La croisière du Snark - Jack London
Bon, ça commence à devenir de moins en moins drôle que je (ta d loi du cine, squatter chez dasola) me retrouve désormais tout seul à participer au Challenge Jack London proposé de mars 2020 à ... "plus soif, je veux dire plus lire!" par ClaudiaLucia. Du coup, cette parution sera la dernière de mes huit billets, pour lesquels j'aurai quand même soutenu un bon rythme de croisière, depuis le 08/02/2021.
De son côté, le récit de voyage La croisière du Snark est paru en 1911. Il se présente sous l'apparence de 17 chapitres, peut-être (?) rédigés par Jack London sous forme de reportages concernant le voyage effectué avec sa femme Charmian, d'avril 1907 à novembre ou décembre 1908, depuis la Californie jusqu'en Australie (initialement, ils devaient être 7 ans absents et rêvaient de faire le tour du monde). Le texte est précédé d'Un mot sur le Snark, quatre pages rédigées par Louis Postif, le traducteur du texte publié chez Hachette en 1936. Pour ce qui me concerne, il s'agit de l'un des deux bouquins que j'ai retrouvé dans mes étagères, déclassés par rapport au gros de mes London parce qu'achetés à des années d'intervalle. Mon édition est parue cette fois chez Le Livre de poche (en date du 3e trimestre 1976), et j'ai acheté le bouquin (d'occasion) en 2006. J'ai regretté l'absence d'un "apparat critique" qui m'aurait informé des dates exactes de publication dans tel ou tel support. J'ai dû glaner ailleurs les informations m'apprenant que, en parallèle à ce "reportage au fil de l'eau", London a trouvé moyen de rédiger aussi Martin Eden (commencé à Honolulu et terminé à Papeete), L'Aventureuse, Contes des mers du Sud, Radieuse aurore, et de nombreuses nouvelles, ce qui lui permettait de financer les frais du voyage. Il faudrait quand même que j'arrive à feuilleter une édition en 10-18... une année ou l'autre. Ça se finit un peu en queue de poisson... Jack London fait justice, dans le dernier chapitre, de la rumeur comme quoi tous les frais de la croisière étaient intégralement payés par un magazine.
Le premier chapitre, titré La réalisation d'un rêve, expose comment est née l'idée du voyage sur une embarcation de moins de 15 mètres de long à la flottaison. J'en extirpe ce qui paraît une bonne "profession de foi" ou "philosophie de vie" de London, pour répondre à ceux (ses amis...) qui prenaient le projet pour une folie (p.15): "Et si cela me plaît, à moi! Voilà les mots qui résument tout. Plus profonds que la philosophie, ils poussent l'ivrogne à boire et le moine à endosser un cilice; ils incitent celui-ci à poursuivre la gloire, celui-là à conquérir l'or, cet autre à vivre pour l'amour, ce quatrième à ce consacrer à Dieu. La philosophie est très souvent pour l'homme, un moyen individuel d'exprimer ses goûts et ses désirs".
Pour dire quelques mots des autres chapitres qui composent cette oeuvre quelque peu décousue, j'ai retrouvé dans la description des mésaventures du fameux bateau, avant et après l'appareillage, la verve qui était déjà à l'oeuvre pour raconter les déconvenues du "correspondant de guerre" en Corée. Dès le second chapitre, London "règle ses comptes" avec tous ceux qui sont intervenus sur la fabrication du bateau: budgeté pour 7000 dollars, celui-ci lui en a finalement coûté plus de 30 000, et a pris la mer sans avoir mené à bien tous les essais qui se seraient probablement imposés avant un départ pour le tour du monde. Je n'ai rien compris aux explications données dans le chapitre Le navigateur amateur. Tout le sel des plaisanteries m'est passé au-dessus de la tête... Plus généralement, les différents chapitres peuvent porter sur un thème (ah, la découverte du "surf-riding" à Hawai par London: le chap. VI y est consacré!), ou décrire un lieu, une excursion à terre... Ou les rencontres avec des personnages hauts en couleurs, indigènes ou bien Européens expatriés "dans les Îles". J'ai tiré de cette lecture le constat qu'encore une fois, London a nourri de ses observations personnelles sur le terrain, qu'on peut qualifier de "sociologiques", nombre de ses oeuvres ultérieures. J'ai relevé (p.256) la première notation (chronologiquement) des oreilles percées des "naturels" des Îles Salomon (qui lui resserviront dans Jerry dans les Îles et dans Fils du soleil). Et (p.268-269) l'histoire de l'aveugle qui a résisté toute la nuit à coup de flèches aux trois hommes qui venaient le tuer (mais ici, il subit le sort de la chèvre de Monsieur Seguin...).
Pour sa part, son épouse Charmian London a rédigé et publié le "journal de bord", cependant que leur cuisinier réalisait une captation photographique de la croisière. Ce dernier s'est ensuite lancé dans un documentaire cinématographique sur les Îles, dont, semble-t-il, il a pu tirer un bon prix, en capitalisant sur la notoriété des London.
Bien conscient que ma description est trop sommaire (je trouve particulièrement difficile de résumer ce livre!), je signale que Chinouk en a parlé en 2018, avec des photos d'une exposition "Jack London dans les Mers du Sud" de 2017-2018, qu'a aussi présentée dans un long article publié en 2018 le blog Casoar (créé par des étudiants de l'Ecole du Louvre). Sur le livre seul, voir aussi le blog tour du monde (de Grenadine).
Et c'est avec cette croisière du Snark que je vais arrêter mes propres survols 2021 de l'oeuvre de Jack London - un peu frustré d'être resté le seul participant au Challenge depuis que j'ai entamé ma participation, en février 2021. Peut-être reprendrai-je dans quelques années - qui sait, en proposant moi-même un Challenge London-ien? Pour le moment, dans les prochains mois (jusqu'au 31 mars 2022), je vais me concentrer sur mon Challenge de la planète Mars!
PS: il y a quelques semaines, en librairie, j'ai eu une lueur d'espoir, en y apercevant Martin Eden en 10-18 "neuf". Mais en regardant les copyrights, j'ai découvert que "10-18 est une marque d'Univers Poche" (groupe Editis?), et c'est tout... Enfin non, j'ai découvert sur leur site internet une autre marque, "12-21", qui propose quelques titres de JL en édition numérique et bilingue! Je suppose que la marque "15-25" a déjà été réservée pour publier du "young adult"...