Colombe Blanchet - Alain-Fournier
Une idée originale à offrir pour les Fêtes? L'envie de "frimer" un peu? On ne doit pas être tant que cela à avoir lu le second roman d'Alain-Fournier. Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) chronique donc aujourd'hui Colombe Blanchet, publié en 1990 au Cherche Midi éditeur.
Tout le monde connaît Le grand Meaulnes (publié en 1913 par Alain-Fournier né en 1886), tous les lycéens en ont je suppose au moins entendu parler à défaut de l'avoir lu. Mais avant de partir à la guerre en août 1914 et de s'y faire tuer le 22 septembre 1914, cet auteur avait travaillé sur un autre projet de roman. Il en avait avait laissé l'esquisse manuscrite derrière lui (133 pages éparses), avec un mot disant "Rien de tout ceci n'est écrit et ne doit être publié (tel quel)".
Le livre de 238 pages est constitué d'une soixantaine de pages d'un "texte suivi" mais inachevé, d'une soixantaine de pages de brouillons et variantes (versions différentes d'un même épisodes), et d'une trentaine de pages de "synopsis", scénarios, plans, déroulés... L'appareil critique termine le reste du volume (édition par Gabriella Manca).
Quelques mots sur l'histoire: un jeune instituteur frais émoulu de l'Ecole Normale arrive dans une ville de province. Faute de logement "de fonction" dans l'établissement où il doit enseigner, il prend une chambre "chez l'habitant", et semble prévoir d'y recevoir une visite mystérieuse. Les relations du directeur de l'école avec la municipalité sont compliquées par le contexte de l'époque, entre école laïque, fonds religieux chez la population, rivalités politiques etc. Il y a plusieurs jeunes filles ou jeunes femmes dans l'histoire (telle qu'elle aurait dû être menée à bonne fin, en tout cas), et les jeunes instituteurs concluent un pacte... Mais beaucoup de péripéries restaient à écrire et sont connues uniquement par quelques notes.
Le "commentaire de texte" ou le "commentaire composé" n'a jamais été ma spécialité en cours de français (je préférais de loin la dissertation!). Je ne suis donc pas en mesure de vous faire une analyse stylistique ou argumentée du texte. J'avoue avoir été surtout intéressé par ce qui concerne l'histoire de sa genèse, et la lecture des différentes versions relatant les mêmes faits.
Je crois savoir que les "dossiers" du Grand Meaulnes ont été abondamment étudiés et ont permis de dégager la technique de l'écrivain Alain-Fournier: "filtrer" un texte rédigé d'abord, de différentes manières, au fil de la plume. Il restait donc encore des mois de travail pour finir de rédiger les différents chapitres avant d'entamer ce processus pour apurer le texte jusqu'à l'os. Et, justement, on retrouve comme dans l'autre oeuvre le thème de la "pureté", qui me paraît extrèmement "daté", après plus d'un siècle.
Si j'ai attisé votre curiosité, ou bien si vous pensez que cela pourrait être une idée de cadeau originale, sachez que j'ai fait une vérification auprès de ma librairie de quartier. Le livre était épuisé mais elle était en mesure de me le procurer en "impression à la demande", m'a-t-elle dit. Pour ma part, après cette lecture, je ne sais pas encore si je vais conserver le livre ou bien le remettre en circulation dans une "boite à livres" ou dans un "circul'livres" quelconque.
Enfin, je précise que c'est dasola qui a attiré mon attention sur un point commun avec tel ou tel de mes billets précédents: présenter un livre peu connu, que j'ai trouvé "d'occasion", d'un écrivain connu principalement pour un seul livre (Les croix de bois, pour Dorgelès).
**********
Composition à base de peintures éphémères photographiées
dans le XVIIIe arrondissement de Paris fin 2020 / début 2021.