Les contemplées - Pauline Hillier
C'est en visitant une des librairies que je fréquente que je suis tombée sur ce roman autobiographique de Pauline Hillier qui doit se passer dans les années 2010 (en 2013, très exactement). Dans Les contemplées (177 pages captivantes), la narratrice vient d'être arrêtée à Tunis après une manifestation pour avoir défendu une Tunisienne emprisonnée. Elle passera un mois dans la prison pour femmes de La Manouba, "la mangeuse de femmes, p. 21", dans un pavillon (le D) où s'entassent vingt-huit détenues dont elle. Ce pavillon fait 30 m2... Pendant plus de 160 pages, on est happé par la description des conditions de survie dans la prison où les conditions d'hygiène, de promiscuité sont déplorables. Elle, la Française qui ne parle pas l'arabe, va tout de même communiquer avec ses camarades d'infortune, jeunes et vieilles, condamnées de manière expéditives, la plupart du temps pour crimes plus ou moins graves: vol, adultère mais aussi meurtres pas forcément prémédités. Ces femmes sont solidaires entre elles. Le récit alterne entre la vie quotidienne dans la prison et les récits de quelques-unes des prisonnières, qui payent le prix fort pour leur crime parce qu'elles sont des femmes. Certaines n'ont même pas été jugées. Les détenues se lèvent tôt pour ne rien faire de leur journée. Les promenades durent un quart d'heure, et pas tous les jours. C'est comme prendre une douche. La nourriture est assez immonde. Il y a des fouilles au corps assez musclées. Et puis il y a les cafards et les rats. Le titre du roman renvoie certainement au fait que parmi les objets personnels que la narratrice a pu garder avec elle, il y avait un exemplaire des Contemplations de Victor Hugo. Dans le dernier chapitre, elle rend hommage à ces Contemplées de la Manouba. Au final, la narratrice décrit des faits, sans aucun pathos. Cela rend le roman très prenant. Je le conseille absolument.
Lire les billets de Keisha, Matatoune, Belette2911, Au fil des livres, Delphine-Olympe.