Les premiers hommes dans la lune - H. G. Wells
Et voilà que nous arrivons au bout des six titres d'H. G. Wells (en cinq volumes) que je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) possédais déjà dans ma bibliothèque depuis les années 1980, et que j'ai scrupuleusement relus à l'occasion de notre "Mois Wells" (co-organisé avec Sibylline). Les premiers hommes dans la lune, publié en 1901 en anglais et traduit en français la même année, constitue probablement l'un des premiers "planete opera", ce qui rend le livre éligible au 13e Summer Star Wars proposé par le RSF Blog et aussi, bien sûr, au "10e challenge de l'Imaginaire" (de Ma lecturothèque), tout autant qu'au Challenge "2022 en classiques" (co-organisé par Nathalie et Blandine).
Les premiers hommes dans la lune, Le Livre de Poche N°1430, 254 p. (DL 1965 pour mon édition - avant Apollo 11!).
Qui sont donc ces "premiers hommes"? Le narrateur, Bedford, avoue être un affairiste, mais ne peut qu'attirer notre sympathie, puisque le plus sûr moyen de gagner de l'argent qu'il imagine d'abord consiste à ... rédiger une pièce de théâtre. Dès le premier jour de rédaction, sa concentration est perturbée par un promeneur trop bruyant. Le quatorzième jour, il n'y tient plus et l'interpelle... Et voici notre binôme de choc (savant + homme pratique) constitué. Le promeneur distrait cherche à mettre au point une substance révolutionnaire, qui serait "opaque à la gravitation". Il n'a jamais vraiment réfléchi à en tirer un éventuel profit. C'est ce qui attire par contre notre compère. Je vous passe les travaux pratiques nécessaires: p.60, après une traversée de l'espace de quelques jours dans une sphère revêtue de "cavorite", ils assistent à un lever de soleil sur la lune. Il faut laisser prise au merveilleux pour savourer ce livre. Un peu comme quand on admet, chez Jules Verne, que les "colons" de l'Ile mystérieuse arrivent à disposer, dans leur île volcanique, de quantité de ressources naturelles (minerais, flore, faune) répondant à leurs besoins et qu'il n'y a plus qu'à transformer "artisanalement". Ici sur la lune, donc, la planète se réveille, l'atmosphère se dégèle, la végétation pousse à toute allure... Après des jours et des jours d'enfermement, nos premiers hommes à fouler le sol lunaire sautent gaiement, le souffle un peu court... Malheureusement, leurs gambades (sous 1/6 de la gravité terrestre) leur font perdre de vue leur sphère: ils se sont écartés... et ils découvrent qu'il n'y a pas que de la flore. Affamés, ils ont le tort de goûter des champignons inconnus... et se réveillent prisonniers dans les entrailles de cette lune creuse. Alors qu'ils ont réussi à regagner la surface, ils se séparent pour retrouver leur chaloupe de sauvetage terrestre. Au lieu de rendez-vous prévu, Bedford ne trouve qu'un message de Cavor laissant deviner qu'il a été capturé de nouveau (ou pire), et se résoud à sauver sa propre existence en quittant notre satellite avant que toute vie l'abandonne à cause de la nuit lunaire. Il ramène tout de même de leur expédition un bon poids d'or à son retour sur terre. A peine a-t-il eu le temps de le débarquer que la sphère disparaît à jamais (avec un garnement touche-à-tout à son bord...). Après cela, notre Bedford n'a plus guère comme ressource que de publier le récit de son aventure, sous le nom, tiens, d'H. G. Wells. Et fin de l'histoire... ah non, puisque du coup un "radioamateur" avant la lettre l'informe avoir reçu des messages en provenance de la lune: Cavor y est toujours vivant.
Mais je m'arrêterai là.
J'ai trouvé plusieurs blogs qui ont écrit sur ce livre: Oncle Paul (dernier billet en avril 2021), un vieux billet de Lina Carment. L'article d'Erwelyn évoque aussi le film qui a été tiré du livre en 1919 (Wells ayant été sollicité pour participer au scénario). Du coup, je peux aussi citer pour ce qui concerne le film Bob Morane (blog Glandeur nature) ou encore le blog de Kalev (dernier billet en janvier 2021).
Enfin, je signalerai que la cavorite a été par la suite réutilisée par au moins un "continuateur" de Wells: Laurent Genefort a écrit Les temps ultramodernes, et un court texte de lui intitulé Abrégé de cavorologie a paru en même temps, à titre promotionnel. Je ne les ai pas lus... encore.
Voyage découverte en Sicile - 5 (et fin)
Comme toutes bonnes choses ont une fin, voici mon dernier billet sur la Sicile, plus exactement sur Palerme qui est une ville attachante. Je n'ai pas pu visiter les Catacombes des Capucins (celles que l'on voit dans Cadavres Exquis de Francesco Rosi), un lieu où sont rassemblées plus de 3000 momies dont beaucoup de moines. La plupart des corps embaumés l'ont été au XIXème siècle. Le lieu n'est pas actuellement ouvert à la visite à cause du Covid.
Mais j'ai visité quelques bâtiments religieux dont l'entrée de certains est payante: L'église de San Cataldo, siège des chevaliers du Saint-Sépulcre de Jérusalem, une église arabo-normande du XIIème siècle reconnaissable avec ses trois coupoles rouges.
Les trois coupoles vues de l'intérieur
L'intérieur très sobre. L'église est relativement petite
Puis, on a visité l'église de la Martorana qui est tout à côté. Elle date aussi du XIIème siècle.
L'intérieur est recouvert de mosaïques, de fresques et de stucs baroques.
Une mosaïque représentant le Christ couronnant le roi normand de Sicile Roger II.
La troisième église est celle de Santa Caterina. Elle date du XVIème siècle. Elle jouxte un ancien couvent dominicain.
Marbre et bas-relief représentant l'histoire de Jonas...
J'ai terminé avec l'église San Domenico qui n'a rien de remarquable si ce n'est que c'est là qu'a été inhumé le juge Giovanni Falcone, un Sicilien né à Palerme, assassiné il y a 30 ans, en 1992. Un attentat commandité par la Mafia. L'épouse du juge et quatre ou cinq autres personnes furent aussi tuées. A l'occasion de ce triste anniversaire, une cinquantaine de chiens, oeuvres de Velasco Vitali étaient disséminés dans l'église.
A propos de la Mafia qui semble se faire plus discrète même si elle est toujours présente, on peut voir une sculpture, un monument en métal rouillé rendant hommage aux victimes de la Mafia.
Pour terminer, voici le théâtre Massimo Vincenzo Bellini, le plus grand d'Italie qui fut contruit à la fin du XIXème siècle.
Et voilà, j'espère que le voyage vous aura plu. Je vous souhaite d'aller un jour en Sicile, et arrêtez-vous à Palerme au moins 2 ou 3 jours. Il y a tant de choses à voir et c'est agréable d'y flâner.
Le pays des aveugles - H. G. Wells
Notre "Mois Wells" (co-organisé avec Sibylline) touche à sa fin, et il me reste pour ma part trois livres à chroniquer. Dépêchons! Ce livre Le pays des aveugles (Folio N°1561, 182 pages), je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) me le suis procuré il y a déjà un mois (le 25 juin 2022), mais je l'ai ouvert et lu le week-end dernier. C'est alors seulement que j'ai constaté de visu qu'il s'agissait, en fait, non pas d'un roman, mais bien d'un recueil de nouvelles, dont celle qui lui donne son nom compte moins d'une quarantaine de pages. Il a en tout cas sa place dans le Challenge "2022 en classiques" (co-organisé par Nathalie et Blandine), et sans doute dans le "10e challenge de l'Imaginaire" (de Ma lecturothèque): les nouvelles que contient ce recueil sont suffisamment variées pour que l'une ou l'autre se rattache à ce thème, même si on est aussi dans le registre du conte, du merveilleux, de l'humour ou du fantastique.
Je vais donc lister ces nouvelles pour parler de chacune.
* Le pays des aveugles (pp.7-45). La nouvelle (publiée en 1904) se déroule dans les Andes, et le héros en est un guide montagnard (éduqué: il sait lire). Au cours d'une expédition où il accompagnait des Anglais venus faire de l'alpinisme, il tombe dans une vallée légendaire et coupée du monde extérieur depuis des siècles (quinze générations). Atteinte de cécité, la population locale s'est organisée au point de se croire seule au monde et d'imaginer une culture où ne pas "bénéficier" de la vue constitue la norme. Notre guide, Nunez, se raccroche d'abord à l'adage "au pays des aveugles les borgnes sont rois". Cependant, le coup d'Etat auquel il rêve s'avère plus difficile que prévu! Il envisage malgré tout de faire souche dans la vallée, séduit par une jeune fille avenante (aux orbites moins creuses que les autres), mais le sacrifice demandé excède ses forces... La fin du conte est ouverte.
Il semble exister une adaptation théâtrale de cette nouvelle?
Cette description d'une communauté vivant en autarcie et dont, en principe, on ne peut s'échapper m'a fait penser à deux oeuvres de Kipling: L'homme qui voulut être roi [du Kafiristan], bien sûr; mais aussi une autre nouvelle du même recueil, L'étrange chevauchée de Morrowbie Jukes. J'évoquerais également la communauté des Mormons dans l'Utah dans la seconde moitié du XIXe siècle telle que décrite par Conan Doyle dans Une étude en rouge (pure littérature, bien sûr). Enfin, le roman Inoa de Joseph Peyré décrit une cité perdue dans les Andes, protégée par les tribus indiennes locales...
* La porte dans le mur (pp.46-70), et
* Un rêve d'Armaggedon (pp.71-109): 65 pages "stérilisées" (scrogneugneux!), car j'ai déjà commenté les deux nouvelles concernées ("Folio à 2 euros"...) le 26 juin 2022...
* La vérité concernant Peycraft (pp.110-126, nouvelle datant de 1903): ici, le narrateur se revendique d'une arrière-grand-mère hindoue, qui lui a légué diverses recettes et formules. Suite à l'insistance d'un gros raseur, il lui communique un moyen de "perdre du poids". Mais le résultat obtenu n'st pas celui imaginé. Cette nouvelle-là donne davantage dans l'humour et le "merveilleux" que dans la science-fiction (les ingrédients de la recette évoquent furieusement un "brouet de sorcière").
Si je raisonne encore en terme de "littérature comparée", ce conte m'a fait penser au recueil titré Azazel d'Isaac Asimov, où toutes les nouvelles tournent autour de formulations de voeux exaucés trop "au pied de la lettre"... J'avais lu ce recueil il y a quelques mois, histoire de bien vérifier que strictement rien ne concernait la planète Mars dedans.
* L'oeuf de cristal (pp.127-152): une sorte d'antiquaire fait tout ce qu'il peut, en résistant aux pressions de sa famille, pour ne pas vendre un "oeuf de cristal" dans lequel il distingue des images (avec bien plus de facilités que d'autres personnes). Cet oeuf semble être mystérieusement "connecté" à la planète Mars. Erwelyn et Sibylline avaient déjà attisé ma curiosité à propos de cette nouvelle rédigée en 1897, dont je ne vous révèlerai pas la fin.
Cet oeuf peut faire songer aux "palantiri" de J.R.R. Tolkien dans Le seigneur des anneaux. Par ailleurs, dans Les trois yeux, Maurice Leblanc imagine qu'un savant a découvert une substance permettant aux Vénusiens d'envoyer aux Terriens des projections cinématographiques sur un écran ad hoc.
* L'étoile (pp.153-169, nouvelle de 1897). Il se passe des choses du côté de Neptune, selon les astronomes. Dans le ciel apparaît un nouvel astre. Il grandit à une telle allure qu'il devient évident qu'il va impacter notre planète. Wells fait état des cataclysmes (éruptions volcaniques, raz-de-marée, fonte des glaciers...) qui frappent notre malheureuse planète ici ou là avec beaucoup de détachement et sans du tout insister. J'ai bien apprécié le "clin d'oeil" final aux astronomes qui, dans leurs lunettes, n'ont pu en percevoir qu'une infime partie. Sibylline en a parlé, Erwelyn aussi (plus anciennement), ainsi que Bidib.
On songe, bien entend, à l'album L'étoile mystérieuse des aventures de Tintin par Hergé.
* La pomme (pp.170-182): encore un conte, publié en 1896. Au départ plutôt dramatique (massacres de populations en Turquie...), la nouvelle devient assez sarcastique sur la fin. Cette pomme serait celle de la connaissance, en provenance indirecte du jardin d'Eden. Mais aucun de ses propriétaires successifs n'ose y mordre... Et le jeune enseignant à qui elle est échue craint tellement le ridicule qu'il finit par la jeter! Je n'ai pas trouvé de blog qui l'ait commentée.
Lëd - Caryl Ferey
Je viens de terminer Lëd (Edition Pocket, 541 pages), un bon thriller de Caryl Férey, un écrivain français dont je n'avais encore rien lu. Lëd (qui signifie Glace en russe) est un roman haletant qui se passe de nos jours à Norilsk en Sibérie. Norilsk est située au nord du cercle polaire arctique. Elle est considérée comme la ville de plus de 100 000 habitants la plus septentrionale du monde (source wikipedia). C'est aussi une ville très polluée à cause de l'extraction du nickel, du cuivre, du cobalt et du charbon. Le complexe sidérurgique et minier de Norilsk est le premier au monde. Quand le roman commence, il fait -64° dehors, on est en plein hiver polaire. Dans ces conditions extrêmes, on fait la connaissance de Gleb Berenski qui est mineur dans un mine de nickel et photographe à ses heures. Il vit une relation amoureuse avec un autre mineur appelé Nikita, qui est son voisin de palier Ils se cachent car l'homosexualité n'est pas vue d'un bon oeil en Russie. Gleb et Nikita ainsi que d'autres personnages du roman comme Dasha, Lena et son mari Sacha vivent dans des barres d'immeubles. Le blizzard souffle et le toit entier d'une de ces barres est sur le point de s'effondrer. Gleb est témoin de cette catastrophe et il découvre parmi les décombres le corps décapité et démembré d'un Nenets (un autochtone) éleveur de rennes. La police se rend compte que le Nenets était mort avant l'effondrement du toit. Il a été assassiné. Boris Ivanov, un policier originaire d'Irkoutsk, est chargé de l'enquête qui va se révéler difficile. Il va se trouver impliquer de manière très personnelle dans l'enquête pendant laquelle d'autres meurtres sont commis. Je ne dirai rien de plus sur cette histoire bien menée qui parle de corruption à haut niveau. On sent que Caryl Férey a bien étudié son sujet, il évoque Poutine et sa politique. Un livre qui se lit bien et que je recommande tout comme Eva.
La machine à explorer l'espace - Christopher Priest / L'amour et M. Lewisham - H. G. Wells
Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vous présente aujourd'hui, pour l'un de mes deux ou trois derniers billets dans le cadre de notre "Mois Wells" (co-organisé avec Sibylline), deux livres parlant de deux jeunes couples anglais. Mais les deux oeuvres sont assez différentes!
Folio SF N°69, 443 pages / Folio N°1050, 347 pages
Le second livre de ce billet, L'amour et M. Lewisham, a bien été rédigé par H. G. Wells. Le premier, lui, reconstitue un "chaînon manquant" entre deux des ouvrages d'H. G. Wells. La machine à explorer l'espace a été rédigé en 1976 par Christopher Priest. Seul ce livre-là peut s'inscrire dans le cadre du 13e Summer Star Wars proposé par le RSF Blog et au "10e challenge de l'Imaginaire" (de Ma lecturothèque). Les deux livres pourront par contre participer au Challenge "2022 en classiques" (co-organisé par Nathalie et Blandine)
La machine à explorer l'espace de Christopher Priest, auteur de SF, publié et traduit en français en 1976, reconstitue ce qu'on pourrait nommer un "chaînon manquant" entre La machine à explorer le temps et La guerre des mondes. L'auteur s'est efforcé de restituer l'ambiance et les mentalités du tout début du XXème siècle, époque où sont censées se dérouler les aventures de ses héros. Comment dire? On sent que, si l'auteur a une connaissance théorique des convenances et des conventions de l'époque (interdisant par exemple à un jeune homme de se trouver dans la chambre d'une jeune fille seul avec elle), il ne les "respecte" pas et même s'en moque gentiment. Jamais Maupassant n'aurait écrit ainsi. Bref. Le jeune Edward, voyageur de commerce, imagine (à tort) que le "contact" de celle qu'il prend pour une collègue pourra avancer ses affaires, et ce quiproquo l'amène à... passer la nuit dans la chambre de celle-ci (en tout bien tout honneur!). Leur hôtesse le fiche à la porte dès le lendemain. Par chance, il avait dû avoir le temps de donner son adresse personnelle, à laquelle la demoiselle lui envoie une invitation fort professionnelle. Elle travaille chez un inventeur... et bénéficie de toute sa confiance. Les véhicules à moteur que le savant a inventés ne l'intéressent déjà plus, il est passé à un autre projet. Et que pensez-vous qu'il va arriver? La demoiselle ne peut s'empêcher de "frimer"... (c'est mon interprétation masculine, en tout cas!). Et au lieu de ramener son invité à la gare dans le "véhicule à tout faire", les voici partis... à travers non seulement le temps, mais aussi l'espace: sur Mars. Ils vont y séjourner quelques temps, le temps de découvrir que les humanoïdes locaux travaillent, pour la plupart, comme des esclaves, si ce n'est pire, et d'être pris dans les remous de ce qui semble être une guerre entre cités martiennes (c'est un peu plus compliqué que cela). Toujours est-il qu'ils sont séparés. Quand Edward rejoint enfin Amelia (avais-je dit qu'elle se prénommait Amelia?), celle-ci est devenue l'égérie d'un mouvement visant à la libération des esclaves. Et c'est sous l'amicale pression des esclaves que la messie révolutionnaire et son nain osent enfin "passer à l'acte". Mais attention! L'invasion de la terre par des Martiens vampires se prépare: il est temps pour nos héros de regagner leurs pénates. Les révolutionnaires ayant infiltré la flotte d'invasion, les voici passagers clandestins, puis de retour sur terre, où la guerre va faire rage. Par chance, ils rencontrent un certain M. Wells, qui connaît très bien l'employeur (l'inventeur) d'Amelia. Il suffit donc de réunir leurs talents à tous trois pour contribuer à gagner la guerre (il est vrai aussi que boire le sang anglais ne réussit pas aux Martiens...).
Pour savoir "ce qui s'est passé ensuite", je suppose qu'il faudrait que je lise encore d'autres "continuations"... Je crains de ne pas avoir le temps de le faire avant la fin du "Mois Wells", mais je le ferai peut-être en 2023, dans le cadre d'un nouveau "Challenge de la planète Mars".
En lisant ce livre, je me suis dit qu'il faudrait vraiment que je reprenne l'écriture de nouvelles: après tout, en matière de "pastiches", j'arriverais peut-être à en rédiger, aussi, de pas trop mal?
En tout cas, j''ai identifié plusieurs blogs qui avaient déjà chroniqué ce livre. Liste non exhaustive: Le chien critique. Mr K, du blog Cafards at home. Spooky, du blog Ansible. Jean-Yves, du blog Mondes de poche. Enfin, AcrO, de Livrement, n'a pas aimé ce Priest-là (qu'il a dû lire en diagonale?).
Passons maintenant à L'amour et M. Lewisham rédigé par H. G. Wells.
Ce livre a été publié en anglais en 1900 et traduit en français dès 1903. Wells, né en 1866, avait donc la trentaine bien avancée lorsqu'il a rédigé cette fiction sur les débuts dans la vie d'un jeune couple dont les deux protagonistes sont à peine âgés d'une vingtaine d'années. La première page pose que la situation présentée remonte à "il y a dix ans". Mr (Mister, en VO) Lewisham était alors âgé de 18 ans, et déjà jeune étudiant prometteur et qui s'était fixé tout un plan d'étude devant le mener à une carrière dans les sciences, grâce à un travail acharné (il est en même temps employé dans un établissement secondaire). Par malheur surgit une donzelle... mais il ne se passe rien. Deux ans plus tard, l'étudiant (devenu boursier) continue à étudier, croise le chemin du socialisme, mais n'en devient pas moins prétentieux pour autant (il s'imagine déjà leader éclairant la classe ouvrière sur le chemin de la lutte...). Mais quand il recroise par hasard la jeune fille qui lui avait tapé dans l'oeil, ça ne traîne pas: on séduit, on enlève, on épouse! Par contre, la réalité de l'époque est impitoyable: les dépenses d'un ménage de deux personnes excèdent celles qu'une bourse prévue pour soutenir les dépenses d'une personne suffit à peine à couvrir, c'est mathématique. Le jeune héros ne manque pas d'illusions sur sa propre valeur (intellectuelle, mais aussi "sur le marché"). Lorsqu'il cherche à augmenter ses revenus, il prend conscience bien tardivement du fait que son cas (jeune étudiant qui pense que grâce à ses diplômes et certificats les établissements d'enseignement, supérieur ou même secondaire, en pleine année scolaire, n'attendent que lui...) est extrèmement commun... et qu'il n'est pas "seul sur le marché". Ces soucis budgétaires ne sont pas sans répercussion sur la paix du ménage, d'autant plus que M. Lewisham doit aussi compter avec sa belle-famille. Et il lui manque sans doute un peu de dialectique et de cynisme pour répondre autre chose que "c'est pas bien!" à l'escroc jovial (beau-papa...) qui lui expose sa conception de la vie. Illusions perdues... J'ose espérer que, en bon écrivain, Wells n'a pas repris trop de faits autobiographiques, mais a su transposer et transmuter ce que lui-même, étudiant pauvre, avait pu vivre.
Ce récit m'ayant quelque peu fait penser au Petit Chose (d'Alphonse Daudet), lu naguère, j'y ai, du coup, jeté de nouveau un oeil. Le parallèle est moins pertinent que je ne croyais. "Le petit chose" se prend pour un poète, et fait par faiblesse de caractère le malheur de sa famille et de ceux qui l'entourent. Tandis que M. Lewisham se confronte, simplement, à la réalité sociale de son époque. Alors certes, il aurait pu laisser l'amour de côté tant que sa position n'était pas assurée. mais dans ce cas, il n'y aurait pas eu de livre!
Je n'ai pas réussi à trouver de blogs ayant parlé de L'amour et M. Lewisham. Mais j'ai en tout cas trouvé ce livre très "vrai", et bien plus facile à lire que Au temps de la comète que je n'ai pas encore terminé (peut-être parce que les caractères en sont plus petits?).
Les nuits de Mashhad - Ali Abbasi
Le même jour où j'ai vu La nuit du 12, j'ai enchaîné avec Les nuits de Mashhad d'Ali Abbasi. Pour des raisons que l'on peut deviner, le film a été tourné en Jordanie et il n'est pas près d'être diffusé en Iran dans un avenir proche. Grâce à ce film, l'actrice principale Zar Amir Ebrahimi, qui vit en exil en France depuis 2008, a reçu le prix d'interprétation féminine au dernier festival de Cannes en 2022. L'histoire est tirée d'un fait divers réel qui s'est passé en 2000-2001. Saeed, maçon de son état, ancien combattant du conflit Iran/Irak, vit dans la ville sainte de Masshad située à 900 km à l'est de Téhéran. Il est marié et père de trois enfants. Saeed, sans que l'on apprenne ses motivations profondes, est devenu un "serial killer" surnommé "l'araignée". Il a assassiné en tout seize prostituées dont la plupart étaient droguées. Quand il a été arrêté, il a dit qu'il voulait purifier la ville de ces femmes corrompues. Pendant le film, on assiste à au moins trois meurtres par strangulation, ce qui est le modus operandi du tueur. Ce sont des scènes très dures qui se passent chez lui. Rahimi (Zar Amir Ebrahimi), une journaliste venue de Téhéran, souhaite mener son enquête car la police piétine. Quelques scènes édifiantes montrent qu'être une femme seule en Iran n'est pas une sinécure. Quand Rahimi arrive à l'hôtel où elle doit loger, l'employé lui affirme qu'il n'y a aucune réservation à son nom. Dès qu'elle présente sa carte de journaliste, miracle, il y a bien une chambre à son nom. Plus tard, elle est importunée par un policier qui ne comprend pas qu'elle puisse lui dire non. Plus tard encore, quand elle se décide à devenir un appât pour attraper le tueur, on devine les regards concupiscents des hommes. La dernière partie du film nous montre que l'on est une rien du tout, que l'on n'existe pas lorsque l'on est une femme de mauvaise vie. Quand il est enfin arrêté, Saeed rallie beaucoup de monde malgré ce qu'il a fait. Même sa femme et son fils aîné le soutiennent. Saeed se croit sauvé. J'ai aimé ce film très dense et très fort, sans temps mort. Une fois de plus, les acteurs sont tous excellents. Un film que je recommande.
Voyage découverte en Sicile - 4
Mon dernier billet sur la Sicile date de 2 semaines, il est temps que je termine bientôt. Mon voyage découverte m'a permis de faire un tour en s'arrêtant dans des villes emblématiques comme Syracuse, Taormine, Messine, Cefalu et retour à Palerme. On a fait une halte à l'Etna qui est toujours en activité. Quand on y était, il y avait eu une éruption la semaine précédente. Les visites sont très cadrées, on ne peut pas aller au-dessus de 2900 mètres d'altitude. L'Etna qui s'étend sur 200 km en surface a une altitude de 3357 m (depuis 2021).
Télécabine qui permet de monter à 2700 mètres d'altitude.
4x4 qui emmène les visiteurs un peu plus haut.
Pente de l'Etna où l'on voit de la glace.
Une coccinelle sur une roche. Pendant ma mini-promenade, j'en ai vu deux. Il paraît que cet insecte se plait dans ce paysage désolé.
Une pente de l'Etna lors de la redescente avec de l'Astracantha sicula.
Avant l'Etna, on a passé une journée à Syracasue qui vaut la peine d'être vue. La ville s'étend surtout sur l'île d'Ortygie et on a visité le site archéologique où se trouve l'Oreille de Denys, une grotte artificielle dans laquelle Denys l'Ancien enfermait ses prisonniers et dont l'acoustique permettait d'écouter les conversations. Nous sommes entrés dedans et c'est vrai qu'il y a une caisse de résonance.
Cette grotte mesure 65 mètres de long.
Quant à Syracuse, en voici quelques photos :
Nous avons poursuivi notre périple avec Taormine. Sur place, on nous a annoncé que le théâtre grec (le lieu emblématique de la ville) était fermé pour cause de tournage de film! Notre guide n'avait pas été prévenue.
On a continué par Messine, plusieurs fois détruite par des tremblements de terre. Du peu que j'ai vu, j'ai trouvé que c'était une ville à visiter. Je conseille la visite de la cathédrale avec son horloge astronomique, la plus grande du monde, construite en 1933. Tous les quarts d'heure, on voit le déplacement des statues du carrousel des âges et un carillon sonne.
Le planétaire qui représente le système solaire.
Avant de revenir à Palerme, on a fait une halte à Cefalù avec sa belle cathédrale dans le style arabo-normand qui date de l'époque de Roger II au XIIème siècle.
L'intérieur avec des mosaïques comme le Christ Pantecrator de style orthodoxe-byzantine.
A bientôt avec un billet sur Palerme.
L'Ile du docteur Moreau (volume 1) - Tamaillon / Legars (bande dessinée d'après H. G. Wells)
Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) fréquente régulièrement à une librairie spécialisée en BD d'occasion, et c'est grâce à l'un de ses vendeurs que j'ai pu mettre la main sur le premier tome d'une adaptation de L'île du Docteur Moreau. Je le chronique donc dans le cadre de notre "Mois Wells" (co-organisé avec Sibylline), même s'il s'agit seulement du tome 1 (sa parution date de moins d'un an, et j'espère que le tome 2 ne tardera pas trop?). Il pourra aussi participer au Challenge "2022 en classiques" (co-organisé par Nathalie et Blandine) et au "10e challenge de l'Imaginaire". Outre celui d'H. G. Wells, un quatrième nom est cité parmi les auteurs après ceux de Stéphane Tamaillon (scénario) et Joël Legars (dessin), à savoir celui d'Anna Conzatti (couleur).
L'Ile du docteur Moreau, volume 1, éd. Delcourt, coll. Ex-Libris, achevé d'imprimer en août 2021, 48 pages.
Je trouve cette couverture magnifique. A l'intérieur, l'adaptation est très fidèle à l'oeuvre de Wells. Trop, peut-être? Dans les planches que je cite ci-dessous, j'ai essayé de préserver les "mystères" des créatures (alors que l'album, en les dessinant, les "fige" trop précisément, avec un style qui hésite entre le réalisme et l'anthropomorphisme animal. Je pense que je préfère personnellement les planches où les créatures n'apparaissent pas, mais où planent les mystères, plutôt que leur révélation. Mais commençons par le commencement. La transposition en bande dessinée, en s'adaptant aux contraintes (nombre de pages limitées, nombre d'images par pages aussi...) est intelligente, avec deux premières pages du héros perdu en mer (Edward Prendick) presque muettes. Ses relations avec son sauveur ("simplement" Montgomery) sont très fidèles au livre, jusqu'à un moment (un ajout?) où l'on comprend (p.30) que les motivations de ce dernier peuvent être troubles... C'est seulement à ce moment qu'il avertit Prendick qu'il n'est pas recommandé de s'aventurer seul dans l'île mystérieuse du docteur Moreau.
Un bref retour chez Montgomery, un réveil dans sa propre chambre, un affrontement avec Moreau, et voilà Prendick reparti à l'aventure...
...jusqu'à la découverte d'une étrange communauté. Comme je l'évoquais plus haut, j'avoue n'être pas totalement convainu par son traitement graphique (soyons clair: je suis bien incapable de dessiner, à plus forte raison de créer une bande dessinée!). Mais je sais qu'il y a une énorme subjectivité dans l'appréciation d'une bande dessinée, a fortiori lorsqu'il s'agit d'adapter une oeuvre déjà connue sous une autre forme (livre, film...).
p.44 (déjà presque la fin de l'album)
Alors que Prendick ne sait plus bien où il en est, on voit surgir Moreau et Montgomery, pour un nouveau face-à-face... et l'album s'achève avant qu'une explication puisse être donnée. Suite et fin dans le prochain épisode (comme précisé p.48). Je relève que, par rapport à mon édition de poche, ce premier volume a couvert 105 pages, et qu'il en reste quelque 137 pour le second.
En attendant, je précise que, chez Delcourt, cette collection Ex-libris (dirigée par Jean-David Morvan) semble ne plus être très loin de la quarantaine d'albums tirés d'oeuvres très diverses, par des dessinateurs qui ne le sont pas moins. Les adaptations sont livrées, le plus souvent, en un seul volume. On y trouve des titres aussi ecclectiques que La guerre des boutons, Les trois mousquetaires, Frankenstein, La ferme des animaux, Tartuffe, Candide... (bref, plutôt des classiques, en fait!).
***
Puisque on est sur de la BD, j'en profite pour montrer ces quelques pages de détournement, au hasard du troisième volume de la série Pacush blues de Ptiluc. L'intéressant est que nos héros rats sont assaillis, sur quelques pages, par des envahisseurs escargots, entre autres délires de cet album... La guerre de deux mondes, quoi. Mais ces molusques gastéropodes voient leur toute-puissance (juchés sur leurs ...tripodes) mise en défaut par un minuscule grain de sable imprévu: la sécheresse!
Mises à part cette planche et demi, l'ensemble de l'album (46 pages tout de même), titré L'importance majeure des accords mineurs, est globalement délirant et/ou philosophique.
La nuit du 12 - Dominik Moll
Parmi les sorties cinéma du 13 juillet 2022, je vous conseille d'aller voir La nuit du 12 de Dominik Moll (le réalisateur d'Un ami qui vous veut du bien [2000] et Lemming [2005]). En guise d'introduction, on nous informe qu'en France, 800 homicides ont lieu par an dont 20% ne sont malheureusement pas résolus. Le film narre une de ces affaires. Tout commence le soir du 12 octobre 2016, à Grenoble, dans un poste de police. On assiste au pot de départ d'un policier qui part à la retraite. Il va être remplacé par un collègue, Yohan Vivès, un jeune homme solitaire qui aime faire du vélo. A Saint-Jean de Maurienne, un peu plus tard dans la nuit, vers 3h, Clara Royer, une jeune femme de 21 ans, quitte un pavillon où elle passait la soirée avec sa meilleure amie. C'est une jeune femme qui semblait heureuse et épanouie. Peu de temps avant d'arriver chez elle à pied, elle se retrouve nez à nez avec quelqu'un dont on ne verra pas les traits. Elle ne semble pas le reconnaître. Il l'attendait sur un banc. Il lui lance un liquide au visage et allume un briquet. Elle s'enflamme. On la voit courir et s'écrouler brûlée vive. La police judiciaire de Grenoble est chargée de l'affaire. Yohan et un de ses collègues, Marceau (Bouli Lanners), commencent à enquêter. Ils découvrent des suspects au fur et à mesure qu'ils fouillent dans la vie de Clara, qui était "une jeune femme pas compliquée, mais pas une fille facile". Le film montre bien que certaines affaires peuvent affecter des policiers de manière profonde, quand, après plusieurs semaines d'investigations, aucune preuve tangible ne débouche sur l'arrestation d'un coupable. Les trente dernières minutes se passent trois ans plus tard, en 2019. Le constat de Yohan devant la juge d'instruction (Anouk Grinberg) est plutôt désabusé. J'ai aimé le ton du film. Le réalisateur prend son temps, mais le rythme est suffisamment soutenu pour que l'on ne s'ennuie pas. Il n'y a pas de scène de trop et le tout est bien interprété. Le film traite du féminicide en filigrane. Je le répète, allez voir ce film qui a été sélectionné hors compétition au dernier Festival de Cannes, en 2022. Lire le billet de Selenie.
L'affaire Lerouge - Emile Gaboriau
C'est allant d'un blog à l'autre que j'avais noté chez une blogueuse le fait qu'elle chroniquait des polars "classiques". Et cela a été l'occasion pour moi de lire un deuxième roman d'Emile Gaboriau (1832-1873) - je n'avais pas chroniqué le premier. L'Affaire Lerouge (Edition France Loisirs, 455 pages) débute en mars 1862. Une femme, Claudine Lerouge, est retrouvée assassinée dans son pavillon dans le hameau de la Jonchère qui dépend de Bougival, à l'ouest de Paris. La victime n'avait semble-t-il pas d'ennemis. Ce n'est pas un crime crapuleux car des pièces d'or sont retrouvées dans un tiroir d'un meuble. Un juge d'instruction appelé Daburon est chargé de l'instruction de l'affaire. L'enquête elle-même est menée par un homme appelé Tabaret, dit "Tirauclair", que connaît l'inspecteur Lecoq (personnage que l'on retrouve dans d'autres romans de Gaboriau). Tabaret, après quelques investigation, est sûr que l'assassin (homme ou femme) est jeune. Je ne vous dirai rien de plus de l'histoire qui est racontée en détail sur W.K.pedia. Je veux seulement donner quelques-unes des mes impressions. J'ai trouvé que l'histoire se traînait un peu en longueur. J'ai mis du temps à lire ce roman. Il faut dire que l'Affaire Lerouge a d'abord été publié en feuilleton. L'histoire est tirée d'un fait divers qui s'est passé à la même époque, sous le Second Empire. On n'y parle pas du tout de politique, mais dans l'épilogue il est question d'abolition de la peine de mort. Car on a été à deux doigts de l'erreur judiciaire. L'intrigue est concentrée sur une dizaine de personnages de toutes conditions sociales. Un roman que j'ai été contente d'avoir lu.