Histoire du fils - Marie-Hélène Lafon
Récompensé justement par le prix Renaudot cette année, Histoire du fils de Marie-Hélène Lafon (Buchet-Chastel, 170 pages) m'a énormément plu. L'histoire est ancrée dans le Cantal, le Puy de Dome et le Lot. On retrouve la très belle écriture de la romancière qui narre l'histoire de plusieurs personnes pendant tout le XXème siècle et qui se termine en 2008. 100 ans plus tôt, en 1908, Armand, un petit garçon de presque 5 ans meurt ébouillanté dans la cuisine familiale. Il avait un frère jumeau (Paul) et un petit frère (Georges). A 16 ans, Paul qui est en internat comme son frère Georges va séduire une jeune infirmière, Mlle Léoty, de 16 ans son aînée. Gabrielle (tel est son prénom) va se retrouver enceinte des oeuvres de Paul et accouchera d'un petit André en 1924 à Paris. Le fils du titre, c'est André, qui sera élevé par sa tante Hélène et son oncle Léon. J'ai aimé la construction du roman avec ses va-et-vient dans le temps. Et puis Marie-Hélène Lafon, c'est un style, une écriture fluide. Elle ne perd jamais son lecteur en route. Elle joue avec la ponctuation. On s'y habitue très vite.
"Les natifs de la Préfecture et de ses entours immédiats toisent volontiers les ressortissants des quatre cantons du haut pays, Allanche, Condat, Murat, Riom-ès-Montagnes, qu'ils appellent les gabatch, autrement dit les sauvages ; un mot craché, on l'écrit à peine et on le prononce à l'arrache, même si le pays bas ne saurait se départir tout à fait d'une sorte d'admiration sourde, mâtinée de crainte, pour les précieuses qualités d'endurance, de ténacité, voire d'opiniâtreté que l'on dit échues en rude partage aux sommaires indigènes du haut pays. Paul et Georges Lachalme échappaient en partie à ces étalonnages subtils, moins par leur extrace, on les savait peu ou prou fils d'aubergiste prospère, entiché de politique locale, et petits-fils de paysans, que par un charme qui n'avait pas de nom et leur tenait au corps." (p. 31).
Un roman dont j'ai savouré chaque ligne.