Cap sur Mars - Albert Weinberg
Il ne me reste plus beaucoup de billets à publier (signés ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) avant la fin officielle de mon Challenge de la planète Mars, laquelle avait été annoncée, il y a déjà plus d'un an, pour le 31 mars 2022. Aujourd'hui, j'utilise le prétexte "martien" pour présenter un album de bande dessinée. J'ai trouvé le volume ci-dessous, d'une série "classique" que je connais de très longue date, mais dont je n'avais, je crois bien, jamais lu cette histoire-ci, sous forme du tome 2 d'une intégrale, et ai sauté donc dessus. Il s'agit d'une aventure de Dan Cooper, un héros aviateur militaire canadien créé par Albert Weinberg, Cap sur Mars.
L'intégrale Dan Cooper t.2, février 2001, 188 pages
Dan Cooper constitue la principale série dessinée par Albert Weinberg (1922-2011). Quarante-et-un albums sont parus entre 1947 et 1992 (j'en possède une dizaine, achetés sur plusieurs décennies, depuis le début des années 1990). Les scénario sont quasiment tous dûs à Albert Weinberg. Publiées dans le journal Tintin à l'origine, certaines de ces aventures apparaissent bien évidemment quelque peu datées aujourd'hui. Les 62 pages de Cap sur Mars constituent la quatrième aventure de Dan Cooper, publiée dans le journal en 1958-59 et parue en album en 1960. Mais en fait, Mars y tient fort peu de place...
Page d'ouverture de la partie concernant cet album
p.187, la couverture du journal Tintin du 16/07/1958
p.122, la dernière page de l'album
Mais que se passe-t-il donc dans cet album, à part Mars? Il s'ouvre sur la présentation de "l'année sidérale". [Vérification faite, la première "année internationale" sous l'égide de l'ONU a été organisée en 1959, et la première "année de l'espace" date, elle, de 1992. Quelle prémonition!] C'est dans ce cadre que Dan Cooper (en p.2) est invité à piloter un prototype d'avion-satellite, le X-100, pendant que le Canada prépare un engin capable d'aller jusqu'à Mars. Et comme 62 pages, c'est long, les 25 premières sont consacrées par Dan Cooper à "guérir" de sa phobie aérienne le pilote-ingénieur chargé de la mise au point de l'engin, qui se trouve être un vieux copain de la Seconde guerre mondiale (pas si lointaine alors). Que d'aventures! Par exemple, Dan passe en plein vol, de la cabine d'un action à réaction à celle d'un bimoteur à hélice, en rampant sur les ailes (!). Quant au X-100, il préfigure de loin le vrai X-15 que pilotera Buck Danny (autre héros pilote) pour le journal Spirou, quelques années plus tard (en 1965 - le véritable appareil a volé de 1960 à 1968). Bref, tant de péripéties dans Cap sur Mars justifient sans doute qu'une grande case rappelle à la fin de cette séquence que le vrai but reste Mars (p.96).
Mais, hop, débarquent d'autres vieux ennemis (d'un album précédent) qui vont chercher à mettre des bâtons dans les roues de l'expédition. Et c'est seulement dans les huit dernières pages que se réalise l'expédition vers Mars. Nous commençons par voir - enfin - l'engin spatial, qui n'a pas été sans me rappeler les vaisseaux qui permettent aux énigmatiques Atlantes d'Edgar P. Jacobs de quitter définitivement notre planète (L'Enigme de l'Atlantide, publié dans Tintin en 1955-56 et paru en album en 1957). Cet engin à corps sphérique fonctionne en captant l'oxygène atomique contenu dans les hautes couches de l'atmosphère, puis grâce à l'effet répulsif de la terre - n'oublions pas qu'un kilog (sic!) d'électrons à chaque pôle se repousseraient avec une force de 200 000 milliards de tonnes (si, si! C'est écrit p.118-119). Les paysages sidéraux des dernières pages ne sont pas sans ressemblance, ai-je trouvé, avec des images de l'espace traversé par la fusée pointue dessinée par Hergé dans l'aventure de Tintin On a marché sur la lune, qui date, pour sa part, du début des années 1950. Et si au final nos héros (Dan Cooper et ses deux acolytes) n'arrivent pas à débarquer sur Mars (pourquoi? Mystère...), ils vont cueillir quelques lichens sur un de ses satellites, Deimos. Et on en reste là. Après ce simple aller, on ignore tout du retour, puisque le cinquième album parlera de tout autre chose.
(p.115, au sol...) (... et p.118, en vol) L'appareil piloté par Dan Cooper...
... et ceux des Atlantes cités plus haut (L'Enigme de l'Atlantide, p.64)
Par la suite, les aventures de Dan Cooper tourneront autour de l'aviation, civile ou militaire, de l'espionnage, d'aventures pleines de traitres ou de saboteurs, de quelque patrouilles acrobatiques, d'une idylle plus ou moins dramatique... Je noterai tout de même que plusieurs autres albums de la série seront encore en lien avec le spatial: SOS dans l'espace, 3 cosmonautes, Apollo appelle Soyouz. Mais c'en sera fini de Mars.
Je signalerai encore qu'à l'époque lointaine (je n'étais pas né!) où paraissait Cap sur Mars, la France n'était pas encore sortie du "commandement intégré" des forces de l'Otan et accueillait des bases militaires utilisées par ses alliés sur son sol. Comme à la base aérienne de Mar... ville, où stationnaient des escadrilles canadiennes, équipées notamment de l'avion CF-100 Canuck (seul avion militaire de chasse canadien construit en série), que l'on voit dans cette BD. Aujourd'hui, signe des temps, c'est une centrale solaire photovoltaïque qu'accueille l'aéroport de Marville-Montmédy, qui appartient désormais à la communauté de communes du pays de Montmédy. Bref.
A ce jour, aucune Maison d'édition ne semble avoir souhaité faire reprendre la série Dan Cooper après la mort de son créateur (à moins que ce soit celui-ci ou ses ayants-droits qui s'y soient opposé? Je l'ignore). Il est vrai que les séries toujours actives aujourd'hui sur le thème de l'aviation sont déjà nombreuses sur le marché. Si je n'ai pas réussi à trouver de blog qui parle Dan Cooper (difficile de chercher, avec des moteurs de recherche qui semblent ne plus trop bien référencer les blogs?), j'ai par contre découvert une page internet très complète sur la BD et l'aviation, qui liste des dizaines de séries (bravo!).