Les grands espaces - Catherine Meurisse
Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) viens de découvrir une bande dessinée parue en 2018. C'est un cadeau d'anniversaire qui m'y a amené. Ayant à offrir, pour la deuxième fois (à une deuxième personne), le roman graphique L'oasis (de Simon Hureau, 2020, Dargaud, mais qui n'est pas le sujet du présent billet), j'y ai rajouté cet album-ci, dont j'avais repéré l'argument il y a quelque temps déjà. Son auteur a longtemps été la seule femme membre de l'équipe permanente des dessinateurs de Charlie Hebdo (où elle signait ses dessins de presse "Catherine"). Elle a quitté Charlie peu après le massacre de janvier 2015.
Les grands espaces, Catherine Meurisse, Dargaud, 2018, 90 pages (mise en couleur Isabelle Merlet - bravo!).
Cet album revisite avec poésie l'enfance de Catherine et de sa (grande) soeur dans les années 1980, à la campagne où ses parents, néo-ruraux avant l'heure, avaient acheté une ferme en ruine pour y faire vivre la famille. Une maman à la main verte et un papa bricoleur, rien de tel pour vous donner une éducation écologique! Nous assistons au fil des pages à la "construction" de Catherine (et de sa grande soeur), entre Pierre Loti, Proust, Versailles, quelques peintres... Tout un passé revisité a posteriori par l'adulte qu'elle est devenue.
Je me permets de citer quelques-unes des magnifiques planches: pas forcément les plus esthétiques, pas forcément les plus belles, mais celles qui résonnent et font sens, pour moi.
p.38-39 ... et autant pour La faute de l'abbé Mouret de Zola (un peu trop imaginatif...).
p.30. Ah, "le" paysan (qui a dû s'adapter pour survivre)...
p.56-57. Cette double page illustre comme un léger décalage entre la famille et l'éducation de Catherine, et l'univers rural du Poitou s'ouvrant à la modernité (le Futuroscope a été inauguré en mai 1987). Mais, je vous rassure, une ex-Présidente de la région Poitou-Charente en prend aussi pour son grade dans d'autres pages... avec quelque anachronisme puisqu'elle ne l'a été qu'au XXIe s. (avant de devenir ambassadrice des pingouins - un jour, je reparlerai d'oiseaux)!
p.86. La planche qui, dans l'album, suit celle-ci explique que les parents ont tous deux perdu les "maisons d'enfance" où ils avaient grandi...
Catherine évoque dans l'album ses débuts de future dessinatrice professionnelle (un premier projet pour le Festival du Cabicou?), mais n'y parle pas de Charlie Hebdo. Elle l'avait déjà fait dans La légèreté, que j'avais chroniqué ici.
Au final, ces Grands espaces constituent une oeuvre magnifique et touchante. La longue liste des remerciements finit par une "Pensée pour Charb, qui attendait cet album".
Même si l'ouvrage ne figurait pas, avant que je l'y inscrive, sur le challenge ci-contre, nombre de blog ont chroniqué cet album bien avant moi, entre autres Violette, Hélène, Sabeli du blog Le carré jaune, le blog Enseigner dehors en ville, Lisou du blog Les pipelettes en parlent, Stemilou, Elsy et Caramel, Mes échappées livresques, Le dragon galactique... sans oublier Aifelle.
Liste non exhaustive - je vous invite à en chercher encore d'autres et/ou à lire l'album bien entendu!
Terminons en signalant que Catherine a été la première auteur de BD élu(e) à l'académie des Beaux-arts (section peinture), en janvier 2020.
*** Je suis Charlie ***