Terminus Malaussène / Le cas Malaussène: I Ils m'ont menti - Daniel Pennac
J'ai (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) enfin lu (il y a déjà quelques semaines) le dernier livre de Daniel Pennac paru (il y a déjà près d'un an), il faut aussi que je le chronique avant qu'il publie un nouvel ouvrage!
Le cas Malaussène - I Ils m'ont menti (roman), Gallimard, 2017, 308 pages
Terminus Malaussène (roman), Gallimard, 2023 (DL déc. 2022), 440 pages
Ça valait le temps d'attendre. J'avais le souvenir de m'être beaucoup ennuyé en lisant le début du volume titré Le cas Malaussène: I Ils m'ont menti, trop complexe et lent à démarrer (mais ma mémoire est-elle bonne?), le tome 1 du diptyque, paru en 2017. Dans Terminus Malaussène (qui n'affiche pas "tome 2" ni ne fait référence au Cas Malaussène sur la couverture?), le récit est bien plus linéaire, et j'y ai retrouvé la verve pennacienne de la saga. Bien entendu, le titre est intriguant: doit-il clore la série? Est-ce une référence à [la BD] Valérian? Une rencontre avec Dieu le Père pour notre personnage principal?
Benjamin Malaussène a, antérieurement à ce volume, déjà tout été: mort puis ressuscité (dans le même ouvrage, pas dans deux différents comme le Sherlock Holmes de Conan Doyle), papa par les voies naturelles d'un gamin qui bénéficie de deux mamans, frère de famille d'une tribu de six autres frères et soeurs, ami avec beaucoup de monde, bouc émissaire et innocent professionnel... p.233: "Non, Benjamin, tu n'es plus le jeune homme versatile qui pouvait changer de boulot en changeant d'humeur. Depuis quelques décennies tu es un être social, chef de famille, fidèle à tous tes postes. Comment tournerait la machine si les types comme toi se contentaient de changer de plumard?". Mais est-ce que Malaussène, c'est bien lui?
Sans vous déflorer votre propre plaisir, je confirme que j'ai tourné une page après l'autre pour "connaître la suite". Ce polar et son côté systématique m'ont quelque peu fait songer à la Trilogie des ombres de Ghislain Gilberti, mais en moins beaucoup moins trash tout de même (nous sommes chez Pennac). La cerise sur le gratin (dauphinois), l'identité de l'antagoniste principal, j'avoue que je l'ai vue venir d'assez loin. Mais bon, je considère que ça fait partie du plaisir de lecture que de se dire "tiens, je ne suis pas encore trop idiot, j'avais réussi à discerner où il nous emmenait...".
Relevons une petite diatribe amusante sur un certain secteur professionnel: "Je vous le dis solennellement, si vous tenez à votre santé mentale, ne fréquentez pas d'éditeurs" (p.162) en précisant qu'il est aussi question, dans Terminus..., du tome deux d'un diptyque. Inspiration du vécu et mise en abyme profonde?
Et maintenant, y aura-t-il encore un tome? La fin est ouverte...
Y a pas, il faut maintenant que je relise le précédent. Vivement le prochain confinement, qui me redonne plein de temps pour bouquiner (le seul truc qui m'a manqué, en 2020, c'était un revenu - je dis bien, certainement pas un "emploi", mais bien un revenu...).
(interlude)
J'ai effectivement pris quelques jours supplémentaires pour relire le volume précédent avant de publier le présent billet (que dasola, de son côté, avait chroniqué en 2017). Dans Le cas Malaussène (et son titre à rallonge), ça part bien un peu dans tous les sens. L'oeuvre est quelque peu déroutante par son "unanimisme" (plusieurs personnages différents qui disent "je" - Benjamin Malaussène est seulement l'un d'eux -, et plusieurs autres sont suivis dans leurs actions). On ne voit pas tout de suite le lien entre les différents chapitres (construction non linéaire), quels sont les enjeux, où l'on va... Dois-je penser que cela est dû à ce que je n'ai pas relu toute la série depuis longtemps? Nous avons successivement un quidam (dont il n'a jamais été question avant), Benjamin lui-même, quelqu'un qui l'engueule (rien que de normal - il est payé pour cela de longue date), mais aussi, du côté de l'Ordre (?), une juge, les policiers familiers... et l'on passe de l'un à l'autre autour d'une affaire d'enlèvement assez vite devenue centrale. Mais auparavant, tout était résolu à la fin du volume, je pense que c'est cela qui m'a dérouté (et peut-être même l'auteur, puisque 5 ans se sont écoulés avant la parution du tome suivant...). En tout cas, des mensonges, il semble y en avoir pas mal dans l'histoire. Mais qui sont "ils", ça... Ils sont nombreux, les personnages à faire des bêtises dues à l'âge.
On se laisse surprendre par une scène qui dure à peine une minute, mais qui ne sera pas sans conséquences. À la fin du texte (p.297), un croquis: un petit personnage semble écrasé par un énorme stylo, émettant en phylactère "À suivre...". Seulement, en principe, dans les feuilletons, on avait la suite au numéro suivant (le lendemain, la semaine suivante, exceptionnellement le mois suivant... On ne restait pas sur sa "faim" cinq années d'affilée avec plein d'intrigues et de questions. Un "mauvais coup" de marketing? Ou bien le temps d'une réécriture nécessaire voire de "remues-méninges" pour savoir comment tout le monde va s'en tirer?
Vous l'aurez compris, je vous suggère de lire (ou relire) Le cas Malaussène avant de vous plonger dans Terminus Malaussène (il vaut mieux avoir ce dernier sous la main avant de débuter la lecture du diptyque): au moins, vous serez sûr d'avoir quelques réponses...