Dans Ceux qui travaillent d'Antoine Russbach, on nous raconte le parcours d'un homme, Franck (Olivier Gourmet qui a trouvé un des rôles de sa vie tant son interprétation est magistrale, il est granitique). Né pauvre, Franck est parvenu grâce à son travail à mener une vie confortable et aisée avec sa femme et ses cinq enfants. Dans une entreprise, Franck gère la logistique du transport maritime de nourriture d'un continent à l'autre par bateau cargo. Il a tout sacrifié à son travail. Même chez lui, il ne pense qu'au travail. Il connaît mal ses enfants et sa femme. Il essaye de se faire pardonner en leur offrant des cadeaux. C'est un homme qui parle peu. Et puis, un jour, tout s'arrête, Franck perd son emploi à la suite d'une décision malheureuse qu'il a prise seul et il en assume la responsabilité. Le film est une illustration de ce qu'est le travail dans notre monde d'aujourd'hui où la mondialisation se fait en particulier par la circulation internationale des marchandises. Une longue séquence permet à Franck de montrer à sa plus jeune fille comment est organisé le voyage des marchandises qui arrivent dans notre assiette. Sinon, grâce à ce film, j'ai appris que des chaussures gauches d'une certaine marque de baskets arrivent dans un port éloigné de 600 km d'un autre port, là où arrivent les chaussures droites. Tout ça pour éviter les vols! Il faut voir ce film (le premier d'une trilogie, a priori) pour Olivier Gourmet qui est présent de la première à la dernière image. Un très grand film qui pourra peut-être paraître austère à certains.
Commentaires sur Ceux qui travaillent - Antoine Russbach
- Je viens de visionner la BA, c'est un film que j'irais voir c'est certain, il semble bien montrer comment certaines entreprises génèrent précarité et mal-être au travail.Merci pour cette proposition cinématographique.
- Bonjour Dasola, je suis allée le voir hier, et je l'ai trouvé glaçant, parce qu'il nous met le nez dans ce que nous sommes, finalement, nous, citoyens des pays "riches", et sur nos valeurs mercantiles, sur notre indifférence au reste du monde, au profit de la satisfaction des besoins superflus que nous nous créons..
Un très bon film, donc, qui induit un questionnement profond. Je ne savais pas qu'il s'agissait du 1e volet d'une trilogie mais je m'en réjouis..
Bon week-end. - Je suis la carrière d’Olivier Gourmet depuis bien moins longtemps (novembre 2011) que ne le fait dasola (qui le mentionnait déjà dans un de ses billets d’avril 2010). Je l’ai découvert seulement dans L’exercice de l’Etat (et revu depuis, dans Edmond, ou dans Un peuple et son roi). Ceux qui travaillent lui a encore donné un rôle d’une grande densité, à mon avis. Un taiseux qui ne s’amuse pas à parler pour ne rien dire, et que l’on doit d’autant plus écouter lorsque la parole sort.
Et, justement, une scène m’a frappé : lorsque, à table, il monologue et explicite, en quelque sorte, des notions comprises dans la pyramide de Maslow sur la satisfaction des différents besoins, avec la mise en évidence de problèmes de communication au sein de sa nombreuse famille.
Je vais finir en mettant les pieds dans le plat de la question cruellement posée par cette fiction : au-delà des droits de l’homme et autres textes et morales, combien vaut la vie d’un homme, au loin, en vrai ?
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