Sept jours - 17-23 juin 1789 - La France entre en révolution - Emmanuel de Waresquiel
C'est en entendant l'historien (Emmanuel de Waresquiel) invité un matin sur une chaîne de radio nationale que j'ai eu envie de lire son ouvrage. Cela faisait du bien d'entendre parler d'autre chose que de la covid et des vaccins.
Je commencerai par dire que la période révolutionnaire m'a toujours beaucoup intéressée et ce livre, Sept jours - 17-23 juin 1789 - La France entre en révolution (Tallandier, 477 p., 2020), se lit comme un roman. Il est composé d'un avant-propos qui résume les 380 pages qui suivent. C'est une très bonne synthèse. Le 5 mai 1789, Louis XVI ouvre les Etats-Généraux dans la salle des "Menus-plaisirs", juste à côté du château. On a pu y accueillir 1200 personnes. Quand les Etats-Généraux ont débuté, les gens ignoraient qu'ils dureraient aussi longtemps. C'était les premiers Etats-Généraux depuis 1614, et ce furent les derniers de l'Ancien Régime. Dans cette assemblée, on retrouve les trois ordres, le clergé, la noblesse et le tiers état. Pour son récit, E. de Waresquiel s'est appuyé sur des écrits, des lettres et des journaux, ainsi que sur des Mémoires d'observateurs étrangers comme l'ambassadeur des Etats-Unis, Gouverneur Morris ("Gouverneur" était le patronyme de sa mère). Il a aussi trouvé beaucoup de documents intéressants sur les Etats-Généraux dans les "fonds perdus des travées de réserves de la bibliothèque municipale de Versailles" (sic!). E. de Waresquiel nous fait remarquer que la révolution de juin 1789 fut une révolution sans écrivains. Stendhal avait 7 ans et Chateaubriand était loin, Restif de la Bretonne n'était pas présent, Sade est à la Bastille, Laclos trop occupé de politique et Beaumarchais trop pris par ses affaires. En revanche, cette révolution de juin est servie par la peinture et l'image avec David. La semaine du 17 au 23 juin 1789 est celle où tout se joue. Le mercredi 17 juin, les députés du tiers état se constituent en Assemblée nationale. Le samedi 20, ils jurent de ne jamais se séparer avant d'avoir donné une constitution à la France (pendant ce temps-là, le roi est parti à la chasse à Marly [!]). C'est le serment du Jeu de paume et le mardi 23 juin, ils envoient promener le roi, sa Cour et ses soldats: "Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous n'en sortirons que par la force des baïonnettes." C'est la fin de la monarchie absolue.
Depuis 1786, les caisses étaient vides. Le surcroit de dépenses occasionné par la guerre d'indépendance américaine n'avait rien arrangé. Ce déficit a été d'abord gardé secret mais quand il fut rendu public, ce fut l'indignation. C'est une des raisons de la tenue des Etats-Généraux pendant lesquels on a néanmoins peu parler d'économie mais beaucoup de politique. Au fil de très courts chapitres, E. de Waresquiel nous fait entrer dans l'action de ce qui s'est passé, entre les princes de sang, les membres du haut et du bas clergé et les membres du tiers état. On croise bien entendu, pour les plus connus, Necker que Louis XVI détestait, le docteur Guillotin, Bailly (premier maire de Paris et et premier président de l'Assemblée nationale, guillotiné en 1793), l'abbé Sieyès (auteur en 1788 d'Essai sur les privilèges et d'une brochure en 1789, Qu'est ce que le tiers état?), Mirabeau, Robespierre, Talleyrand, et des centaines d'autres qui me sont inconnus mais qui semblent avoir joué des rôles de premier plan pendant cette semaine-là. Je me suis un peu perdue parmi tous ces personnages dont certains finiront sur l'échafaud quelques années plus tard. D'autres partiront en exil. Marie-Antoinette, le roi et ses frères Provence (futur Louis XVIII) et Artois (futur Charles X) sont aussi très présents ainsi que le cousin Orléans (futur régicide). Même si on sait à peu près comment cela se termine, le récit est passionnant. Je n'en dirai pas plus sauf qu'à la fin de l'ouvrage, il y a presque 50 pages de notes et quelques illustrations.