet Schroeder, a été projeté en séance spéciale lors du dernier festival de Cannes en mai dernier. Ce documentaire est remarquable à plus d'un titre. D'abord, il apprend quelque chose aux spectateurs français que nous sommes. J'avoue que j'ignorais l'existence de ce Wirathu, une sorte d'Hitler birman qui ne suit pas précisément les préceptes bouddhistes de s'aimer et d'être tolérant envers les autres. Wirathu dans sa tenue de bonze paraît banal, sauf quand il ouvre la bouche pour énoncer des phrases terribles contre la communauté musulmane en général et la minorité Rohingyas en particulier. Schroeder mêle les documents d'actualités avec d'autres images où l'on voit et entend Wirathu devant la caméra du cinéaste ainsi que des témoignages ou avis de deux journalistes et de moines bouddhiques réfractaires aux idées de W. Dans les documents d'actualités qui alternent avec des films d'amateurs, on découvre avec horreur ce que les Birmans sont capables de faire suite aux messages haineux sur internet et aux discours de W devant un public nombreux: de nombreuses villes sont brûlées et une frange de la population musulmane massacrée, la haine attire la haine. Des lois récentes sur la race et la nationalité ont été votées en Birmanie. Même la Prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi, ne réussit pas à contrer cet apôtre de la haine raciale. Les militaires qui sont toujours présents restent atones. Quand le film se termine, on n'en sait pas plus sur le sentiment de haine de W envers les Musulmans. Il ne donne aucune vraie justification devant la caméra. Après ses deux remarquables documentaires sur Idi Amin Dada et Jacques Vergès, Barbet Schroeder clôt, avec Le vénérable W, une trilogie sur le mal. Si ce film passe par chez vous, allez le voir.
Le fric c'est capital - Tignous
Lorsque j'avais [ta d loi du cine, "squatteur" chez dasola] découvert Le fric c'est capital (ramené par dasola d'une librairie en province en février 2015, il me semble), j'avais été un peu frustré. En effet, il n'y a dans ce "pavé" aucun texte d'accompagnement ou de "contexte": ni préface, ni introduction, ni postface, ni texte en 4ème de couv' - que du dessin, que du dessin, que du dessin... Tignous s'exprimait avec ce qu'il savait faire le mieux. La première édition de ce recueil est parue en 2010 chez 12Bis, Maison dont quasiment tout le catalogue a été racheté par Glénat en 2013. Le tirage à ma disposition est daté de janvier 2015. Il s'agit du deuxième livre de Tignous que je chronique (après Pandas dans la brume), je viens de le reparcourir pour programmer le présent billet dans la suite de mes "hommages". Si je devais citer tous ceux des quelque 500 dessins qui ont particulièrement éveillé mon attention, il faudrait que je mette des photos d'une trentaine de pages (sachant qu'on compte 2 ou 3 dessins par page), je me suis limité à une douzaine (avec parfois un commentaire de mon cru).
Un clin d'oeil vers le "nouveau beauf' de Cabu?
Je pourrais dire que je trouve presque le dessin de Tignous "moëlleux", tout en courbes (là où celui d'un Charb apparaît plus "sec"). Mais les rondeurs du trait n'enlèvent rien à l'âpreté comme à l'alacrité du propos. Les dessins du livre sont regroupés en 4 thèmes: les riches (les patrons et la finance), les pauvres (la société et le travail). J'y ai donc choisi pour les citer ici seulement quelques-uns des dessins qui me paraissaient particulièrement éloquents ou en tout cas qui m'ont "parlé".
Roi du monde (roi du gaz de schiste?) ou bonnet d'âne?
Je n'ai pas trouvé tant de références que cela à ce livre sur internet, j'ai quand même pu dénicher de rares informations complémentaires. J'ai appris grâce à ToutenBD.com que les dessins avaient été publiés notamment dans Marianne, tandis qu'Auracan.com parle plus précisément d'une anthologie de près de 500 dessins de Marianne et Charlie Hebdo.
Dans un des rares blogs que j'ai identifié comme ayant publié un hommage à Tignous, Etsivoulisiez, j'ai retrouvé parmi les citations des recueils précédents (que je lirai bien un jour), Tas de riches et Tas de pauvres (Denooël, 1999 et 2000), un dessin colorié dont la version "au trait" (en noir et blanc) figure dans Le fric c'est capital.
Certains de ces dessins (datant de 2010 voire d'avant, rappelons-le!) sont tellement intemporels que, en 2017, il conservent une brûlante actualité... Je les ai gardés pour la bonne bouche.
C'est pas forcément la même usine...
C'est pas forcément à cause du même produit...
... C'est toujours le même PS (mais ça ne va pas forcément mieux chez LR, au FN, au FdG, ou demain à REM!).
Que puis-rajouter? Votre propre sélection serait peut-être différente. Un seul moyen de le savoir: faites l'effort de trouver et de feuilleter ce livre!
*** Je suis Charlie ***