La rafle du Vel d'Hiv - Cabu
Le sujet de l'"hommage du 7" que je (ta d loi du cine, squatter" chez dasola) vous livre ce mois-ci présente un lien indirect avec l'actualité. Dasola m'a offert à sa sortie le beau livre ci-dessous. Il s'agit du catalogue d'une exposition qui remet au jour une quinzaine de dessins de Cabu réalisé dans les années 1960. L'ouvrage, paru chez Taillandier, peut bien sûr se lire tout à fait indépendamment de l'exposition. Pour ma part, j'ai été visiter celle-ci il y a déjà plusieurs semaines (les photos y sont interdites).
Taillandier, DL juin 2022, dessins Cabu © V. Cabut, 56 pages.
Depuis le 1er juillet 2022 et jusqu'au 7 novembre 2022, une exposition commémorant le 70e anniversaire de la Rafle du Vel' d'Hiv et présentant des dessins de Cabu est donc en cours au Mémorial de la Shoah à Paris (au 3ème étage, "entrée libre" - gratuite).
Comme l'explique l'introduction du livre ci-dessus, en avril 1967, le magazine Le nouveau candide publie les "bonnes feuilles" d'un livre à paraître chez Robert Laffont, La grande rafle du Vel' d'Hiv (de Claude Lévy et Paul Tillard). Fondé en 1961, le magazine est un journal de droite (gaulliste), qui cherche à contrebalancer l'influence de L'Express alors positionné au centre-gauche. Le nouveau Candide cessera sa parution en décembre 1967. Pour le moment, le magazine commande une quinzaine de dessins d'illustration, pour les quatre numéros du journal concernés, à un dessinateur de 29 ans: Cabu (qui collaborait déjà au journal depuis 1964). Mais on n'est pas chez Hara Kiri: les couvertures du Nouveau Candide ne sont pas dessinées, en tout cas pas celles ci-dessous qui annoncent la parution de notre "feuilleton" (pp. 12-13 du catalogue).
En 1967, la rafle du Vel' d'Hiv a été oubliée du fait des années passées sinon de par l'historiographie officielle. Alors que la police parisienne a été glorifiée pour sa contribution à la Libération de Paris en août 1944, il n'était pas simple de rappeler sa participation vingt-cinq mois auparavant à une rafle visant à livrer à l'occupant allemand des juifs étrangers, pour un voyage que l'on sait aujourd'hui sans retour pour une immense majorité. Sur les quelque 13 152 personnes (dont 4115 enfants) victimes de la rafle parisienne les 16 et 17 juillet 1942, une centaine d'adultes ont survécu et sont revenus des camps nazis. Rares sont les enfants (des adolescents, en général) qui avaient pu échapper, avant d'arriver à la destination finale, au sort qui leur était réservé.
Je me suis rendu le mois dernier (jeudi 8 septembre) à l'exposition, après ma journée de travail. J'avais noté que, ce soir-là, Riss et Jean-Luc Porquet, entre autres, devaient apporter au cours d'une conférence des éclairages sur le travail de Cabu. Mais, ne m'étant pas inscrit à l'avance, je ne pensais pas pouvoir y assister (l'événement annonçait déjà "complet" bien avant mon arrivée). Au 3ème étage, au centre de la pièce consacrée aux dessins de Cabu, les originaux sont exposés dans des vitrines horizontales. Sur les murs s'étalent diverses reproductions de différents formats, accompagnés de textes explicatifs. Près de l'entrée, d'autres vitrines montrent des documents, courriers, photos, tapuscrits, différentes publications... (je reparlerai de l'une d'elles ci-dessous). Mais surtout, à mon arrivée, une visite guidée était en cours, et j'ai tendu l'oreille. Je ne m'étendrai pas sur un incident suscité par un individu qui a interpellé notre guide à la fin de son exposé, en arguant qu'il n'y avait pas lieu de "faire de l'humour" avec un événement tragique comme la rafle du Vél' d'Hiv'. Mon interprétation personnelle est que ce monsieur visait avant tout la reprise, par Cabu, de trois de ses dessins de 1967 dans un "remontage" publié en 1971 dans Charlie Hebdo pour attaquer une chanson trop patriotique (voir ci-dessous). Mais il n'a pas su le "verbaliser" et a refusé le dialogue avec le personnel du Mémorial. Ci-dessous, trois des dessins présentés par l'exposition (on peut y voir les originaux).
p.50, je cite l'ensemble de la légende: "reprise par Cabu de trois de ses dessins de 1967 pour une double page de Charlie Hebdo (26 avril 1971)". Et p.48: "(...) Le tout est illustré par des extraits de la chanson de Philippe Clay, "Mes universités" (Polydor), dans un jeu de contraste entre les images terribles d'arrestation, d'internement, de déportation, et les paroles complaisantes du chanteur (...)". La chanson est clairement anti-mai-68.
p.32-33, l'un des dessins repris ci-dessus.
p.39: un dessin annoncé dans le catalogue comme "inédit", représentant la fuite d'une femme qui s'échappe du Vél' d'Hiv . Celle qui a inspiré le dessin retrouvera par miracle sa fille, poussée aussi vers l'évasion vingt minutes plus tôt). Leur fuite dans le métro est le sujet d'un autre dessin, publié, lui.
A l'issue de la visite guidée et de l'incident relaté ci-dessus, il a été proposé au groupe du 3ème étage de pouvoir assister à la fin de la conférence, sous condition de disposer d'une pièce d'identité à présenter au personnel de sécurité à l'entrée de l'auditorium (où quelques places au fond avaient été pré-réservées). J'ai aussi pu m'y joindre, prendre quelques notes sur ce qui était dit par les différents intervenants (je n'ai bien entendu pas pu tout noter!), et même, à la fin, prendre le micro pour poser deux questions. J'espère ne pas avoir fait d'erreurs dans ma prise de notes! Selon elles, à la tribune se trouvaient Jean-Luc Porquet et Riss, ainsi que deux autres personnes. Laurent Joly, qui a écrit les textes de présentation, n'avait pu être présent ce soir-là. Je n'ai pas bien compris si Véronique Cabut était dans la salle ou non, elle n'était pas à la tribune. Son témoignage rapporte en tout cas que Cabu n'en revenait pas que les gens ne connaissent pas la Rafle du Vél' d'Hiv". Lui-même, lorsqu'il préparait ses illustrations en 1967, en a fait des cauchemars. Jean-Luc Porquet a précisé que Cabu avait été sensibilisé, vers l'âge de 12-13 ans, par un aumonier, l'abbé Grazer (?), qui avait été déporté. Il a amené ses jeunes ouailles visiter le camp de Struthof. Cabu ne l'a jamais oublié. En outre, il était ami avec le secrétaire de l'association des anciens de Dachau. Cabu avait en général la mémoire historique (par exemple, il connaissait le CV des personnages politiques de la Ve République). A Riss, il a été demandé quelles sont les règles du dessin de presse par rapport à l'Histoire? Réponse: un dessin doit toujours vouloir dire quelque chose, ou attirer l'attention sur quelque chose. On peut faire de l'humour, mais pas faire des mensonges ou raconter n'importe quoi. Surtout, ne pas transmettre des choses mensongères et fausses. Le dessinateur de presse doit en permanence se demander comment les gens vont interpréter ce qu'il dessine. Riss se demande si les dessinateurs ont encore les outils, face à la force des réseaux sociaux? Cabu disait: on doit "venger le lecteur" (lui apporter ce qu'il ne voit pas suffisamment). Dans son cas, la guerre d'Algérie a joué un rôle déterminant: ce qu'il y avait vu n'était pas "dit" en France. Ici, dans un dessin, on peut se demander si dessiner un gendarme en tenue d'été n'était pas une réminiscence, pour Cabu? Riss se demande si elle était inconsciente, involontaire, ou bien réfléchie?
A ma question sur le fait que Cabu se soit représenté lui-même sur un dessin (petit garçon au visage rond, à la coupe au bol brune, à lunettes rondes, regardant le lecteur devant un gendarme, vers le centre du dessin pp.42-43...?), la réponse de la tribune est ferme: non. Riss rajoute que le lecteur ne doit pas "surinterpréter " un dessin. Et à ma deuxième question (sait-on pourquoi l'un des dessins est-il resté inédit - décision de Cabu ou du journal?), le "spécialiste" présent répond (confirme) que, non, on ne sait pas pourquoi.
En conclusion, Jean-François Pitet, spécialiste de l'oeuvre de Cabu, analyse que ces dessins sur la rafle du Vél' d'Hiv' cumulent plusieurs techniques: rotring, plume travaillant à l'encre, lavis d'encre de chine, fusain, lame de rasoir (scarifications sur un fond noir). Les textes dans le livre sont un peu plus importants que les légendes de l'exposition, mais ils se répondent parfaitement.
C'est dans une des vitrines de l'exposition que j'ai vu un exemplaire de ce J'Ai Lu N°A195 ** (collection bleue "J'ai lu leur aventure"). Cela m'a rappelé que je le possédais moi-même (je n'ai pas la totalité des titres de cette collection, mais j'en ai accumulé un bon nombre au fil des décennies). Selon ce que j'avais noté à l'époque dans mon exemplaire, je me l'étais acheté (d'occasion, bien entendu) le jour où Maurice Papon était arrivé à Fresnes (23 octobre 1999) après son arrestation en Suisse deux jours avant. Je viens de finir de le relire (y compris la préface de Joseph Kessel). La grande rafle du Vél' d'Hiv est une litanie de cas individuels (dont les auteurs affirment que chacun s'appuie "soit sur un témoignage recueilli directement, soit sur un extrait de dossier officiel ou de livre déjà publié sur la question", à l'époque). Il vaut aussi témoignage en faveur de tous ceux (souvent anonymes) qui ont fait preuve de compassion et se sont efforcés, chacun à leur manière, de mettre des grains de sable dans le mécanisme mortel si bien huilé par Vichy et ses fonctionnaires zélés. Dans certaines pages du livre, on retrouve bien les "situations" qu'a illustrées Cabu.
Ci-après quelques liens vers d'autres blogs ayant parlé du livre de 2022. Le liste n'en est sans doute pas exhaustive, mais j'ai vraiment l'impression que les moteurs de recherche excluent volontairement les blogs de leurs résultats (sans doute est-ce en rapport avec le RGPD d'une part, et les sujets "sensibles" d'autre part - nous voilà "protégés" malgré nous!). J'ai tout de même déniché Henri Golant, Matamoune, ou le blog Bonnes bobines.
Sans oublier l'article de Riss paru dans Charlie Hebdo le 22 juin 2022 (N°1561).
Je peux aussi citer un album BD retraçant la rafle, que je ne connaissais pas, et dont j'ai trouvé trace chez Les Caphys.
Bien entendu, il existe d'innombrables dessins de Cabu bien antérieurs à ceux-ci. Un jour, il faudra que je présente le livre (que je possède depuis février 2015) Pas complètement BETE... mais pas encore MECHANT!
En tout cas, le présent billet, où je souhaitais aborder cinq sujets (la rafle de 1942, le livre de Claude Lévy et Paul Tillard et les dessins de Cabu de 1967, l'exposition et la conférence de 2022), est l'un des plus difficiles à écrire auxquels je me suis affronté depuis que je rédige cette rubrique.
*** Je suis Charlie ***
C'était Calais - Hors-série Charlie Hebdo, décembre 2016 / janvier 2017 - Coco & Foolz
Ce mois-ci, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vous présente dans le cadre de mes "hommages du 7" touchant Charlie Hebdo un "Hos-série" sans beaucoup de rapport avec l'actualité.
C'était Calais, novembre 2016, 48 pages, 6 euros
Ce Hors-série fait partie d'un lot que j'ai acheté il y a quelques mois (fin 2021 / début 2022...), 5 ans après sa parution, donc. Au moment où la France est en vacances, je me suis dit que je pourrais rappeler a contrario que la vie dans un département au bord de la mer n'est pas charmante pour tous tout le temps.
L'édito signé Riss, p.3, explique ce reportage et ce "hors-série comme destinés à "prendre date". C'est au moment où il était question de démanteler la "jungle" de Calais que Coco et Foolz, deux des dessinateurs de Charlie Hebdo, ont effectué ce "reportage dessiné". Pour rappel, des migrants venus de nombreux pays, souvent de religion musulmane, toujours pauvres, et souvent en proie à la guerre civile, ne rêvent que de passer en Angleterre pour y trouver de meilleures conditions de vie que celles qu'ils peuvent espérer chez eux, et pouvoir, éventuellement, soutenir leur famille restée au pays, qui s'est souvent saignée aux quatre veines, pour les envoyer vers le mirage occidental - je résume. A part la page signée Riss, il n'y a rien d'autre à lire que les légendes des dessins (qui contextualisent), ou leurs "récitatifs"", qui donnent un peu plus de détails... Tout y est dit, si l'on prend la peine de lire chaque mot.
Contrairement à ce qu'on pourrait croire au vu du titre, ce reportage ne couvre pas seulement Calais, mais aussi Grande-Synthe (dans le Nord). Au fil des pages, nos reporters dessinent des tentes, des cabanes, des migrants, des boutiques de bric et de broc, la gadoue, la police, les bulldozers qui "démantèlent", des bénévoles, des vigiles, des voisins... Il faut regarder chaque détail, lire chaque mot gardé pour la bonne bouche...
Nous n'avons que les seuls dessins, et aucun contexte sur le "comment" ou le "pourqoi"du reportage, pas "d'histoire": quelles ont été exactement les dates du reportage? Qui en a eu l'idée ou l'initiative? Pourquoi, comment, en fait? Je regrette donc un peu le manque (à mon avis) d'analyses, de QQQOCP,... et de solutions. Je suppose que c'est parce qu'il n'en existe aucune, absolument aucune. Les flux de ces "migrants" en transit ne tarissent pas. Six ou sept ans après, il y en a toujours qui cherchent à passer en Angleterre, malgré le "Brexit" et autres changements politico-sociologiques. Sur les embarcations de fortune fournies par les passeurs, certains se noient, dans l'indifférence générale. Et le "pire" est certainement devant nous en terme de nombre de personnes concernées.
De mon côté, je n'ai guère réussi à choisir de montrer d'autres dessins. C'est difficile de résumer une synthèse: on ne peut guère "comprimer" davantage, il faudrait faire des choix, je préfère suggérer à mes lecteurs intéressés par le sujet d'investir eux-mêmes dans l'acquisition de cet ouvrage. Ce que l'on peut trouver déprimant, c'est qu'il n'y a pas de perspective. Les migrants arrivent, seuls ou parfois en famille, traversent pour certains, cependant que bénévoles et associations, inlassablement, essaient d'alléger la misère et d'améliorer les conditions de vie, dans le provisoire et un perpétuel recommencement... tandis que les pouvoirs publics, eux, cherchent à rendre "la vie dure" à tous ces "indésirables" pour à la fois respecter les obligations internationales (vis-à-vis de l'Angleterre) et éviter un "appel d'air" craint comme la peste.
Pour qui prend la peine de "suivre" un peu ce sujet, ce HS qui date déjà d'il y a quelques années recoupe d'autres articles que la presse évoque de temps en temps, à l'occasion (quand elle n'a pas d'autres sujets à aborder...), sur le "business" que représente l'activité pour les réseaux de "passeurs" organisés en mafia. Souvent, à mon avis, ces articles paraissent dans une visée "utilitariste", sont destinés à mettre en évidence l'absence de moyens de tels ou tels intervenants, lorsqu'il s'agit de sanctuariser un budget, ou d'essayer d'obtenir davantage de moyens, au moment d'arbitrages budgétaires...
Ce hors-série est toujours en vente (6 euros) sur la boutique, mais sans que sa fiche comporte davantage d'explications.
Pour ma part, j'avais déjà abordé ce thème quelques années avant (décembre 2014) en évoquant le livre La jungle, un reportage photo de Jérôme Erquer sur le même thème.
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Dasola m'a offert un album récemment sorti qui reprend une quinzaine de dessins de Cabu publiés dans Le nouveau Candide en 1967 pour illustrer des articles sur la rafle du Vel d'Hiv. J'en parlerai un prochain mois.
*** je suis Charlie ***
Bilan du Mois Wells / Quelques infos à suivre sur notre covid - N°28
Le "Mois Wells" (en fait, deux mois et demi de challenge!) co-organisé par Sibylline (La petite liste) pour la partie livres, et par moi-même (ta d loi du cine, squatter" chez dasola) pour les adaptations en films ou BD, s'est terminé hier. Je vais me permettre d'en tirer un petit bilan organisé par blogueur ou blogueuse, là où Sibylline tenait à jour les participations oeuvre par oeuvre et en prenant en compte seulement les participations (billets) qui avaient à la fois mentionné le logo du challenge et pris la peine de l'avertir personnellement de leur contribution, en plus, bien entendu, d'avoir été rédigées sur la période concernée par le challenge.
Sujet de satisfaction: Sibylline et moi avons bien élargi le champ des oeuvres découvertes, largement au-delà des six plus connues. Au total, entre livres, nouvelles, articles, biographies, suites, films, BD, ... c'est près d'une trentaine d'ouvrages différents qui ont été chroniqués par au moins un et jusqu'à cinq participant(e)s au Challenge. Et, en comptant un peu plus large que Sibylline, je totalise plus d'une dizaine de rédacteurs-trices de billet pouvant compter comme ayant participé à notre Mois.
C'est à la fois beaucoup... et peu. Nombre de commentaires sous les billets témoignent d'un intérêt pour les chroniques, mais excluent d'en rédiger. Est-ce la période estivale (un moment où beaucoup de blogs prennent une pause, éventuellement parce que nos lectrices se consacrent plutôt à leurs petits-enfants ou plus largement à leur famille ou aux vacances)? Je pense avoir éprouvé des difficultés à convaincre des lectrices plutôt jeunes et spécialisées dans la "littérature de l'imaginaire" de participer - ou bien, déjà, à leur faire passer l'information. J'ai eu beau tenter de mettre moult commentaires incitant à participer, j'ai l'impression que leurs "petits cercles" sont très fermés, avec des réglages de plateformes qui rejettent ou placent en SPAM les commentateurs/trices non expresséments agréés (plutôt dans une logique de "réseaux sociaux" que de blogs?)? Et c'est vrai que je n'étais le plus souvent guère en mesure d'émettre des commentaires pertinents sur la plupart de leurs lectures.
J'ai aussi l'impression que le fait qu'il n'y ait pas eu d'"actualité Wells" (film, série, nouvelle édition...) sur la période envisagée n'a pas dû contribuer à faire venir d'autres lectrices que celles qui considèrent qu'elles peuvent lire n'importe quel livre n'importe quand, de manière totalement déconnectée de l'actualité (plutôt que "le" livre que "tout le monde", en même temps, "doit" lire). Il n'y a pas eu non plus de synergie, comme je l'aurais espéré, avec le "mois anglais" organisé par quelques blogueuses (pour une quarantaine de participant(e)s?). Peut-être aura-t-on malgré tout "semé" pour l'avenir, et verra-t-on au fil du temps arriver des lecteurs-trices curieux de découvrir ces oeuvres à leur propre rythme, qui liront alors ce que nous avons rédigé durant la contrainte de temps que nous nous étions donnée?
Enfin, H. G. Wells n'est sans doute pas un auteur que l'on lit spontanément beaucoup en 2022. J'ai pris la peine de faire des recherches sur la plupart des blogs de la "blogroll" de dasola (colonne de droite), et n'y ai trouvé que peu de billets contenant son nom. Et pour finir sur un autre regret personnel, je n'ai pas réussi à terminer à temps pour le chroniquer dans le cadre du "mois Wells" le dernier des bouquins de notre auteur que je m'étais procuré. J'en tirerai peut-être tout de même un billet... une semaine ou l'autre! Malgré tout, avec pratiquement un billet tous les cinq ou six jours durant tout le challenge, je peux quand même être fier de ma propre cadence contributive!
Bref, une fois ces considérations rabat-joie émises, voici donc notre liste de participations.
* Sibylline: L'oeuf de cristal (nouvelle) - L'homme invisible (roman) - L'île du Docteur Moreau (roman) - L'étoile (nouvelle) - Le Cambriolage d'Hammerpond Park et autres nouvelles extravagantes - Au temps de la comète (roman) - L'homme qui pouvait accomplir des miracles (nouvelle) - Quand le dormeur s'éveillera (roman) - H. G. Wells, parcours d'une oeuvre (biographie, par Joseph Altairac)
* Pativore: L'oeuf de cristal (nouvelle + adaptation TV)
* Keisha: L'homme invisible (roman) - Les vaisseaux du temps (suite de Wells, par Stephen Baxter)
* Le bouquineur: L'homme invisible (roman)
* Kathel: La guerre des mondes (roman)
* Ingamnic: L'île du Docteur Moreau (roman)
* A girl from earth: Les vaisseaux du temps (suite de Wells, par Stephen Baxter)
* Gromovar - quoi de neuf sur ma pile?: The Daughter of Doctor Moreau (variation d'après Wells, de Silvia Moreno-Garcia)
* Océane - en tournant les pages: L'homme invisible (roman, édition contenant aussi quelques nouvelles)
* Dasola: C'était demain [Time after times] (film dont Wells est le héros)
* Ta d loi du cine: La guerre dans les airs (roman) - L'extinction de l'espèce humaine (recueil d'articles) - Miss Waters (roman) - L'homme invisible (roman de Wells & BD de Pantarolo) - Enfants des étoiles (roman) - L'île du Docteur Moreau (roman de Wells & film de Don Taylor) - L'île du Docteur Moreau (BD de Tamaillon & Legars) - Un rêve d'Armaggedon & La porte dans le mur (deux nouvelles) - La machine à explorer le temps (roman) - Les vaisseaux du temps (suite de Wells, par Stephen Baxter) - L'amour et M. Lewisham (roman) - Le pays des aveugles (nouvelles) - Les premiers hommes dans la lune (roman) - La machine à explorer l'espace (suite de Wells, par Christopher Priest) - Futur imparfait (série TV Les enquêtes de Murdoch, saison 3, épisode 8) - H. G. Wells, parcours d'une oeuvre (biographie, par Joseph Altairac).
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Comme c'est le 1er du mois, je liste aussi quelques informations pêchées au cours du mois écoulé...
04/07/2022: le réservoir du virus, en cas de covid long, se trouverait-il dans les intestins? Ça va le faire...
06/04/2022: la chance face au Covid-19 (développer une infection, légère ou grave, ou non), ce serait vraiment "au pif"'... selon une étude.
Une molécule produite par les lamas pourrait protéger contre le covid-19 Et lama pas faché qu'on lui pique sa molécule?
14 juillet 2022: le variant B.2.75 découvert en Inde est à suivre de près. Suivons...
Et tout un feu d'artifice d'infos du 22 juillet 2022:
Le virus du covid-19 creuse des tunnels entre notre nez et notre cerveau (enfin non, c'est plus compliqué: il détourne des fonctions cellulaires pour créer des nanotubes...). Je sens que ça va inspirer nos industriels, qui ont du pif comme chacun sait!
Les femmes résistent mieux au covid-19 que les hommes. Qu'en dirait Rousseau? L'état de nature? Et les transgenres?
Comme je l'avais déjà relevé, les décès encore nombreux du Covid-19 sont passés dans une forme d'oubli (25 000 entre janvier et juillet 2022?). Mais cette fois, c'est l'ex-Conseil scientifique qui le disait dans son dernier avis.
Le gouvernement s'oppose à la réintégration des personnels soignants non vaccinés. Il suit l'avis de diverses autorités (la HAS, le conseil scientifique, l'Académie de médecine), dit-il. Droit dans ses bottes, hein?
Enfin, c'est nouveau, ça vient de sortir: possibles conséquences du vaccin anti-covid19 sur le cycle menstruel? Et c'est maintenant que vous nous le dites?
Voyage découverte en Sicile - 5 (et fin)
Comme toutes bonnes choses ont une fin, voici mon dernier billet sur la Sicile, plus exactement sur Palerme qui est une ville attachante. Je n'ai pas pu visiter les Catacombes des Capucins (celles que l'on voit dans Cadavres Exquis de Francesco Rosi), un lieu où sont rassemblées plus de 3000 momies dont beaucoup de moines. La plupart des corps embaumés l'ont été au XIXème siècle. Le lieu n'est pas actuellement ouvert à la visite à cause du Covid.
Mais j'ai visité quelques bâtiments religieux dont l'entrée de certains est payante: L'église de San Cataldo, siège des chevaliers du Saint-Sépulcre de Jérusalem, une église arabo-normande du XIIème siècle reconnaissable avec ses trois coupoles rouges.
Les trois coupoles vues de l'intérieur
L'intérieur très sobre. L'église est relativement petite
Puis, on a visité l'église de la Martorana qui est tout à côté. Elle date aussi du XIIème siècle.
L'intérieur est recouvert de mosaïques, de fresques et de stucs baroques.
Une mosaïque représentant le Christ couronnant le roi normand de Sicile Roger II.
La troisième église est celle de Santa Caterina. Elle date du XVIème siècle. Elle jouxte un ancien couvent dominicain.
Marbre et bas-relief représentant l'histoire de Jonas...
J'ai terminé avec l'église San Domenico qui n'a rien de remarquable si ce n'est que c'est là qu'a été inhumé le juge Giovanni Falcone, un Sicilien né à Palerme, assassiné il y a 30 ans, en 1992. Un attentat commandité par la Mafia. L'épouse du juge et quatre ou cinq autres personnes furent aussi tuées. A l'occasion de ce triste anniversaire, une cinquantaine de chiens, oeuvres de Velasco Vitali étaient disséminés dans l'église.
A propos de la Mafia qui semble se faire plus discrète même si elle est toujours présente, on peut voir une sculpture, un monument en métal rouillé rendant hommage aux victimes de la Mafia.
Pour terminer, voici le théâtre Massimo Vincenzo Bellini, le plus grand d'Italie qui fut contruit à la fin du XIXème siècle.
Et voilà, j'espère que le voyage vous aura plu. Je vous souhaite d'aller un jour en Sicile, et arrêtez-vous à Palerme au moins 2 ou 3 jours. Il y a tant de choses à voir et c'est agréable d'y flâner.
Voyage découverte en Sicile - 4
Mon dernier billet sur la Sicile date de 2 semaines, il est temps que je termine bientôt. Mon voyage découverte m'a permis de faire un tour en s'arrêtant dans des villes emblématiques comme Syracuse, Taormine, Messine, Cefalu et retour à Palerme. On a fait une halte à l'Etna qui est toujours en activité. Quand on y était, il y avait eu une éruption la semaine précédente. Les visites sont très cadrées, on ne peut pas aller au-dessus de 2900 mètres d'altitude. L'Etna qui s'étend sur 200 km en surface a une altitude de 3357 m (depuis 2021).
Télécabine qui permet de monter à 2700 mètres d'altitude.
4x4 qui emmène les visiteurs un peu plus haut.
Pente de l'Etna où l'on voit de la glace.
Une coccinelle sur une roche. Pendant ma mini-promenade, j'en ai vu deux. Il paraît que cet insecte se plait dans ce paysage désolé.
Une pente de l'Etna lors de la redescente avec de l'Astracantha sicula.
Avant l'Etna, on a passé une journée à Syracasue qui vaut la peine d'être vue. La ville s'étend surtout sur l'île d'Ortygie et on a visité le site archéologique où se trouve l'Oreille de Denys, une grotte artificielle dans laquelle Denys l'Ancien enfermait ses prisonniers et dont l'acoustique permettait d'écouter les conversations. Nous sommes entrés dedans et c'est vrai qu'il y a une caisse de résonance.
Cette grotte mesure 65 mètres de long.
Quant à Syracuse, en voici quelques photos :
Nous avons poursuivi notre périple avec Taormine. Sur place, on nous a annoncé que le théâtre grec (le lieu emblématique de la ville) était fermé pour cause de tournage de film! Notre guide n'avait pas été prévenue.
On a continué par Messine, plusieurs fois détruite par des tremblements de terre. Du peu que j'ai vu, j'ai trouvé que c'était une ville à visiter. Je conseille la visite de la cathédrale avec son horloge astronomique, la plus grande du monde, construite en 1933. Tous les quarts d'heure, on voit le déplacement des statues du carrousel des âges et un carillon sonne.
Le planétaire qui représente le système solaire.
Avant de revenir à Palerme, on a fait une halte à Cefalù avec sa belle cathédrale dans le style arabo-normand qui date de l'époque de Roger II au XIIème siècle.
L'intérieur avec des mosaïques comme le Christ Pantecrator de style orthodoxe-byzantine.
A bientôt avec un billet sur Palerme.
Voyage découverte en Sicile - 3
Après les temples grecs, je veux évoquer la Villa Romaine du Casale construite entre Agrigente et Catane à 5 km de Piazza Armerina. Cette somptueuse villa fut construite à la fin du IIIème siècle après J.-C. Elle resta habitée jusqu'en 1160. Ravagée par un incendie, elle fut enfouie pendant sept siècle sous un glissement de terrain. Elle fut remise au jour au XIXème et fit l'objet de fouilles dans les année 30. Cette villa inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco a conservé 3500 m2 de mosaïques que l'on peut admirer.
Une mosaïque qui date du IVème siècle, les jeunes filles en bikini (nous n'avons rien inventé).
La suite du voyage, c'est pour bientôt.
Voyage découverte en Sicile - 2
Il n'y a pas que des églises ou des cathédrales à visiter en Sicile, il y a aussi des sites archéologiques à admirer ainsi que de beaux temples grecs. Je commencerai par le temple dorique de Ségeste qui date du Vème siècle avant J.-C. C'est un temple inachevé mais très bien conservé.
D'autres temples du côté de Selinonte ont été retrouvés par terre. Quelques-uns ont été remontés comme le temple d'Héra.
Le temple de Zeus est complètement par terre.
Les temples ont subi certainement des pillages mais aussi vraisemblablement à cause de secousses sismiques. La Sicile a été victime de tremblements de terre. Le manque de volonté politique et surtout le manque d'argent font que certains temples resteront par terre.
Ci-dessous, le temple le mieux conservé de Sicile se situe dans la Vallée des Temples d'Agrigente: le temple de la Concorde.
Ci-dessous, le temple de la Concorde vue du temple d'Héra à Agrigente.
Et ci-dessous, le temple d'Héra (nettement en moins bon état que celui de Selinonte).
Je terminerai mon billet avec des photos du village médiéval d'Erice.
Un endroit où les amoureux doivent s'embrasser...
C'est sur cette petite note sympathique que je termine mon deuxième billet, d'autres vont suivre.
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Petite précision à mes éventuels commentateurs: Canalblog, depuis quelque temps, est de plus en plus lent, même s'il fonctionne. Lorsque vous faites un commentaire, SVP, merci de bien attendre que l'enregistrement s'en soit fait avant de quitter la page. Un message doit s'afficher, en vert dans un cadre gris, avec deux phrases disant "Votre commentaire est enregistré. Il sera bientôt validé par les responsables de ce blog."
Je ne sais pas si les ralentissements du service, ces derniers mois, sont dûs à des problèmes de bande passante, ou de serveurs, ou de synchronisation entre ceux-ci, ou encore au format de certains des écrans de pub qui vous matraquent... mais je ne peux qu'espérer qu'ils soient transitoires et provisoires!
Voyage découverte en Sicile - 1
Je pense que vous vous demandiez pourquoi je ne donnais plus signe de vie depuis quelques jours. La cause en est un voyage de huit jours en Sicile. J'ai fait un circuit qui a commencé à Palerme (ville qui m'a plu) et qui s'est terminé à Palerme (avec un goût de revenez-y). Le tour m'a emmnenée à Segeste, Agrigente et la vallée des Temples, Selinonte et Erice, Syracuse et son site archéologique. Nous avons visité aussi la villa romaine du Casale construite au IIIème siècle, comportant 3500 m2 de mosaïques et retrouvée 700 ans après son enfouissement dans la boue à la suite d'un glissement de terrain. Nous avons continué par une ascension partielle de l'Etna, un arrêt à Taormine (le célèbre théâtre grec était fermé à cause d'un tournage de film) puis un autre à Messine sans oublier Cefalù avec sa cathédrale.
La Sicile est la plus grande île de la Méditerranée avec une superficie de 25708 km2 et est peuplée de 5 millions d'habitants. Evidemment en sept jours, on est loin de tout voir et de tout connaître de cette île mais c'est un début. Pendant la semaine, les conditions climatiques étaient rudes: les quatre premiers jours, les températures sont montées jusqu'à 37° à 38°. Je n'ai jamais bu autant d'eau. A propos d'eau, on ne boit pas l'eau du robinet mais de l'eau en bouteille plastique ou en verre (ce n'est pas très cher). Les réserves d'eau sont à ciel ouvert dans des citernes et donc pas très potables. J'ai remarqué que l'essence était aussi chère qu'en France. Les commercants et les restaurateurs siciliens n'ont pas beaucoup de monnaie. Il fallait faire l'appoint le plus possible. Proposer de régler les achats par carte bleue n'est pas quelque chose de spontané. Des personnes de mon groupe ont trouvé que Palerme était sale. Cela ne m'a pas sauté aux yeux. En revanche, depuis dix ans, il semble que la ville a amélioré ses conditions de circulation en "piétonnisant" beaucoup de rues touristiques. On voit peu de cars et presque pas de poids lourds. Nous avons pas mal marché dans les rues de Palerme mais cela valait le coup malgré la chaleur. Et j'ai remarqué qu'il y avait encore des cabines téléphoniques dans les rues.
La Sicile a été colonisée par les Phéniciens au VIIème siècle avant J.-C. Elle fut occupée ensuite par leurs successeurs les Carthaginois, puis les Romains, les Byzantins et les conquérants musulmans, sans oublier les Normands avec Roger II devenu roi de Sicile. Plus tard, à la fin du XIIème siècle, Palerme passa sous l'autorité des Haustaufen, puis de l'Anjou, ce qui se termina en bain de sang le 31 mars 1282 (quelques milliers de Français furent tués lors des "Vêpres siciliennes"). Enfin, il y a eu d'autres occupations, aragonaise, autrichienne et bourbonnaises. Plusieurs églises dans Palerme représentent bien ces différentes influences.
Le Palais des Normands date du XIème/XIIème siècle (façade)
Intérieur du Palais des Normands
La chapelle palatine catholique construite pour Roger II de Sicile. Elle est entièrement recouverte de mosaïques sur fond doré. Il y en a qui diront que c'est un peu chargé.
On a ensuite visité la cathédrale Notre-Dame de l'Assomption, que j'ai trouvée belle à l'extérieur mais beaucoup moins intéressante à l'intérieur. D'origine, elle date du XIIème siècle, avec des ajouts architecturaux au fur et à mesure que les siècles ont passé.
Un pilier à l'entrée où est gravé un verset du Coran
A huit kilomètres de Palerme, on arrive à la ville de Monreale où se trouve aussi une cathédrale, Sainte-Marie-la-Nouvelle, dans laquelle on trouve des mosaïques byzantine comme dans la Chapelle palatine.
La suite très bientôt, mais je vous laisse admirer un jacarandas, ces arbres venus du Brésil aux fleurs violette, un kapokier avec des fleurs de kapok et un citronnier en pleine ville, un amandier, et je n'oublie pas un olivier qui est âgé de 600 ans!
L'île du Docteur Moreau - Don Taylor (film) / H. G. Wells (livre)
Deux média pour une oeuvre: je (ta d loi du cine, squatter" chez dasola) continue notre "Mois Wells" (co-organisé avec Sibylline) avec un roman d'H. G. Wells, et l'une de ses adaptations au cinéma. Ce billet comptera aussi pour le Challenge "2022 en classiques" (co-organisé par Blandine et Nathalie) et le "10e challenge de l'Imaginaire" (de Ma lecturothèque).
J'ai visionné récemment avec dasola, en DVD, le film L'Ile du Docteur Moreau de Don Taylor (1977). Depuis le début du Mois Wells, j'ai reparcouru la plupart des livres de poche d'H. G. Wells que je possédais de longue date. D'où ce petit billet pour présenter l'adaptation et mettre en évidence les différences avec l'oeuvre originale.
Le DVD à gauche, le livre de poche à droite...
Images de mer lorsque le film commence. Trois hommes dans un bateau (une barque), semblant mal en point (soif, faim, épuisement...). Deux finissent par accoster une île providentielle et se traîner sur le rivage. Le plus valide des naufragés (joué par Michael York) a le tort de quitter l'autre pour s'enfoncer dans la jungle. Car manifestement, cette île mystérieuse n'est pas déserte, même si elle ne contient pas le château du Comte Zaroff. Après une course dans la jungle, poursuivi par des ombres qu'on devine menaçantes, et une chute dans un piège, notre héros se réveille dans un lit douillet. Son infortuné compagnon est mort et enterré, lui dit-on. Ses hôtes? Un homme à tout faire alcoolique, le fameux Docteur Moreau (Burt Lancaster), une ravissante jeune femme, et quelques serviteurs indigènes et muets. La maison (en bois) est entourée d'une haute palissade, et il est déconseillé de se rendre dans la forêt... Mais les interdictions sont faites pour être contournées, n'est-ce pas (et les lois pour être violées...).
Le docteur Moreau possède une vaste bibliothèque, et toute une ménagerie. Mais il ne convainc pas notre naufragé d'adhérer à ses expériences après lui avoir exposé ses théories. Alors, si ce n'est de bon gré, ce sera donc de force (avec peut-être un brin de jalousie de la part du docteur). Lorsque l'alcoolique prétend trouver la rédemption en s'opposant au docteur, mal lui en prend. Et la situation dégénère (elle aussi!)... Au final, les deux seuls rescapés (le naufragé du début, et la ravissante Eve) se retrouvent dans la même barque qu'au début. Le film se termine alors qu'un navire les a aperçus (ce qui est une fin différente de celle du roman).
Je n'ai pas (encore) découvert la version de 1932 avec Charles Laughton (il existe encore d'autres adaptations), mais peut-être que je pourrai le dénicher avant fin juillet!
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Comme je le disais plus haut, j'ai parcouru les 242 pages consacrées à L'Ile du Docteur Moreau dans le vieux Livre de poche que je possède depuis 1982 (paru en 1961, il m'avair été offert par une de mes grand-mères). Sa seconde partie, consacrée à notre Île..., couvre les pages 195 à 437. Il n'est même pas précisé qui a fait la traduction en français de cet ouvrage paru en anglais en 1896 (on a juste un copyright Mercure de France 1959). Dans le livre (question d'époque?), le fameux docteur opérait au scalpel (et non à la seringue comme dans le film). Mais commençons par le début. Dans cette version "poche", lorsqu'un navire le recueille, le naufragé est seul à bord de sa barque. Il s'agit d'un certain Edward Prendick, qui occupe ses loisirs à s'occuper d'histoire naturelle. Quant au navire (une goëlette), il est chargé de toute une ménagerie que convoie un ancien étudiant en médecine. Arrivé dans l'île sans nom qui est sa destination, le capitaine (antipathique au possible) y débarque ses passagers, y compris l'infortuné Pendrick. Le propriétaire de l'île (vieil homme aux cheveux blancs) accueille bon gré mal gré notre malheureux héros, qui s'interroge vite sur l'étrangeté des domestiques de son hôte. Entendant le nom de celui-ci (Moreau), il se souvient... d'un docteur que la presse avait voué aux gémonies à cause de ses expériences de vivisection sur des animaux.
Le reste est assez bien repris dans le film (à l'exception notable de l'absence de personne du sexe). Une bonne petite scène quand le Docteur s'adresse au naturaliste en latin de cuisine (p.306). Ce qui est expliqué dans les pages qui suivent (je ne crois pas dévoiler un si grand secret que cela en le disant), c'est que la matière première à partir de laquelle ce Frankenstein travaille, ce sont des animaux - et non des cadavres. Sur les quelque 120 créatures plus ou moins chimériques créées en 20 ans, une soixantaine survivent quand se déroulent ces aventures. Le Docteur exerce sa domination par la terreur - et la Loi qu'il impose à coup de fouet - sur cette étrange tribu, et tout ne peut, bien entendu, que mal finir.
Finalement, donc, seul survivant humain, Prendick quitte l'île à bord d'une barque providentielle. Trois jours plus tard, un navire le recueille et le ramène vers la civilisation - mais jamais le narrateur ne pourra oublier son séjour traumatisant de plusieurs semaines sur L'île du Docteur Moreau.
Adlyn avait parlé du livre. Ça sent le book aussi.
Edit du 9 juillet 2022: je rajoute rétrospectivement le logo du "11e Mois anglais 2022"... qui avait lieu en juin!
Visite à Guédelon le 28 mai 2022 / Maison de Colette
Nous avons fait une escapade culturelle en Bourgogne le week-end dernier. La visite nous a permis de constater que la construction du château prenait vraiment tournure. Avec mon ami Ta d loi du cine, nous étions allés sur le chantier de Guédelon dans l'Yonne (environ 180 km de Paris) en 2008. Quatorze ans plus tard, le château semble presque terminé même si la grosse tour maîtresse n'a pas encore atteint la taille prévue et n'a pas encore de toit, pas plus que la tour des essarteurs ou la tour de la carrière. A la différence de 2008, il n'y a plus de visite guidée et le prix d'entrée est de 14 euros au lieu de 9 euros. Le chantier devait se terminer entre 2022 et 2025, je pense que cela sera plutôt en 2025 au mieux.
Ce qui nous a paru la vraie nouveauté par rapport à notre visite de 2008, ce sont les ateliers animés avec les artisans en train de travailler: forgeron, carrier, tailleurs de pierre, tuilier, vannière, boulanger (accompagné de sa femme qui l'aide à ramasser des glands chaque année!), charpentiers (qui vous manipulent des grumes de chêne avec de simples câbles avant de les transformer en poutres), cordière, potière, gâcheurs (les "morteliers" qui préparent le mortier, la colle qui va permettre de sceller les pierres entre elles), sans oublier le moulin hydraulique qui est situé à quelques centaines de mètres du reste de l'ensemble.
On a vu le moulin fonctionner. Il fournit la farine pour le château... quand l'eau daigne faire tourner la roue.
C'est aussi à côté du moulin qu'opère le tourneur sur bois, pas très bavard (d'origine anglaise?), mais fabuleusement habile, et capable de faire sous nos yeux, d'une simple buche de bois vert qu'il commence par dégrossir à la hache, avant de s'aider d'un tour qu'il actionne lui-même au pied, un vrai bol en bois tourné (en vente pour 45 à 55 euros à la boutique).
Par-ci-par-là, il y avait quelques animaux comme des ânes, des brebis, des oies et deux coqs (ils n'arrêtaient pas de chanter), ainsi que des chevaux de trait.
On est resté plus de six heures sur le chantier, on y a passé une très belle journée.
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A six kilomètres de Guédelon, nous avons été le lendemain visiter la maison où l'écrivain Colette est née, à Saint-Sauveur en Puysaye, en janvier 1873. Les visites sont guidées, à 11 euros l'entrée. La maison est gérée par une association depuis 2016. C'est assez émouvant de voir l'endroit où Colette est née et a vécu pendant les dix-huit premières années de son existence entre son père, sa mère Sido, sa demi-soeur et ses deux frères (sauf erreur de ma part). A l'intérieur, parmi les meubles et objets, certains viennent réellement de la famille de Colette, d'autres sont contemporains de ceux que la famille possédait (vendus aux enchères quand elle a été ruinée). C'est une très belle maison bourgeoise entourée d'un splendide jardin dont s'occupait Sido, la mère de Colette. La visite commence aussi par le "Jardin d'en-face", de l'autre côté de la rue (un petit terrain dont la possession permettait d'éviter la construction d'une maison en vis-à-vis).
Pas très loin de la maison, on peut aussi aller visiter le musée Colette qui rasssemble beaucoup de photos (entrée à tarif réduit par accord entre les deux structures). Il y a la reconstitution de l'appartement de Colette au Palais-Royal à Paris et on peut voir un documentaire de 45 minutes (Ecrivains de notre temps) qui narre la vie de Colette de sa naissance à sa mort en 1954. C'est une suite de témoignages où on l'entend elle-même avec sa voix à l'accent bourguignon, mais où s'expriment aussi son troisième mari, Maurice Goudeket, et Joseph Kessel. Avec mon ami, on a noté que ces personnes savaient manier à l'oral avec brio l'imparfait du subjonctif sans que cela soit ridicule.
Un plat donné par la fille de Colette.
Le piano sur lequel Colette et les autres enfants ont étudié
La salle à manger qui fut d'abord l'ancien bureau du père de Colette lorsqu'il était percepteur des impôts
Ce devait être la troisième Maison d'écrivains que nous visitons ensemble (après Alexandre Dumas et Maurice Leblanc).