Pendant deux heures vingt minutes, le spectateur se trouve à Detroit, en juillet 1967. Cette ville, berceau du label de chansons Motown et capitale de l'industrie automobile vit des émeutes sanglantes. Tout part, pendant une soirée, d'un cercle de jeu clandestin où une fête est organisée pour célébrer le retour d'un soldat noir du Vietnam. La police interrompt cette fête. Les gens se dispersent pour éviter l'affrontement avec les forces de l'ordre. Un ou deux jours plus tard, c'est l'état de siège dans Detroit. Les magasins sont pillés. Dans une salle de spectacle, un concert où se succèdent des chanteurs de "soul" est interrompu. The Dramatics, un groupe de cinq chanteurs noirs qui s'apprêtaient à monter sur scène pour la première fois, se retrouve dans la rue et se réfugie dans un motel voisin, The Algiers Motel, en évitant les arrestations de masse. Fin de la première partie. A partir de là, tout dérape, un Afro-américain logeant dans le motel a la très mauvaise idée de tirer avec un pistolet d'alarme en direction des militaires stationnés dans la rue. Les autres Afro-américains et deux jeune femmes blanches présents sur les lieux essuient des tirs de riposte. Le motel est bientôt investi par les gardes nationaux et surtout par des policiers dont le meneur s'appelle Krauss, un nazillon de la pire espèce qu'on avait croisé au début du film. Durant plus d'une heure dans un huis-clos étouffant, on assiste à l'humiliation et au tabassage des afro-américains et des deux jeunes femmes qui sont agressées et ceci en tout impunité. Trois noirs sont tués. Melvin, le seul vigile noir arrivé en renfort, n'a pu rien pu faire. Fin de la deuxième partie. Dans la troisième partie qui sert aussi d'épilogue, on voit les policiers blancs traduits en justice. Les jurés et le juge sont blancs. Donc vous pouvez deviner que les prévenus vont s'en sortir. C'est un film asphyxiant. On sort chamboulés et révoltés. La caméra suit les acteurs de très près. On ne sort pas indemne de Detroit (film réalisé par Kathryn Bigelow), qui ne peut pas laisser indifférent, qu'on l'aime ou pas. Lire les billets de Pascale, Aurore et Chris,