vendredi 31 décembre 2021

Madame Hayat - Ahmet Altan

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Je me suis procuré Madame Hayat (Edition Actes Sud, 267 pages) de l’écrivain turc Ahmet Altan peu de temps avant que ce roman ne soit récompensé par le Prix Fémina étranger 2021. J'avais été attirée par la couverture. J’ai adoré ce roman qui raconte deux histoires d’amour en parallèle. La première entre Fazil, un jeune étudiant en littérature bénéficiant d’une bourse et Madame Hayat (Vie), une femme mûre entre 45 et 55 ans; et la deuxième entre Fazil et Sila, une étudiante en littérature du même âge que lui, qui souhaite quitter le pays dès qu’elle aura récupéré son passeport qui lui a été confisqué. Ses parents ont tout perdu du jour au lendemain. Le pays où se passe l’histoire n’est pas mentionné nommément, mais on devine qu’il s’agit de la Turquie, avec la censure et les arrestations arbitraires qui émaillent le récit. Fazil rencontre Madame Hayat et Sila, "quatre étages sous terre" d’un immeuble où sont tournés des programmes de variétés. Fazil, pour se faire un peu d’argent, a accepté de participer en tant que spectateur à ces émissions, tout comme Madame Hayat, belle femme plantureuse pas vraiment jolie mais dégageant beaucoup de charme et qui fascine Fazil. Sila, elle, devient aussi spectatrice de l'émission, mais de manière moins assidue. Fazil séduit cette dernière pour avoir choisi les quinze pages du « Le temps passe », une des parties de La promenade au phare de Virginia Woolf, en réponse à un test que lui a soumis Sila: « Si parmi toute la littérature mondiale, tu devais choisir quinze pages, les quinze pages dont tu aurais aimé le plus être l’auteur, lesquelles tu choisirais ? » (p 39). Concernant Madame Hayat, on ne sait rien d’elle, elle restera mystérieuse jusqu’au bout. Fazil entame une relation intime avec cette femme qui le rend tout chose. Il tombe éperdument amoureux d’elle, il est comme ensorcelé. Avec Sila, les relations sexuelles se font avec la fougue de la jeunesse. C'est un roman très sensuel (mais le lecteur ne se sent pas voyeur), un très beau roman écrit par un écrivain qui est aussi journaliste. Il l'a écrit en prison, où il a purgé une peine de plus de quatre ans avant d’être libéré en avril 2021. Lire les billets de Shangols et de Pamolico (qui renvoie à d'autres liens). 

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mardi 28 décembre 2021

Les enquêtes de Victor Legris: Mystère rue des Saints-Pères - Claude Izner / JD Morvan / Bruno Bazile / Annelise Sauvêtre

Je n'ai jamais lu de romans de Claude Izner (le nom de plume commun de deux soeurs, Liliane et Laurence Korb). Elles ont signé ensemble les enquêtes de Victor Legris dont les histoires se passent à la fin du XIXème siècle. Les romans ont été publiés aux Editions 10/18. 

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Voici donc l'adaptation en bande dessinée de la premère enquête de Victor Legris, Mystère rue des Saints-Pères (87 pages, Editions Philéas, novembre 2021). L'histoire se passe entre mai et juin 1889 lors de l'exposition universelle. La Tour Eiffel vient d'être inaugurée. Au premier étage, une femme meurt piquée par une piqûre d'abeille, semble-t-il. Marius Bonnet, le rédacteur en chef d'un quotidien intitulé "Le passe-partout" ainsi que son équipe font partie des témoins. Ils ont l'exclusivité de la nouvelle. Victor Legris est aussi présent: il doit écrire des chroniques pour Le Passe-Partout. Victor tient une librairie dans la rue des Saint-Pères et il est photographe à ses heures. Dans sa librairie, il est aidé par un commis, Joseph, qui lit les romans d'Emile Gaboriau, et un Japonais, Mori Kenji, qui est son père adoptif. Grâce au journal, il fait la connaissance de Tasha Kherson, une jeune dessinatrice et peintre d'origine russe. Elle fait des caricatures pour le journal. Victor tombe amoureux de Tasha qu'il soupçonne un temps de ne pas être étrangère à ces morts suspectes. Car bien entendu, ce n'est pas une piqûre d'abeille, mais du curare inoculé grâce à des aiguilles de tatouage qui a provoqué la mort de la femme et d'autres victimes par la suite. L'album est sympathique à lire. J'ai aimé les desssins et les couleurs. Le tome deux, La disparue du Père-Lachaise, est prévu prochainement. Je continuerai de suivre les enquêtes de Victor Legris. 

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lundi 27 décembre 2021

Météor - Raoul Giordan

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Voici, je pense, l'un de mes derniers billets de 2021 concernant le Challenge de la planète Mars (la récente inscription de Keisha m'a remotivé!). J'ai (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) pioché l'inspiration dans l'un des quelques milliers d'albums de BD que j'ai accumulés chez moi depuis plus de 30 ans. Il s'agit d'une réédition de fascicules qui étaient commercialisés en kiosque dans les années 1950-1960, avec une logique d'"histoire complète" et un prix moins cher que les hebdomadaires Spirou ou Tintin qui proposaient, eux, quelques planches de nombreuses histoires "à suivre" en parallèle. Météor était l'un des nombreux titres (chacun dédié à une série en particulier) dessinés par différents auteurs (payés "à la case") proposés par la Maison d'édition Artima. Les frères Robert et Raoul Giordan sont entrés chez Artima en 1950 et ont d'abord travaillé ensemble sur deux séries. En 1953, Raoul entame seul Météor

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Météor, Il était une fois... Artima, Arédit / éd. Lefrancq, 1990

Du second tome, je ne dirai pas grand-chose, si ce n'est que je l'avais acheté il y a plus de 20 ans, dans une librairie de BD d'occasion aujourd'hui disparue. La première aventure de ce volume, titrée "Titania", commence par un résumé: "Après avoir quitté la planète Mars, la fusée du docteur Spencer s'est posée sur une planète atteinte de gigantisme (...)". Du coup, après quelques recherches pour trouver trace du premier, j'ai finalement investi dans l'achat sur internet d'un Tome 1 "dans son jus" (poster compris) de cette réédition parue aux éditions Lefrancq.

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La série d'aventures publiée dans Météor constitue un "space opera" qui a dû faire rêver bien des gamins des années 1950-1960. Je ne connais pas assez les précédesseurs ou éventuelles sources d'inspiration pour en parler, mais à la lecture des épisodes successifs de Météor, j'y ai trouvé quelques ressemblances (au moins thématiques) avec d'autres BD comme Objectif lune (Hergé, album paru en 1953 après prépublication dans le journal Tintin) pour le départ de la terre, ou les premières aventures de Dan Cooper (créé en 1954 par Albert Weinberg) pour la mise en place d'une station spatiale en forme de roue et l'invention d'un appareil volant révolutionnaire par un savant charismatique... Le traitre de service accompagne même nos Terriens sur la lune, où le trio principal et quelques acolytes vivent des aventures assez semblables à celles de Tintin et ses compagnons dans On a marché sur la lune, aux prises entre autres avec la poussière lunaire qui n'est pas encore nommée régolithe. Puis une fusée destinée spécialement à l'exploration intersidérale est contruite. A partir de là, seuls trois Terriens vivront les aventures: le professeur Spencer (scientifique de l'équipe), le pilote Sam Spade (le "héros"?), et le mécanicien Texas (qui correspond à peu près à Sonny Tuckson dans Buck Danny...).

P1140157 Interlude pédagogique p.127.

Une mystérieuse soucoupe volante, d'abord entrevue sur la lune, se révèle vénusienne dans le cinquième épisode (Antos, l'ami vénusien, offre même une première nouvelle fusée, à la technologie plus avancée que la terrienne, à notre équipe). Et enfin, le sixième, qui commence p.105, est titré "Invasion martienne". p.122, il s'avère que les Martiens, avec lesquels les relations avaient commencé difficilement (un "canardage" de vaisseau spatial par erreur en entraînant un autre...), ont besoin d'aide sur leur planète: celle-ci étant totalement déshydratée (épisode "Au secours de Mars", à partir de la p.124). 

P1140152P1140151Heureusement, nos héros avaient trouvé, juste après la lune, une planète jumelle de la terre (et logiquement dénommée Terra) juste habitée par quelques dinosaures et autres hommes préhistoriques, que les Martiens assoiffés pourront pacifiquement coloniser! Mais le dernier épisode de l'album présente notre trio terrien repartant, nanti d'une nouvelle fusée "spéciale pour grande croisière" (ils ont cassé la précédente!), derechef offerte par les Vénusiens, vers de nouvelles aventures "vers les astres les plus lointains"... On remarquera que la plupart des planètes visitées possèdent une atmosphère (le plus souvent respirable), une flore, une faune, voire même abritent des humanoïdes, avec lesquels nos héros n'ont pas plus de difficultés à communiquer que n'en ont les Pionniers de l'espérance, autre série de SF emblématique (publiée dans le journal Pif gadget). Autres temps, autres visions (naïves?) de l'espace, pour faire rêver la jeunesse... 

Ci-dessous, encore quelques planches extraites du tome 1 de cette réédition d'une série de BD de "l'âge d'or", malheureusement ignorée des bibliothèques municipales parisiennes.

   P1140159 p.111, première vision d'un "Martien".

  P1140156 (p.124)  P1140158 (p.131) 

A défaut des deux pages de préface (identiques dans les deux volumes que je possède), présentant les éditions Artima, Météor et Raoul Giordan, on trouve quelques informations succinctes sur Wikipedia (consulté le 27 décembre 2021). Enfin, un site (de fan?) semble faire référence sur Météor. Raoul Giordan est décédé en 2017 après avoir pu apprécier la redécouverte de son oeuvre. A cette occasion, Gilles Ratier, l'un des piliers de l'ACBD (Association des critiques et journalistes de bande dessinée) avait publié sur BDZoom (compléments bibliographiques, relecture et mise en page) un article très complet signé Henri Filipini. 

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vendredi 24 décembre 2021

Palmarès cinéma 2021

Comme tous les ans, voici mon palmarès de cinéma. Une fois encore, je n'ai pas vu autant de films que j'avais prévu en raison du reconfinement, du couvre-feu conséquences du la COVID. Je rappelle que les cinémas avec jauge ont rouvert mi-mai 2021. 

J'ai vu 59 films dont quelques navets que je nommerai pas. Je ne retiens que les bons.

J'en ai choisi 15 dont un que je n'ai pas chroniqué.

Je commence par les trois films iraniens que je place en tête. 

La loi de Téhéran de Saeed Roustayi : le polar de l'année avec Bac Nord (voir ci-dessous). Le rythme est soutenu et le film montre que, drogués victimes ou dealers porteurs de 5g ou 500 gr, en Iran, l'exécution par pendaison les attendent.

Le Diable n'existe pas de Mohammad Rasoulof : quatre moyens métrages réunis en un seul long-métrage avec comme thème la peine de mort et ceux à qui on demande d'être des bourreaux à leur corps défendant.  

Un héros d'Asghar Farhadi. On n'oublie pas de sitôt le beau visage de Rahim et son sourire de plus en plus crispé au fur et à mesure que le film se déroule, et j'ai été émue par le petit garçon bègue.

Je continue avec des films français.

Illusions perdues de Xavier Giannoli. Peu de temps après une adaptation plutôt sympa d'Eugénie Grandet par Marc Dugain, le cinéma français a choisi de continuer d'adapter Balzac et c'est une réussite.

Bac Nord de Cedric Jimenez : un film sous adrénaline avec une histoire qui se passe dans les quartiers nord de Marseille. D'un côté les flics, de l'autre, des jeunes et moins jeunes de quartiers sensible. Au centre, le trafic de drogue. L'une des séquences finales est impressionnante. Une réalisation digne des meilleurs films américains.

La fracture de Catherine Corsini : les urgences d'un hôpital pendant une  nuit de manif des gilets jaunes et ce n'est pas triste. Valeria Bruni-Tedeschi est formidable.

Les deux Alfred de Bruno Podalydès, c'est le film qui m'a réconcilié avec les frères Podalydès, et Sandrine Kiberlain montre une fois de plus son talent comique.

Médecin de nuit d'Elie Wajeman qui vaut pour l'interprétation remarquable de Vincent Macaigne en médecin de nuit.

Gagarine de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh, à la limite du documentaire, ce film plein de poésie arrive à nous faire croire qu'une barre d'immeuble peut se transformer en station spatiale. 

Je termine avec :

Compartiment n°6 de Juho Kuosmanen, ce "rail movie" m'a beaucoup plu. Son grand prix à Cannes est amplement mérité.

Drunk de Thomas Vinterberg, c'est le premier film que j'ai vu à la réouverture des salles. Je me suis dis, cela commence bien. Madds Mikkelsen et les autres acteurs sont formidables.

Les sorcières d'Akelarre de Pablo Agüero. Ce film nous plonge dans le Pays Basque du début du XVIIème s., au temps de la chasse aux sorcières. Les rôles féminins sont magnifiques.

Tre Piani de Nanni Moretti. C'est le premier film de Nanni Moretti que j'apprécie vraiment.

L'un des nôtres de Thomas Bezucha (Pascale en avait dit beaucoup de bien). Kevin Costner qui a produit le film est très bien avec Diane Lane. Ils interprètent des grand-parents voulant récupérer à tout prix leur petit-fils. J'ai vu le film sur grand écran. Il est resté à l'affiche pendant une semaine dans une seule salle. Et c'est tout à fait dommage. J'ai acheté le DVD et l'ai déjà visionné avec mon ami, je ne me rappelais même pas que j'avais pris le temps de le chroniquer.

First Cow de Kelly Reichardt, non chroniqué, est un film qui sort des sentiers battus. Je l'ai vu en juin dernier en avant-première et il m'a emballée. J'ai aimé la manière qu'a la réalisatrice de raconter l'histoire d'une vache dans l'ouest des Etats-Unis dont le lait va permettre de faire des gâteaux et des beignets. C'est aussi l'histoire d'une belle amitié entre deux hommes qui essaient de s'en sortir comme ils peuvent. Elle prend son temps pour raconter son histoire. Il s'agit d'une réalisatrice que j'apprécie beaucoup. Lire le billet sympathique de Pascale et celui de Mymp.

En revanche, je regrette sincèrement que des films de premier plan soient sortis directement sur petit écran, du fait que des plateformes les produisent. Je pense que le cinéma sur grand écran, c'est ce qu'il y a de mieux. Malheureusement pour moi, il faudra que j'attende la sortie en DVD/Blu-ray du nouveau film de Jane Campion. Les spectateurs doivent revenir dans les salles (il semble y avoir eu une baisse significative du nombre de spectateurs dans les salles cette année). 

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jeudi 23 décembre 2021

Colombe Blanchet - Alain-Fournier

Une idée originale à offrir pour les Fêtes? L'envie de "frimer" un peu? On ne doit pas être tant que cela à avoir lu le second roman d'Alain-Fournier. Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) chronique donc aujourd'hui Colombe Blanchet, publié en 1990 au Cherche Midi éditeur.

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Tout le monde connaît Le grand Meaulnes (publié en 1913 par Alain-Fournier né en 1886), tous les lycéens en ont je suppose au moins entendu parler à défaut de l'avoir lu. Mais avant de partir à la guerre en août 1914 et de s'y faire tuer le 22 septembre 1914, cet auteur avait travaillé sur un autre projet de roman. Il en avait avait laissé l'esquisse manuscrite derrière lui (133 pages éparses), avec un mot disant "Rien de tout ceci n'est écrit et ne doit être publié (tel quel)". 

Le livre de 238 pages est constitué d'une soixantaine de pages d'un "texte suivi" mais inachevé, d'une soixantaine de pages de brouillons et variantes (versions différentes d'un même épisodes), et d'une trentaine de pages de "synopsis", scénarios, plans, déroulés... L'appareil critique termine le reste du volume (édition par Gabriella Manca).

Quelques mots sur l'histoire: un jeune instituteur frais émoulu de l'Ecole Normale arrive dans une ville de province. Faute de logement "de fonction" dans l'établissement où il doit enseigner, il prend une chambre "chez l'habitant", et semble prévoir d'y recevoir une visite mystérieuse. Les relations du directeur de l'école avec la municipalité sont compliquées par le contexte de l'époque, entre école laïque, fonds religieux chez la population, rivalités politiques etc. Il y a plusieurs jeunes filles ou jeunes femmes dans l'histoire (telle qu'elle aurait dû être menée à bonne fin, en tout cas), et les jeunes instituteurs concluent un pacte... Mais beaucoup de péripéries restaient à écrire et sont connues uniquement par quelques notes.

Le "commentaire de texte" ou le "commentaire composé" n'a jamais été ma spécialité en cours de français (je préférais de loin la dissertation!). Je ne suis donc pas en mesure de vous faire une analyse stylistique ou argumentée du texte. J'avoue avoir été surtout intéressé par ce qui concerne l'histoire de sa genèse, et la lecture des différentes versions relatant les mêmes faits.

Je crois savoir que les "dossiers" du Grand Meaulnes ont été abondamment étudiés et ont permis de dégager la technique de l'écrivain Alain-Fournier: "filtrer" un texte rédigé d'abord, de différentes manières, au fil de la plume. Il restait donc encore des mois de travail pour finir de rédiger les différents chapitres avant d'entamer ce processus pour apurer le texte jusqu'à l'os. Et, justement, on retrouve comme dans l'autre oeuvre le thème de la "pureté", qui me paraît extrèmement "daté", après plus d'un siècle.

Si j'ai attisé votre curiosité, ou bien si vous pensez que cela pourrait être une idée de cadeau originale, sachez que j'ai fait une vérification auprès de ma librairie de quartier. Le livre était épuisé mais elle était en mesure de me le procurer en "impression à la demande", m'a-t-elle dit. Pour ma part, après cette lecture, je ne sais pas encore si je vais conserver le livre ou bien le remettre en circulation dans une "boite à livres" ou dans un "circul'livres" quelconque.

Enfin, je précise que c'est dasola qui a attiré mon attention sur un point commun avec tel ou tel de mes billets précédents: présenter un livre peu connu, que j'ai trouvé "d'occasion", d'un écrivain connu principalement pour un seul livre (Les croix de bois, pour Dorgelès). 

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Joyeuses_Fetes_dec2020_pour_2021-22Composition à base de peintures éphémères photographiées 
dans le XVIIIe arrondissement de Paris fin 2020 / début 2021.

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mardi 21 décembre 2021

Un héros - Asghar Farhadi

Décidément, le cinéma iranien est dans une période faste: trois films très différents sortis cette année et il s'agit de trois réussites. La loi de Téhéran, Le diable n'existe pas et maintenant Un héros feront partie de mon top cinéma de cette année. J'ai été contente de voir que le réalisateur Asghar Farhadi était revenu en Iran pour nous offrir un film qui a reçu le Grand Prix au dernier festival de Cannes, ex-aequo avec Compartiment n°6. Rahim, âgé d'une trentaine d'années, obtient une permission de sortie de deux jours de la prison où il est emprisonné pour dettes depuis trois ans. Il n'a pas pu rembourser Bahram, son ex-beau-frère qui s'était porté garant pour lui auprès d'un usurier. Le beau-frère en veut énormément à Rahim qu'il prend pour un homme qui n'a pas de parole. On apprend qu'en Iran, on peut donc faire de la prison pour dettes. Au tout début de sa permission, Rahim est rejoint par Farkhondeh, la femme qu'il aime et qui lui apprend qu'elle a trouvé un sac plein de pièces d'or. Elle est aussi l'orthophoniste du fils de Rahim, qui souffre d'un grave bégaiement. Les dix-sept pièces d'or pourraient permettre à Rahim de rembourser une partie de sa dette mais ce n'est pas suffisant pour Bahram qui exige le remboursement complet. C'est alors que Rahim décide de rendre les pièces à la propriétaire du sac. A partir de là, tout s'accélère. Rahim devient un héros pour sa bonne action, surtout auprès du directeur de la prison et d'une association d'aide au pardon qui fait une quête pour lui. Il est devenu un homme médiatisé, mais des rumeurs malveillantes le concernant envahissent les réseaux sociaux. Et si tout cela était un coup monté? Rahim (l'acteur a un physique avenant) est une victime, mais il a aussi un côté pas très sympathique. Il ne se départit pas d'un sourire crispé. On ne sait pas trop ce qu'il pense. On voudrait qu'il s'en sorte, surtout pour son fils qui est très attachant, mais à la fin, son retour en prison semble inéluctable. Farhadi décrit une société iranienne où je n'aimerais pas vivre.

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lundi 20 décembre 2021

Revue Epsiloon (créée en 2021)

Après une interruption de plus de trois mois (l'automne, les jours qui diminuent, tout ça...), je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) tâche de reprendre la rédaction de mes billets "Challenge de la planète Mars", avec cette fois-ci une chronique un peu particulière.

Tout d'abord, merci à Mamaragan (blog l'Arène d'airain) qui a signalé sur la page du Challenge un intéressant billet. Ensuite, encore une fois un grand merci à Pativore (qui a créé le logo du Challenge). Car c'est sur son blog à elle que j'avais pris conscience (sinon connaissance) de la parution de la revue Epsiloon, lancée en 2021. La rédaction de cette jeune revue est constituée d'"anciens" de  Sciences & Vie, qui ont quitté ce dernier journal par suite de désaccords éditoriaux avec le groupe Reworld Media. Ce dernier a racheté durant l'été 2019 ce vénérable titre (S&V) avec ceux du groupe Mondadori France (j'avais sans doute vu passer quelques communiqués de presse à l'époque, mais sans suivre le dossier...). Le premier numéro de la nouvelle revue (Epsiloon) est sorti cet été (daté de juillet 2021), mais je ne l'ai pas acheté à l'époque où il était disponible en kiosque.

Quel rapport avec la planète Mars, me direz-vous? J'y arrive.

Epsiloon se présente sous la forme d'une revue mensuelle de 100 pages, au format plus carré qu'allongé, et vendue 4,90 euros. Cherchant à rendre compte de l'actualité scientifique, les journalistes "conteurs de science" ont réussi à citer la planète Mars dans chaque numéro, à ma connaissance. Dans le numéro 6 (décembre 2021), la page 14-15 publie, un peu recadrée, une photo de trois cratères martiens prise par la sonde européenne Exomars au printemps dernier. 

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Dans le numéro 5 (novembre 2021), une brève nous informait que Mars avait connu des méga-erruptions volcaniques... il y a 4 milliards d'années (sans doute). Et citait juste le nom de la planète dans un article décrivant la "famille" des astres.

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Le numéro 4 (octobre) "analysait" que le retour sur la Lune annoncé en 2024 dès 2019 par Donald Trump a pour véritable objectif un voyage humain vers Mars, chose à peine mentionnée dans le N°3 (p.45). Dans le numéro 2 daté d'août 2021, il fallait attendre la p.93 pour une "idée neuve": coloniser Mars avec des cerf-volants. 

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Comme dit plus haut, je n'avais pu me procurer en kiosque le N°1, déjà épuisé le 14 août (mais dont il paraît qu'on le trouvait encore à Ajaccio à cette date?). J'ai pu cependant en prendre connaissance, et je sais donc qu'un article (p.38) y était titré "Quand Mars devient un terrain de rivalité" (entre la Chine, les Emirats arabes unis, l'Inde, les Etats-Unis et l'Union soviétique).

Mais mis à part ces aspects martiens, quelques mots plus généraux sur la revue. 

La création de ce nouveau titre de presse conte une histoire sympathique par bien des aspects. C'est une levée de fonds auprès du public, via Ulule, qui avait rassemblé 24 236 contributeurs pour de la prévente ou de l'abonnement: un bon moyen d'assurer la promotion du (futur) titre et de vérifier l'intérêt des futurs lecteurs! La page Epsiloon sur Wikipedia (consultée le 19/12/2021) contient des détails et des liens pour en savoir davantage sur cette aventure. 

Les plus militants des lecteurs potentiels regretteront peut-être qu'il ne s'agisse pas d'une SCOP de presse comme Alternative Economiques par exemple, ni d'un journal véritablement "engagé".

J'ai relevé avec intérêt, en fin d'article 5 de la Charte éditoriale d'Epsiloon (9 juin 2021), que la Rédaction "s’engage à ne pas se cantonner aux modèles de pensée dominante et à traiter de points de vue innovants ou originaux, sous réserve qu’ils soient étayés par des arguments scientifiques robustes." Mais ce souhait ne risque-t-il pas d'entrer en conflit avec la troisième phrase de l'article 3, qui dit "Ils ont également collectivement la charge d’assurer dans la mesure du possible la réussite financière du Titre, suivant les meilleurs standards de rentabilité, qui sera le gage de son indépendance, de sa pérennité, et de la rémunération de la Rédaction, des Dirigeants et des Actionnaires, mais aussi de l’assurance de pouvoir réaliser les investissements nécessaires pour assurer son avenir."?

Ce que, à titre personnel, j'attends du journaliste, et notamment du journaliste spécialisé: c'est, d'abord, de ne pas se contenter de résumer des communiqués ou des dossiers de presse et autres "fils d'agence", en se dépêchant de publier sur des sujets à la mode, ceux dont parlent tous les confrères. De ne pas faire du "placement de produits", bien sûr. Et, plus généralement, de croiser les informations et de varier les informateurs et les "experts" interrogés (autant que possible), d'être force de proposition pour des sujets, et de les suivre sur le long terme. 

J'ai appris pas mal de choses dans ces centaines de pages lues au fil des mois, sur des sujets bien variés (histoire, astronomie, ... covid-19, etc.). Au bout de cinq numéros lus, j'ai tout de même un léger a-priori sur le fait que ce journal peut avoir tendance à donner le point de vue "majoritaire" (dans le monde de l'industrie ou de l'entreprise), en tout cas à mettre seulement sur le même plan des opinions "pour" et "contre". Par exemple, dans le numéro 6 de décembre, quand il est question du "mur de rendement" du "bio", c'est davantage du bio "labelisé" (le bio industriel, à cahier des charges et obligations de moyens, orienté vers la vente en grande surface dans une approche "business") qu'il est question, plutôt que de la "bio-dynamie" ou des fermes en "bio holistique" (en polyculture-élevage...) ciblant les circuits courts. Et parler "contre" le bio, n'est-ce pas objectivement avantager l'agriculture "raisonnée" ou même "conventionnelle"? Epsiloon laisse au lecteur le monopole de l’engagement et de l’opinion... et ne s'en cache pas. Bref, nous voici bien loin de Mars encore!

Début septembre 2021, un échange de mail avec le service commercial m'avait informé qu'on devrait pouvoir se procurer les numéros en ligne d'ici la fin du mois. Je ne suis pas certain que cela ait bien été le cas fin septembre, mais, à ce jour (deuxième moitié de décembre), la vente au numéro sur leur site internet cible tous les numéros parus (précaution est prise de préciser "dans la limite des stocks disponibles"). Je continuerai en tout cas à lire les prochains numéros, même si je ne suis pas dans une démarche d'abonnement.

Je termine avec les liens vers les articles de Pativore sur les numéro 1 et numéro 2. Et, tout de même, le lien vers le site-vitrine de la revue Epsiloon!

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samedi 18 décembre 2021

La vérité sur la lumière - Audur Ava Olafsdottir

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Après Miss Islande, je viens de lire avec grand plaisir La vérité sur la lumière de la romancière islandaise Audur Ava Olafsdottir (Zulma, 217 très belles pages apaisantes). Dyja (diminutif de Domhildur) est sage-femme (ljosmodir), littéralement "Mère de la lumière". Son arrière-grand-mère, sa tante et sa grand-tante l'ont été avant elle. Sa soeur est météorologue et ses parents dirigent une société de pompes funèbres. "C'est une longue tradition familiale de s'occuper de l'être humain, aussi bien au tout début de sa vie que lorsqu'il arrive à sa destination finale, ...", "La branche maternelle prend l'homme en charge lorsque la lumière s'allume, la branche paternelle prend le relais lorsqu'elle s'éteint" (p45). Dyja, qui vient de mettre au monde son 1922ème bébé, vit désormais dans l'appartement de sa grand-tante Fifa, qui le lui a laissé en héritage pour moitié. Dans ce lieu, Dyja trouve entre autre des manuscrits où Fifa livre ses réflexions sur la naissance des jeunes humains. En tant que sage-femme, elle tricotait des vêtements aux nourrissons qu'elle mettait au monde. Dyja retient quelques phrases dans ce qu'écrivit Fifa: "On dit que l'homme ne se remet jamais d'être né. Que l'expérience la plus difficile de la vie, c'est de venir au monde. Et que le plus difficile ensuite, c'est de s'habituer à la lumière" (p.128). Le roman peut paraître décousu à certains, mais Dyja est véritablement le personnage essentiel de cettte histoire qui parle aussi bien des aurores boréales, de l'être humain qui est l'animal le plus vulnérable de la Terre, et du métier de sage-femme. Il faut noter que Dyja comme sa grand-tante Fifa n'ont pas eu d'enfant. Je recommande ce très beau roman à garder et à relire. 

Lire les billets d'Hélène, Philisine Cave et Baz'art.

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mercredi 15 décembre 2021

La chaîne - Adrian McKinty

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L'intrigue du roman est résumée dans la phrase d'accroche en couverture: "le seul moyen de récupérer votre enfant, c'est d'en kidnapper un autre." Dans La chaîne d'Adrian McKinty (Livre de poche, 473 pages) Rachel, une jeune femme de 35 ans, apprend que sa fille de 13 ans, Kylie, vient d'être kidnappée par un couple qui lui-même a eu son fils kidnappé. Si Rachel appelle la police, sa fille sera tuée et le fils du couple kidnappeur aussi. Une voix déformée l'appelle pour lui dire que quelqu'un va l'appeler pour lui donner des instructions. Désormais, elle fait partie de la Chaîne (une organisation criminelle mystérieuse qui semble être puissante). On lui demande une rançon calculée en fonction de son épargne et elle doit sélectionner un enfant qu'elle enlèvera à son tour. De victime, elle deviendra ravisseuse et criminelle. Heureusement que Rachel est une femme courageuse bien qu'elle soit gravement malade. Elle va trouver de l'aide en la personne de Peter, son ex-beau-frère, ancien marine qui adore sa nièce. Je ne dirai rien de plus sauf que ce roman est un "page turner" qui se lit bien, même s'il y a quelques invraisemblances. L'histoire se passe dans la région de Boston de nos jours. Lire les billets d'Encore du noir, de Val et de Jean-Marc Laherrère

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dimanche 12 décembre 2021

Les amants sacrifiés - Kiyoshi Kurosawa

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Parmi les sorties de cette semaine, je ne savais pas trop quoi aller voir. Le West Side Story de Steven Spielberg ne m'attire pas trop. Je me suis décidée pour Les amants sacrifiés du réalisateur japonais Kiyoshi Kurosawa (Shokuzai, Tokyo Sonata, Cure, Kairo), dont le scénario a été écrit par un autre réalisateur qui a été son élève, Ryusuke Hamaguchi (Drive my car, Senses et Asako I et II). Le réalisateur a été récompensé du Lion d'argent au festival de Venise en 2020. L'histoire commence en 1940, à Kobé au Japon. Yusaku et Satoko forment un jeune couple d'une trentaine d'années, plutôt moderne pour l'époque. Ils portent des vêtements occidentaux de préférence au kimono. Yusaku est un chef d'entreprise prospère qui n'aime pas le régime en place. Lui et Satoko vivent dans une très belle demeure. Dès les premières images, j'ai été conquise par la beauté de l'image, les éclairages, les décors et les costumes. Après être revenu d'une mission en Mandchourie avec son neveu Fumio, Yusako n'est plus tout à fait le même homme. Satoko essaye de savoir pourquoi, car pour elle, son bonheur personnel passe par-dessus tout le reste. Elle va jusqu'à sacrifier Fumio en le dénonçant aux forces de l'ordre (un des policiers militaires est secrètement amoureux de Satoko) pour mieux se rapprocher de son mari. Parmi les preuves accablantes rapportées par Yusaku, il y a un film tourné sur place sur les expériences bactériologiques pratiquées par une unité militaire japonsaise sur des cobayes chinois. La suite de l'histoire est prévisible, tout va se terminer très mal, mais je ne vous dirai pas comment. Le film a de grandes qualités dont l'interprétation des deux acteurs principaux  (Yû Aoi et Issey Takahashi), mais j'avoue que je n'ai pas été touchée par le destin de ces deux amants. En revanche, il faut saluer le fait que ce soit des Japonais qui évoquent leurs exactions commises en Mandchourie pendant les années 30. Lire les billets de Shangols et Wilyrah.

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J'ai été très surprise par le grand nombre de spectateurs dans la salle (en majorité dans ma classe d'âge). Ce cinéma parisien se situe dans le quartier de Saint-Lazare. Il y avait énormément de monde dehors pour les achats de Noël ou autre, et dans le métro que l'on attend plusieurs minutes et qui arrive bondé. J'avoue que je ricane un peu quand je vois l'affichette collée sur les vitres du métro :

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