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Le blog de Dasola
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17 juillet 2009

Dans l'or du temps - Claudie Gallay

Dans l’or du temps (Editions de poche Babel) m'a été recommandé par Aifelle lors de notre rencontre au Salon du livre à Rouen. Je l’en remercie.

C’était le premier livre que je lisais de Claudie Gallay (qui d'ailleurs m'a fait une dédicace). Quand j’ai commencé à lire ce roman, j’ai tout de suite été sensible au style: des phrases courtes avec ou sans verbes conjugués ou à l’infinitif. C’est peut-être pourquoi je l'ai lu très vite. Au tout début, je m’attendais à lire une chronique vacancière du narrateur (dont on ne connaîtra pas le prénom) avec sa famille (sa femme, Anna et ses deux filles jumelles) faisant un séjour dans leur maison près de Dieppe. Et puis, à l’occasion d’une rencontre du narrateur avec une vieille dame nommée Alice habitant une maison voisine, le récit nous fait remonter le passé. Nous nous retrouvons 60 ans en arrière grâce aux souvenirs d’Alice. Elle possède sur une armoire des statues que le narrateur devine être des kachinas, qui incarnent des esprits pour les Indiens hopi. C’est là que Claudie Gallay nous évoque André Breton et son voyage en Amérique, à New York et chez les Indiens hopi en Arizona, de 1941 à 1946. En effet, à cette époque, Alice, jeune adolescente, s’est exilée avec son père, sa mère et sa sœur aux Etats-Unis. Ils ont pris le même bateau que Breton et sa femme. Le père d’Alice était photographe et était l’ami d’André Breton à l’époque. Alice et son père ont suivi André jusqu’en Arizona. On apprend quelques-uns des us et coutumes, dont la danse du Serpent, de ces Indiens qui n’aimaient pas qu’on les prenne en photo ou qu’on les dessine. Le roman alterne ce récit dans le passé et ce que ces souvenirs provoquent pour le narrateur. Il remet sa vie en question sans s’en rendre compte. Avant la fin de leur séjour, sa femme Anna le quitte en emmenant les jumelles. C’est peut-être le point faible du roman comme l’a souligné Dominique. Je n’ai pas compris le lien entre les souvenirs d’Alice et ce qui arrive au narrateur. Ceci mis à part, c’est un roman qui donne envie de mieux connaître la culture amérindienne et de se plonger dans les ouvrages qui ont servi à écrire ce roman et qui sont indiqués dans la bibliographie à la fin de l’ouvrage. Quant au titre un peu mystérieux du roman, il s’agit d’une partie de l’épitaphe inscrite sur la tombe d’André Breton, au cimetière des Batignolles: «Je cherche l’or du temps».

11 juillet 2009

Les deux visages de Janus - André et Michèle Bonnery

Grâce à Blog-o-book, j'ai eu la chance de me plonger dans la période de l'Antiquité tardive avec ce roman historique, Les deux visages de Janus (Actes Sud), écrit à quatre mains. C'est une époque dont j'ignore tout. Après avoir terminé le roman, je ne suis pas sûre d'être plus érudite mais j'aurai entendu parler du monothélisme, du fait qu'il y avait un empereur à Constantinople qui gouvernait Rome de loin, que, l'Empire romain n'existant plus, les Arabes ont conquis beaucoup de territoires du pourtour méditerranéen jusqu'en Espagne où vivent les Wisigoths (même si les Sarrazins ne sont pas loin). L'histoire se passe essentiellement à Rome entre mars et septembre 680. La ville qui fut la plus puissante agglomération de la terre est devenue une modeste cité où demeurent essentiellement des Latins, des Juifs et des Orientaux ayant fui les invasions arabes. Les palais et autres monuments, bien que pillés ou démantelés, arrivent, pour quelques-uns, à être restaurés grâce aux riches notables issus de la vieille noblesse. Ces derniers vivent sur le Palatin dans de vastes maisons établies dans d'anciens palais impériaux. Il  y a aussi des groupes de pélerins venus de partout pour se prosterner devant des reliques ou des représentations saintes. C'est pourquoi Rome, qui s'enrichit grâce à l'afflux de ces pélerins, est devenue la capitale du monde chrétien. Le 79ème pape élu au trône de Saint Pierre depuis 678 se nomme Agathon. Evêque de Rome, il est l'un des personnages principaux du roman. Parmi les autres personnages, nous trouvons le Dux Romae, Etychès, chef de l'armée et de police; ses auxiliaires: Abdon, Paul et Pretextat; et un moine appelé Eucher, ami de longue date du pape, qui arrivera à trouver le coupable de plusieurs crimes. En effet, des mosaïstes de talent venus pratiquer leur art dans les églises romaines disparaissent ou meurent "accidentellement". Les Juifs font partie des premiers suspects. Au fur et à mesure que l'on avance dans le récit, on comprend le mobile de l'assassin (l'iconoclaste) qui trouve sacrilège la représentation des images saintes: la Vierge, Jésus et les Saints. Cette idôlatrie arrive à corrompre l'humanité. L'assassin a des raisons personnelles qui viennent de l'enfance pour perpétrer ces crimes. Spécialiste en histoire de l'Antiquité tardive, André Bonnery (1) nous livre un roman passionnant de 440 pages qui se lit facilement sur une période de l'histoire méconnue. En revanche, un petit préambule descriptif de l'époque n'aurait pas été superfétatoire à moins que (comme moi) vous ne vous plongiez dans un dictionnaire encyclopédique. Quant au titre, je crois comprendre que l'on parle d'un homme aux deux visages (ange et démon à la fois). Merci encore Blog-o-book.

(1) J'avais interverti avec Michèle, merci Madame Charlotte (cf. commentaire ci-dessous)

1 juillet 2009

Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates - Mary Ann Shaffer et Annie Barrows

Comme Anne Gavalda le dit sur le bandeau du roman, Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates écrit en 2007 par deux Américaines, Mary Ann Shaffer (ancienne bibliothécaire décédée en février 2008), et sa nièce, Annie Barrows, est un roman épistolaire délicieux. Je l'ai lu en un week-end (entre deux tranches de L'Icône: cela a remonté le niveau de qualité de mes lectures). L'histoire se passe entre janvier et septembre 1946 à Londres et à Guernesey. La deuxième guerre mondiale vient à peine de s'achever mais les séquelles sont présentes avec l'utilisation des tickets de rationnement et les traces de bombardements encore visibles. D'ailleurs l'héroïne du roman, Juliet Ashton, 32 ans et encore célibataire, a eu son appartement soufflé par une bombe avec tous ses livres à l'intérieur. Elle est en train de connaître une certaine célébrité grâce à des chroniques écrites pendant la guerre et qui viennent d'être réunies pour être publiées dans un recueil. Parce qu'un certain Mr Dawsey Adams lui écrit de Guernesey (il possède un livre qui avait appartenu à Juliet et qu'elle avait vendu), nous faisons ainsi connaissance de quelques habitants de Guernesey ayant fait partie durant la guerre des "amateurs de littérature et de tourte d'épluchures de patates de Guernesey". Ces amateurs se sont trouvés à appartenir à ce groupe grâce à un cochon rôti qui a échappé à la vigilance des allemands. Tour à tour, les membres de ce groupe écrivent et/ou répondent à Juliet sur ce qui s'est passé sur cette île entre 1941 et 1945. Tous ces personnages sont haut en couleur et ont des caractères bien trempés, surtout les femmes, dont une qui a été à l'origine de ce cercle mais de laquelle personne n'a plus aucune nouvelle. Juliet, elle, se trouve devant un dilemme cornélien concernant son avenir: rester à Londres parce qu'un homme riche dont elle vient juste de faire connaissance veut l'épouser à tout prix; ou alors, partir et peut-être s'installer à Guernesey. Par ce roman, j'ai appris que les habitants des îles Anglo-normandes ont souffert comme tout le monde, pendant cette époque, des privations et de l'occupation allemande. Ces îles furent des avant-postes de l'armée allemande. Et après avoir terminé ce roman, j'ai eu envie d'aller faire un tour à Guernesey pour voir si les habitants sont aussi attachants que ceux du roman. Le fait que l'histoire soit écrite par lettres lui donne une grande dynamique. L'histoire aurait été différente si elle s'était passée de nos jours avec le téléphone portable et les SMS. Je ne suis pas sûre que cette histoire m'aurait autant plu. Sur les blogs, je n'ai lu que des bonnes critiques de ce roman, c'est justifié.

25 juin 2009

Mort aux cons - Carl Aderhold

Comme il est dit page 291, on est toujours le con de quelqu'un. Le premier roman, Mort aux cons, édité au Livre de poche (400 pages) de Carl Aderhold, écrivain dont je n'avais jamais entendu parler, est réjouissant et immoral. Le narrateur, à la fin de son récit, est parvenu à supprimer, de façon très naturelle, 140 cons. Le déclic s'est fait quand il a commencé par descendre une chatte nommée Zara (de Zarathoustra). Elle appartenait à une voisine d'immeuble et avait la fâcheuse habitude de griffer le narrateur. D'autres animaux de compagnie ont suivi. De là, il s'attaque aux humains qu'il considère comme nuisibles, bêtes, inquisiteurs, enquiquineurs (pour rester poli) envers les autres, en général, et envers lui, en particulier. Et page 153, il a une illumination: "Le con", s'écrie-t-il, "voilà l'ennemi". C'est là que le massacre de masse commence avec les représentant(e)s de l'Administration (avec un grand A) dont un inspecteur des impôts, un employé des Assedic, un de l'ANPE (le narrateur est intérimaire), une autre de la sécu, puis d'autres comme un assureur, une concierge, un car entier de petits vieux, un chauffard, des DRH successifs d'une maison d'édition, un producteur de film porno, un fils indigne (d'une mourante), et même la propre épouse du narrateur, Christine, etc. Ils se retrouvent tous à passer de vie à trépas par la seule volonté du narrateur qui commet des crimes parfaits (ou presque). Il se sert en particulier d'un révolver qui venait de son grand-père. En revanche, il ne tue aucun militaire. Cet anti-héro a une bonne conscience à tout épreuve. La façon qu'il a de présenter les choses font que ses actes criminels monstrueux deviennent évidents. Il consulte quand même un psy qui se trouve destabilisé à force d'écouter ce que lui dit le narrateur. Et bien que très seul, ce dernier trouve une oreille bienveillante (tout au moins au début) en la personne d'un inspecteur de police, François Marie, à qui on dit souvent: "je vous salue, Marie". La fin du roman est très ouverte. L'une des grandes qualités de Mort aux cons, à part sa drôlerie, c'est son écriture et son style, on le lit très vite.

21 juin 2009

L'icône - Gary Van Haas

A ceux qui vont me lire, j'annonce tout de suite que cela m'a beaucoup coûté d'écrire ce billet. J'étais très contente de participer pour la deuxième fois à l'opération Masse critique Babelio. Après ma première tentative pas très concluante (j'avais moyennement aimé L'amie du diable), j'espérais faire une meilleure pioche: j'ai choisi un thriller à tendance religieuse. Que nenni! En un mot, je considère ce roman (est-ce que je peux dire que L'Icône est un roman?) comme une ineptie totale. C'est un des plus mauvais livres que j'aie lu de ma vie. Je ne sauve rien, ni l'histoire avec un héros faussaire à ses heures et criblé de dettes, ni l'écriture très relâchée pour ne pas dire vulgaire; et je serais grecque, j'intenterai un procès à l'auteur qui est raciste dans ses propos envers ce peuple. L'essentiel de l'histoire se passe entre Mikonos et Delos. Aucun cliché sur les homosexuels, la vie dissolue, les trafics d'antiquités ne nous est épargné. Et l'icône n'a qu'un rôle très accessoire dans l'intrigue. Si vous lisez les 10 dernières pages de ce roman, vous saurez que le Christ n'est pas mort sur la croix mais vous n'en saurez pas plus. Et de toute façon, cela n'a aucune importance. J'espère que les éditions First qui ont publié le roman vont améliorer leur politique éditoriale car ils n'ont rien à y gagner. Pour finir, selon la 4ème de couverture, un film adapté de ce roman est annoncé avec Pierce Brosnan et Catherine Zeta-Jones, je crains le pire.

9 juin 2009

Challenge Chick Litt For Men

Ceci n'est pas un billet de Dasola (mais bien de Ta d loi du cine). Il a pour objet le Challenge Chick Litt For Men proposé par Calepin. Le 12 janvier 2009, je (donc) m'étais inscrit en m'engageant sur trois titres de la collection "Audace" publiés par les éditions Harlequin (1). Vu qu'on avait jusqu'au 31 décembre, je suis encore dans les délais! Désolé de contrarier un peu la définition usuelle: la couverture de la collection n’est pas rose mais mauve. Et chez Harlequin, il semble y avoir un code pour les histoires à l’eau de rose: plus la couleur de la couverture fonce, plus la température monte…
Pour entrer de plain-pied dans la critique: je pense que la traduction, au moins au niveau des titres - ineptes! -, contribue sans doute à stéréotyper le produit (2). Voici les trois livres en question (respectivement N°93, 94 et 95 dans la collection):
- L'Ivresse de l'interdit de Karen Anders (Manhandling dans le texte - pourquoi pas "Prise en main masculine"?)
- Jusqu'au bout du désir de Suzanne Forster (Unfinished Business - pourquoi pas "Affaire inachevée"?)
- Intime proposition d'Isabel Sharpe (Thrill me - pourquoi pas "Fais-moi frémir"?).
Jouons un peu au Martien basique: quand j’ai commencé mes lectures (je ne vous parle pas des couv' accrocheuses!), je croyais plus ou moins monter à l’assaut sabre au clair pour triompher de titres aussi stéréotypes qu’un bon vieux SAS (j’avoue, j’en ai lu quelques-uns quand j’étais ado) où le nombre et le déroulement de scènes chaudes sont codifiées et même standardisées d’un épisode à l’autre de la saga, comme autant de repères pour les attentes des lecteurs – masculins. "Audace" est beaucoup plus diverse, et je dirais même parfois subtile.
Plantons nos trios de personnages: dans le 93, Laurel est une jeune femme d'affaires (au début) qui va virer créatrice artistique (ses premières amours refoulées) à la fin. Mélissa, dans le 94, a bidonné un best-seller, en fantasmant sur un mari de rêve - avec lequel elle n'a passé, en fait, qu'une seule nuit, mise au défi par ses copines après un resto trop arrosé. Enfin, dans le 95, May, jeune provinciale plus ou moins naïve, débarque à New-York après avoir accepté une passade d'une semaine dans un palace avec un chaud lapin, sur un coup de tête (elle venait de se faire rompre). Passons aux Roméos - j'allais écrire "Jules" -, par ordre décroissant, cette fois. 95: Brandon, écrivain au succès stagnant, cherche l'inspiration de son côté dans ledit palace - son éditrice lui a ordonné de cibler un lectorat plus féminin. Et, évidemment, à la fin, le rupteur débarque. 94: l'attachée de presse de Mélissa lui ramène son bel Antonio de mari sur un plateau (de télé). Evidemment, ce n'était pas le simple chevalier serveur qui l'avait happée au resto. Et il ne sera plus question de divorce. Dans le 93, Mac assure: certes, il a trompé Laurel sur sa qualité (hard, il ment - honni soit qui mal y pense - d'accord, je sors), mais ils se seront bisoutés pages 31, 47, 96, 121, 126 et 198, tout en couchant - c'est torride - pp. 62, 109, 138 avec remise de couvert pp. 144, 158, 175 et 180 (j'espère ne pas en avoir oublié, j'ai relu en diagonale). La crise survient p. 195, et se dénoue p. 209 (fin du livre p. 213). Ce genre de scènes est moins fréquent dans le 94 - seulement quand l'un ou l'autre a bu? Dans le 95, ils ne couchent carrément pas (ce qui s'appelle coucher, dans un lit et tout nus) ...avant la page 190 (sur 214). Tout est dans l'approche et la transformation.
Je crois avoir dit le principal? On peut d'autant moins parler de titres impérissables, que Wikipedia m'a appris que les invendus étaient rapidement pilonnés (info ne figurant pas sur le site officiel). Enfin, il n'y a pas trop de coquilles, pour le prix (une par volume, au maximum?). Voilà, mon incursion dans la littérature de poulette s'achève, ouf. Maintenant, quand je lis les collègues qui se sont contentés de Bridget Jones, je ricane (désolé Yohan).

(1) La communication d'Harlequin emploie bien le terme "Chick Litt" sur leur page de présentation... mais pour une autre collection?

(2) Mesdemoiselles coeurs tendres qui rêveriez de rédiger, pas de regrets: à la question «Puis-je écrire un roman pour Harlequin?», la réponse sur leur site est: «Harlequin France ne travaille pas en direct avec les auteurs. En effet, toutes les sources éditoriales de nos publications proviennent de notre maison-mère canadienne. Nos auteurs sont anglophones et nous ne publions, en France, que des romans traduits de l'anglais. Nous ne publions donc pas d'auteurs français, mais nous vous adressons nos souhaits de réussite dans vos candidatures auprès d'autres maisons d'édition».

PS du 10/10/2012: j'avais vu passer récemment une information comme quoi Harlequin lançait un concours d'écriture francophone... Après vérification, il s'agit d'un concours appelé "Nouveaux talents Harlequin", en partenariat avec "WeLoveWorld", jusqu'au 30/11/2012. Douze auteurs francophones sélectionnés gagneront une publication numérique au sein d'une nouvelle collection Harlequin. Le "grand gagnant" verra son texte édité en version papier.
Pour en savoir plus, cliquez ici.

5 juin 2009

Monestarium - Andrea H. Japp

Grâce à BlogOBook, j'ai reçu Monestarium d'Andrea H. Japp, il y a plus d'un mois. J'ai mis du temps à y rentrer car j'avais d'autres préoccupations et d'autres romans à lire. Mais ça y est, le week-end de la Pentecôte m'a permis de me replonger dans le Moyen-Age déjà évoqué par l'auteure dans La Dame sans terre. Après vérification, l'essentiel de l'histoire se passe juste après que celle de La Dame sans terre soit terminée (avec un léger chevauchement), c'est-à-dire de septembre 1306 à janvier 1307, en plein règne de Philippe IV le Bel. On retrouve aussi le même décor de l'Abbaye de femmes des Clairets situé dans le Perche, composée de deux cloîtres. Mais, par la magie du roman, dans Monestarium, il n'y a aucun rapport (pas même une allusion), avec l'intrigue et les personnages fictifs de la Dame sans terre. Pour Monestarium, tout commence dix-huit ans auparavant en 1288, quand un négociant arménien, Firuz, récupère d'un Ethiopien agonisant une besace qui contient des os et des triangles de pierre taillée. Deux ans plus tard, en 1290, ce même marchand est assassiné à Saint Jean d'Acre. La besace arrive en France dans l'Abbaye des Clairets. Entretemps, on fait connaissance de quelques personnages dont les Soeurs principales de l'abbaye qui sont citées dès le début du roman. La mère abbesse, Plaisance de Champlois, a 15 ans, mais elle est dotée d'une grande maturité. Sa nomination par celle qui l'a précédée provoque des jalousies, dont la grande prieure d'un des deux cloîtres. Cette dernière est la soeur d'un évêque dont la perfidie nous est vite révélée. Quelques soeurs et moniales vont mourir assassinées. Une moniale en particulier, Angelique, est étranglée. Ce n'était pas elle qui était visée mais une autre, qui s'est réfugiée dans l'Abbaye depuis quelque temps pour fuir des tueurs car elle possède un diptyque qui excite les convoitises. Un fléau est aussi très présent dans le roman: la lèpre. Et les ossements me direz-vous? Pour le savoir, je vous conseille de lire ce roman de 360 pages qui se lit d'une traite. La résolution quoique un peu rapide est plausible. J'avais beaucoup aimé les trois premiers volumes de la Dame sans terre (le 4ème est en trop, je n'ai pas fait de billet dessus, voir celui de Pom'). Là, dans Monestarium, l'histoire est ramassée en un seul volume et c'est vraiment bien. Comme dans la Dame sans terre, l'addendum se compose d'une brève annexe historique et d'un glossaire sur les offices liturgiques, les monnaies, les mesures de longueur ainsi qu'une bibliographie.

31 mai 2009

Les Falsificateurs (suivi de) Les Eclaireurs - Antoine Bello

Je chronique ces deux romans en même temps car le deuxième, Les Eclaireurs, est la suite et fin des Falsificateurs. J’ai découvert Antoine Bello il y a plus de 10 ans pour son roman (que l’on m’avait offert), L’éloge de la pièce manquante (1998), paru en Gallimard Noire; et puis plus rien (ou presque), jusqu’à ce que paraissent Les Falsificateurs en 2007 (Folio poche, 588 pages), et la suite, Les Eclaireurs (Gallimard, 470 pages), roman qui vient de recevoir le prix Télérama – France Culture 2009. J’ai lu les deux romans à la suite, d'une seule traite, tant c'est passionnant. Le narrateur et héros du roman, Sliv Dartunghuver, est islandais. Géographe de formation, il est engagé comme chef de projet, à 23 ans, dans un cabinet environnemental. Ce cabinet abrite aussi une organisation secrète, le CFR (Consortium de Falsification du Réel). Eriksson, son hiérarque, recrute Sliv comme agent du CFR. Cette organisation a des agents disséminés dans le monde entier qui produisent des scénarios qu’ils s’efforcent de mêler au réel. Pour ce faire, ils créent des fausses sources ou bien altèrent les documents existants. Vous découvrirez si vous lisez ces romans quel animal célèbre, par exemple, n’a en réalité jamais existé. Le CFR est très bien structuré et hiérarchisé avec trois corps d’élite: le Plan, l’Inspection générale et les Opérations spéciales. Sliv, de 1991 à 2003, période pendant laquelle se passent les romans, va gravir les échelons de simple agent débutant, de classe 1 à celui de classe 3. C’est lui qui propose de passer de la falsification physique à la falsification électronique. Remarqué par le Comex, instance suprême du CFR, Sliv (et quelques autres) voudrai(en)t découvrir la finalité de cette organisation. Pendant ces années-là, il se liera d’amitié avec des agents du CFR venus d’horizons différents, de pays différents. Il n’y a pas de discrimination raciale, ni religieuse. Parmi les amis proches de Sliv, nous trouvons Youssef, un Soudanais, et sa femme, Maga, indonésienne, tous les deux musulmans. D’autres personnages, dont un Français, côtoient Sliv. Un bon scénario demande une falsification sans faille. C’est là qu’intervient Lena Thorsen (falsificatrice hors pair), une Danoise engagée au CFR, trois ans avant Sliv, qui devient une rivale professionnelle pour Sliv qui commet à un moment donné une grossière erreur en tant que falsificateur. La jalousie de Lena va provoquer des événements graves. Je ne dévoilerai pas toute l’histoire sinon pour dire que le CFR (dont l’acronyme signifiait Compagnie Française des Rentes au moment de sa création pendant la Révolution Française) se trouvera menacé dans son existence au moment du 11 septembre 2001 (le CFR n’est pas malheureusement pas étranger à ce qui est arrivé). Mais les agents souhaitent que le CFR perdure car la réalité en a besoin. Le roman se termine juste avant les hostilités entre l’Irak et les Etats-Unis. Je disais donc que les deux romans se lisent agréablement. Comme, au début des Eclaireurs, on trouve un bon résumé de 3 pages des Falsificateurs, on nous avertit bien qu’on peut les lire indépendamment. On peut retirer de ces romans l’impression que des choses, des événements, des personnages du passé et du présent ne sont pas tels qu’ils paraissent ou auraient dû être. Du coup, je me demande: et nous, sommes-nous réels? Antoine Bello est-il bien un écrivain français né à New York et qui vit à Boston?

PS: Voir le billet de Keisha paru postérieurement (le 15/06/09) sur Les Falsificateurs.

23 mai 2009

Dix de derche - Pascal Jahouel

Avant tout, je vais ressortir des oubliettes le "Tag de la page 123" qui tournait sur les blogs littéraires il y a quelques mois. L'extrait pour Dix de derche donnerait:
"La jouvencelle suçotte une paille barbotant dans un coca light. Je la mate sans gêne, le nez dans une délicate Kilkenny. Je table sur sa curiosité, par excellence toute féminine, pour entamer le commérage. Bingo, elle l'amorce, fort courtoise:
- L'enquête sur le décès de Papa avance-t-elle?
Afin de l'indisposer, à mitan entre blasé et détaché, j'élude:
- Si on veut!
Elle se montre alors bigrement curieuse.
- Vous suivez une piste, au moins?
- Pour être franc, je patauge!
"

De ce troisième roman de l'auteur (qui m'a gracieusement envoyé un exemplaire), je suis un peu en peine de parler car j'ai été désarçonnée et même crispée par le style aux phrases interminables, le vocabulaire et les expressions employées que l'on avait déjà dans les deux premiers. Dans celui-ci, on a atteint le point limite, et il y en a comme ça pendant 252 pages. Au bout d'un moment, j'ai saturé. J'ai vraiment eu du mal (souvent) à comprendre Dix de derche (Editions Krakoen). Pascal Jahouel a privilégié la forme sur le fond. C'est d'autant plus dommage que comme c'est un "polar", cela gâche le plaisir d'avancer dans l'histoire. Et plus grave, l'humour est totalement absent. Cela se passe, comme les deux précédents, Archi Mortel et la Gigue des Cailleras [mes billets des 17/10/2007 et 12/07/2007], dans la région de Rouen (où vit l'auteur). Bertrand-Hilaire Lejeune (BHL pour les dames), inspecteur de police, est chargé d'enquêter sur la noyade "accidentelle" d'un ponte de la région. Je ne peux pas vraiment vous en dire plus à part que les suspects sont très proches de la victime. J'ai trouvé que "BHL" se regardait dans ce volume un peu trop le nombril en faisant du style à la première personne, et que ça étouffait complètement l'intrigue. J'espère que Pascal Jahouel ne m'en voudra pas pour cette critique négative mais ma déception a été à la hauteur de mon attente. Vivement un quatrième plus lisible. Car j'aime lire par plaisir et là ce n'en fut pas un. Ah, au fait, il a fallu que j'aille chercher la définition de "derche". Et vous?

19 mai 2009

Les chevelues - Benoît Séverac

Les chevelues de Benoît Séverac (2007) aux éditions TME est un roman policier (280 pages) qui m'a été offert par mon ami pour mon anniversaire (il l'avait repéré sur le blog de Claude Le Nocher). Le format du livre est rectangulaire (cela m'a fait penser aux Editions Actes Sud) et l'impression se fait sur un papier recyclé de bonne qualité. L'histoire se passe sous le règne de l'Empereur Auguste. Toute la Gaule est occupée (oui, oui, toute). C'est l'époque de la Pax Romana. En Aquitaine, à Lugdunum Converanum (aujourd'hui Saint-Bertrand-de-Comminges), les Romains et les Gaulois cohabitent pacifiquement. Un jeune Romain, Cracius, après une nuit d'orgie en compagnie d'une Gauloise (une Chevelue), se fait assassiner en pleine campagne sur le chemin du retour vers chez lui. Il devait épouser une Romaine, fille d'Hadrianus Trevius, premier magistrat de la civitas (ville). Ce même Hadrianus, membre du "quattuorvirat" (sic, 3 Romains et 1 Gaulois) qui gère la ville, veut d'abord faire croire à un suicide pour éviter le désordre dans la ville. Peine perdue. Quelques jours après, un autre jeune Romain, Balbius, ami de Cracius, est tué lui aussi, piqué par un serpent mortel. Il venait d'avoir une relation intime avec une autre jeune Gauloise. Valerius Falco, un centurion un peu désabusé, enquête. Il découvre que vingt jeunes Gauloises ont été déflorées par Cracius, Balbius et par trois autres jeunes romains (qui meurent eux aussi de mort violente). Tous les cinq sont fils de notables romains de Lugdunum Converanum. Entretemps, un terrible propréteur, Rufus Riego dépêché de Tolosa (Toulouse), qui hait les Gaulois, déclare que le coupable est Gaulois. Ce n'est pas l'avis de Valerius Falco. Ce roman est très agréable à lire car on se sent proche des personnages grâce à la description de certains us et coutumes tant romains que gaulois. Je regrette cependant que l'auteur qui emploie de nombreux termes latins pour désigner des objets ou des personnes n'ait pas fait un glossaire à la fin du livre. Mise à part cette mini-critique, je vous conseille de vous procurer ce roman. Je pense qu'il faut le commander chez votre libraire favori.

15 mai 2009

Maigret et la Grande Perche - Georges Simenon

Le 4 septembre prochain, cela fera 20 ans que Georges Simenon disparaissait. Je profite de l'occasion  pour parler d'une enquête du Commissaire Maigret: Maigret et la Grande Perche (écrit en 1951). Je viens de revoir un téléfilm avec Bruno Crémer dans le rôle de Maigret (c'est l'interprète de Maigret que je préfère). Face à lui, on retrouve Michael Lonsdale et Renée Faure. Comme j'ai trouvé l'histoire passionnante et bien menée, je me suis mise à lire le roman paru en Livre de poche, 190 pages. Ernestine dite La Grande Perche, qui avait été arrêtée pour un vol, 17 ans auparavant, par Maigret (jeune inspecteur à l'époque), vient le trouver Quai des Orfèvres car elle est inquiète: son mari, Alfred-le-triste, braqueur de coffre-fort dont elle n'a pas de nouvelles, l'avait appelée juste avant pour la prévenir que dans un pavillon à Neuilly qu'il s'apprêtait à cambrioler, il a vu le corps d'une femme morte, par terre. C'est l'occasion pour le commissaire de mener son enquête chez un dentiste, Guillaume Serre, de l'interroger ainsi que sa mère, vieille dame peut-être pas aussi digne qu'elle le paraît. Les non-dits, les secrets inavouables, les failles ne tardent pas à émerger, transcendés par l'écriture de Simenon. L'écrivain va à l'essentiel. On ne parle pas d'ADN. Seule la psychologie importe. On sent l'atmosphère pesante, presque la menace. A mon avis, la réputation de grand écrivain de Simenon n'est pas usurpée. Ses dialogues sans fioritures sont écrits pour le cinéma (ou la télé). C'est une lecture agréable, ai-je trouvé.

11 mai 2009

Dans la peau / La chambre écarlate - Nicci French

Pour celles (ceux) qui ne le savent pas, sous le pseudonyme de Nicci French se cache un couple d'écrivains anglais, Nicci Gerrard et son mari Sean French, journalistes de profession. Ils écrivent à quatre mains depuis plus de dix ans. Je viens de lire deux de leurs romans policiers: Dans la peau et La chambre écarlate. Comme cela m'a bien plu, je vais en commencer un troisième, Aide-moi... Les points communs des deux premiers sont évidents. Les histoires se passent à Londres et ce sont des femmes qui sont les narratrices. Dans les deux intrigues, les policiers n'ont qu'un rôle vraiment secondaires et ne paraissent pas très compétents. Les conclusions ne sont pas forcément très gaies avec des héroïnes fortes mais seules.

Pour Dans la peau, nous avons trois femmes dont les récits se succèdent: elles ne se connaissent pas mais un lien les relie: un tueur leur écrit qu'il va les tuer. Les deux premières ont une fin tragique, quant à la troisième...

Dans La chambre écarlate, l'héroïne est une jeune psychiatre qui arrive à résoudre une affaire tragique où les deux victimes sont aussi des femmes: une jeune SDF et une mère de famille, dont on apprend à la fin quel lien elles pouvaient avoir.

Petite anecdote en passant: j'avais acheté les deux romans en poche. Le premier, je l'ai lu tranquillement chez moi. Quant au deuxième, il faisait partie de ceux que j'avais emportés pendant mes vacances basques. Et je ne sais pas pourquoi, dans un moment de distraction (je l'avais lu aux trois-quarts), je crois l'avoir oublié sur un banc. Comme je voulais absolument le terminer, je l'ai trouvé à ma biblothèque d'entreprise. J'étais contente de ne pas être obligée de le racheter. Une mésaventure de ce type m'était déjà arrivée il y a quelques années et j'avais racheté le livre (mais je ne me souviens plus du titre). Sinon, le fait d'abandonner un livre terminé sur un banc, pourquoi pas? L'idée n'est pas mauvaise si cela peut faire plaisir à quelqu'un... (cf. ici, ou bien ).

3 mai 2009

Le mec de la tombe d'à côté - Katarina Mazetti

Bien que son nom ait une consonance italienne, Katarina Mazetti est suédoise et écrit dans cette langue. J'ai acheté Le mec de la tombe d'à côté (paru en poche aux éditions Babel) car j'ai trouvé ce titre amusant. Désirée et Benny n'ont rien en commun et ils n'auraient pas dû se rencontrer. Mais voilà, Désirée vient de perdre son mari prématurément et va presque tous les jours sur la tombe de celui-ci. Benny, lui, va régulièrement arroser les plantes sur la tombe de sa mère. Il apparaît que les tombes des deux défunts sont voisines. Benny et Désirée se remarquent. Et le début n'est pas prometteur: il la trouve terne, mal fagotée et sans beaucoup de rondeurs. Elle note que la tombe d'à côté est vulgaire avec toutes ses plantes, et que celui qui vient les entretenir (elle le surnomme le Forestier) dégage une drôle d'odeur et n'a plus que trois doigts à une main. Mais de fil en aiguille, un déclic se fait, il a suffi qu'un sourire soit échangé et là tout bascule. Benny est amoureux, lui, l'éleveur de bétail, célibataire endurci. Désirée, elle, est bibliothécaire. Avec un récit où Désirée et Benny sont tour à tour les narrateurs, nous assistons à une histoire d'amour en accéléré avec des problèmes de couple qui surgissent au bout d'un moment alors qu'il vivent à plus de 20 km l'un de l'autre. En particulier, Désirée ne sait pas faire la cuisine alors que Benny a été "bichonné" par sa maman jusqu'à la mort de cette dernière: elle lui faisait tout (logé, nourri, blanchi). D'autres incompatibilités se greffent. Leur seul terrain d'entente est leur relation physique. Mais Désirée considère que leur liaison s'est terminée dès qu'elle a commencé. Je ne vous dévoilerai pas la toute fin qui donne une note d'espoir. Le roman est tonique et on s'attache aux personnages. Une jolie découverte.

PS: j'ai été voir avec mon ami la pièce de théâtre qui a été tirée de ce roman. Elle se joue à Paris jusqu'en mars 2010. Cf. mon billet du 7 février 2010.

27 avril 2009

L'avant-dernière chance - Caroline Vermalle

J'ai eu le plaisir d'être "e-mailée" par Caroline Vermalle qui a gentiment proposé de m'envoyer son roman, L'avant-dernière chance, qui vient d'être récemment publié aux Editions Calmann-Lévy et a reçu le prix Nouveau Talent 2009 d'une Fondation créée par une compagnie de téléphonie mobile et un journal gratuit. Pour un premier roman, c'est plutôt réussi. Ce livre est joliment tourné avec une histoire dans l'air du temps. En effet, la Fondation et l'éditeur Calmann Levy récompensent depuis peu un roman en langue française qui intègre le langage SMS et les messageries instantanées à la trame du récit. Tous les genres (romans d'amour, comédies...) sont acceptés, mais il ne faut pas avoir été publié auparavant.
Dans les Deux-Sèvres, Georges Nicoleau (presque 76 ans et veuf) et son voisin Charles Lepensier (83 ans, marié) partent faire le Tour de France (itinéraire 2008, 21 étapes, départ de Brest) dans une belle voiture toute pimpante achetée par Georges. Ils ont eu l'idée de le faire en profitant de l'absence prolongée de Françoise (la fille de Georges, qui couve ce dernier et ne le laisse rien faire, à ce qu'on dit). Elle est partie deux mois au Pérou, faire du trekking. Charles, lui, est heureux avec son épouse Thérèse et ses petits-enfants. Alors que Georges croit pouvoir partir tranquille, juste à ce moment-là, sa petite-fille Adèle, qui ne l'a pas vu depuis 10 ans, l'appelle de Londres (où elle est stagiaire sur un tournage de film) pour avoir de ses nouvelles. Elle tient à en avoir quotidiennement. C'est là que le téléphone portable et les SMS entrent en jeu. Sans en dévoiler plus, je vous dirai que les deux papys arriveront à peine à faire 5 étapes qui seront entrecoupées de bons gueuletons et de rencontres bien sympathiques. Le dialogue "SMSien" avec son grand-père va changer Adèle. Elle ne sera plus la même après. Il y a même une touche d'ésotérisme. Bref, je vous conseille L'avant-dernière chance. Caroline Vermalle a un blog sur lequel elle parle de son roman et du suivant (qui est la suite du premier), dont elle publie le premier épisode. Je la remercie encore pour ce petit plaisir de lecture.

7 avril 2009

La solitude des nombres premiers - Paolo Giordano

J'ai lu ce roman, La solitude des nombres premiers (éditions du Seuil) sans déplaisir, après avoir remarqué le grand nombre de billets (en général favorables) le concernant sur la blogosphère et en avoir lu la plupart (je ne mets pas de liens!). Du coup, l'ayant croisé d'occasion (déjà!), j'ai sauté sur cette chance. J'ai été un peu déçue par la fin "plate". Cela finit sans finir. Il n'y a pas d'événement précis qui clôt l'histoire. Le roman s'étale sur 24 ans entre 1983 et 2007. L'auteur trace le portrait parallèle de deux êtres "à part". D'abord Alice, âgée d'environ 8 ans, qui se blesse gravement au ski et reste boîteuse. Elle est mal à l'aise avec son corps. Les années passant, elle fait de l'anorexie. Elle a un père très autoritaire et une mère qui meurt d'un cancer. Son anorexie est autant mentale que physique (l'auteur décrit très bien ce phénomène). L'autre héros, Mattia, est plus mystérieux. Enfant "normal", il a eu le malheur d'avoir une soeur jumelle, Michela (son portrait craché), attardée mentale qu'il abandonne un jour sur un banc (ils ont huit ans) parce qu'il est honteux d'avoir une soeur pareille. Jamais on ne la retrouvera. Depuis, Mattia traîne son sentiment de culpabilité. II vit presque en marge des autres en devenant un surdoué en math. Ses parents sont peu disponibles pour lui et et ils n'apportent pas beaucoup d'aide. Que Mattia se punisse, on le comprend; pour Alice, beaucoup moins. Ce premier roman d'un jeune écrivain doué a reçu le prix "Stregha" (l'équivalent du Goncourt en Italie) en 2008. J'ai trouvé que ce livre se lit bien, sans style particulier (est-ce dû à la traduction?). Il n'y a pas de quoi se relever la nuit non plus.

1 avril 2009

Histoire d'un mariage - Andrew Sean Greer

L'histoire d'un mariage d'Andrew Sean Greer (Editions de l'Olivier) se passe principalement en 1953, à San Francisco. La narratrice qui parle/écrit pendant tout le roman s'appelle Pearlie. Elle est née dans le Kentucky. C'est là qu'elle a vu pour la première fois celui qui deviendra son mari: Holland Cook, beau jeune homme ténébreux à la peau foncée et aux yeux couleur miel. En 1953, ils sont mariés depuis 4 ans et ont un petit garçon de 3 ans atteint de polyomélithe. Le roman se compose de quatre parties. La première est en tout point remarquable, les trois parties suivantes ne sont peut-être pas à la hauteur, mais, quelques péripéties aidant, ce roman se lit avec intérêt et plaisir. Pearlie évoque le McCarthysme, l'affaire des Rosenberg et la Guerre de Corée. Sans parler d'un détail d'importance mais que je ne peux pas dévoiler (lire la dernière phrase de la première partie). Pearlie nous fait connaître Buzz (Charles) Drumer (personnage essentiel de l'histoire). Son mari Holland reste très en arrière-plan, Pearlie le ménage sans raison précise (apparemment). Il y a aussi Lyle le chien de la famille qui n'aboit pas. Tout le roman se déroule dans un coin appelé Sunset à San Francisco, habité par des blancs. Pearlie est très nostalgique quand elle évoque cette période où elle a été heureuse malgré ce qu'elle est et ce qu'elle vit. C'est un roman sur les non-dits, la délation (et ses conséquences), l'homosexualité interraciale dans l'Amérique puritaine de ces années-là. Je ne connaissais pas cet auteur mais il vaut la peine d'être découvert. Il a un style fluide très agréable. Voir les avis d'Amanda, de Cuné et de Clarabel.

22 mars 2009

El Ultimo lector - David Toscana (billet intermédiaire)

Une fois n'est pas coutume, je demande de l'aide pour m'aider à comprendre un roman que je viens de terminer. JE N'AI RIEN COMPRIS à El Ultimo lector (recommandé par mon libraire). Je l'ai lu attentivement jusqu'au bout, relativement vite, sauf les dernières pages que j'ai survolées. Les phrases sont simples, mais l'histoire ne l'est pas. Peut-on m'éclairer pour saisir ce qu'a voulu raconter l'écrivain mexicain David Toscana, dont c'est le premier roman traduit en français (paru aux éditions Zulma)? Des billets sont parus chez Yspadden, Manu (très mitigés), Kathel et Keisha (plutôt favorables). Je suis prête à l'envoyer à un(e) blogueur(se) qui serait intéressé(e).

19 mars 2009

Enfant 44 - Tom Rob Smith

Quand j'ai lu le titre du livre, Enfant 44 (publié aux éditions Belfond), et vu l'illustration de la couverture, j'ai pensé que c'était un récit romancé sur un jeune garçon dans un goulag ou dans un camp de prisonniers quelque part dans un pays de l'Est. Et bien pas tout à fait. Une sorte de prologue se passe en janvier 1933, dans un village en Ukraine. Il fait froid et les gens sont affamés. Ils mâchent les écorces des arbres pour combattre la sensation de faim. Tout les animaux domestiques ont été mangés sauf un: un chat efflanqué que sa maîtresse laisse partir (elle veut elle-même mourir). Le chat va être pourchassé par un jeune garçon Pavel, qui a 10 ans, et son jeune frère Andreï, âgé, lui, de 8 ans (et qui adore son grand frère). Pavel capture le chat mais est lui-même poursuivi par un homme. Pavel disparaît laissant Andrei en pleurs. Leur mère le croit mort, peut-être a-t-il été mangé, les gens ont tellement faim? Sans transition, on se retrouve 20 ans plus tard, juste avant la mort de Staline. Leo, membre du MGB (KGB?), est chargé de clore une enquête sur la mort d'un petit garçon, fils d'un membre du MGB. On fait tout pour étouffer l'affaire, il est mort "accidentellement" avec de la terre dans la bouche et entièrement déshabillé. Car, bien entendu, le crime n'existe pas sous le régime de Staline: il n'y aucune délinquance, ce n'est pas concevable. Et pourtant, le petit garçon retrouvé est la 44ème petite victime d'un tueur unique qui éventre ses victimes pour leur prendre l'estomac. Il opère dans voisinage de la voie ferrée. Leo apprend que, pour les crimes précédents, des personnes considérées comme déviantes (homosexuels, simples d'esprit) sont arrêtées et exécutées sans sommation; on arrive toujours à trouver des boucs émissaires. C'est là qu'il prend concience que quelque chose ne tourne pas rond dans le système. Le roman fait une description assez terrifiante de la vie du peuple soviétique sous Staline où la délation est de rigueur et autant récompensée. Même entre mari et femme, il n'y a pas de solidarité. Le couple que Léo forme avec Raïssa en est la preuve. Pendant l'enquête, la haine que lui témoigne un collègue, Vassili (homme dangereux et sans pitié), font de Léo et de sa femme des hors-la-loi. La première qualité de ce premier roman d'un écrivain de 30 ans est qu'il se lit vite (398 pages), et d'autre part l'originalité réside dans le contexte historique. En revanche, j'ai trouvé certaines invraisemblances, par exemple dans le fait que, en quelques phrases, Pavel arrive à trouver des alliés qui l'aident à démasquer le meurtrier. A la page 268, on comprend toute l'histoire des crimes et comment un simple chat peut changer deux vies. Ridley Scott a paraît-il acheté les droits pour adapter Enfant 44 au cinéma [cf. chronique du 21/04/2015 pour le film de Daniel Espinosa].

13 mars 2009

Hiver arctique - Arnaldur Indridason

Je viens de lire le cinquième roman d'Arnaldur Indridason, Hiver arctique (Editions Metailié Noir) dans lequel le commissaire Erlendur ainsi que les inspecteurs Elinborg (c'est une femme pour ceux qui ne le savent pas) et Sigurdur Oli enquêtent sur le meurtre d'un petit garçon de 10 ans, Elias, d'origine thaïlandaise par sa maman. Il a été poignardé et son corps repose sur la neige islandaise dans un quartier de Reykjavik. C'est l'occasion pour Indridason d'évoquer le problème du racisme lié à l'immigration d'Asiatiques en Islande. Un grand nombre de Philippins, Thaïlandais et Vietnamiens se sont installés en Islande. Dans le cas précis de l'histoire, un Islandais était parti se trouver une épouse (Sunee) en Thaïlande et l'a ramenée (il n'en n'est pas à sa première épouse immigrée). Depuis, le couple a divorcé. Sunee, la mère d'Elias, parle mal l'Islandais, son frère Virote et son fils aîné Niran (né d'un premier lit) également. D'ailleurs, pendant l'enquête qui se passe sur une courte période, une interprète est présente. Niran se sent déraciné. Il supporte mal cette situation. Concernant le meurtre d'Elias, tout porte à croire qu'il s'agit d'un crime raciste ou pédophile. Indridason donne, cette fois-ci, moins d'importance aux relations houleuses entre Erlendur et ses enfants, Sindri et Eva Lind, que dans l'Homme du lac ou la Voix (mon billet du 15/04/2008). L'intrigue est resserrée sur différents suspects dont on fait la connaissance tour à tour. Parmi ceux-ci, des enseignants de l'école où allait Elias, un voisin de palier et même Niran. Si, comme mon ami, vous aimez savoir comment cela se termine, vous pouvez lire les 25 dernières pages... mais vous ne serez pas beaucoup avancé en connaissant le nom du ou des meurtrier(s), puisqu'il(s) n'apparait(ssent) qu'au tout dernier moment, presque par hasard. En effet, Arnaldur Indridason a l'art de distiller au compte-goutte les informations. Je pense que l'auteur se sert une fois de plus d'une intrigue policière (bien menée) pour décrire une certaine réalité de la société islandaise. Je conseille cet Hiver arctique

7 mars 2009

Profondeurs - Henning Mankell

Je connaissais Henning Mankell, auteur de romans policiers; voici Henning Mankell, auteur de romans, tout court. J'avais entendu parler de Profondeurs au moment de sa sortie en janvier 2008. Ce roman vient de paraître en édition de poche "Points Seuil". C'est une histoire étrange qui commence de façon somme toute banale. En Suède, le capitaine Lars Tobiasson-Svartman (très important les deux noms de famille accolés, celui de sa mère d'abord, et celui de son père ensuite) est engagé par le Ministère de la Marine pour sonder les côtes afin de mesurer la profondeur de l'eau dans le but d'éviter que les bateaux ne s'échouent ou ne heurtent un rocher. Lars a sa sonde, il dort même avec. Il faut tracer la cartographie des routes militaires, Car nous sommes au tout début de la 1ère guerre mondiale, en octobre 1914. Lars est marié depuis peu à une dénommée Kristina Tacker (qui a gardé son nom de jeune fille) mais il est très seul. Au détour de phrases et à mesure que le récit avance, on se rend compte que Lars est un dangereux malade mental. Son esprit est un gouffre sans fond comme les profondeurs qu'il mesure. Il est capable de crise de rage et de violence envers les hommes et les animaux (il tue un chat par exemple ou même un déserteur allemand) et puis plus rien, comme si de rien n'était, il pense à autre chose. Dès le début de sa mission, il se retrouve à accoster sur un îlot rocheux, Hallskär, où vit une jeune veuve, Sara Fredrika. Il a une relation intime avec elle, et même s'il est fascinée par cette femme, il ne l'aime pas vraiment. D'ailleurs, est-il capable d'aimer? A partir de là, il se met à mentir et à inventer des missions pour la rejoindre. Il ment à sa femme, il ment à la Marine, il ment aussi à Sara Fredrika (il dit qu'il est veuf). Il est aussi très jaloux. Mankell n'explique pas le comportement de Lars si ce n'est que cela remonte à son enfance et à ses sentiments envers son père. Mankell a un regard clinique sur son personnage. Sans avoir de l'empathie pour Lars, on a envie de lui dire d'arrêter d'agir comme il le fait. Mais il est pris dans un engrenage sans issue. C'est un roman qui se lit assez vite grâce à de courts chapitres. Malgré la noirceur de l'histoire et son côté étouffant, j'ai vraiment aimé.

PS: depuis ce billet, j'ai chroniqué deux autres romans d'Henning Mankell: Le cerveau de Kennedy et Les chaussures italiennes.

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