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Le blog de Dasola
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9 février 2009

Un Juif pour l'exemple - Jacques Chessex

Ce livre court (93 pages) publié aux éditions Grasset est sous-titré "roman" par son l'auteur, Jacques Chessex (âgé de 8 ans à l'époque où les faits se déroulent). Il raconte ce qui s'est passé le 16 avril 1942 dans la petite ville de Payerne, dans le canton de Vaud, en Suisse. Avec ce récit romancé, on découvre que, dans ce pays que l'on croit neutre et pacifique, un Juif, au moins, a servi de victime expiatoire. En effet, dès le début de la seconde guerre mondiale, Payerne se trouve confrontée au marasme économique qui dure depuis les années 30. En 1939, après plusieurs faillites d'usines, plus de 10% de la population est au chômage. On impute la faute aux nantis, c'est-à-dire aux Juifs et aux francs-maçons. L'antisémitisme est vivace dans certains cantons et il est exacerbé par quelques personnes dont un pasteur (cité par Chessex). Hitler et le nazisme ont de chauds partisans. Fernand Ischi, garagiste à Payerne mais ouvrier non-qualifié, gagne-petit, un raté mais un Don Juan auprès des dames, fait partie du Mouvement National Suisse (Extrême-droite). Il devient membre actif du parti nazi et apprenti Gauleiter. Influencé par le pasteur Lugrin cité plus haut, Ischi va organiser une expédition punitive pour faire peur aux Juifs parasites. M. Arthur Bloch, marchand de bestiaux cossu (et qui faisait des envieux) a le malheur d'être choisi pour servir de bouc émissaire. Cela aurait dû être le début d'une série. Arthur Bloch, Juif bernois pratiquant, se rend régulièrement dans des foires (dont celle de Payerne) pour acheter des bovins. Il est attiré dans un guet-apens dans une étable et abattu par Ischi et 4 autres hommes à sa solde. Pour faire disparaître le corps, ils le coupent en morceaux, dispersés dans 4 récipients et jetés dans le lac voisin. Les morceaux de cadavre seront retrouvés 8 jours plus tard. Les coupables sont arrêtés, jugés et condamnés à de lourdes peines. Car Jacques Chessex, témoin indirect, a romancé un fait divers réel. A l'époque, il avait comme camarades de classe la fille aînée d'Ischi, ainsi que le fils du gendarme qui a arrêté celui-ci et le fils du juge qui l'a condamné. 20 ans plus tard, Jacques Chessex va croiser le pasteur Lugrin qui ne montre aucun remords. Chassex se sent sali de l'avoir rencontré. La femme d'Arthur Bloch (qui mourra 5 ans après son mari d'absolu désespoir) a fait graver une phrase sur la tombe de son mari: "Gott weiss warum" (Dieu sait pourquoi). Chessex retrace avec talent et sobriété ce triste fait divers. Même si c'est de l'histoire ancienne, ce crime est impardonnable.

1 février 2009

La pluie, avant qu'elle tombe - Jonathan Coe

La pluie, avant qu'elle tombe (The rain, before it falls), voilà un titre qui sort de l'ordinaire. Ce bout de phrase constitue les derniers mots de ce roman de Jonathan Coe (Testament à l'anglaise, le Cercle fermé, Bienvenue au club) que je vous recommande vivement. Venant juste de paraître aux Editions Gallimard, c'est mon premier coup de coeur de l'année 2009. En Angleterre, dans le Shropshire, Rosamund, une vieille dame de 74 ans, vient de décéder. Sa nièce Gill trouve dans la maison de sa tante des cassettes audio que cette dernière a enregistrées juste avant de mourir (suicide?). Gill n'était pas la destinataire de ces cassettes. Dans ses dernières volontés, Rosamund les destinait à une certaine Imogen, sa petite cousine (et une de ses héritières), jeune fille aveugle que Gill avait rencontrée plus de 20 ans auparavant (Imogen est aujourd'hui introuvable). Rosamund avait une grande affection pour Imogen dont elle s'était un peu occupée pendant un temps. Ne pouvant résister à la tentation, Gill va écouter, en compagnie de ses deux filles, les cassettes qui retracent l'histoire de trois générations de femmes faisant partie de leur famille. Pour ce faire, Rosamund s'est aidée de 20 photos qu'elle décrit le plus précisément possible et qui lui permettent d'égréner ses souvenirs. Ce procédé fait que le récit est écrit sur un mode subjectif en discours indirect, nous n'avons que le seul point de vue de Rosamund, une femme qui préférait les femmes aux hommes. Durant la description narrative des photos, nous faisons connaissance avec la cousine germaine de Rosamund, Béatrix (enfant mal-aimée), mère de Théa (guère mieux traitée), et grand-mère d'Imogen (rendue aveugle par sa mère). L'histoire commence en 1940 (juste avant le Blitz sur Londres). En Angleterre, des centaines d'enfants étaient évacués de la région de Londres et confiés temporairement à des familles d'accueil. La 20ème et dernière photo a été prise pour les 50 ans de Rosamund en 1984. Je précise qu'avec toutes ces explications, je n'ai rien dévoilé des révélations qui émaillent le récit. J'ai vraiment été émue par ce roman de 250 pages, haletant de bout en bout, et qui s'avale d'une traite. Lisez-le, c'est une vraie réussite.

29 janvier 2009

L'amie du diable - Peter Robinson

C'est la première fois que je participe au tirage au sort de Masse critique Babelio. Dans la liste disponible, j'ai choisi ce roman policier car j'apprécie le personnage de l'inspecteur Alan Banks qui mène des enquêtes criminelles dans le Yorkshire, région des soeurs Brontë. L'amie du Diable vient de paraître en 2009 dans la série "Spécial suspense" d'Albin Michel. Je dis tout de suite que ce n'est pas le roman de Peter Robinson que j'ai préféré. Alan Banks est divorcé, avec deux grands enfants (schéma matrimonial récurrent de ce genre de polar: John Rebus chez Ian Rankin, Erlandur chez Indridason, etc.). Dans un des livres précédents, il a eu une relation sentimentale avec l'inspectrice Annie Cabott. Mais cette liaison ne s'est pas très bien terminée. Quand le roman débute, le corps d'une jeune femme violée et tuée est retrouvé dans une arrière-cour (Banks est chargé de l'enquête avec son équipe dont une grande jeune femme noire, déjà présente dans des enquêtes précédentes). Dans le même temps, au bord d'une falaise, une jeune femme tétraplégique est en train d'être picorée par des mouettes après avoir été égorgée avec un scalpel, c'est elle, l'amie du Diable (je ne dévoile pas grand-chose puisque cela nous est dit dans le début du roman). Le Diable en question est un homme qui avait violé, torturé et tué 5 jeunes femmes quelques années auparavant. Mariée avec cet homme, et accusée d'avoir été sa complice, Lucy Payne (tel est son nom) s'est jetée par une fenêtre au moment de son arrestation, d'où sa tétraplégie. Les deux crimes ne semblent avoir aucun rapport l'un avec l'autre. D'ailleurs le récit se déroule alternativement entre les deux enquêtes. Je ne vous dévoilerai bien évidemment rien de la conclusion de l'histoire mais je répète que j'ai connu Peter Robinson plus inspiré dans Saison sèche, Froid comme la tombe, Beau monstre, Ne jouez pas avec le feu. Si vous voulez vous familiariser avec Banks et le Yorkshire et avoir une bonne opinion de Peter Robinson, commencez par les titres cités ci-dessus.

21 janvier 2009

Polars québécois

Je vais évoquer quatre polars québécois, dont trois que j'ai achetés à la librairie du Québec située à Paris. Ceci fait suite à mon voyage au Canada effectué au mois de septembre 2008. Dans les quelques librairies où j'avais fureté (surtout dans la ville de Québec), j'avais découvert la grande richesse de la littérature québécoise au point de vue romans (policiers ou non).

La mue du serpent de terre de Benoît Bouthillette, Editions de la Bagnole, collection Parking (cela ne s'invente pas). Cette expression "Le serpent de terre" désigne, dans le roman, le métro montréalais. Benjamin Sioui, un policier amérindien, enquête sur "le suicide" d'une grand-mère "écrapoutie" (réduite en bouillie) qui se serait jetée sous une rame. L'intrigue est simple, mais c'est la langue qui ne l'est pas, avec les expressions québécoises, les tournures de phrases qui sont longues. Quand on l'a lu une fois (122 pages), cela vaut la peine de le reparcourir. Le roman est une "novella policière", selon ce qui est écrit sur la couverture.

Rouge idéal de Jacques Côté (Editions Alire) est en format de poche avec une jolie couverture "gothique". Le roman fait 430 pages. Jacques Côté situe son histoire dans la "vieille capitale", Québec. Daniel Duval, inspecteur de la Sûreté, mène l'enquête. D'après la 4ème de couverture, ce n'est pas la première enquête de cet inspecteur. Il a un coéquipier cloué dans un fauteuil roulant depuis une précédente aventure. Ce polar est d'une lecture agréable avec quelques incursions en salle d'autopsie dignes de Patricia Cornwell. Une oeuvre comme les Fleurs du mal de Baudelaire a une importance. Depuis que j'ai visité la ville de Québec, les noms de lieux évoqués comme le carré d'Yiouville me disent quelque chose. C'est d'une lecture plus classique que La mue... évoqué au-dessus.

Je finis avec L'ennui est une femme à barbe et Cadavres de François Barcelo (Gallimard Série Noire). Les deux romans se passent dans la province de Québec. L'ennui est une femme à barbe débute ainsi: "Ca commence mal: je me marie dans une demi-heure. Cela ne me tente pas tellement. Et si je peux vous parler franchement, cela ne me tente pas du tout. De me marier pour commencer. Avec Eliane, pour continuer. Mais je pense que cela serait pareil avec n'importe qui ou presque." Pour Cadavres: "Savez-vous quand j'ai commencé à regretter la mort de ma mère? C'est quand les premières gouttes de pluie se sont mises à dégouliner par le trou de balle dans le toit de la Pony [marque d'une voiture]". Dans les deux romans, le narrateur est le héros de l'histoire. Dans L'ennui..., il s'appelle Jocelyn Quévillon. Dans Cadavres, il se nomme Raymond Marchildon et il est narrateur jusque dans l'au-delà, après avoir été tué et enterré par sa soeur Angèle dans la cave d'un pavillon où cinq autres cadavres sont en train de pourrir. Cadavres est aussi le titre d'une émission télé dans lequel Angèle a plus brillé par son physique que par son talent. Les deux héros, Jocelyn et Raymond, sont des vrais "loosers", chômeurs mais qui prennent la vie comme elle vient. Ils sont attachants et pourtant... En revanche, les femmes n'ont pas vraiment le beau rôle: un peu castratrices. J'ai encore deux autres romans de François Barcelo à lire: Chiens sales ("chiens" pour nos "poulets" [flics]), et Moi, les parapluies... toujours dans la Série Noire Gallimard. Je vais m'y employer sous peu. (chroniqués le 01/03/2009)

13 janvier 2009

Duel en enfer - Bob Garcia

Premier livre lu parce que je suis identifiée en tant que blogueuse. Après les attachées de presse qui m'invitent à des avant-premières de films, les attachées de presse qui me proposent l'envoi de livres! Evidemment, la règle du jeu est d'en faire un billet. Je précise que je me considère comme tout à fait libre de dire ce que je pense réellement du livre, après l'avoir lu (lecture à laquelle je ne me serai sans doute pas astreinte autrement). Et si cela doit risquer d'entraîner l'arrêt de ce genre de proposition, tant pis... En ce qui concerne ce livre, Duel en enfer, il est paru aux Editions du Rocher. La bande rouge sur la couverture annonce: "Sherlock Holmes contre Jack l'Eventreur". Bien que ce roman se lise vite parce que le sujet est passionnant, il faut noter que l'ensemble manque de distinction dans le style imagé et souvent cru et dans certaines situations où les personnages se trouvent confrontés au sordide et au graveleux. On est loin du côté implicite et "bien élevé" des romans de Conan Doyle écrits à la fin du 19ème siècle. Tout est explicite. Bob Garcia en rajoute peut-être pour faire "moderne", cela fait "trash" comme on dit aujourd'hui. La limite de ce genre d'exercice, c'est de faire intervenir un personnage de fiction dans un fait divers réel. On n'est pas loin du pastiche. Au début de l'histoire, Holmes est mort depuis un moment et Watson a créé une fondation. Il se laisse convaincre, moyennant finance, de confier une partie de son journal inédit dans lequel est narrée l'enquête qu'ils (Holmes et Watson) ont menée d'août à novembre 1888 pour trouver qui était Jack l'Eventreur. Ce "journal" fait la part belle à la libido et aux cauchemars du pauvre docteur. Toujours est-il que quand je suis arrivée à la fin du roman qui nous délivre une thèse sur l'éventreur moyennement satisfaisante (en ce qui me concerne), je me suis dit que j'allais me replonger dans les aventures de Sherlock Holmes, ce dernier ayant été créé sous la plume de Conan Doyle en 1887 (un an avant l'affaire "Jack l'Eventreur"), mais aussi relire des ouvrages sur les thèses concernant Jack l'éventreur, et également regarder à nouveau les aventures de Sherlock Holmes filmées pour la télé avec l'acteur Jeremy Brett (dans le rôle du détective), à qui Bob Garcia dédie son ouvrage. J'ai en tout cas découvert après une petite recherche suite à la lecture de ce roman qu'il y avait eu un film (que je n'ai pas vu), Sherlock Holmes contre Jack l'Eventreur, de James Hill (1965); et qu'allait sortir au mois de mars 2009 avec ce même titre un jeu vidéo (je n'y joue pas).

5 janvier 2009

L'étage de Dieu - Georges Flipo

Suite à mes vaines recherches pour acheter dans une librairie L'Etage de Dieu aux éditions Jordan (2006), l'auteur m'a gentiment proposé de me l'envoyer. J'ai reçu l'ouvrage accompagnée d'une jolie dédicace. Merci Georges. J'avais décidé de le lire au vu du titre, et du sous-titre "Douze nouvelles à la gloire de la libre entreprise". J'ai vraiment beaucoup aimé le recueil dans son ensemble. Les nouvelles varient entre 7 et 15 pages. L'étage de Dieu est le titre de la première nouvelle. L'étage en question est le dernier d'un immeuble tout entier occupé par une société. Au septième se trouve le bureau du président, Achille Theodos (incarnation de Dieu), et plus loin se situe LA salle fermée à double tour où se dissimule peut-être un lourd secret. Tanguy, un jeune loup qui a gravi tous les échelons et les étages dans la hiérarchie, veut connaître le secret derrière la porte de LA salle: mal lui en prendra de le faire. Avec cette nouvelle, j'en retiens trois autres assez jubilatoires dont deux dans lesquelles les femmes sont les personnages déterminants. La première des trois s'appelle Dans la chaleur de la doc. Ce titre a une connotation un peu licencieuse pas du tout usurpée. Sophie, la responsable de la documentation, déploie des trésors d'imagination littéraire pour empêcher que son service ne disparaisse pour raison budgétaire. Pour Ad nutum (d'un signe de tête), Stéphanie Bouchard, directrice de marketing d'une compagnie (d'assurances?) rachetée par les Américains, deviendra calife à la place du calife, grâce à une lettre qu'elle envoie à un marionnettiste (avec 2 "n"). La troisième nouvelle, Le passage du Sphinx, met en scène Tzoum, diminutif de Hampartzoum (Ascension en arménien) Ter-Hovhannisian qui vient d'être admis à la Division des Produits Laitiers (avec des majuscules svp) de la société Compalim. Il n'est "que" diplômé d'une école de commerce de province alors que ses "gentils" collègues sortent de grandes écoles parisiennes. Tzoum a de bonnes idées mais il est en butte à la condescendance des autres. Le sphinx du titre est le patron omnipotent de la Compalim. C'est une exposition du peintre Vuillard qui permettra de "booster" la carrière de Tzoum, je ne vous dirai pas comment. Les huit autres nouvelles sont aussi réussies avec presque toujours des personnages principaux moins chanceux. La vie de l'entreprise n'est pas une sinécure. Pas de pitié pour les faibles! J'imagine très bien des films tirés de ces histoires. Le style des nouvelles est une fois de plus enlevé, pas un mot de trop. Georges Flipo va à l'essentiel. C'est un véritable plaisir de lecture. Le recueil a reçu un prix littéraire "A la découverte d'un écrivain du Nord-Pas-de-Calais". D'ailleurs l'avant-dernière nouvelle, Van Dupont, se passe à Lille. Messieurs les éditeurs, refaites paraître cet ouvrage! Il le mérite.

17 décembre 2008

Voyage dans le passé - Stefan Zweig

Cette nouvelle (qui était inédite en français) vient d'être éditée en édition bilingue (Editions Grasset, 11 euros). Le texte traduit en français (90 pages) est précédé d'une introduction du traducteur et suivi du texte original en allemand (70 pages). Le voyage dans le passé a été écrit vers 1929 et publié dans un recueil collectif. Un homme et une femme se retrouvent dans un train (où ils se sont donné rendez-vous). Ils ne se sont pas vus depuis 9 ans ("4000 jours et 4000 nuits"? - "neun Jahre, viertausend Tage, viertausend Nächte"), mais se reconnaissent immédiatement. Une guerre mondiale (1914-1918) les a séparés. Neuf ans plus tôt, elle (Zweig ne donne ne donne ni nom ni prénom aux deux protagonistes) était mariée à un conseiller, directeur d'une usine à Francfort; lui (issu d'un milieu pauvre et modeste) arrive à s'en sortir grâce à sa persévérance et de brillantes études en chimie. Il devient le secrétaire particulier (sorte de bras droit) du conseiller. Il est reçu et même logé par le couple. C'est pendant cette période de quelques mois qu'elle et lui se côtoient, s'apprécient et tombent amoureux l'un de l'autre. Quelques mois plus tard, lui ne peut pas refuser une proposition intéressante pour sa carrière, il est envoyé pour deux ans dans une usine d'outre-mer au Mexique pour superviser des recherches. La séparation est douloureuse mais deux ans peuvent passer vite. Hélas, la guerre mondiale est déclarée, il ne peut pas revenir en Europe. De fil en aiguille, le souvenir, le visage, la voix de la femme aimée s'estompent. Il fait sa vie, se marie et devient père de famille. Revenu en Europe, il veut quand même la revoir. Mais ces neuf ans ont tout changé. Cette nouvelle trace un très beau portrait de femme amoureuse au comportement admirable même si c'est l'homme dont on suit le parcours pendant ces neuf ans. Le récit est sobre, sans fioriture, et se résume dans les deux vers de Paul Verlaine que Stefan Zweig a repris de mémoire dans les dernières pages: "dans le parc solitaire et glacé, deux spectres cherchent le passé". Dans le texte original du recueil "Colloque sentimental", les deux spectres "ont évoqué le passé". Comme j'ai un minimum de notions d'allemand, j'ai un peu parcouru le texte, c'est beau à lire, et intéressant de comparer la VO avec la VF. Et puis c'est émouvant de découvrir un texte inédit d'un grand écrivain.

3 décembre 2008

Synghé sabour - Atiq Rahimi

Très très beau roman qui ressemble à un poème et que je verrais bien adapté au théâtre. Synghé sabour - pierre de patience est un livre brûlant de la rage d'une femme (dont on ne connaîtra jamais le nom) qui veille son mari. Celui-ci a été atteint d'une balle dans le bas de la nuque. Il n'est pas mort mais dans une sorte de coma. Dans leur maison, la femme le soigne comme elle le peut avec des perfusions d'eau sucrée. Le temps ne se compte pas en minutes ou en heures, mais avec les souffles de l'homme inconscient ou les grains de chapelet qui passent entre les doigts de la femme à mesure qu'elle prie, le Coran à ses pieds. Dehors, il y a des combats, il y a la guerre civile. Une des exergues du récit est une dédicace à une jeune poétesse afghane sauvagement assassinée par son mari. Pendant ce court roman ou récit (selon l'auteur), la femme est vindicative, elle dit ses frustrations. Elle dévoile quelques secrets bien gardés tous plus terribles les uns que les autres car ils pourraient mettre sa vie en danger (étant une femme dans un monde musulman). Elle se sert de ce gisant comme de "synghé sabour" (pierre de patience) c'est-à-dire une pierre magique dans la mythologie perse. On pose la pierre devant soi pour déverser ses malheurs, ses souffrances, ses douleurs, ses misères... La pierre écoute, absorbe comme une éponge tous les mots, tous les secrets jusqu'à ce qu'un beau jour elle éclate... Et ce jour-là, on est délivré. Je recommande vraiment ce magnifique texte qui se lit assez vite, il n'y a que 150 pages. Pour une fois, le prix Goncourt n'est pas usurpé. J'ai choisi de lire ce roman parce que justement il est court; que je suis admirative qu'un auteur d'origine afghane ait choisi d'écrire en français alors que ce n'est pas sa langue maternelle; et qu'Atiq Rahimi a réalisé un film que j'ai vu (et que je recommande), Terre et Cendres (2004). Chiffonnette dit du bien de ce roman.

17 novembre 2008

Mère disparue - Joyce Carol Oates

Après Florinette qui a aimé, je voulais faire un billet sur ce roman de Joyce Carol Oates (dédié à sa mère?). Mis en valeur dans ma librairie favorite, Mère disparue est paru en édition de poche Points Seuil. Cette histoire ne peut que vous toucher. En ce qui me concerne, certains passages m'ont rappelé des souvenirs personnels. L'histoire commence le jour de la fête des Mères 2004 dans la petite ville américaine de Mont Ephraïm au 43 Deer Creek Drive. Nous sommes dans la région du Lac Erié (d'où est issue J. C. Oates). A l'occasion de cette fête, Gwen (Gwendolyn) Eaton, veuve depuis 4 ans, reçoit des amis et ses deux filles: l'ainée, Clare, la quarantaine (professeur de lycée), mariée et deux enfants, et Nikki (Nicole), 31 ans (journaliste), qui a une coiffure "Punk" et un amant déjà marié. Deux jours plus tard, Nikki retrouve sa mère morte dans le garage de la maison. Gwen a été poignardée. On retrouve assez vite l'assassin (ce n'est pas cela l'important). Tout le roman (qui se déroule sur un an) est narré du point de vue de Nikki qui, avec ce drame, va radicalement changer en découvrant l'histoire de sa mère dont elle ignorait beaucoup de choses. Nikki retrouve même dans le grenier des lettres d'un amour de jeunesse qui s'est mal terminé. Le surnom de Gwen était "Plume", non parce qu'elle était légère mais parce que, pendant son enfance, elle essayait de ne pas se faire remarquer. Gwen s'occupait beaucoup des autres et restait toujours optimiste. Nikki, comme par mimétisme ou identification, se met à reproduire des gestes ou des actions de sa mère: fabriquer du pain, visiter des personnes âgées, etc. Elle en vient à vivre au 43 Deer Creek Drive avant que la maison ne soit vendue. Elle va aussi évoluer et peut-être mûrir dans ses liaisons sentimentales. En revanche ses relations avec sa soeur sont houleuses. Sous la plume de Joyce Carol Oates, Clare semble peu sympathique, mais pour elle aussi, sa vie est bouleversée car elle se sépare de son mari. Le roman en poche fait 513 pages. Il se lit très vite, sans ennui. On pourrait s'attendre à une suite. Pour ma part, c'est le premier de Oates que je lis. Je le recommande.

7 novembre 2008

Courir - Jean Echenoz

Ce roman, Courir de Jean Echenoz (Editions de Minuit), vaut 13,50 euros. C'est cher au vu du temps passé à le lire (2h15 chrono pour 142 pages), mais je ne regrette pas un centime de mon achat car quel bonheur de lecture grâce à un style fluide. C'est superbe! L'histoire débute quand la Tchécoslovaquie est envahie par l'Allemagne en 1939-1940 et s'achève en 1968 lorsque les Russes écrasent la révolte à Prague. Entre les deux, le romancier nous parle d'un Tchèque, Emile, qui a eu d'abord le choix entre travailler dans une usine de voitures ou dans une de chaussures. Après tout, les deux servent à avancer! Emile se met à travailler chez Bata, les chaussures. Afin de promouvoir sa marque, l'entreprise se sert de la publicité et se met à sponsoriser une équipe de football. Elle organise aussi une course à pied avec des coureurs qui portent son nom sur leur maillot. Emile déteste le sport mais il découvre que la course à pied lui plaît bien. Il s'entraîne pour son plaisir d'abord, puis il concourt pour son pays. Il a une manière bien à lui de courir en faisant n'importe quoi avec les bras. Pendant 6 ans,  entre 1948 et 1954, il sera considéré comme l'homme le plus rapide sur la Terre. Il récoltera de nombreuses médailles (d'or et d'argent) aux JO de Londres (1948) et d'Helsinki (1952) aux 5000 m et 10000 m. Il court aussi quelques marathons. A Melbourne (1956), c'est le début de la fin. Entretemps, il connaît les vicissitudes d'être un sportif dans un pays de l'ex-bloc communiste. Il se marie avec Dana. Echenoz nous fait connaître, à la page 93, le nom de famille d'Emile. Il est connu. J'ai appris qu'Emile parlait russe, allemand, anglais, français. C'était un brave gars, Emile. Il a terminé sa carrière comme archiviste au centre d'information des sports. Si vraiment vous n'avez pas les moyens de l'acheter, empruntez ce livre, faites-vous le offrir à Noël, que sais-je, mais lisez-le.

PS: Comme le fait remarquer Saxaoul ci-dessous, Amanda en dit aussi beaucoup de bien.

25 octobre 2008

Sur la plage de Chesil - Ian McEwan

J'attendais avec impatience le dernier roman de McEwan. Après Délire d'amour, Expiation et Samedi, qui m'avait tellement plu (mon billet du 21/07/2007), j'ai été un peu déçue. Roman en demi-teinte, Sur la plage de Chesil (éditions Gallimard) se passe en 1962, en Angleterre dans le Dorset. Edward et Florence, vierges jusqu'au jour de leur mariage, doivent passer leur nuit de noces dans un hôtel en bord de mer. Le fiasco est total. Edward et Florence se séparent et le mariage est annulé. Ils n'étaient pas faits l'un pour l'autre. Lui la désirait, elle se serait contentée tout au moins au début d'une relation chaste, l'acte sexuel semble la dégoûter. Et pourtant leur rencontre fut belle. Florence est musicienne classique, lui préfère le rock. L'intrigue n'est pas forcément originale. McEwan l'aurait située de nos jours, au même endroit, on n'y aurait pas cru. L'histoire se passant il y a 46 ans, je comprends que dans ces années-là, les jeunes gens n'étaient pas tous préparés à cette nuit fatidique. Pour ma part, j'ai du mal à comprendre ce qu'a voulu nous dire le romancier, car, à part le fait de nous décrire un beau gâchis qui a changé à tout jamais deux êtres, le récit descriptif reste neutre. Aucune explication ne nous est donnée. Le romancier nous fait le constat d'un échec. Remarque personnelle, cela pourrait faire un très bon film. Voir l'avis de Dominique.

21 octobre 2008

Votre chat vous aime-t-il vraiment? - Eric Emmanuel Schmit

J'ai terminé la lecture, il y a quelques jours, de cette nouvelle charmante qu'a priori vous ne trouverez pas dans le commerce. C'est un supplément qui est joint quand on achète le DVD Odette Toulemonde (paru en novembre 2007) du même auteur (cf. mon billet du 12/02/2007). L'écrivain narrateur sort ses trois molosses Thermidor, Boris et Hugo pour leur faire faire leur besoin. Des affichettes sont placardées sur les parcmètres de son quartier avec cette phrase: "Votre chat vous aime-t-il vraiment?". Cela l'intrigue et il mène son enquête. En quelque 40 pages de ce petit fascicule, nous sommes pris à témoin de ce que peut accomplir un peu de solidarité. Et la réponse finale est que, oui, le chat aime vraiment... Je n'en dirai pas plus sinon que mon ami m'en a dit que cela l'a un peu fait penser à Dialogue avec mon jardinier, ou encore à Amélie Poulain (quelles références!).

17 octobre 2008

Arlington Park - Rachel Cusk

Arlington Park de Rachel Cusk paru aux éditions de l'Olivier (1) en 2007 avait déjà attiré mon attention: il avait été mis comme "coup de coeur" dans ma librairie (aujourd'hui, après lecture, je dirais que, pour une fois, c'était justifié). De nouveau, il a été bien mis en valeur cette année pour sa parution en édition de poche Point Seuil. Je l'ai acheté et vient de le lire. Ce roman, c'est 263 pages d'instants de vie de quelques femmes, la trentaine, mères de famille à Arlington Park dans la région de Londres. Cela m'a fait penser de loin à "Desesparate Housewives". Mais c'est beaucoup moins drôle (cette remarque n'est pas négative, bien au contraire). La présentation/introduction du roman sort de l'ordinaire: il pleut à verse. Rachel Cusk, dont c'est le premier roman traduit en français, nous décrit cette ville bourgeoise sous l'eau. Tout est trempé. Avec son style serré, on le sent bien. Le roman est ramassé et on ne peut pas le lire en diagonale. Toutes les phrases sont essentielles. La moitié du roman qui se déroule sur 1 ou 2 jours se passe par temps de pluie. Les 7 ou 8 chapitres du roman nous font faire la connaissance de Christine, Maisie, Juliet, Maggie, Amanda, Solly (Solange) ainsi que de leur conjoint respectif en arrière-plan. Leurs vies d'épouse et de mère sont décrites comme une sorte d'aliénation, on les sent prisonnières de leur état. Pour la plupart, elles dépendent du mari du point de vue financier, elles s'occupent des enfants: pas moins de 2 pour chacune. Une en est à sa 4ème grossesse, une autre à sa 3ème. Elles se fréquentent les unes, les autres en se rencontrant chez l'une ou l'autre ou devant l'école, ou bien alors en allant à la galerie commerciale (qui se trouve dans une zone moins huppée). Certaines sont un peu "souillons" dans la tenue de leur intérieur. Maisie, par exemple, est dépressive. Les maris ne sont pas tous d'une grande aide. Quand le roman s'achève, on peut penser qu'il pourrait y avoir une suite. Remarquable de bout en bout, je recommande Arlington Park parce qu'il m'a vraiment beaucoup plu. J'attends le prochain roman de Rachel Cusk avec impatience.

(1) et non aux éditions Metailié, erreur que Cuné m'a fait remarquer avec justesse dans son commentaire ci-dessous.

7 octobre 2008

Qui comme Ulysse - Georges Flipo

Mon cher G. Flipo (j'ose cette familiarité), je viens de lire les nouvelles qui composent Qui comme Ulysse et je constate que tout ce que vous racontez n'est pas gai. Très bien écrites et structurées, elles se lisent avec plaisir pour le style mais avec tristesse et effroi pour ce que narrent certaines. Vous devriez envoyer vos doléances à Mme Anne Carrière car je n'ai pas compris le texte de présentation de la 4ème de couverture, il ne donne pas forcément envie de lire les nouvelles (il ne leur rend pas non plus hommage, elles sont beaucoup mieux). Pour ma part, il n'est pas facile d'en parler. Les 14 nouvelles sont toutes très différentes dans ce qu'elles racontent. Le voyage sous toutes ses formes et surtout les expériences (souvent tragiques) que les personnages en tirent, tel est le thème central de l'ensemble des nouvelles. La plupart des personnages ne font pas des voyages d'agrément. Ce ne sont pas non plus des voyages reposants, parfois ce sont des punitions, ou alors on peut les assimiler à des fuites de quelque chose. J'ai ressenti un certain désenchantement et l'âme humaine n'est pas toujours décrite sous son meilleur jour. Dans le dernier récit, "Rapace", le narrateur/écrivain "voyage" en faisant parler des gens, tire "la substantifique moelle" des pensées de chacun et s'en inspire pour écrire une oeuvre de création. Dans "la route de la soie", un peu comme Jules Verne, Joseph qui ne quitte pas son "chez-lui" pour rédiger son blog voyage entouré de tous ses guides "papier" provoque une certaine confusion chez les "globe-trotter". Pour ma part, lors de mon voyage en Argentine en 1999, j'ai eu le coup de foudre pour ce pays. Et j'ai donc bien apprécié les 4 nouvelles qui s'y situent ou qui mettent en situation des ressortissants de ce beau pays. Nous avons, par exemple, un romancier argentin exilé en France dans "Qui comme Ulysse", qui suite à une panne d'inspiration, se retrouve à faire des "empanadas" (spécialité argentine). "Nocturne" et "Un éléphant de Pattaya" (les deux se passent en Asie, en Inde et en Thaïlande) sont à mon avis les nouvelles les plus terribles du recueil, l'une sur le comportement humiliant des Occidentaux envers les autochtones, l'autre sur le tourisme sexuel (sans beaucoup de mauvaise conscience). Mon cher G. Flipo, je vous avais découvert grâce à votre blog, maintenant ce livre confirme votre talent d'écrivain qui sort des sentiers battus.

25 septembre 2008

Une brève histoire du tracteur en Ukraine - Marina Lewinka

J'ai acheté Une brève histoire du tracteur en Ukraine de Marina Lewinka à cause du titre qui m'a intriguée et qui était classé dans les romans. Après avoir lu la 4ème de couverture, j'ai vraiment eu envie de le lire vite. En Angleterre, deux soeurs d'origine russe (comme l'auteure du roman), qui ne s'entendent pas, s'allient pour éviter qu'un événément cataclysmique ne provoque le chaos: leur père de 84 ans se marie avec une Ukrainienne de 36 ans à la poitrine en ogive nucléaire. Nadia, la plus jeune (la cinquantaine), est mariée avec Mike et a une fille. Vera, l'aînée, divorcée, a deux filles. Elles ont dix ans d'écart et les questions d'héritage (suite au décès de la mère) et d'autres plus anciennes (qui remontent à la 2ème guerre mondiale) les séparent. Mais là, l'ennemie est à leur porte en la personne de Valentina (accompagnée de son jeune fils), qui, par le mariage, espère obtenir leur naturalisation anglaise et obtenir de l'argent de Nikolaï. Le père de Véra et Nadia, veuf depuis 2 ans et ancien ingénieur, écrit sur une histoire du tracteur en Ukraine. Tout ne se termine pas si mal. J'ai été un peu freinée dans ma lecture par le dialogue oral qui contient des erreurs syntaxiques volontaires prononcées par certains personnages principaux qui appréhendent mal la langue anglaise (la traductrice a fait de son mieux pour cette retranscription en français). Ceci mis à part, ce roman est une agréable découverte.

29 août 2008

La Dame sans terre - Andrea H. Japp

Je me suis retrouvée au temps de Philippe IV le Bel, en 1304,  grâce à la Dame sans terre d'Andrea H. Japp, publié en livre de poche, en 3 volumes (dont les sous-titres sont Les chemins de la bête, Le souffle de la rose et Le sang de grâce). Agnès de Souarcy, jeune veuve qui s'occupe d'un petit domaine dans le Perche, se trouve impliquée à son corps défendant dans une histoire mystérieuse où le Vatican, les Templiers, les Hospitaliers, l'Inquisition médiévale (différente de l'Inquisition espagnole plus sanglante) et un couvent proche jouent un rôle. Dans cette abbaye de femmes de Clairets se trouve une bibliothèque secrète (connue de la seule abbesse) qui contient des merveilles parfois dangereuses et des révélations cosmiques et astrologiques qui peuvent ébranler les fondements de l'Eglise. Agnès a une fille, Mathilde, 11 ans et demie (qui cherchera à lui nuire), ainsi qu'un fils, Clément, 10 ans, qu'elle a recueilli après que la mère (suivante d'Agnès) soit morte en couches. Agnès est harcelée par Eudes, son demi-frère et suzerain direct, à l'attitude incestueuse (c'est d'ailleurs lui qui la fait se retrouver dans une des prisons de l'inquisition dans l'attente d'être interrogée par le grand inquisiteur, Nicolas Florin). Pendant cette année-là, le pape Benoît XI vient de mourir au bout de 8 mois de pontificat (empoisonné par des dattes et des figues). La succession est ouverte. Le roi Philippe IV le Bel (avec l'avis de son conseiller Guillaume de Nogaret) désire donner son avis sur le successeur papal quitte à faire élire quelqu'un "à sa botte" (Ce sera d'ailleurs le cas avec Bernard de Got - devenu Clément V). Car il ne veut plus d'un pape comme Boniface VIII (prédécesseur de Benoît XI) qui souhaitait élever la puissance spirituelle au-dessus de la puissance temporelle, et prétendait disposer des trônes. Pendant ce temps, toujours à Rome, le camerlingue Honorius Benedetti (qui n'est pas étranger à la mort du défunt pontife), se croit chargé d'une mission divine. Pour ce faire, il se sert des talents de meurtrière et d'empoisonneuse ("enherbeuse" selon le terme médiéval) d'une femme à la beauté époustouflante, Aude de Neyrat (qui fut sa maîtresse), pour éliminer Agnès de Souarcy, et par la même occasion récupérer certains manuscrits de l'abbaye. Heureusement qu'Agnès a des alliés précieux: Artus, comte Authon, veuf, suzerain d'Eudes (et arrière-suzerain d'Agnès) qui tombe raide amoureux de cette dernière; Francesco Leone, chevalier hospitalier; et même Clément.
Pendant les trois volumes, on apprend à connaître les personnages et les liens qui les relient. J'ai beaucoup appris sur les poisons. Andrea H. Japp a dû prendre du plaisir à en parler, elle est toxicologue de formation. A la fin de chaque volume, une brève annexe historique (passionnante) parle de certains événements ou personnages évoqués tandis qu'un glossaire rappelle certains termes de poids et mesures. A la fin du 3ème volume s'ajoute une bibliographie des livres les plus souvent consultés. Les trois romans forment un tout indissociable et il faut les lire dans l'ordre. J'ai été tentée de lire cette trilogie car cela se passe à une époque passionnante de l'histoire de France que j'ai découverte avec les Rois Maudits de Maurice Druon et la série télé de Claude Barma. C'est le premier roman que je lis de cette auteure qui situe en général ses intrigues de nos jours. Son incursion dans le passé est une réussite.

25 août 2008

Kafka sur le rivage - Haruki Marukami

Et un de plus que je viens de finir de ma PAL. Kafka sur le rivage est le titre du roman (plus de 600 pages) ainsi que le titre d'une chanson évoqué dans ce roman, et un des deux personnages principaux de l'histoire (un jeune homme de 15 ans) se prénomme Kafka. C’est la première fois que je lis un roman de Haruki Marukami, écrivain japonais, dont un grand nombre de blogueur(se)s ont parlé. Faire un billet sur ce livre n’est pas vraiment simple. Il faut, avant lecture, oublier notre côté cartésien français. Nous avons deux récits en parallèle. Dans le premier, Kafka Tamura vient de faire une fugue. Il s’est enfui de la demeure familiale à Tokyo où il vit avec son père (sculpteur de renom), qui lui a prédit une malédiction, celle d'Oedipe. Dans le deuxième, un certain Nakata (existe-t-il ?) est un vieil homme septuagénaire qui, dans sa jeunesse, en 1944, est tombé dans l'inconscience pendant une cueillette de champignons avec 15 autres enfants de son école. Quand il s'est réveillé (bien après tous les autres), il était devenu idiot comme il dit. Il ne savait plus lire, ni écrire mais quand le roman commence, il parle aux chats qui le comprennent en retour (c’est d’ailleurs son occupation favorite, retrouver les chats perdus), il peut aussi faire tomber du ciel des sardines et des maquereaux quand c’est nécessaire pour se défendre et c’est un excellent rebouteux. Les chapitres impairs narrent l’histoire de Kafka, les chapitres pairs, eux, narrent celle de Nakata. Ces deux personnages vont tous les deux (sans le savoir) dans la même direction. Après avoir regardé une carte géographique, Kafka se retrouve dans une petite ville, Takamatsu, dans laquelle se trouve une belle bibliothèque privée, et il y séjourne jusqu’à la fin de la partie qui le concerne dans le roman. Nakata, lui, après un acte horrible qu'il vient de commettre (il a tué un homme mangeur de cœur de chat et qui leur coupe la tête), est chargé d’une mission mystérieuse: trouver la "pierre de l'entrée" (du royaume des morts?). Sur son chemin (il ne sait pas où il va, mais il y va), Hoshino, un chauffeur routier, lui sera d’une grande aide. De son côté, Kafka fait la connaissance d’un homme (qui est en fait une femme), Oshima, employé de la bibliothèque et de Mlle Saeki, interprète de la chanson Kafka sur le rivage et directrice de cette même bibliothèque. Autant le récit souvent onirique et fantastique  de «Nakata» m’a touchée, intéressée (j’attendais avec impatience les chapitres le concernant), autant celui de Kakfa ne m’a pas «accrochée», je l’ai même trouvé long vers la fin. En revanche la traduction est fluide. Et comme il y a très peu de descriptions mais beaucoup de dialogues en style direct, Kafka... se lit relativement vite.

19 août 2008

Rouge-gorge - Jo Nesbo

Ouf, je suis presque arrivée au tiers de ma sélection de PAL (25 titres) en date du 24/10/2007, avec un 8ème titre lu et que je chronique aujourd'hui (mais, bien entendu, j'en ai acheté et lu ou stocké plein d'autres depuis lors!). L'auteur de Rouge-gorge est norvégien, et ce titre, le troisième que je lis de lui (après Les Cafards qui se passait en Thaïlande, et L'homme chauve-souris, qui se déroulait en Australie) met en scène une intrigue située pour une fois en Norvège.   Harry Hole, l'inspecteur de police, héros récurrent des romans de Nesbo, est affecté (suite à une bavure) dans une section parallèle qui mène des enquêtes sur le milieu néo-nazi. Toute une première partie du roman nous permet de remonter le cours de temps, plus exactement en 1942, à la bataille de Stalingrad jusqu'en 1944. Six jeunes Norvégiens se sont engagés dans la Waffen SS. Quelques-uns sont tués mais au moins deux reviennent blessés mais vivants. L'un des deux prend l'identité d'un mort pour éviter d'être pris comme déserteur. En 2000, lors de la fête nationale norvégienne qui est le 19 mai, un attentat contre le roi de Norvège se prépare. Un vieil homme (sur le point de mourir de maladie) est le tueur. Tout le roman nous fait comprendre le rapport qu'il y a entre ce qui s'est passé pendant la seconde guerre mondiale et les motivations du tueur. Jo Nesbo nous montre que les milieux néo-nazi se sont infiltrés dans la police. Roman qui tient en haleine (mais avec une intrigue un peu compliquée du fait de la subtilisation d'identité). J'ai néanmoins préféré ses deux précédents (peut-être faisaient-ils plus exotiques?). De toute façon, je vais continuer à suivre les enquêtes d'Harry Hole qui est un personnage attachant.

13 août 2008

Gomorra, dans l'Empire de la Camorra - Roberto Saviano

Comme promis dans mon billet du 19/07/2008 sur le film, voici ma chronique sur le livre de Roberto Saviano, Gomorra, Dans l'empire de la Camorra, très dense et étoffé. L'auteur nous plonge tout de suite dans le vif du sujet en commençant par nous parler du port de Naples devenu la plaque tournante de tous les trafics du monde entier. La Camorra (la mafia napolitaine) a la mainmise sur la drogue venant d'Amérique du Sud et sur sa transformation finale (dans des labos), les travailleurs clandestins, la contrefaçon (vêtements et accessoires), etc. L'enquête se finit par une description, qui fait froid dans le dos, du devenir des déchets toxiques d'une partie de l'Europe qui finissent dans les sous-sols de la magnifique province de Campanie (au mépris de toutes les lois en vigueur); et en attendant de trouver d'autres endroits, cela s'étend comme la gangrène, contaminant les terres (où poussent les arbres fruitiers et autres cultures) et faisant augmenter le taux de cancers chez les habitants. Je rappelle que la Campanie comprend Naples et sa région. Roberto Saviano ne révèle pas comment il peut donner autant de données précises sur ce qu'il raconte. Il nous croque la Camorra en panoramique en s'attachant à quelques "rouages" humains de cette machine inhumaine. J'ai eu l'impression qu'il se trouvait toujours sur le terrain au bon moment pour décrire les méthodes cyniques des trafiquants qui testent la drogue sur des héroïnomanes pour trouver les dosages optimums. Les Camorristes ont aussi des manières musclées voire sanglantes pour se faire attribuer des marchés publics immobiliers. Ils sont responsables du bétonnage de la région napolitaine et d'ailleurs. Les chiffres communiqués sont édifiants. Je comprends que Roberto Saviano ait désormais une garde rapprochée pour le protéger car il donne des indications vraiment précises et nominatives. Et quand on referme le livre, on ne regarde plus la mozzarella de la même façon puisque l'élevage des bufflones est aussi un des revenus conséquents de la Camorra.

31 juillet 2008

Le sixième crime - Sébastien Fritsch

Titre découvert sur le blog de son auteur qui a visité le mien (et chroniqué par Florinette), Le Sixième crime m'a énormément fait penser, pour une partie de l'intrigue, à Les romans n'intéressent pas les voleurs d'Alain Rémond (billet du 15/01/08). Mais à l'envers. Jérôme Balbanic, inspecteur à la police judiciaire de Lyon, vient enquêter à Pensegarde, petit hameau dans la Drôme, sur une série de cinq meurtres. Il raconte à son unique habitant qu'après beaucoup de recherches, de recoupements et autres, lui et son équipe se sont rendus compte que le meurtrier s'était inspiré des cinq livres écrits par un certain Jacob Lieberman, entre 1956 et 1960. Cet auteur a disparu sans laisser de traces. L'unique habitant de Pensegarde est un écrivain coupé du mondé appelé Lex (tout court) et l'inspecteur pense que ce Lex, grand prosateur de talent, peut l'aider à trouver le meurtrier et surtout à empêcher un sixième crime. On peut deviner rapidement que Lex et Jacob sont une seule et même personne. Toute l'énigme policière tourne autour de nombres et de lettres. L'inspecteur est un personnage essentiel de l'histoire. Je n'en dirai pas plus sur l'intrigue si ce n'est que le sixième crime n'est pas un crime de sang, et après tout, les cinq autres le sont-ils? Mon ami (qui a aussi lu le roman) m'a fait remarquer que ce hameau, qui est composé de plusieurs maisons vides et d'un seul habitant, serait un lieu idéal pour lui. Il pourrait changer de maison quand ça lui chante. Une personne viendrait s'occuper de l'entretien. Il n'y aurait pas de problème de voisinage. C'est une façon de voir que je ne partage pas. Le sixième crime aux éditions Pierregord (http://www.editionspierregord.com) se lit vite et avec plaisir (il fait 125 pages). Sébastien Fritsch semble un auteur prometteur à suivre.

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