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Le blog de Dasola
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31 mars 2023

John Wick : chapitre 4 - Chad Stahelski

J'ai découvert la série John Wick sur grand écran à partir du 2ème. Je n'ai vu le premier opus qu'en DVD. Tout a commencé quand John Wick, un tueur redoutable, s'est retiré des affaires pour se marier. Malheureusement, sa femme qui est tombée gravement malade est décédée. Juste avant de mourir, elle lui avait préparé l'envoi d'un adorable chiot appelé Daisy. Une passion habite John Wick, ce sont les voitures des années 60. Il s'est offert une Ford Mustang Mach 1 et s'entraîne sur un terrain vague. Cette voiture de collection a attiré des convoitises et des jeunes de la Mafia russe la lui volent et, plus grave, ils tuent Daisy. A partir de là, la vengeance de John Wick va être terrible avec des combats très chorégraphiés et l'utilisation d'armes à feu sophistiquées. Bilan: des dizaines de victimes. A la fin du premier opus, John est blessé mais il adopte un nouveau chien dans un refuge. John (diminutif de Jonathan) reprend du service dans le deuxième opus qui se passe à Rome, où, cette fois-ci, il va affronter la Camorra. La destruction de sa maison au lance-flamme est un grand moment du film. C'est dans ce film qu'on entend parler pour la première fois d'une confrérie de hauts dignitaires du crime appelée "La Grande Table". John Wick va avoir sa tête mise à prix pour des sommes folles. Dans le quatrième opus, sa tête sera mise à prix pour 20 millions US $. Dans le troisième film, l'action se passe beaucoup au Maroc et dans le 4ème, après une escale à Osaka dans un très bel hôtel, l'essentiel de l'histoire se déroule à Paris (Arc de triomphe, Trocadéro et Sacré-Coeur). Les combats sont toujours spectaculaires à regarder. Et il faut noter le travail sur l'image et la couleur. Je sais que Pascale a un gros faible pour Keanu Reeve mais il faut reconnaître qu'à 58 ans, il est plutôt bien. Je suis très admirative de sa condition physique. Il faut noter que les quatre films ont des durées de plus en plus longues: le premier qui date de 2014 dure 1H30, le 4ème dure 2H49. Mais je n'ai pas vu le temps passer. Un bon cru. J'espère qu'il y en aura un 5ème. Lire les billets de Henri Golant et Selenie (qui a moyennement aimé). 

30 mars 2023

Le livre est-il écologique? - Collectif

J'ai (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) découvert le livre objet du présent billet chez la librairie de quartier que je fréquente principalement. Il y a quelques années, je partageais équitablement mon budget "livres neufs" chez une seconde librairie, mais j'ai un peu "laissé tomber" cette autre à l'occasion de son changement de propriétaires, lorsque l'ancienne libraire a pris sa retraite et a vendu son "fonds de commerce", même si je continue à recevoir les invitations pour toutes les dédicaces et autres conférences qui y sont organisées... et auxquelles je ne prends pas le temps de me rendre, alors que certains sujets pourraient m'intéresser. Bref. Je reviendrai sur ce sujet plus bas.

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Le livre est-il écologique? Matières, artisans, fictions, 2020, Wildproject (collectif), 103 p., 9 euros.

Le problème avec les livres collectifs, c'est que, même portant sur un thème précis, ils peuvent parfois sembler faits de bric et de broc, avec des parties qui éveilleront plus ou moins l'intérêt de chaque lecteur, et/ou des plumes plus ou moins étincelantes. J'ai bien sûr été attiré par le "post-it" signalant que ce livre (en présentoir) avait été co-rédigé par ma libraire, que je connais depuis 19 ans, à l'époque où la librairie qu'elle avait en tête de fonder n'était encore qu'un projet qui cherchait du financement solidaire (les plateformes de financement participatif n'existaient pas à ce moment-là). Mais je recommence à m'égarer!

Je l'ai donc réservé, en demandant une dédicace (la fondatrice n'est depuis longtemps plus seule contrairement à ses débuts (dans un local plus petit), elle a depuis plusieurs années embauché des salarié.e.s et ouvert son capital à au moins une associée). Lorsque je suis repassé, elle était elle-même présente et j'ai pu lui rafraîchir la mémoire. Après cette "mise en contexte", j'en viens enfin au livre lui-même.

Comme le dit la quatrième de couv', "cet ouvrage a été réalisé par l'Association pour l'écologie du livre, qui oeuvre de façon interprofessionnelle sur les questions d'éco-responsabilité et de bibliodiversité". Le livre comprend trois parties principales, titrées "Etat des lieux (entretiens)", "Horizons (écofictions de libraires)" et "Vers l'écologie du livre (manifestes)". Selon la page "Crédits" (p.101), les textes qui le composent ont, pour certains, été publiés dans la presse, sur internet, ou dans un ouvrage précédent. 

La partie "technique" sur la filière livre (l'entretien avec ma librairie, mais aussi ceux avec un éditeur et surtout avec un forestier) est celle qui a le plus éveillé mon intérêt, en évoquant les problématiques des différents composants de la filière livre. Pour la librairie, l'entretien porte sur l'adéquation entre un projet spécifique pour une librairie et les contraintes (organisation des rayons, économie fragile du secteur livre...). L'éditeur (une petite Maison basée en Belgique) explique qu'il réalise 80% de son chiffre d'affaires avec 120 librairies seulement, avec lesquelles il a construit des relations privilégiées. Le forestier nous donne une vision (que j'ai trouvée passionnante!) de la filière "papier" (mondialisé) et de l'inertie des éditeurs, où les "gros" (en France, en tout cas) décident davantage en fonction de leurs intérêts propres que de celui de la planète...

La partie consistant en écofictions de libraires présente quatre nouvelles se déroulant dans quelques années (2030 ou après) et imaginant ce qu'a pu devenir leur métier. Elles ont été réalisées dans le cadre d'un atelier d'écriture en 2019 (l'intégralité des nouvelles produites peut être trouvée en ligne sur le site de l'association, rubrique "ressources"). Là, j'ai commencé à être un peu moins convaincu: certaines sont plutôt dans l'utopie, à mon avis (ayant pour cadre une communauté idéalisée qui possède une impressionnante collection de livres...). Vers la fin de la dernière nouvelle (p.77-78), j'avoue avoir été interpellé par les phrases suivantes: "Eh bien, en fait, on a créé une usine à papier recyclé il y a trois ans. Elle est au fond du champ derrière la librairie. Donc on fait à la fois de la récupération de livres endommagés ou qui ont peu d'intérêt pour les membres de la communauté, mais aussi de pas mal de chiffons; Et c'est avec ça qu'on fait pour ainsi dire l'ensemble du papier de la commune ainsi que quelques dizaines de livres en auto-édition". Autant je trouve génial cette production autonome de papier et sa finalité, autant je suis heurté par ce "mépris" pour certains livres, exclus a priori et définitivement (sur décision irréversible) de toute chance de lecture future, ce qui s'apparente à une forme de censure et me déplait. J'aurais préféré lire "... endommagés ou de livres en nombreux exemplaires qui ont peu d'intérêt pour les membres de la communauté (en veillant bien sûr à en préserver un exemplaire aux fins de conservation), mais aussi (etc.)". Mais bon, chaque lecteur ou lectrice pourra avoir son propre avis je suppose.

Enfin, à la lecture des deux "manifestes" de la troisième partie, j'ai commencé à accentuer ma réticence. Ces manifestes sont vraiment trop "conceptuels" pour moi, et j'avoue que mettre en avant le décolonialisme ou les réunions non-mixtes n'est pas forcément le meilleur moyen de capter mon attention bienveillante. Les chercheur.euses cité.e.s dans ces manifestes contribuent chacun.e à la "déconstruction" de l'écologie, à renommer "humanités écologiques", où peuvent prendre place les oeuvres des philosophes écoféministes, les anthropologues du non-humain, les zoophilosophes, les penseurs biorégionalistes, ceux écodécoloniaux, sans parler des écopoéticiens... En parlant de la convergence de certains de ces thèmes vers des ouvrages trangenres, ils m'ont perdu comme lecteur, sans, je le crains, me donner pour le moment envie d'en découvrir davantage. Dans le second manifeste, titré "Les trois écologies du livre" (écologie matérielle, écologie sociale, écologie symbolique), le parti pris assumé est de partir du principe que, dans la chaine du livre, le féminin l'emporte (note p.90 - je n'ose demander si c'est de l'humour, de la provocation pour pousser à la réflexion, ou qui sait quoi d'autre).

A vous maintenant, lectrices et lecteurs, de vous forger votre propre opinion après lecture.

*********************

Quelques réflexions sur mon propre rapport à la lecture ces dernières années

Finalement, ce billet m'a été l'occasion de m'introspecter sur mes modes de lecture. Qu'est-ce qui, désormais, me motive à ouvrir un livre?

D'abord, un aspect utilitariste. Il faut qu'il corresponde à une des thématiques sur lesquelles je suis "en veille": l'ESS (économie sociale et solidaire) en général, l'écologie ou l'agriculture bio ou de proximité en particulier. Une fois lu, je prendrai la peine de l'apporter en consultation aux membres de mon club d'investisseurs CIGALES, avant (selon le sujet) de le verser au système de prêt de livres au sein de l'AMAP dont je fais partie. Exceptionnellement, j'en aurai, auparavant, tiré un billet pour le présent blog.

Pour enrichir ma bibliothèque thématique personnelle, je m'astreins à lire quasiment un "essai" par semaine en moyenne. Certains font moins de cent pages là où d'autres en comptent plusieurs centaines, certains viennent de paraître tandis que j'en ai acheté d'occasion d'autres - parfois débris de bibliothèques rachetées en bloc par la bouquinerie avec une dédicace de l'auteur -  à quelques euros pièce.

D'autre part, côté littérature récréative, j'ai surtout tendance à relire des livres que je connais déjà. BD et manga figurent en bonne place dans mes lectures. En fait je lis bien davantage que je ne chronique. 

Pour que je rédige un billet, paresseux comme je suis, il me faut, là encore, une carotte: un "challenge" bloguesque de plus ou moins longue durée, même si rédiger un billet me demande un effort supplémentaire (sans parler des recherches pour trouver quelques liens vers des blogs en ayant déjà parlé - recherches de plus en plus ardues désormais).

Je lis en tout cas beaucoup plus de ce que j'appelle les livres "de stock" (déjà disponibles depuis des années, parfois même épuisés en neuf) que "de flux": je ne suis guère les parutions récentes, sauf s'il s'agit d'un ouvrage qui recoupe mes propres centres d'intérêt. Je sais que je ne pourrai jamais tout lire. Alors, autant me concentrer sur ce qui serait susceptible de m'intéresser, plutôt que de me lancer vers l'inconnu. Il ne me vient jamais à l'esprit de demander conseil à une libraire. Je trouve souvent mention de nouvelles parutions (essais) dans la presse, et vais alors les commander à ma librairie. C'est par contre sur les blogs que je détecterai un ouvrage que j'ignorais d'un auteur déjà connu de moi, ou, parfois, un billet attirant mon attention sur un ouvrage à côté duquel je serai passé autrement (et que je vais le plus souvent chercher à emprunter en bibliothèque).

Et vous?

28 mars 2023

Game of thrones - Les 8 saisons

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Avec mon ami Ta d loi du cine, on vient de visionner à la suite les huit saisons de Game of Thrones (Le trône de fer en VF) d'après les romans de George R. R. Martin. Cette série a beaucoup fait parler d'elle entre 2011 et 2019. Ni moi ni mon ami n'avions vu la série, mais mon ami a lu tous les tomes parus de la saga (quinze, m'a-t-il dit). J'ai aimé suivre les différentes péripéties dans le royaume des sept couronnes, dans une contrée imaginée par George R.R. Martin. Les protagonistes sont des rois, des reines, des seigneurs, des chevaliers, des sauvageons... On peut admirer trois dragons, de leur naissance à la mort de deux d'entre eux, qui vont avoir un rôle de grande importance. L'enjeu pour beaucoup de personnages est de s'asseoir sur le trône de fer, symbole du pouvoir absolu. Pendant 73 épisodes, on assiste à des combats, des trahisons, des mises à mort, des guerres civiles continuelles, des destructions. Aux confins de ces terres habitées, dans le nord, il y a un immense mur de glace derrière lequel vivent des marcheurs blancs, des morts-vivants. Même si j'ai apprécié la série, j'ai trouvé que l'image était souvent sombre et obscure, m'empêchant de comprendre ce qui se passait à l'écran. Les femmes n'ont pas forcément le beau rôle ou elles sont souvent maltraitées. Par ailleurs, il y a beaucoup de violence qui aboutit à des milliers de morts par armes blanches ou par le feu. Que de têtes coupées et de ventres transpercés! Concernant les personnages, je me suis attachée à Thyrion Lannister, le nain, qui est, pour moi, le personnage le plus intelligent. Il est très bien joué par Peter Dinklage. J'ai été touchée par Jaime Lannister amoureux de sa soeur Cersei. Arya Stark est une jeune fille puis une jeune femme libre et indépendante qui devient une tueuse redoutable. Il y a aussi Sandor Clegane, dit "le limier", un être bourru mais qui a du coeur. Et je n'oublie pas Brienne de Torth, une grande femme blonde pleine de courage même face à un ours. Je n'oublie pas Jon Snow qui n'hésite jamais à se battre au péril de sa vie. Mais bien entendu, les deux personnages principaux les plus intéressants sont deux femmes, Cersei Lannister et Daenerys Targaryen. Les deux auront un destin tragique mais somme toute logique. Et vous, si vous avez vu la série "GOT", qu'en avez-vous pensé?

25 mars 2023

De grandes espérances - Sylvain Desclous

De grandes espérances permet à Rebecca Marder et Emmanuelle Bercot de jouer deux rôles formidables. Emmanuelle Bercot a raté sa vocation, elle devrait se reconvertir dans la politique.

Toujours est-il que je vous conseille d'aller voir De grandes espérances de Sylvain Desclous, sorti le 22 mars 2023. Madeleine Pastor (Rebecca Marder) et son fiancé Antoine Mandeville (Benjamin Lavernhe) passent des vacances en Corse dans une très belle maison louée par le père d'Antoine et où séjourne aussi Gabrielle (Emmanuelle Bercot, formidable), une ex-secrétaire d'Etat. Madeleine et Antoine sont issus de milieu sociaux très différents. Mais tous les deux viennent de passer l'épreuve écrite pour entrer à l'ENA, Madeleine grâce à une bourse. C'est une jeune femme brillante et intelligente. Pendant leur séjour, Antoine et Madeleine se promènent en voiture, Antoine roule très vite, il dépasse un pick-up. Et c'est la tragédie. Revenus à Lyon, Antoine et Madeleine n'ont rien dit de ce qui s'est passé. Antoine part loin sans passer l'oral du concours, Madeleine ne va pas au bout pour l'oral mais elle se fait embaucher par Gabrielle qui continue son combat politique dans l'économie sociale et solidaire. Le couple formé par Antoine et Madeleine a du plomb dans l'aile. C'est lui, Antoine, certainement jaloux de la réussite de Madeleine, qui va faire accélérer les choses pour qu'elle soit inquiétée. Heureusement que cette dernière se souvient qu'elle a un père  (Marc Barbé, très bien), un homme taiseux qui va soutenir sa fille au bon moment. 

Allez voir le film pour les acteurs et pour le suspense qui est tenu jusqu'au bout. Lire les billets de Pascale et Selenie.

22 mars 2023

La Syndicaliste - Jean-Paul Salomé

Je vais régulièrement au cinéma UGC Les Halles à Paris, qui se situe pas très loin de mon travail. Et bien - c'est pratiquement la première fois que je le constate depuis la fin de la covid -, les spectateurs sont revenus en masse et c'est une très bonne nouvelle. Mardi 21 mars 2023 vers 19h, il y a avait un monde fou aux caisses et au contrôle des billets. J'ai vu La Syndicaliste dans une salle pleine.

Concernant La Syndicaliste, j'ai été agréablement surprise par ce film, au suspense assez haletant. En 2012, Maureen Kearney, syndicaliste CFDT à Areva, a voulu mettre au jour les manœuvres politico-économiques qui menaçaient l'avenir d'Areva face à EDF et à une société chinoise, grâce à une dénonciation d'un salarié d'EDF. C'est toute la filière du nucléaire français qui est menacée, et par là même des milliers d'emplois. Maureen Kearney, mariée et mère d'une fille, se fait lanceuse d'alerte avec l'appui d'Anne Lauvergeon, l'ex-numéro 1 d'Areva, mais elle a fort à faire face à des adversaires masculins qui la considèrent comme folle et hystérique. Un jour, elle est attaquée chez elle. Baîllonnée et attachée, elle est violée avec le manche d'un couteau. Assez vite, elle va passer de victime à suspecte. On considère que c'est une affabulatrice. Pendant tout le film, on sent une tension. On a peur pour Maureen Kearney qui apparaît comme une femme forte et fragile en même temps. On se demande ce qui va se passer. Heureusement que son mari et les membres de son syndicat la soutiennent. Sur Wikipedia (consulté ce 22/03/2023), vous pourrez lire toute l'histoire. Il y a quelques personnages qui sont purement fictionnels semble-t-il, mais le réalisateur s'est inspiré du récit d'une journaliste. Pour en venir aux acteurs, j'ai trouvé Isabelle Huppert remarquable de bout en bout. Grégory Gadebois qui interprète son mari est bien. Tous les autres acteurs, Marina Fois et Yvan Attal en tête, jouent très bien leur partition. Un très bon film que je recommande. Lire les billets de Pascale, Henri Golant, Selenie

20 mars 2023

Deux livres sur des canidés

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vous présente deux vénérables livres au format poche chinés pour quelques dizaines de centimes d'euros (30 centimes pour l'un d'une part, 20 centimes pour l'autre mais cinquante centimes si on en achète trois - et j'en avais pris 9 pour ce lot-ci, d'autre part). J'ai décidé d'en faire un billet commun à cause du thème mis en titre: tous deux mettent en scène des canidés.

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Tueurs innocents, H. et J. van Lawick-Goodall, J'ai Lu documents N° D 19**, 1973, 308 p.
Dix chiens pour un rêve, François Varigas, Le livre de poche N°6051***, 1985, 254 p.

P1150751Le premier titre, Tueurs innocents, est un livre documentaire d'éthologie (observation des animaux). Jane Goodhall, alors mariée avec le photographe et cinéaste documentariste Hugo van Lawik, reste aujourd'hui beaucoup plus connue pour ses travaux sur les chimpanzés, à Gombe. Le présent livre a été publié en anglais en 1970, et traduit en français en 1971.

Son mari ayant été nommé photographe des parcs nationaux de Tanzanie, Jane l'accompagne dans ses missions d'études, avec leur enfant en jeune âge, Hugo junior, plus connu sous le nom de Grublin (p.36). Tous deux partagent équitablement couches et rédaction du livre. Les observations se déroulent dans le Parc du Serengeti et dans le cratère du Ngorongoro qui en est mitoyen. Les habitués des documentaires animaliers reconnaîtront toute la faune du Serengeti. Le livre s'intéresse en premier lieu aux carnivores, et par conséquence à leurs proies (herbivores). Proies parfois dévorées vivantes (en commençant par les entrailles), mais qui, nous dit-on, meurent plus rapidement que les herbivores étranglées durant 10 minutes par les lions... (et peut-être "anesthésiées" par le choc, comme un humain peut "réagir" en cas de blessure grave...). Il est aussi question des oiseaux (j'ai appris que les "vautours égyptiens" savent utiliser un outil: ils jettent une pierre contre les oeufs d'autruche pour en briser la coquille, trop dure pour leurs becs). Trois races d'animaux sont abordées (ont été étudiées, par le couple et ses assistants) successivement: les chiens sauvages (lycaons), chacals dorés (et argentés?), hyènes tachetées. A chaque fois, les chapitres, rédigées dans un style vivant (qui n'exclut nullement la précision scientifique) nous présentent plusieurs "clans" ou meutes". Sont décrits l'élevage des jeunes, la hiérarchie interne à chaque groupe, le mode de chasse, les relations avec les proies, les autres carnivores, ou les congénères. Le livre est entrecoupé d'anecdotes d'observations en véhicule ou de vie au bivouac avec leur jeune fils. Seuls quelques indices permettent alors de savoir qui est le "je" qui rédige. Les auteurs ont pu bénéficier d'un programme d'études pluriannuel, et de la bienveillance de leur éditeur (puisque la rédaction du livre a connu plus de six mois de retard par rapport à ce qui avait été convenu). Toutes ces observations vécues, racontées de manière très vivantes, aboutissent à un récit qui se lit comme un polar. Une belle lecture, à mettre en perspective, je le répète, avec les documentaires animaliers qui repassent inlassablement sur Arte.

En cherchant des informations complémentaires, j'ai appris que, contrairement à ce que je pensais au départ, les hyènes, selon les arbres phylogénétiques récents, ressortiraient plutôt de la même famille que les félins (comme les mangoustes par exemple) et non de celle qui contient les canidés (sous-ordre des féliformes plutôt que des caniformes, donc). Je pense que le second livre annoncé, Tueurs tranquilles, qui devait porter sur les félins du parc (lions, guépards et léopards) n'a jamais dû être écrit, car Jane et Hugo ont divorcé en 1974 (ils étaient mariés depuis 1964).

De Jane Goodall, donc, j'avais lu il y a quelques années Nous sommes ce que nous mangeons. Il faudrait que je le relise et que je le mette à disposition dans le système de prêt de livres de l'AMAP dont je fais partie

Eventuellement, je pourrais aussi y proposer le second livre que je vais vous présenter. 

P1150753Je ne comprends pas trop le titre Dix chiens pour un rêve: choisi par l'éditeur ou par l'auteur? Ce chiffre dix (vendeur, symbolique?) paraît être la moyenne entre les 11 chiens du départ et les neuf à l'arrivée... A l'arrivée d'un pari fou: traverser la Terre de Baffin en traîneau à chiens, puis poursuivre à travers le Canada jusqu'à la cité de Dawson. L'auteur, François Varigas, semble avoir bénéficié pour la rédaction de "l'aide" d'un journaliste ("propos recueillis par Jean-François Chaigneau"). Un Français a donc réussi à aller jusqu'au bout de ses rêves, en y gagnant le respect des hommes rudes qui vivent dans le "grand Nord": personnels de la ligne DEW, d'entretien des routes, Inuits, Amérindiens... Mais revenons à nos chiens. Ils sont évoqués, chacun avec leur caractère, tout au long de l'ouvrage. L'auteur les a parfois eu chiots et dressés comme chiens de traîneau, traîneau qu'il a lui-même construit pour son "raid". Il doit porter le matériel de bivouac dans la neige et la nourriture pour le conducteur comme pour les bêtes, pour des étapes en autonomie qui peuvent durer jusqu'à deux semaines sans voir quiconque. Nous avons droit à la présentation des deux types d'attelage: l'inuit (en arc de cercle) ou "indien" (en ligne), celui qui est le plus connu (je songe au livre Le grand silence blanc par exemple). Tout au long du périple, l'interaction avec les chiens est permanente. Nous les voyons se "mutiner" le deuxième jour: habitués à de courtes randonnées, ils veulent faire demi-tour pour le retour classique à la maison (p.30), ne pouvant anticiper la longueur de la randonnée. Au fil du voyage, nous assisterons à des rencontres avec un couple de loups, un ou deux ours, un renard des neiges... p.51-52, notre voyageur regrette sa solitude et surtout l'absence de spectateurs pour admirer la "belle ouvrage" que font les chiens (parfois en compétition pour être ou demeurer "chien de tête). Plus loin (p.75), tous les menbres de l'attelage nous sont présentés, à un moment où il envisage de devoir sacrifier un chien pour nourrir les autres (comme les explorateurs polaires de jadis). Conclusion p.82 de ce passage: "Je secouai la tête: mais quelle stupidité m'avait abruti à ce point? Je n'étais pas encore dans le réel besoin de nourriture et j'avais choisi comme inéluctable la solution la plus imbécile. J'avais planifié, comme un énarque, sans attendre la réalité. J'avais trop raisonné sur l'avenir". Les chiens, semble-t-il, lui sauvent quelquefois la mise sinon la vie: quand le mauvais temps l'amène à faire demi-tour au lieu d'aller au bout de l'étape prévue, à plusieurs reprises, ce sont les chiens (instinct? flair? intelligence?) qui savent le ramener à bon port.

Les étapes dans des lieux habités sont l'occasion de rencontres avec des "peuples premiers" sédentarisés et dont les jeunes gens, utilisateurs de skidoos, ne savent plus forcément utiliser un "simple" attelage de chiens. L'administration peut être plus ou moins compréhensive (un caribou tué parce que c'était ça ou mourir de faim, et l'amende menace...). La rencontre avec une famille de trappeurs m'a fait songer à la vie décrite dans La rivière des castors d'Eric Collier. François Varigas est en tout cas bien mis en scène dans son rôle d'explorateur et surtout de réalisateur d'exploit.

Au final, un livre dont j'ai lu les péripéties du quotidien d'un tel voyage avec intérêt et facilité. Je ne sais pas trop ce qu'a pu devenir son auteur au XXIe siècle. Je n'ai pas lu son autre livre, Une vie pour un rêve, mais je tacherai de me le procurer. 

Vérification faite, on peut facilement trouver sur internet les deux livres que ce billet vous a présenté. Même si chacun est ancien de plusieurs décennies, ils sont malgré tout trop récents pour pouvoir compter comme "classiques" dans un challenge... 

PS: de Jane Goodall, il faudra aussi que je lise (lorsque je l'aurai déniché d'occasion) Les chimpanzés et moi.

19 mars 2023

Le soleil rouge de l'Assam - Abir Mukherjee

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J'ai eu grand plaisir à lire le quatrième roman d'Abir Mukherjee qui vient de paraître. Après L'attaque du Calcutta-Darjeeling, Les Princes de Sambalpur et Avec la permission de Gandhi, j'ai retrouvé dans Le soleil rouge de l'Assam (Edition Liana Levi, 411 pages) le capitaine Wyndham en février 1922, résolu à se désintoxiquer de son addiction à l'opium. Pour cela, il part dans un ashram dans la province de l'Assam, à trois jours de train de Calcutta. Son fidèle sergent bengali Satyendra Banerjee est parti voir sa famille à Dacca. Dès que Wyndham arrive, il voit quelqu'un qui lui rappelle un passé londonien douloureux. A partir de là, le récit alterne deux périodes et deux intrigues qui vont se rejoindre. La première intrigue se passe en 1905 dans un quartier de l'East End de Londres. Wyndham est un tout jeune inspecteur. Une femme, Bessie, est retrouvée morte chez elle. Son voisin du dessus, Israel Vogel, va être accusé du meurtre, parce qu'il est juif, et on retrouve l'arme du crime chez lui. Bessie travaillait chez un certain Jeremiah Caine, un homme d'affaires quelque peu véreux dont la femme venait de décéder. Dix-sept ans plus tard, à Assam, la cure de désintoxication est dure à supporter. Wyndham est nourri de riz, de lentilles et de breuvages qui le font vomir. Il tient néanmoins le coup et quand il quitte l'ashram, il fréquente d'autres Britanniques dont Emily Carter, l'épouse de Ronald Carter, un homme d'affaires prospère de la région. Emily a la passion de la mécanique et elle aime réparer les moteurs d'automobiles. Il se trouve que Ronald Carter meurt une nuit dans sa chambre fermée à clé de l'intérieur (et il était seul). D'étranges marques sont apparues sur sa poitrine. Wyndham ne croit pas à un accident et demande qu'une enquête soit faite. C'est le sergent Banerjee, revenu de vacances, qui va en être chargé. J'ai trouvé une fois de plus que l'écrivain avait réussi à captiver le lecteur même pour une histoire plus classique. Je vous recommande chaudement ce 4ème tome, qui peut se lire sans avoir lu les trois premiers.

16 mars 2023

Les petites victoires - Mélanie Auffret

Les petites victoires de Mélanie Auffret se déroule de nos jours en Bretagne dans le département des Côtes d'Armor, dans un petit village appelé Kerguen (je ne sais pas si c'est un nom inventé). Alice Le Guennic (Julia Piaton, très bien), la mairesse du village, est aussi l'institutrice de l'école à la classe unique. Elle essaie d'administrer au mieux ce village qui manque de magasins de proximité et de médecin. Elle écoute les villageois qui viennent se confier à elle pour des problèmes très intimes. Alice ne baisse pas les bras mais c'est dur. Un jour, Emile Menoux (Michel Blanc, excellent), un des villageois, qui ne sait pas lire, décide de venir suivre les cours d'Alice à l'école. La cohabitation n'est pas toujours facile mais avec de la bonne volonté, Emile se fait accepter des autres élèves. Le problème qui surgit est qu'un inspecteur de l'éducation nationale vient faire une inspection et se rend compte qu'il n'y a plus que 10 élèves dans l'école. C'est trop peu. L'école va fermer. Cela n'empêche pas qu'il se passe plein de choses sympathiques que je ne vous raconterai pas. Le film est plein de délicatesse et de moments très amusants. On applaudit à la fin. Ne passez pas à côté. Allez le voir. 

13 mars 2023

Le meurtrier - Patricia Highsmith

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J'ai écouté tout récemment, grâce à You Tube, plusieurs épisodes de l'émission "Les maîtres du mystères", une émission radiophonique diffusée sur France Inter dans les années 1950 et 60. A la fin de certains épisodes, les producteurs de l'émission, Pierre Billard (1921-2012) et Germaine Beaumont (1890-1983), faisaient une intervention pour parler d'un roman policier. Et j'ai retenu que Germaine Beaumont avait appprécié Le meurtrier de Patricia Highsmith (Livre de poche, 281 pages), dont je n'avais jamais entendu parler. C'est un roman qui a été écrit en 1954 mais est paru en français en 1960 et que je me suis procuré. En préambule, je dirais que j'ai apprécié les romans de Patricia Highsmith que j'ai lus, dont ceux avec Ripley. Je conseille aussi La rançon du chien ou Eaux profondes. Les romans de Patricia Highsmith (1921-1995) sont tous de qualité. Les histoires qu'elle raconte se finissent mal en général. Sous couvert d'histoires policières, ce sont surtout des romans sur la psychologie criminelle. L'histoire du Meurtrier se passe dans la région de New-York. Dès les premières pages, Melchior Kimmel, un libraire d'une quarantaine d'années, assassine sa femme Helen. Cette dernière prend un bus et au premier arrêt, son mari qui la suivit en voiture la tue derrière un fourré. Après quelques semaines, la police n'a toujours pas trouvé l'assassin. En revanche, Walter Stackhouse, un jeune avocat, devine qui a assassiné Helen Kimmel. Il aime lire  les comptes-rendus de faits divers dans les journaux. Walter a lui-même une vie de couple compliquée avec Clara, une jeune épouse tyrannique qui lui fait du chantage affectif. Sur un coup de tête, Walter rend visite à Kimmel pour lui commander un livre mais surtout pour savoir qui est Kimmel. Quelques semaines plus tard, Clara doit se rendre au chevet de sa mère mourante qu'elle n'aime pas. Elle prend le car pour se rendre à destination, mais, comme Helen Kimmel, elle est retrouvée morte lors d'un arrêt. Elle est tombée dans le vide et son mari Walter devient le seul suspect aux yeux de Corby, un policier tenace. Celui-ci commence à faire le rapprochement entre les deux décès et pourtant Walter n'est pas coupable de la mort de sa femme. Le meurtrier est un roman passionnant de bout en bout. 

10 mars 2023

Mon crime - François Ozon

J'ai vu Mon crime, le nouveau film de François Ozon, en avant-première avec mon ami, qui a surtout remarqué les belles voitures que l'on peut admirer pendant le film. Mon crime est adapté d'une pièce de théâtre de 1934 de Louis Verneuil et Georges Berr. Mon crime est une comédie policière très distrayante avec deux jeunes actrices épatantes, Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder. La première joue le rôle de Madeleine Verdier, une jeune actrice qui n'arrive pas à trouver un rôle digne de ce nom, la deuxième interprète Pauline Mauléon, une jeune avocate en quête de clients. Elles partagent le même appartement, dans un sixième étage un peu miteux, et elles dorment dans le même lit en tout bien tout honneur. Par un concours de circonstances, Madeleine est accusée du meurtre d'un producteur de théâtre (un gros cochon) qui venait de la recevoir pour lui offrir un rôle. C'est Pauline qui va se charger de la défense de Madeleine. Face à elles, il y a le juge d'instruction joué par Fabrice Luchini, le procureur Michel Fau, le policier Régis Lespalès et d'autres personnages comme Palmarède (Danny Boon), un entrepreneur avec un accent marseillais à couper au couteau. Acquittée, Madeleine va voir décoller sa carrière. C'est là que surgit un personnage haut en couleur, Odette Chaumette, ancienne actrice du muet qui n'a pas réussi le virage du "parlant". Avec ses cheveux roux ébouriffés et son allure excentrique, Isabelle Huppert fait une entrée remarquée. On va apprendre tout de suite ce qu'elle veut. Tous les acteurs ont l'air de bien s'amuser. Ce n'est pas du grand cinéma mais le côté féministe de l'histoire est sympathique. Lire les billets de Pascale et Selenie

7 mars 2023

Les Russkoffs - Cavanna

Ça débute avec une histoire de pénurie d'obus pour lutter contre les Russes. Et "les provinces, ça va, ça vient, surtout les frontalières" (p.13).

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) commente ce mois-ci Les Russkoffs, où François Cavanna raconte la suite (durant la seconde guerre mondiale) de son célèbre premier volume autobiographique Les Ritals, que je chroniquerai un mois ou l'autre [chroniqué le 7 novembre 2023]

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(Le livre de poche N°5505 ****, 410 p., 3e trim. 1981)

Alors, pourquoi ce titre-là et pourquoi maintenant? Le numéro 1596 de Charlie Hebdo daté du 22 février 2023 se présentait comme un numéro spécial Cavanna, qui aurait eu 100 ans (né en février 1923). Du coup, j'ai sorti de ma liste d'idées d'articles-hommages "Charlie" puis de ma pochothèque personnelle le livre, redevenu d'actualité, Les Russkoffs. Il est construit avec quelques retours en arrière, et se termine abruptement. En exergue de ce livre figurent comme dédicataires d'abord "[à] Maria Rossipova Tatartchenko, où qu'elle puisse être", puis 24 autres prénoms slaves féminins, suivis d'une vingtaine de gars français. "(...) et aussi / à tous ceux et à toutes celles dont j'oublie le nom mais pas le visage, / à tous ceux et à toutes celles qui ramenèrent leur peau, / à tous ceux qui l'y laissèrent, / et, en général, à tous les bons cons qui ne furent ni des héros, ni des traitres, ni des bourreaux, ni des martyrs, mais simplement, comme moi, des bon cons, / et aussi / à la vieille dame allemande qui a pleuré dans le tramway et m'a donné des tickets de pain."

Les Russkoffs du titre, pour ce que j'en ai donc compris, ce sont en premier lieu les femmes "de l'Est" (slaves) elles aussi réquisitionnés pour le travail en usine d'armement, ensuite les prisonniers de guerre russes - plus mal nourris que les Français? -, et en dernier lieu les soldats de l'armée rouge victorieuse, croisés en fin d'ouvrage quand ils vainquent, pillent, violent, et aussi exécutent sommairement ceux qu'on leur désigne comme "fascistes". Mais procédons par ordre.

Le premier chapitre (sur 17), titré "le marché aux esclaves" nous pose le jeune François en train de travailler sur une presse pour fabriquer des ersatzs de pointe d'obus, chacun des "vingt petit[s] Français pâlichon[s] maigrichon[s] étant flanqué de deux bonnes femme", et nous narre comment il (en) est arrivé là. Prisonniers de guerre français croisés durant le voyage (ne pas parler mal de Pétain!), interprète belge (flamand) à l'arrivée... et mise au boulot (en trois-huit à l'usine d'armement) dès la première nuit d'installation au camp.

Maria, c'est l'une de ses deux assistantes, qu'il prend d'abord pour une Allemande avant de comprendre (p.46) qu'elle est, non pas russe, mais ukrainienne (d'un pays qu'il situe très vaguement sur la carte). Et notre François va se montrer très motivé pour apprendre sa langue... 

Le troisième chapitre, titré "Pour le tsar!" (à la Michel Strogoff), revient en arrière en une soixantaine de pages (53-114) pour narrer l'exode de juin 1940, vécu par notre jeune Cavanna de 17 ans. Après avoir vainement attendu le car promis par l'administration des PTT, notre jeune vacataire part à vélo en direction de Bordeaux où l'ordre est de se replier (sous peine de sanctions pouvant aller jusqu'au licenciement!). Un voyage initiatique bien qu'inutile puisque les Allemands motorisés allaient plus vite que des réfugiés à pied ou même en vélo (notre François était parti avec son vélo de course tout neuf mais aux boyaux fragiles). N'ayant pas l'âge militaire, les Allemands le laissent revenir en région parisienne. Finis les PTT: voici Cavanna tireur de chariot pour aller sur les marchés, maçon... (court chapitre titré "Ma banlieue à l'heure allemande", p.203-221). Avant de se faire "piéger" dans l'entreprise où il venait d'entrer après une offre alléchante: et paf, requis pour le STO!

En Allemagne, Cavanna travaille donc d'abord pour l'industrie d'armement, puis est muté (par mesure disciplinaire) dans un Kommando des gravats, pour déblayer, jour après jour, Berlin bombardé quotidiennement. C'est entre autres sous les bombes alliées sur Berlin en 1944-45 qu'il s'est construit son opinion sur la guerre, de même que Cabu s'était forgé son propre antimilitarisme en tant qu'appelé en Algérie (entre mars 1958 et juin 1960). Il l'a vécue à hauteur d'homme. Il nous raconte une vie quotidienne de préoccupations alimentaires (à un moment, Maria refuse de manger un steack de cheval, contrairement au jeune Français habitué par sa mère), encadrée par des gardiens plus ou moins "peau de vache" ou "complaisants", une fragile survie de couple, de groupe, pour une histoire individuelle mais pleine d'anecdotes. Par exemple, p. 300-301, il raconte par suite de quel concours de circonstance il a été amené à casser la gueule à un gestapiste dans un tramway (sans conséquences, grâce à l'humanité d'un simple flic allemand pas spécialement pro-Gestapo). Il évoque la camionnette qui exhortait par haut-parleur les requis français à rejoindre la Waffen-SS... (p.310).

Mais je ne veux pas tout raconter (lisez le livre, écrit d'une langue drue, truculente et pressée). Fin février 1945 (p.317), le camp est évacué en train vers la Poméranie, pour aller y creuser de dérisoires fossés antichars dans le sable local. Puis ordre est donné de se diriger (à pied) vers "ailleurs". Et Maria et lui quittent la colonne malgré les risques, avant de rencontrer les "libérateurs" russes. Après quelques bivouacs, arrive la fin, ou comment un homme et une femme se perdent... Pendant que François était parti "au ravitaillement", Maria s'est fait rafler par les Russes malgré ses protestations. Et jamais Cavanna n'est arrivé à la retrouver, ni avant ni après son propre retour en France, dit le livre publié en 1979. Alors même que d'autres ont réussi à préserver leur "couple de guerre": qui a ramené "sa" Russkoff" (p.303: évasion, engagement dans la 2e DB, pour revenir en Allemagne chercher sa Klavdia), qui sa jeune Berlinoise brune (Ursula, p.308), qui envisageait de rester sur place (600 hectares de terre et la veuve allemande en prime, pour quelqu'un qui, au pays, ne possédait rien que ses deux bras, p.364). Le STO, finalement, ça aura donné les premières chansons de Brassens, mais aussi ces mémoires de Cavanna.

Pour les lecteurs et lectrices de 2023, je souhaite insister sur le fait qu'il ne s'agit pas là d'un roman, mais d'un témoignage de première main sur le quotidien vécu en particulier à deux et en général en groupe, dans un pays étranger où l'auteur n'est pas venu de son plein gré mais où il a vécu les horreurs de la guerre (y compris en assistant à des morts violentes).

J'ai trouvé peu de blogs en ayant parlé: Les plumes baroques (dernier billet en juillet 2020), Aspirant auteur (dernier billet en juin 2017). Je ne m'interdirai pas d'en rajouter "au fil de l'eau".

Et dans le numéro "centenaire" de Charlie que j'évoquais plus haut? En 16 pages, on trouve plus d'une douzaine de citations choisies par d'actuels rédacteurs ou dessinateurs (dont tous ne l'ont peut-être pas connu?), et quelques phrases à sa mémoire par rapport à Charlie dans la plupart des chroniques régulières. Jacques Littauer, notamment, évoquait Les Russkoffs (p.5). 

*** Je suis Charlie ***

6 mars 2023

Swinging Liverpool - Les aventures de Louise Petibouchon - Jean Depelley et Eric Albert

J'ai été très contente d'apprendre qu'un nouvel album était paru avec Louise Petibouchon, une policière limougeaude. Et j'ai eu le plaisir d'avoir une dédicace des deux auteurs. J'avais appelé la librairie qui avait invité les deux auteurs et, très gentiment, le vendeur m'a dit qu'il ferait son possible pour obtenir une dédicace. Dans cet album de 44 pages paru aux Editions Paquet intitulé Swinging Liverpool, les deux auteurs racontent deux histoires en parallèle, dans ce tome 3 qui se passe toujours au tout début des années 60. Celle avec l'inspecteur Plumier toujours bête comme ses pieds qui part en vacances à Royan pour rencontrer une association spécialiste de la vie extraterrestre. Plumier doit faire un exposé devant un public. De son côté, Louise Petibouchon, toujours aussi intelligente, va aller jusqu'en Angleterre à la recherche de son amie Roseline Poissard, une prostituée au grand coeur qui vient d'être enlevée en plein Limoges, sous les yeux de son souteneur, par un gang de Russes. J'ai trouvé cet album très sympa. Il y a même un clin d'oeil à Hergé quand Louise Petibouchon, arrivant à Calais, passe devant un cargo appelé "Kamasoutjan" en référence au "Karaboudjan" dans Le crabe aux pinces d'or.

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3 mars 2023

The Fabelmans - Steven Spielberg

En lisant toutes les éloges à propos de ce film de Steven Spielberg (lire Princecranoir ou Pascale, et un de mes collègues m'a dit que c'était le meilleur film qu'il avait vu depuis des années - il va beaucoup au cinéma), je me suis décidée à aller voir The Fabelmans dans une très grande salle pleine de spectateurs. Pour résumer, et je ne vais pas me faire que des amis, j'ai eu du mal à entrer dans ce film très autobiographique que je n'ai pas trouvé très bien interprété. Pendant une heure, je me suis ennuyée. En 1952, Sam Fabelman, un petit garçon très éveillé, découvre la magie du cinéma. Il est entouré de deux puis trois soeurs et de parents aimants. Justement, en parlant des parents. Paul Dano qui joue le père est vraiment bien mais je n'en dirais pas autant de Michelle Williams qui joue la mère. La coiffure improbable et le maquillage arrivent à la rendre laide. Elle est très mal dirigée et elle en fait des tonnes. Sam grandit en continuant à faire des films amateurs avec une vraie mise en scène et il les monte lui-même. C'est lors d'un visionnage de rushs qu'il découvre  quelque chose qui va bouleverser sa vie. A partir de là, j'ai commencé à apprécier The Fabelmans mais je n'ai pas été vraiment émue. Il y a des moments amusants quand Sam, qui est au lycée, dirige le film de fin d'année, ou quand une jeune fille, très bonne chrétienne, veut convertir Sam. Steven Spielberg est co scénariste. Je pense qu'il aurait dû laisser la réalisation à quelqu'un d'autre, mais je ne sais pas qui. Il faut noter la dernière séquence où Sam rencontre John Ford (David Lynch, méconnaissable) qui est, pour moi, la meilleure du film.

Lire aussi les billets de Selenie et Mymp.

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