L'étage de Dieu - Georges Flipo
Suite à mes vaines recherches pour acheter dans une librairie L'Etage de Dieu aux éditions Jordan (2006), l'auteur m'a gentiment proposé de me l'envoyer. J'ai reçu l'ouvrage accompagnée d'une jolie dédicace. Merci Georges. J'avais décidé de le lire au vu du titre, et du sous-titre "Douze nouvelles à la gloire de la libre entreprise". J'ai vraiment beaucoup aimé le recueil dans son ensemble. Les nouvelles varient entre 7 et 15 pages. L'étage de Dieu est le titre de la première nouvelle. L'étage en question est le dernier d'un immeuble tout entier occupé par une société. Au septième se trouve le bureau du président, Achille Theodos (incarnation de Dieu), et plus loin se situe LA salle fermée à double tour où se dissimule peut-être un lourd secret. Tanguy, un jeune loup qui a gravi tous les échelons et les étages dans la hiérarchie, veut connaître le secret derrière la porte de LA salle: mal lui en prendra de le faire. Avec cette nouvelle, j'en retiens trois autres assez jubilatoires dont deux dans lesquelles les femmes sont les personnages déterminants. La première des trois s'appelle Dans la chaleur de la doc. Ce titre a une connotation un peu licencieuse pas du tout usurpée. Sophie, la responsable de la documentation, déploie des trésors d'imagination littéraire pour empêcher que son service ne disparaisse pour raison budgétaire. Pour Ad nutum (d'un signe de tête), Stéphanie Bouchard, directrice de marketing d'une compagnie (d'assurances?) rachetée par les Américains, deviendra calife à la place du calife, grâce à une lettre qu'elle envoie à un marionnettiste (avec 2 "n"). La troisième nouvelle, Le passage du Sphinx, met en scène Tzoum, diminutif de Hampartzoum (Ascension en arménien) Ter-Hovhannisian qui vient d'être admis à la Division des Produits Laitiers (avec des majuscules svp) de la société Compalim. Il n'est "que" diplômé d'une école de commerce de province alors que ses "gentils" collègues sortent de grandes écoles parisiennes. Tzoum a de bonnes idées mais il est en butte à la condescendance des autres. Le sphinx du titre est le patron omnipotent de la Compalim. C'est une exposition du peintre Vuillard qui permettra de "booster" la carrière de Tzoum, je ne vous dirai pas comment. Les huit autres nouvelles sont aussi réussies avec presque toujours des personnages principaux moins chanceux. La vie de l'entreprise n'est pas une sinécure. Pas de pitié pour les faibles! J'imagine très bien des films tirés de ces histoires. Le style des nouvelles est une fois de plus enlevé, pas un mot de trop. Georges Flipo va à l'essentiel. C'est un véritable plaisir de lecture. Le recueil a reçu un prix littéraire "A la découverte d'un écrivain du Nord-Pas-de-Calais". D'ailleurs l'avant-dernière nouvelle, Van Dupont, se passe à Lille. Messieurs les éditeurs, refaites paraître cet ouvrage! Il le mérite.
Trois courts-métrages d'Harold Lloyd
Si vous passez par Paris, que vous soyez petits ou grands, allez voir trois courts-métrages d'Harold Lloyd qui sont projetés dans une belle salle Art et Essais, le "Grand Action" dans le 5ème arrondissement. Les 3 films, Get out and Get under (1920), The Eastern Westerner (1920) et Never Weaken (1921) narrent des aventures délirantes bourrées de gags visuels dans lesquelles the Boy (le garçon) (Harold Lloyd) est le héros récurrent. Il y a aussi the Girl (la fille) (Mildred Davis). Chaque aventure dure environ une vingtaine de minutes. Dans Get out and Get under, the Boy, acteur amateur, doit rejoindre un théâtre le plus vite possible (car il est en retard). Il doit jouer le rôle principal. Pour ce faire, il prend une voiture (genre torpédo d'époque) légèrement récalcitrante. Dans the Eastern Westerner, il est envoyé dans l'ouest du far west: the Boy est en costume de ville. Il sauve une jeune fille des griffes d'un homme, croise des "méchants" portant cagoules genre KKK, mais triomphe de toutes les embûches qu'on lui tend. Dans Never Weaken, à New-York ou une autre grande ville qui lui ressemble, the Boy veut se suicider croyant que sa belle est prête à convoler avec un autre. Il occupe un bureau dans un étage élevé d'un building, et on assiste pendant tout le film à ses tentatives ratées qui l'entraînent à des acrobaties vertigineuses. Je ne connaissais pas du tout, et cela a vraiment été une belle découverte. La salle était réceptive à ce qu'elle voyait à l'écran, les adultes comme les enfants. Harold Lloyd a un physique de "jeune premier" avec des lunettes, est plutôt bien habillé, et durant toutes ses (més)aventures, il ne perd rien de son assurance. Il n'est jamais une victime, il ne se laisse pas "démonter" comme on dit. Il se tire avec brio de toutes les situations. Harold Lloyd a créé un personnage très différent de Chaplin, de Buster Keaton ou de Laurel et Hardy.
Séraphine, l'exposition et son catalogue
Suite à ma découverte de cette artiste via le film éponyme (mon billet du 01/10/08), j'ai voulu aller voir l'exposition au Musée Maillol, à Paris, qui a débuté le 1er octobre 2008 (elle devait se terminer le 05/01/09, je viens d'apprendre qu'elle est prolongée jusqu'au 30/03/09). Le musée en lui-même est un très beau bâtiment. Les tableaux de Séraphine sont exposés au 2ème étage dans une grande salle. Près d'une vingtaine d'oeuvres y sont rassemblées. J'ai été frappée par les couleurs des tableaux. C'est presque éblouissant! Séraphine signait ses toiles "S. Louis" qui était son vrai nom. Les tableaux, pour la plupart de grande dimension, sont bien mis en valeur par des éclairages qui accentuent les couleurs vives (à une exception près pour une lampe qui se reflétait dans un tableau, obligeant à regarder l'oeuvre de côté). En revanche, quelle ne fut pas ma déception en achetant le catalogue dans la librairie attenante au musée. Il coûte 19 euros, il est imprimé en Italie et est publié par les éditions Gallimard. Après un texte de 3 ou 4 pages de présentation et un texte de Wilhelm Uhde (le "découvreur" de Séraphine), les oeuvres présentées sont toutes reproduites. Je les ai à peine reconnues. Les couleurs sont plus ternes les unes que les autres. C'est assez lamentable quand on pense à ce qui se fait aujourd'hui en qualité de photo numérique ou argentique. Preuve en est, deux charmantes visiteuses ont demandé la permission de photographier les oeuvres. C'était possible, sans flash, avec un simple appareil numérique. J'ai pu admirer à nouveau les oeuvres de Séraphine aux couleurs flamboyantes même si l'écran était petit. L'oeuvre de Séraphine de Senlis aurait mérité mieux que ce catalogue catastrophique. Je rajouterai une bonne nouvelle pour ceux qui ont vu le film: si vous venez à l'exposition avec votre ticket de cinéma (comme je l'ai fait), vous bénéficierez d'une réduction de 2 euros sur le prix de l'entrée: 6 euros au lieu de 8.
PS [avril 2009]: l'exposition est encore prolongée jusqu'au 18 mai 2009.
Mes meilleurs voeux pour 2009...
... à tou(te)s les blogueur(euse)s avec qui j'ai tissé des liens de fidélité même virtuels. Vous êtes trop nombreux (euses) pour tous vous citer, vous vous reconnaîtrez. C'est pour moi un grand enrichissement ces échanges depuis (presque) deux ans. Grâce à vous tous, j'ai découvert des lectures, des films (mes deux passions) et tellement d'autres choses. Merci encore à tous (virtuellement). A l'année prochaine, c'est-à-dire demain.
L'huître - Didier Caron
Encore une pièce de boulevard où l'on peut passer un très bon moment. Mais elle se termine le 4 janvier 2009. Grâce à des places vendues par le CE de mon ami, j'ai pu voir Jacques Balutin en chair et en os jouer à 2 mètres de moi (nous étions dans l'un des premiers rangs de l'orchestre, au théâtre Daunou), avec 1 autre acteur et 2 actrices (dont Axelle Abadie) (les 4 combinaisons hétérosexuelles possibles étant toutes exploitées). Sachant que Jacques Balutin aime bien le vélo (dans la vraie vie), j'ai commencé à sourire dès son entrée en scène, il avait la tenue ad hoc de cycliste. Et on n'a plus arrêté (de rire). Marié depuis 35 ans avec la même femme, il se met à croire qu'elle le trompe suite à un quiproquo téléphonique. Il n'y a aucun changement de décor pendant le spectacle (qui se passe alternativement dans deux appartements) puisqu'il y a une délimitation au milieu de la scène qui sépare bien l'un ou l'autre appartement. L'histoire est irracontable mais tout est bien qui finit bien. En revanche, mon ami tient à ce que j'énonce une ou deux répliques, exemples évidents de mauvaise foi masculine du mari (Jacques Balutin) face aux récriminations de sa fidèle épouse (Axelle Abadie). Cela donne à peu près: "on ne sort plus, on ne fait plus rien! Tiens, dis-moi à quand remonte notre dernière séance au cinéma?" "Attends, je m'en souviens très bien, c'était..." "La grande Vadrouille! Et notre dernier concert?" "Oh, c'est pas bien vieux..." "Jacques Brel, ses adieux, à l'Olympia, en 1966!" "C'est pas de ma faute s'il est mort!".
PS : [02/01/09] apparemment, la pièce joue les prolongations jusqu'au 19 janvier 2009. Une chance de plus pour mes lecteurs...
Hunger - Steve McQueen
Pour Hunger de Steve McQueen (plasticien de formation, et qui n'a rien à voir avec l'acteur de Bullitt), j'ai été tout d'abord sensible à la beauté plastique du film. L'histoire se passe en 1981 dans la prison de Maze en Irlande du Nord. Des hommes sont emprisonnés car accusés de comploter contre le gouvernement britannique alors dirigé par Margaret Thatcher (la Dame de fer). D'ailleurs, on entend la voix de cette dernière marteler qu'il n'y a pas de violence politique mais de la violence criminelle. Bobby Sands (puisque c'est de lui dont il s'agit), et quelques autres condamnés pour crimes de droit commun, se considèrent comme des prisonniers politiques: ils ne veulent pas porter la tenue pénitentiaire réglementaire. Leur révolte pour qu'on reconnaissent leur statut consiste à faire "grève" de la propreté. Ils ne se lavent pas, laissent de côté la nourriture envahie par les asticots et badigeonnent les murs de leur cellule d'excréments. Le film est divisé en deux parties (selon moi): après le début dont j'ai parlé plus haut, le dialogue entre Bobby Sands et le prêtre, suivi par la grève de la faim proprement dite (qui entraînera plusieurs prisonniers, dont Bobby Sands, dans la mort, au bout de 66 jours), forment un tout. C'est un film très fort. Le chef op' a fait un travail sensationnel et les quelques plans fixes sont des leçons de cinéma. La presque absence de dialogues tout au long du film ne m'a pas du tout gênée, bien au contraire, car c'est compensé par une photo et des plans qui se suffisent à eux-mêmes. Le premier plan du film montre un homme (gardien de prison) qui se trempe les poings dans l'eau. Il a mal. Dans le courant du film, on saura pourquoi. Personnellement, je n'ai jamais trouvé le film insoutenable mais il faut être prévenu qu'il y a des scènes qui dérangent. Les spectateurs qui assistaient à la même séance que moi ont eu quelques réactions mais personne n'est parti avant la fin. Le film a reçu entre autre la Caméra d'Or à Cannes en 2008.
Tango Pasión - Ultimo Tango
Je n'ai pas pu résister à aller voir ce spectacle que j'adore (cf. mon
billet du 27/11/2008). Je croyais qu'il s'agissait d'une simple reprise
des spectacles précédents (le dernier à Paris a eu lieu en 2003), et
bien pas du tout. Dans la très belle salle du Théâtre des Champs
Elysées, avenue Montaigne, depuis le 19 décembre 2008 jusqu'au 8 janvier 2009, se déroule
Tango Pasión, Ultimo tango, qui est un spectacle entièrement renouvelé par rapport à ceux auxquels j'avais assisté. J'ai été très sensible à l'homogénéité des six
couples de danseurs, plus un jeune homme ainsi qu'un chanteur et une
chanteuse. Ils sont accompagnés musicalement par l'orchestre Stazomayor
dirigé par Luis Stazo (au bandonéon). Cet orchestre est une des
nouveautés du "show". José Libertella (décédé en 2004) qui jouait aussi
du bandoneon à la tête de son Sexteto mayor était le directeur musical
des précédents spectacles.
Pour ceux qui peuvent, qui aiment et/ou
qui passent par Paris, je vous recommande ce beau spectacle avec des
costumes très seyants tant pour les femmes que pour les hommes.
Malgré quelques problèmes de micro provoquant des parasites, le
spectacle bien rodé est un plaisir des yeux et des oreilles. Vous
pourrez entendre de l'Astor Piazzola (Adios Nonino) mais aussi des
tangos plus traditionnels. Personnellement, je ne m'en lasse pas. L'un
des clous du spectacle fut le couple qui a dansé sur "la Yumba"
d'Osvaldo Pugliese.
La bonne longueur des films en salle?
Il y a quelques années, une personne qui m'accompagnait de temps en temps au cinéma m'avait fait une remarque que je n'ai pas oubliée. Depuis, plus je vois de films, plus je me remémore cette question: pourquoi les films ne durent-ils pas tous 90 minutes environ? Bien sûr, on conçoit tout à fait des exceptions pour des
films-fleuves comme Autant en emporte le vent, Lawrence d'Arabie, La
mélodie du bonheur, Docteur Jivago, Ben-hur, etc., coupés par un
entracte (et les spectateurs étant prévenus). Mais pourquoi de plus en plus de cinéastes ne sont-ils plus capables de raconter une histoire pendant ce laps de temps (1 h 30) qui semble idéal? Nous, les adultes, on est comme les enfants, passée une certaine durée, notre attention diminue parfois (indépendamment de la qualité du film), et c'est là que l'on commence à trouver des défauts au film: des longueurs, des plans qui n'ajoutent rien, etc. Or il me semble que les films de ces trente dernières années ont eu la fâcheuse (?) tendance d'allonger en durée. Oui mais, me retorquerez-vous, des films relativement courts (1h20) peuvent paraître durer une éternité, et pour d'autres (de plus de deux heures), on est triste quand cela s'arrête. Quels sont les enjeux derrière (pub etc.)? Je pourrais faire une comparaison avec les séries télé (américaines en particulier) qui sont formatées pour durer environ 52 minutes, ni plus ni moins. Je serais intéressée de savoir ce que les blogueurs (euses) en pensent.
Films vus et non commentés depuis le 09/11/2008
Avec ma lassitude de fin d'année, je m'aperçois que pour certains films vus récemment, en fait, je n'ai aucune envie d'en dire beaucoup. Mais je me force, pour ce blog, toujours dans la continuité de mon billet du 09/11/2008...
Le prix de la loyauté de Gavin McLeod, film hyper violent où un "méchant" flic (Colin Farrell) affronte un"gentil" flic (Edward Norton) qui reprend du service. La loyauté est mise en question par le fait qu'ils sont beaux-frères et que le "patriarche" (Jon Voigt) voudrait que l'affaire dans laquelle Colin Farrell est impliqué ne s'ébruite pas. Je le conseille seulement pour Edward Norton, une fois de plus excellent, qui donne de l'humanité à l'ensemble. Sinon, on peut attendre le DVD (éventuellement).
Burn after reading des frères Coen n'est pas leur meilleur film, c'est vite vu, vite oublié (sauf la séquence du fauteuil à bascule au godemiché qui n'est pas du meilleur goût). Dommage que Brad Pitt qui joue un crétin se fasse tuer si vite, il est très bien. Les autres comédiens s'amusent bien (plus que moi). Je ne suis pas sûre (une fois de plus) d'avoir tout compris car comme le film ne m'a malheureusement pas passionnée, de temps en temps, j'ai eu l'esprit ailleurs.
Les grandes personnes d'une jeune réalisatrice que je ne connais pas (Anne Novion) oscille entre comédie (au début) et "presque" tragédie (vers la fin). Jean-Pierre Darroussin (Albert dans le film) est touchant en "père poule". Tous les ans, il fait visiter un pays d'Europe à sa fille qu'il élève seul (la maman est partie depuis longtemps). Cette année-là, il a choisi la Suède, ou plus exactement le bord de mer du côté de Göteborg. En effet, il est à la recherche d'un trésor viking. Sa fille, Jeanne (Anaïs Demoustiers), qui a 16 ou 17 ans, est une jeune fille sage qui a parfois un problème de compréhension quand on lui parle. La jeune Anaïs Demoutiers m'a fait penser à Salomé Stévenin. Elle a la même graine de talent. Le coin de Suède où cela se passe donne envie d'y aller. C'est un film léger (dans le fond et la forme) mais dont la fin, en suspens, m'a laissé un sentiment d'inachevé.
4 nuits avec Anna de Jerzy Skolimowski. Ce film n'est pas facile à résumer (aucune explication n'y est donnée): en Pologne, un incinérateur de cadavres assiste au viol d'une fille... (et ce n'est que le début!). Je l'ai vu dans une salle où des femmes à ma gauche et à ma droite n'ont pas arrêté de ricaner. Cela m'a beaucoup gênée. Moi-même, j'ai été perturbée par l'a-chronologie du film qui ne laisse pas indifférent, mais je m'attendais à autre chose du réalisateur de Travail au noir et du Bateau-phare, deux chefs-d'oeuvre à découvrir ou à redécouvrir (j'espère qu'il y aura une sortie en DVD). Ce film est gris, on se croirait dans une ambiance "années '50" alors qu'il est censé se passer au XXIe siècle. J'ai trouvé ce film déstabilisant.
Louise-Michel - Gustave Kervern et Benoît Delepine
J'ai eu le plaisir de voir ce film en avant-première le jeudi 18 décembre à Paris. Yolande Moreau (encore elle) qui joue l'un des rôles principaux, Gustave de Kervern, Benoît Delepine (les deux réalisateurs), ainsi que les deux producteurs, sont venus présenter ce film qui sort vraiment de l'ordinaire. Je n'ai pas vu les deux films précédents de Delepine et de Kervern (Aaltra et Davida), ce fut donc une découverte. Quand j'ai lu le titre, je m'attendais à une biographie romancée de Louise Michel, une des héroïnes de la Commune de Paris en 1870. Et bien pas vraiment, si ce n'est qu'il y a un insert de sa photo et une des ses phrases dans le pré-générique de fin. Je voudrais dire que c'est un film humain et assez tendre (et pourtant il y a des morts). On sent de l'empathie pour les personnages de la part des réalisateurs / scénaristes. Le film (complètement déjanté) est un condensé des effets de la mondialisation (et de la délocalisation sauvage) et de ses conséquences dans notre société et sur quelques individus. Louise (Yolande Moreau), qui s'appelle en réalité Jean-Pierre, pas raffinée, un peu analphabète, et qui a fait de la prison pour meurtre, travaille dans une usine de confection de tissus en Picardie. Une nuit, le patron vide l'usine des machines de travail servant à la confection, et laisse une usine vide et abandonnée ainsi que quelques chômeuses. Ces dernières (dont Louise) vont chacune recevoir une misère comme compensation financière, mais, l'union faisant la force, elles réunissent leur indemnités pour louer les services d'un tueur qui devra "buter" le patron voyou (c'est une idée de Louise qui se charge de trouver l'oiseau rare). Elle le trouvera en la personne de Michel (Bouli Lanners), qui s'appelle en réalité Cathy. Et ce que je vous raconte n'est que le début du film. On assiste à des scènes proprement surréalistes, tragi-comiques, qui m'ont fait sourire (des spectateurs riaient franchement), comme celles où le tueur pas vraiment "tueur" convainc une cancéreuse en stade terminal ou un handicapé pas plus vaillant de tuer le patron (malheureusement l'échec est total) ou celle des parents de Michel qui ont une alarme dans leur appartement qui se déclenche dès qu'une mouche vole. Mais Louise et Michel ne se laissent pas abattre et mènent l'enquête qui les mènera de Picardie vers la Belgique pour finir à Jersey (paradis fiscal). Le patron n'est pas celui qu'on croit, ce n'est pas même pas une personne. Tout cela pour vous dire d'aller voir le film qui plaira ou non, mais qui ne laisse pas indifférent. Matthieu Kassovitz (co-producteur du film) joue un petit rôle, ainsi que Benoît Pooelvoorde en ingénieur azimuté et Albert Dupontel (qui apparaît dans une mini séquence après le générique de fin). J'ajouterai qu'il ne faut pas louper le court-métrage qui précède le film et donne une bonne idée du ton général de ce qui suit.