Pendant un voyage entre Paris et Limoges, j'ai lu ce bel hommage de Thierry Frémaux (Directeur de l'Institut Lumière à Lyon et Délégué général du Festival de Cannes), Si nous avions su que nous l'aimions tant, nous l'aurions aimé davantage (Editions Grasset, 211 pages) à son ami Bertrand Tavernier, disparu en mars 2021 à presque 80 ans. Ce n'est pas une hagiographie sur le cinéaste mais un portrait plein d'admiration pour un homme qui était un vrai passionné de cinéma, qui ne vivait que pour le 7ème art. Thierry Frémaux, un Lyonnais comme Bertrand Tavernier, a rencontré BT en 1982. Thierry Frémaux évoque les allers-retours que Tavernier faisait entre Paris et Lyon, la création de l'Institut Lumière, les voyages que Tavernier faisait aux Etats-Unis afin de rencontrer des réalisateurs, le public, des universitaires, des critiques de cinéma. Tavernier était un puits de science en ce qui concerne le cinéma américain et français. Il évoquait avec ferveur des cinéastes des années 30 et 40 complètement oubliés. Il n'arrêtait pas de travailler, d'écrire, de découvrir des "vieux films". Je rappelle qu'il a écrit plusieurs livres sur le cinéma américain. Et dans les dernières années, il a fait un documentaire de plus de trois heures, Voyage à travers le cinéma français, que je dois voir. Thierry Frémaux s'attarde sur les détracteurs de Tavernier, il revient sur la nécrologie écrite par Libération (pas très gentille) au lendemain de la mort du cinéaste. Tavernier n'était pas un réalisateur de la "Nouvelle Vague", il avait dix ans de moins que Truffaut, Chabrol, Godard, ou vingt ans de moins que Rohmer ou Rivette et donc Les cahiers du cinéma adorait détester Tavernier. Frémaux évoque les nombreux films très différents qu'a réalisé Bertrand Tavernier. Quand on termine ce récit, on se sent un peu triste mais il donne envie de (re)voir les films du réalisateur. "Chacun est le conservateur de sa propre histoire, Bertrand l'aura fait comme peu de gens et il y procéda sans relâche. Je peux affirmer sans être contredit que personne ne saura plus ce qu'il a su, et que personne ne verra plus ce qu'il a vu. Ainsi va la vie sur terre, ce passage momentané qu'il aura marqué à sa manière, par des films, des livres, des émissions de radio, un blog opulent sur le site de la SACD où il démontre une double voracité de lecteur et de spectateur, d'innombrables bonus de DVD - 234 interventions dans la seule collection Sidonis pour Alain Carradore" (p.181). Le titre de l'ouvrage se réfère à une phrase de Frédéric Dard à propos de sa fille, "Si j'avais su que je l'aimais tant, je l'aurais aimé davantage" (p.208). A titre personnel, j'ai eu le plaisir de croiser Bertrand Tavernier lors d'une vente dédicace en décembre 2008 et je l'avais vu aussi dans un cinéma parisien lors d'une projection grand public. A priori, il payait sa place de cinéma. Un livre que je vous recommande.
vendredi 21 octobre 2022
Si nous avions su que nous l'aimions tant, nous l'aurions aimé davantage - Thierry Frémaux
Commentaires sur Si nous avions su que nous l'aimions tant, nous l'aurions aimé davantage - Thierry Frémaux
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Voici ce que raconte Frédéric Dard dans le Lire N°3 de décembre 1975 et dans « Je le jure » compilation d'interviews de Sophie Lannes (1975) :
« Mon tonton Jean ! En voilà un qui m'a beaucoup aidé. C'était un homme merveilleux. Il vient de mourir. Le jour de son enterrement, j'ai dit à ma femme :
— Si j'avais su que je l'aimais tant, je l'aurais aimé davantage.
C'est exactement ce que je ressens : un besoin affolant de rebrousser le temps pour aller lui dire tout ce que je lui ai tu. Il m'a fait le plus beau cadeau qu'on puisse faire, le plus précieux, le plus irremplaçable : il m'a donné de son temps. »
Rien à voir avec le décés de sa fille Elisabeth en mars 2011, soit plus de 10 ans après sa propre mort.
Il est inutile, et paradoxal de propager de fausses informations pour la promotion d'un bouquin hommage.
Cette citation a été réutilisée ensuite par Frédéric Dard (au féminin) dans San-Antonio entre en scène : Un long monologue, qui a été joué sur scène par Alain Chevallier en 1991, où San-Antonio se laisse aller à son délire en toute liberté, sans le prétexte habituel du récit policier.
France Gall l'a citée dans son hommage funéraire à Daniel Balavoine en 1986, et ensuite l'a utilisée dans sa tournée 87/88 avant la chanson "Évidemment" (hommage à Daniel Balavoine).
Renaud l'a reprise en 2017 dans un interview lors de la disparition de Johnny, il y a eu alors une mini polémique, le chanteur ayant omis de préciser qu'il n'en était pas l'auteur.
Et en 2022 Philippe Caveriviere l'a utilisée à deux reprises en hommage à Gaspard Ulliel sur RTL « Écoutes l'œil de...» le 20/01 et sur France 2 « On est en direct » le 22/01.
Ceci explique sa popularité sur les réseaux sociaux.