Piccoli - Derrière l'écran - Anne-Sophie Mercier
Un mois après le décès de Michel Piccoli, je viens de terminer en une soirée Piccoli - Derrière l'écran d'Anne-Sophie Mercier (Allary Editions, 199 pages, mars 2020), une biographie très bien écrite sur cet acteur et producteur. La journaliste Anne-Sophie Mercier a réussi à faire un portrait d'un homme qui a relativement peu parlé de lui. J'admirais Michel Piccoli acteur, mais je ne connaissais rien de l'homme, à part qu'il a été marié 10 ans avec Juliette Gréco et qu'il a eu une fille Cordelia avec Eleonore Hirt, sa première épouse. Cet ouvrage ne fait pas dans le sensationnalisme. Mme Mercier nous raconte beaucoup sur l'enfance et l'adolescence de Michel Piccoli, un enfant passif et solitaire et gardant ses distances, qui dormait sur le canapé dans le salon de ses parents. Il n'avait pas de chambre à lui. Il est né parce que son frère aîné Jacques était mort en bas âge, deux ans avant sa naissance. Il a eu des rapports difficiles avec ses parents Marcelle et Henri, en particulier sa mère qui n'a jamais cessé se ressasser son chagrin pour la perte de son premier fils décédé. Elle ne montrait pas beaucoup de tendresse pour Michel même si leurs relations se sont apaisées par la suite. Henri était violoniste et Marcelle pianiste. Elle était l'une des enfants de Charles Expert-Bezançon, l'un des producteurs les plus importants du blanc de céruse (blanc de plomb) qui a été jugé responsable du saturnisme. Michel étouffait dans l'univers de sa famille. Quand il a eu treize ans, Michel a été envoyé dans un collège expérimental dirigé par un psychiatre et sa femme. Piccoli, qui était très critique en ce qui concernait son enfance, aura une phrase tendre envers ce couple, "la vocation et l'apostolat généreusement assumés" (p.50). Michel Piccoli passe la guerre un peu à Cavalaire dans le Var avec ses oncle et tante bien-aimés, George et Jeanne, avant de revenir à Paris. Il assiste de loin à la Rafle du Vel' d'hiv en 1942. Il commence à prendre de leçons de diction et trouve ses premiers rôles au théâtre. Il a même joué avec le TNP de Jean Vilar. Il lorgne aussi vers le cinéma et son vrai premier rôle qui le fait remarquer est celui d'un mineur dans les charbonnages du nord, dans Le Point du jour de Louis Daquin 1949 (il avait 24 ans). Dans différents chapitres, Mme Mercier évoque les films et les pièces de théâtre dans lesquels Piccoli a joué, ses mariages, ses convictions politiques de gauche, ses amitiés avec Reggiani ou Signoret, et il y a aussi un chapitre entier sur un poète et écrivain que je ne connais pas et qui est décédé en 1968, André de Richaud, que Piccoli admirait et qu'il a aidé financièrement. J'ai aimé ce livre qui donne très envie de (re)voir certains films de l'acteur.